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    Alors! Raconte! N° 136

     

     

                                      Le cirque de Navacelles et la résurgence de la Foux.

              En ce début des grosses chaleurs, nos pas de baladins , nous amenèrent sur le Causse de Blandas. Déjà lors de notre arrêt à la Baume Auriol, un splendide panorama grandiose et saisissant s'ouvrait à nos pieds par une vaste dépression circulaire de 285 mètres de profondeur, au fond de laquelle se niche le petit village de Navacelles. La beauté de ce nid d'oiseau réside dans l'abandon d'un méandre de la rivière qui entoure une colline centrale en forme de coquillage qui lui a donné son nom : " l'huître". Cette merveille géologique, au cœur des causses de Blandas et du Larzac nous offre un panorama exceptionnel de cette curiosité géographique. Non, ce n'est pas la conséquence d'un impact d'une météorite ni une île dans les profondeurs de verdures et de pierres.

             Il y a  20 000 ans la rivière Vis coulait dans le méandre aujourd'hui à sec. Petit à petit, au centre même du village, l'eau de la rivière, par ses apports de quartz, de schiste et de granite mais aussi par les fortes inondations passées a abandonné son ancien cours en érodant la roche au centre du village, faisant  chuter  aujourd'hui d'une douzaine de mètres la Vis en une très belle chute d'eau. Ce phénomène géologique daterait d'environ 6000 ans.

         Le village s'est construit de part et d'autre de la cascade vers le 10ème siècle prenant le nom de Nova Cella puis de Navacelles plus récemment. Les moines de l'abbaye de Gellone à St Guilhem le Désert réalisèrent un travail colossal en aménageant des cultures en terrasses sur cette terre très pentue.

          Le travail d'érosion de l'eau a creusé des cannelures  ainsi que des" marmites de géant" dans laquelle l'eau est limpide et fraiche.

          A l'Ouest le hameau de Rochebelle, bien abrité par la falaise  doit son nom à son exposition ensoleillée. Mais il est vrai qu'en hiver l'ombre des Causses environnants diminue les heures d'ensoleillement. Un joli pont du 18ème siècle en dos d'âne enjambe la Vis, rivière qui limite les département de l'Hérault sur sa rive droite et du département du Gard sur sa rive gauche. Entre deux ruelles, on grimpe vers l'église et le château. Tout en haut du hameau "le sentier du facteur" grimpe en zigzag sur le causse du Larzac vers la Baume Auriol.

          A l'Est, le hameau du Serre de la Clède  dont l'origine du nom "Clède" vient du nom occitan d'une barrière en bois qui permettait de cantonner le bétail à l'endroit le plus étroit du chemin . Tout au bas du village, se situe le cimetière dans lequel se dresse encore les ruines de la construction la plus ancienne du village , l'église Sainte Marie Navacelles.

          Après ce petit aperçu de ce village dont le pittoresque n'existe nullement ailleurs, nos pas de randonneurs nous ont dirigé le long de la rive droite de la Vis par un sentier où il fait bon marcher à l'ombre des chênes verts, des genévriers, des cèdres de l'Atlas et de tous les arbrisseaux qui poussent le long des berges. En moins d'une heure de marche, nous sommes arrivés  au fond de la gorge étroite du canyon sec et là, dans un grondement sourd, la résurgence de la Vis, après avoir parcouru les profondeurs du Causse  crache une forte quantité d'eau bouillonnante. La Vis est une étrange rivière. Née vers 1300 m d'altitude sur le versant sud du sommet de la montagne du Lingas, elle creuse une profonde vallée en V jusqu'au village d'Alzon. Au moulin de Larcy, la Vis et son affluent la Virenque disparaissent pour un long voyage secret dans les roches calcaires du Larzac du Sud. Après avoir parcouru 6 km en 29 jours, la Vis réapparait à la Foux avec un débit d'eau de 2,5 m3/seconde en période sèche et 30m3/seconde en période de crue. Mais vu son débit si important, on peut difficilement concevoir son tarissement et pourtant en 1876 le 9 avril, elle ne s'écoula plus durant 8 jours. En 1890, elle cessa brutalement de couler durant 24 heures - en 1922, durant 2 heures - en 1927 durant 8 heures et en 1961, le 10 août durant 6 heures. Mais à l'inverse, les crues dites "cévenoles" ont régulièrement causé de gros soucis aux meuniers de la Foux. La crue de l'automne 1870 fut si importante que les personnes qui se trouvaient à la Foux durent  se réfugier sur le toit du moulin. Elles furent secourues par M.Bataille , le meunier qui reçut pour cet acte de courage la médaille du sauvetage. L'inondation de 1907 ravagea les installations et provoqua la cessation de l'activité du site de la Foux. Mais puisque nous parlons meunier, il ne peut qu' y avoir des moulins  dans le lit de cette rivière.

