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       PINET sur la Voie Domitienne     

       PINET sur la Voie Domitienne

         PINET sur la Voie Domitienne
     
     


             V.D Pinet                                                             borne milliaire Sauvian

    Alors ! Raconte! N° 182

                                            PINET sur la Voie Domitienne 

     

              Ce dernier vendredi de janvier, le temps n'était pas clément, mais nous avons foulé au départ du bois de la Valogue, propriété du village de Pinet, le chemin antique où le nom de César verdissait sur des bornes vénérables de plus de 2000 ans. Dans ce paysage de vignobles et de collines boisées, la civilisation romaine a laissé beaucoup de traces: la Voie Domitienne bien sûr mais aussi des villas, des ponts, une organisation de l'espace par son cadastre, des plantes. Douze bornes touristiques nous ont guidé à travers le temps.

       PINET sur la Voie Domitienne Cette voie qui va de Rome vers les Pyrénées est la plus ancienne voie construite en Gaule par les Romains. Vers 120 avant JC, le pro-consul CNEUS DOMITIUS AHENOBARBUS qui venait d'annexer la Région entreprit la construction d'un gigantesque axe routier la Via Domitia. Ils ont construit tout droit en creusant la roche et en comblant les fossés. La Domitienne, nom donné par son ordonnateur DOMITIUS n'est pas dallée en campagne, elle est damée de terre et de sable afin que les sabots des chevaux puissent moins se fatiguer. En ville, les voies sont empierrées ainsi que dans les montées sujettes à ravinement lors des pluies. Cette voie reliait des centres de commandement dans les grandes villes appelés des civates et occultait les villages. Domitius Ahénobarbus venait de fonder Narbonne qui fut la première capitale de la province Narbonensis sous l'empereur Auguste. Cette province fut appelée plus tard la Narbonnaise. Cette voie a servi aux déplacements des légions puis au transport de l'information de relais en relais ( appelés mansiones) et du commerce notamment d'huile d'olives et de vin dans des amphores et des céréales. Certaines amphores faisant mention du vin de la région ont été trouvées sur les bords du Rhin et à Rome. Lors de son tracé, la voie a été légèrement déviée de sa trajectoire rectiligne pour éviter les coulées de basalte des trois volcans Ramus qui crachaient il y a 700 mille ans dans notre région. La Domitienne venait de Loupian (villa avec une belle mosaïque) et se dirigeait vers St Tibéry puis Béziers où l'Orb était traversé sur un pont flottant situé quelques mètres en amont du Pont Vieux (XIIème siècle) .

          Pour mettre en valeur ce site exceptionnel, la ville de Pinet a placé des balises indicatrices sur cette portion de voie rectiligne. La " coupe de Pinet" est une voie de 2 m de haut qui présente toutes les caractéristiques de sa construction. Au fond du vallon où pousse une vigne près du bois de la Valogne, des carrières de calcaire ont été utiles pour effectuer  la rehausse des creux, mais le remblai a été mangé partiellement par les pluies. La " coupe de Pinet" devait se situer dans un bois car dans les bois les Romains construisaient en hauteur, raison sécuritaire, tandis qu'en plaine elle circulait à faible hauteur. Les bas-côtés de la voie étaient aménagés en trottoirs pour les piétons .

