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    Alors! Raconte! N° 201

     

                                    Gabatchs, gabatchous, gabatchounes

                  Je suis le raccommodeur de faïence et de porcelaine !! Cette phrase, plusieurs fois répétée dans les rues de mon village de Cébazan reste encore dans mes oreilles plus de 70 ans après. Un petit homme portant tous les ustensiles pour effectuer les réparations  de bols ou d'assiettes fêlés appelait les gens dans la rue . Il s'asseyait sur une caisse en bois dans laquelle il avait extrait un œuf qu'il cassait pour en sortir le blanc qui lui servait de colle. En un tour de main, les objets cassés retrouvaient une nouvelle jeunesse.

                  D'autres marchands de toiles et de parapluies faisaient eux aussi de rapides réparations. Les gens du pays bas "les païs-bassols" les appelaient "les gavatchs". C'était des hommes petits mais de bonne corpulence , de solides gaillards qui descendaient des Monts de LACAUNE, des migrants de la frange Sud du Massif Central . Peu instruits, ils parlaient  le patois  avec un accent guttural un dialecte de la langue d'Oc. "Ils parlaient français comme une vache espagnole" disait-on. Ils furent méprisés au début. Les Gavatchs étaient considérés comme des étrangers, ces hommes qui viennent et qui ne repartent pas, des gars qui gardaient les vaches. Béziers qui fut la ville qui en reçu le plus. En 1844 la prospérité de Béziers dépendait beaucoup du marché des bestiaux sur l'emplacement de la Citadelle. Cette production animalière venait de " la Montagne" via Olargues, Cessenon, Lacaune et Bédarieux. En 1846, Béziers est le troisième marché de bestiaux de France. Habitués à conduire les bêtes," lous gabatchs" menaient vers Béziers en suivant le tracé des "drailles" les bœufs, les veaux, les vaches, les porcs, brebis, agneaux et moutons pour alimenter le foirail de Béziers. Beaucoup ont quitté leur montagne pour gagner mieux leur vie dans la plaine biterroise.

              Puis ces hommes ont fini par se sédentariser dans le Midi en se louant pour une journée puis ils devinrent des saisonniers loués au mois pour effectuer les travaux des vendanges. Les vignerons se rendaient à la gare de Béziers pour les embaucher pour faire les vendanges car avec la  guerre, il manquait de la main d'œuvre. Beaucoup logeaient dans le quartier St Jacques. Puis, le temps passant, ils finirent par ne plus être considérés comme " estrangiers". Ils conservaient toutefois leur rusticité, leur roublardise. Georges Moustaki  chantait le métèque qui leur ressemblait, errants en quête de travail.  A force de travail, mais aussi par des unions avec les veuves de guerre  de nos villages, ils finirent par s'installer, être reconnus et appréciés de tous. Le temps efface bien des choses. Bien plus tard, ils furent remplacés par des Espagnols. Le choc des cultures eut lieu. Le langage épousa des termes de l'Aveyron, les modes de l'habillement apportèrent les blaudes  ces chemises longues qui servaient de pyjama à mes ancêtres. Les héraultais finirent par ressembler aux étrangers venus du centre de la France. On mange de nos jours de l'aligot et de la charcuterie auvergnate, du tripoux, des gratalous et des bougnettes. Rien ne paraît étranger actuellement. La migration s'est arrêtée il y a plus de cent ans. L'image des gavatchs a disparu et l'on considère de nos jours les gavatchs comme nos ancêtres . C'est une question acceptable pour moi. Mon ADN prend son origine connue vers 1800 dans le petit village du Vintrou dans le Tarn, tout près du lac de Saint Peyres. Un grand père  trisaïeul , ancien berger et feuillardier connut une jeune fille lors de vendanges dans le village de Magalas. Il devint plus tard boulanger dans ce village. Ils se marièrent et eurent 7 enfants. De cette grande famille, je suis l'un des seuls  représentant qui porte encore son nom.

             Qui se souvient des gavatchs, les gavatchous et les gavatchounes  dans notre beau Languedoc?

    On est toujours le gabatch de quelqu'un.

          On peut dire "gavatch" ou bien "gabatch"  peu importe.

            Il faut chercher dans sa généalogie et sur l'origine de son nom. Beaucoup de noms sont issus du lieu d' où ils proviennent, d'où ils sont nés (voir "Editions Archives et culture" - titre Les noms de famille de l'Hérault).

    JCdoc 01/2020

     


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