                Dès le XIe siècle, après la grande peur de la fin du monde du nouvel millénaire, la croissance démographique fut sans pareille. L'économie dut s'adapter aux besoins de la population dont l'alimentation reposait essentiellement sur la consommation de pain. Un adulte avait besoin d'une ration d'1 kg par jour tandis que de nos jours, 300g de pain suffisent.

            Les familles nobles de Vissec donnèrent des biens aux ordres monastiques qui construisirent des moulins en échange d'indulgences. L'exploitation d'un moulin rapportait beaucoup d'argent car son propriétaire percevait la taxe dite la banalité sur chaque sac de blé apporté au moulin. Les paysans du Causse durent autoritairement , à dos de mulets acheminer les sacs de blé au moulin de la Foux le plus proche pour y produire de la farine et ainsi les moulins devinrent un maillon incontournable de la chaine alimentaire. Les deux moulins de la Foux furent construits pour être équipés de roues hydrauliques horizontales. Lors des guerres de religions qui opposaient les calvinistes aux catholiques, par représailles, le seigneur de Vissec (Vis sèche) fit raser les deux moulins de la Foux mais très rapidement, ils furent reconstruits. L'importante inondation de 1741 emporta l'un des moulins.

                L'eau qui surgit de la résurgence de la Vis  actionnait une "turbine en bois"  située face au conduit forcé de l'eau. Un axe entrainait une meule tournante horizontale à la vitesse de 90 à 100 tours/minute qui broyait le grain sur une roue en bois fixe d'un diamètre légèrement plus grand. La paire de meules produisait environ 30 kg de farine à l'heure.

        Enfin, de ce paysage où poussent les asphodèles, nous avons découvert une richesse extraordinaire de sa flore, de sa géologie, de son histoire. Ce havre de paix, authentique et naturel replace le visiteur devant ses origines et son passé. et laissera en nous l'impression d'être tout petit devant la grandeur de ce site mais aussi un très bon souvenir de cette balade.

    JC d'Oc 05/2014

     

     


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    Alors! Raconte! N° 135

                                        L'île Ste Lucie près de Port la Nouvelle

         Notre rando du 22 mars 2014

            En ces derniers après midis d'hiver nos pas de baladins nous ont dirigé vers l'Ile  Ste Lucie tout près de Port la Nouvelle où nous avons fait un petit plongeon dans l'histoire narbonnaise de cette île qui n'en est pas une depuis que la ligne du chemin de fer l'emprunte dans sa partie Ouest. Entre le ciel et l'eau, elle est bordée à l'Est par le canal de la Robine, ancien lit de l'Aude au temps de l'Antiquité romaine. En ce temps là, cette voie d'eau s'appelait l'Atax. Cette île servait de port d'encrage des bateaux de commerce et garantissait la sécurité de la voie d'eau jusqu'à Narbonne. Elle permettait la commercialisation du sel, du blé et du vin entre la mer et la Narbonnaise par des barques à fond plat. Au Moyen Age Narbonne était redevenu un centre commercial et un port très important avec près de 40.000 habitants. Vers 1330, c'est la catastrophe pour la ville car le fleuve Aude change brutalement de direction suite à de violentes inondations qui bouchent avec les limons le cours initial . Cela entraine au XVème siècle la décadence de Narbonne et les Consuls désespérés décident la construction d'un déversoir et de l'écluse du Grand Moussalans à 10 km en amont de Narbonne qui alimente le Canal de la Robine. L'architecte hydraulicien Vauban en 1686 réalise son aménagement mais son raccordement au Canal du Midi après un parcours de 32km  par le canal de jonction de Narbonne ne fut réalisé qu'en 1776. Les Consuls envisageaient que la Robine soit un débouché maritime grâce au Canal du Midi mais le grand canal royal entre deux mers partira vers l'étang de Thau et Sète et étouffera l'activité économique de Narbonne.