          Les traces que nous ont laissé les Romains dans notre région sont multiples. Les terres inexploitées et celles confisquées aux populations rebelles ont été mises en valeur. Les marais ont été drainés. Ils ont crée le cadastre en découpant en champs géométriques les "centuries" de 50 ha notamment sur les terrains se situant autour de l'étang de Thau ( Montagnac - Pinet- Loupian - Mèze-Bouzigues- Villeveyrac). Une mosaïque de carrés. Ils tracent les voies de communication ( route du sel, route des mines, chemin des pêcheurs). Ils bâtissent des villae qui sont des gros domaines agricoles (Loupian). Ils apprécient les huîtres de l'étang de Thau. Ils édifient des thermes à Ballaruc. Ils pêchent en mer le thon. Ils n'avaient pas de GPS pour se diriger, rien que quelques lettres gravées sur des bornes milliaires. Il faut aller voir la superbe borne milliaire d'une hauteur de 1m38 à Sauvian. Erigée vers l'an 44 de notre ère elle est dédiée à l'empereur Claude 1er. Elle fut tirée d'une vigne en 1968 où passaient trois chemins annexés à  la V.Domitienne. Ils sont donc passés dans le coin - Hercule et ses bœufs - Hannibal et ses éléphants. Hercule aurait emprunté une ancienne voie passant près de Pinet avec les bœufs volés de Géryon aux trois têtes. Hannibal est passé avant d'en découdre avec les Romains suivi de 46.000 fantassins, de 8.000 cavaliers et de 37 éléphants.

           Maintenant, après avoir détruit puis reconstruit la "Coupe de Pinet", je vais me servir une "Coupe de  Picpoul de Pinet" avec des coquillages et des crustacés.

     

                                                   

       PINET sur la Voie Domitienne

     

     

    JC doc 02/2017    Pour plus d'informations sur la Via Domitia lire mon n° 82


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       Agde, le Mont Saint Loup, la Grande Conque.  

     Agde, le Mont Saint Loup, la Grande Conque.

       Agde, le Mont Saint Loup, la Grande Conque.
     
     


     

    Alors! Raconte! N° 181

                              Agde, le Mont Saint Loup, la Grande Conque.

           Avec ce beau soleil, très envié des gens du nord, nous sommes partis faire une ballade autour du Mont Saint Loup, mais ne sachant pas pourquoi, nous  nous sommes retrouvés au dessus des falaises de la Grande Conque à Agde. Aucun regret  à avoir, cela nous a permis d'apprécier ce beau panorama où les vaguelettes de la Méditerranée venaient caresser le sable gris de la plage ainsi que les deux rochers volcaniques  que l'on nomme "Les Deux Frères". Avec un peu d'imagination on pourrait voir les silhouettes des faraglioni résurgences volcaniques caractéristiques de Capri et de l'île de Stromboli.

           Une légende est née un soir. Deux frères trouvèrent une sirène blessée sur la plage. Ils la soignèrent et tombèrent éperdument amoureux. Dans leur folie, ils s'entretuèrent. Une sirène, avant de regagner les flots supplia Poséïdon de les faire revenir et ils se métamorphosèrent en deux rochers volcaniques issus de la terre face à la plage de la Grande Conque.

            Nous ne sommes pas en terres inconnues et toute cette roche noire est le restant d'un ancien volcan de 15km2 comprenant 3 cônes de type strombolien dont il reste le Mont St Loup avec ses 112m d'altitude , le Pioch de 35m et le Mont St Martin 55m. Cet ancien volcan de Agde se trouvait à l'extrémité d'une série vulcanienne longue de 150 km et large de 25km disposée selon un axe depuis le Cézallier, le Cantal, l'Aubrac et les Causses, Lodève, Valros, St Thibéry et  se poursuivant jusqu'au Cap d'Agde elle s'enfonce de plus de 30km en mer laissant comme témoin le Fort Brescou. Il y a 750.000 ans, il faisait très chaud dans la région. Les terres de Vias, de Agde et de Valros résonnaient de grondements sourds, s'empanachant de nuages de gaz, de cendres et projetant des scories. Le volcan de Agde venait d'exploser fortement, il crachait, s'enflammait en des nuées ardentes et la lave jaillissait des gueules de la Roque Haute. La période a duré pendant 250.000 ans avec calmes et violences.

           A Agde, la première éruption s'est crée en mer et a formé la falaise stratifiée de la Grande Conque que les vagues de la mer continuent d'éroder, puis un deuxième cratère aujourd'hui disparu s'est formé au centre même de la ville, puis dernier témoin le Mont St Loup.