                Mais sur cette" île", réserve naturelle de 250 hectares on y accède en franchissant le passage de l'écluse qui nous amène dans une zone humide, puis par le chemin bordé de pierres rondes délimitant l'emplacement des anciennes "Vignes Longues" avec sa petite carrière d'où se dégage une légère odeur sulfureuse. La molasse marine de cette carrière permit l'édification du "château" de Gruissan (tour de Barberousse) et servit même de fondation à la cathédrale St Just de Narbonne. Puis nous nous dirigeons vers le parcours long de 7 km. A l'extrémité de l'île un petit bâtiment délabré par le temps servit de poste de douane sous Louis XVI pour surveiller le commerce du sel. On le nomme "la vigie" avec vue  imprenable sur le superbe panorama de l'étang de Bages - Sigean. Du haut du Roc Saint Antoine avec ses 36 mètres on a une belle perspective sur la Robine et sur un petit canal construit par le Romains. Panorama imprenable sur l'étang de l'Ayrolle avec vue sur l'île St Martin et même par temps clair sur Narbonne. On s'achemine ensuite vers une ancienne habitation que l'on appelle" la Cantine" car elle servait de réfectoire aux ouvriers des salines.

           La flore est constituée de genévriers cades, d'asphodèles, d'euphorbes, de thym, de cistes, de chênes verts, de pistachiers lantistes et de pins aux branches torturées par le vent. La faune rassemble des sangliers qui laissent de profondes fouilles, des chevreuils, quelques traces et autrefois il y avait des chevaux sauvages et un élevage de gibier.

           Notre chemin bifurque sur la gauche et sur la descente nous pouvons retracer la géologie de l'île par des traces de mollusques laissées sur la falaise lors du plissement de la chaine arquée languedocienne allant des Pyrénées à la Provence.  Par un sentier encombré de branchages nous entrons dans un grand domaine viticole en ruines qui fut jadis propriété des moines. Il a été exploité au 18è siècle par des viticulteurs mais n'a pas perduré au delà de l'épisode du phylloxéra. On peut y voir des pressoirs métalliques à vis, deux cuves en ciment et des supports de foudres. En hauteur, on peut y voir l'emplacement des poutres supportant le plancher et deviner que ce domaine avait une importante production de vin d'environ 1100 hectolitres avant la seconde guerre mondiale. Ces caves furent réaménagées en porcheries puis définitivement abandonnées.

           Quelques pas plus bas, le chemin de la Robine nous emmène au Domaine encore habité de Sainte Lucie où le Conservatoire du maritime et fluvial en Pays Narbonnais restaure des barques anciennes. Nous avons quitté cet îlot de verdure sauvage encore préservée que l'on appelle " l'île aux 1000 senteurs" pour rejoindre notre écluse et nos voitures.

    JC d'Oc 03/2014

     

     

     


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    Alors! Raconte! N°134

                                           La pêche aux grenouilles.

     

             Le temps est aboli, les années ont passé, d’un bond en arrière, reprenons le fil des jours, passons quelques moments  avec notre insouciante jeunesse et, par le miracle de l’imagination, redevenons les témoins du drame, car c’est d'un drame que je vais vous raconter.

            Les plaisirs durant l'après guerre de 1940 n'étaient pas très réjouissants car la principale occupation consistait à trouver les moyens de survie pour notre existence. Les fusils avaient étaient réquisitionnés par le maire du village  et ceux qui avaient eu la chance d'en conserver un n'avaient pas de cartouches pour tirer les lapins et perdreaux qui durant cette période avaient proliféré en masse dans la campagne et c'est grâce au braconnage que nous pouvions manger du gibier. Mais pour nous, petits gamins en culottes courtes et en galoches, la faim nous tiraillait le ventre et malgré les recommandations de nos parents, nous allions à la pêche aux grenouilles, seul luxe peu lucratif que nous pouvions nous offrir. Les villageois faisaient pousser carottes, choux, pommes de terre et salades dans de petits jardins familiaux  et pour trouver l'eau nécessaire pour les arrosages, ils avaient creusé dans le sol, dans la roche même de petites marres dans lesquelles poussaient roseaux et nénuphars  et qui abritaient toute une faune de grenouilles vertes. Ces marres possédaient des drainages qui permettaient lors des pluies de printemps de récupérer un peu d'eau de ruissellement. C'était notre terrain de pêche.

            Equipés de cannes à pêche rudimentaires faites d'un roseau auquel était accroché un bout de ficelle.  A celle-ci était noué un bout de fil à coudre auquel était attaché une sauterelle vivante. Des sauterelles, il n'en manquait pas car elles sautaient dans l'herbe tout autour de la marre. Voilà le drame qui se précise. Loin de là, ce n'était pas la corrida. Il fallait que le soleil darde ses rayons sur l'eau car les batraciens aiment s'exposer à la chaleur sur les berges. Avec mille précautions et surtout sans faire de bruit, nous nous approchions en rampant dans l'herbe vers la marre. et commencions à exciter les grenouilles en leur présentant sous leur nez la friandise de notre canne. Pas plus bête qu'une "granhota gloutonne *" pour happer tout ce qui bouge. Parfois deux grenouilles se disputaient l'appât et la plus bête se faisait prendre. Ces batraciens voraces avalaient d'une bouchée la sauterelle et il suffisait que de tirer la gaule pour sortir notre trophée de l'eau. Rapidement on l'attrapait avec un chiffon car elle glissait comme une savonnette. Maintenant, ne voulant pas de reproches de la SPG (Sauvegarde Protectrice des Grenouilles) la suite n'est pas à dire. Le drame était d'entendre le cri de ce don de Dieu lorsque l'animal  gigotait au bout de la canne.

             Maintenant on mange des cuisses de grenouilles qui de trop avoir sauté sautent maintenant dans la poêle  avec une persillade mais aussi frites en beignets. Bernard Loiseau en a fait un plat très apprécié dans son restaurant à Saulieu. Il est vrai que ces batraciens foisonnent dans les Dombes bourguignonnes. Mais si les Espagnols et le Allemands raffolent de plats faits de cuisses de grenouilles, on n'en fera pas manger à nos voisins Anglais. Ils affublent bien les frenchies du surnom de "mangeurs de grenouilles" les flogs eaters. Enfin, il ne faut pas s'indigner avec les lunettes d'aujourd'hui en voyant  les cuisses de grenouilles congelées qui proviennent d'Indonésie ou du Brésil  et savoir où et comment sont-elles pêchées, ni l'hécatombe de grenouilles écrasées sur les routes au moment du frai.

               Enfin n'est-il pas beau d'écouter dès le printemps les anoures des grenouilles, ces cris joyeux au moment des accouplements.  grouah!  grouah!  thichi!  tchichi! Quel beau concerto nocturne! Ce sont les mâles en quête d'amour qui font ce bruit strident et court pour délimiter leur territoire.

                En Martinique, bien que les gens sédentaires ne les entendent pas ( par habitude) les hylidés, ces petites rainettes de 5cm empêchent les touristes de dormir. Elles vivent dans les arbres à l'humidité et sont infatigables durant toute la nuit. De nombreuses fois, on en retrouve même dans les maisons où elles chassent les moustiques. Alors pourquoi chasser ces artistes. Elles ne font de mal à personne !

    JC d'Oc 04/2014.

     

     

     

     


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    Alors! Raconte! N° 133

                                     La cathédrale St Nazaire de Béziers.

            La cathédrale St Nazaire de Béziers est un excellent observatoire sur la plaine où coule l'Orb. Avec ses 50m de hauteur, elle permet de voir sur 360° de l'Espinouse au Capcir, de la Méditerranée au Somail. Ce bâtiment est crènelé comme un château-fort. Du haut de son donjon, on apprécie la vue sur le moulin de Bagnols, le pont vieux de l'époque romaine, le pont neuf de 1845, le pont du chemin de fer qui date de 1846, le pont de l'Occitanie construit sous l'initiative de Georges Fontès en 1985, le pont du canal du midi en 1854. Cette cathédrale "des vignes"  est l'image de la ville qui attire les regards et elle est visée par les appareils photos des touristes qui passent sur le pont neuf. Que l'on regarde la ville de toutes parts, la cathédrale impose par sa force, sa grâce par sa masse importante. Dès les premiers rayons du soleil, elle s'illumine. Ses tours sont menaçantes et austères. Ce bouclier architectural, un des plus beaux édifice gothique du Languedoc est une sentinelle qui surveille le fleuve Orb qui à ses pieds s' est endormi.

            Le jardin des évêques, accolé au murs de St Nazaire. Lieu de recueillement des évêques. Calme,  sérénité, havre de paix, ce jardin en terrasses descend vers l'Orb. Conçu comme une broderie dite à la française, c'est le patrimoine légué par les ecclésiastiques à la ville de Béziers.  On y accède par le Plan des Albigeois. Ici se sont dressées les premières habitations du site en continu depuis le  VIIème siècle avant JC. C'était l'époque de la brillante civilisation des oppida ( villages fortifiés sur les collines). Les Celtibères, les Grecs, les Etrusques et les Carthaginois ont commercé avec la ville.

               Mais qui était Saint Nazaire ?