          A la pointe de cette falaise, un mémorial de la seconde guerre a été érigé en mémoire de tous les combattants de la 2ème guerre mondiale: américains, britanniques, canadiens et français qui ont contribué au débarquement sur nos côtes. Des stèles ont été érigées en cercle et complètent l'intérêt de notre visite.

          Décision unanime , vite à nos calèches ! Nous traversons la ville de Agde qui en 1793 reçut le surnom de " La perle noire de la Méditerrannée". Cette illustre cité grecque avec ses ruelles bordées de maisons couleur locale,  ses monuments en pierre noire uniques en Languedoc et son bel Ephèbe sur le rond-point de la sortie eut un passé très riche. Les Grecs l'avait appelée "Agathé Tyché des Hellènes" d'où la racine du nom qu'elle a conservé. Cette ville est magnifique avec son église en basalte, son écluse ronde et son musée de l'Ephèbe et pourtant elle a subit les conséquences de la guerre désastreuse entre la France et le pays d'Aragon. Roger de Loria en 1286 au service du roi d'Aragon pille, incendie les principaux bâtiments et tue des hommes adultes. Il faudra  reconstruire.

            Sous les détonations du Club de tir de Agde situé sur le mont, le  sentier pédestre qui le ceinture  nous dirigea vers  le sémaphore  et la Tour des Anglais. Les Anglais et les Hollandais, nos amis de toujours, ont débarqué le 26 juillet 1770 avec 2000 hommes pour prendre la ville de Sète. Sète prise, ils débarquent à Agde mais sont refoulés aussitôt laissant de nombreux morts sur le sable de la Grande Conque.

           Pour se protéger des invasions des barbaresques catalans et majorquins, le roi de France Philippe Auguste fait construire une lignée de tours de surveillance tout le long des côtes allant de St Marie de la Mer jusqu'à Port la Nouvelle. Certaines tours étaient armées d'un canon posé sur une plateforme. Le mont St Loup fut choisi pour l'édification au 16ème siècle d'une tour crénelée avec une entrée surélevée appelée Tour des Anglais .

           Mais vers 1730, la piraterie des barbares algériens en Languedoc est très active, des barbaresques sur leurs galiotes arraisonnaient  des bateaux de pêche, saisissaient la cargaison ainsi que les gens de mer pour en tirer une rançon et pour en faire des esclaves. Ainsi le 23 avril 1731, entre Sète et Agde, une galiote algérienne  enleva quatre bateaux sétois, capturant quinze pêcheurs. Cette affaire a été vite conclue par le Consul de France à Alger.

           Une ordonnance du roi Louis XV du 21 juin 1745 ordonnait aux Maires et Consuls des villes d'obliger les gens désignés à tour de rôle de fournir à leurs redoutes  pour faire des signaux, feux et fumées à (La Franqui, La Nouvelle, St Pierre, la tour de Valras, du Grau d'Agde,  celle du Castellas, du Mont St Loup, du Grau du Roi), de fournir de la paille et du bois pour faire du feu visible de loin et de la fumée. Ce fortin devait comporter deux gardes et un soldat ainsi qu'un matelot qui assurait les approvisionnements, deux lits avec draps et couvertures de laine, une table avec trois chaises, une cruche (pour boire la pastagas! hic!  pour voir si vous suivez), deux plats, six assiettes et de l'huile pour une lampe. Enfin !  ces employés municipaux qui de jour et de nuit devaient donner l'alerte à l'approche de voiles suspectes et à la moindre fumée ou lueur afin d'avertir la ville de toute incursion étrangère de flibustiers. Il manquait un tambour, le fifre et le tambourin, le sucre de canne, la vanille et le cumin et pourquoi pas la fin de mon histoire.

    A bientôt sur"jc34.eklablog.com"  Contes et légendes de nos cantons.

    JC doc 01/2017.

     


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