               Le martyre Nazaire Africanus est né à Rome au 1er siècle de notre ère d'un père païen et d'une mère pieuse. Animé par ses vertus précoces envers la religion, il devint un fervent chrétien à Rome. Ses parents l'autorisent à aller prêcher la foi catholique. De villages en villages, ses prêches dans les populations païennes, ses visites aux chrétiens martyrisés dans les prisons finissent à implanter la religion catholique. Chassé de Rome avec ordre de ne plus revenir en Italie, il s'exile en France. A Nice, il rencontre un enfant qui s'appelle Celse. Après avoir baptisé ce dernier, ils ne se sépareront plus jamais. Les conversions  étaient très nombreuses car le climat de l'époque aspirait à avoir moins de dieux païens et surtout moins de cruautés. Comme Napoléon nos deux évangélistes vont remonter le chemin qui mène à Embrun puis vers Grenoble. Leurs sermons , leur éloquence sur l'amour fou qu'ils donnent à JC convertissent de nombreuses personnes. Malheureusement, ils reviennent en Italie. Arrêtés à Milan, flagellés, ils sont conduits à Rome pour avoir la tête tranchée. Il parait que St Ambroise a retrouvé les tombes de ces deux martyrs. Les têtes n'avaient pas changé. Barbes, cheveux étaient restés intacts et un agréable parfum s'échappait de la sépulture . Enfin soit sur cette légende !

              Mais revenons à notre cathédrale. En 897, il existait sur cet emplacement un cloître qui tirait ses revenus de domaines disséminés dans la région. Un peu avant le bouillonnement religieux de l'an 1000, les dominicains quittent le cloître et celui-ci disparait dans l'oubli des écritures. Reconstruit au XI ème siècle, d'une forme réactualisé comprenant son préau, son puits, sa salle capitulaire. Il s'adaptait au goût des fondements religieux de l'époque au dessus du mur impressionnant qui le soutient. Cette construction est la base de la cathédrale actuelle. Le cloître  possédait des murs très épais couronnés de créneaux, des meurtrières et des mâchicoulis qui lui permettait de se défendre en cas d'attaque venant de la rivière . L'église a été construite sous trois styles bien distincts. Tout d'abord l'art carolingien pour le cloître d'origine (années 800 - 900 sous Charlemagne puis l'art roman aux voutes rondes (l'an 1000 - Plan St Louis -lors de la construction de la cathédrale. Puis lors de l'épisode sanglant de la Croisade des Albigeois en 1209, la cathédrale est brûlée par les Croisés, elle éclate comme une grenade. Il ne reste qu'une partie de la façade. A l'intérieur, de nombreux hérétiques sont passés au fil des épées et brulés( entre 8000 et 15000 à Béziers) . La voute s'effondre sur les gens. La cathédrale est sinistrée . Mais dès 1215, les travaux de reconstruction démarrent la rénovation sous l'égide de l'architecte Gervais. Sur sa base romane, une nouvelle cathédrale gothique renait  avec ses murs très hauts qui montent vers le ciel, mais on accédait à l'intérieur de la nef par deux escaliers énormes de plusieurs marches.  Autour de la cathédrale, les bâtiments des alentours destinés aux chanoines ont disparu lors des reconstructions. L'ancienne prison attenante n'était qu'une annexe pour les franciscains. Déjà, par prédilection les moines occupaient antérieurement les cellules  que de nombreux prisonniers ont occupé récemment.

             Les fouilles effectuées en 1938 sous la cathédrale ont permis de mettre à jour dans la partie sud de l'ancien cloître, côté prison actuelle, à cinq mètres de profondeur, sept salles qui ont caché des biterrois lors du sac de la ville par Simon de Montfort en juillet 1209 et pendant la Révolution française. Ces salles communiquaient avec les cellules de l'ancienne prison de Béziers par une grille qui était cachée par une petite cloison de 3 cm durant neuf siècles. Les prisonniers pouvaient, s'ils en avaient eu connaissance avoir la possibilité de s'évader par un souterrain qui menait aux anciennes arènes romaines situées Rue Canterelle. On peut visiter actuellement cette grille.

              Cette cathédrale est la seule en France à posséder sur tous les murs sur lequel court le chemin de ronde des meurtrières et des mâchicoulis qui permettaient de  se défendre et tenir un siège durant plus d'un an devant l'envahisseur. Sous la cathédrale il y avait des caves secrètes contenant des silos à blé et des citernes pour l'eau.

    Aujourd'hui, on peut monter sur le chemin de ronde qui entoure le clocher par un escalier en colimaçon. Vous apprécierez ce que nous offre notre cathédrale, en dessous les fortifications millénaires, en face la belle plaine de notre Région biterroise et en haut le sauveur de l'humanité sur sa croix.

    JC d'Oc 02/2014

     

     


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