• Béziers 8 – du XXème siècle à nos jours

     

     

    Alors ! Raconte !  N° 49- Béziers 8

     

                                                       

     

                            Béziers 8 – du XXème siècle à nos jours.

     

     

                           1907 – Ce siècle ne présage rien de bon ! Passons sur les intempéries  catastrophiques qui se sont abattues sur le biterrois (voir FR N° 10). Le vignoble sort du marasme phylloxéra. Il vient d’être refait. Mais on a trop planté et le marché national ne peut absorber toute la production de vin. Les cours s’effondrent. Dans les caves, on ouvre les robinets et le vin est déversé dans les rues. A Vieussan, un vigneron, ne pouvant accepter de jeter le fruit de son travail a utilisé son vin en guise d’eau pour construire sa maison. Il faut de la place pour entrer la nouvelle vendange. On accuse le gouvernement de protéger la ‘’ pharlabique’’ qui consiste à fabriquer à moindre coût des vins par la chimie. La solution serait de distiller et de diminuer l’arrivée massive des alcools de betteraves. Personne ne veut entendre parler d’arrachage. Le drapeau rouge de la colère flotte sur nos terres. Plus de travail pour les ouvriers – chômage sans indemnité. 

     

                             Le 12 mai 1907, 160.000 personnes manifestent en centre ville de Béziers. Un petit bonhomme au grand cœur, Marcelin Albert mène la révolte de ‘’ ceux d’Argeliers’’. En moins d’un mois, l’Hérault s’enflamme. On compte entre 600.000 et 800.000 manifestants à Montpellier. A Béziers, le socialiste d’extrême gauche Ferroul propose une grève de l’impôt. Ferroul est arrêté à Narbonne le 19 juin et l’armée tire sur les manifestants. Bilan : cinq vignerons tués et dix autres blessés. Le 20 juin, les soldats du 17e régiment d’infanterie  stationnés à Agde montent sur Béziers et se mutinent. Les braves ‘’piou-pious’ sont tous de chez nous et refusent de tirer sur leurs frères et veulent empêcher que les mêmes évènements que ceux de Narbonne ne se reproduisent. Les mutins campent sur les Allées de Béziers et posent crosse en l’air devant les photographes. Ils fraternisent avec le petit peuple qui les nourrit.

     

                             ‘’Mon frère, mon ami, mon fils, mon camarade

     

                              Tu ne tireras pas sur qui souffre et se meurt’’ (Jean Ferrat)

     

                          Les notables de droite de Béziers inventent une fausse dépêche de Clémenceau qui promet le pardon aux mutins. La troupe réintègre la caserne mais en guise de pardon, Clémenceau enverra les mutins à Gafsa en Tunisie dans un bataillon disciplinaire. Quant à Marcelin Albert, il sera discrédité par Clémenceau, emprisonné et manque d’être lynché par les siens à sa sortie de prison. Il meurt dans la misère et l’oubli.

     

                           A partir de ce moment là et jusqu’en 1914, tous les conscrits de la région feront leur service militaire dans les colonies.

     

                           N’allons pas si vite ! Laissons parler notre histoire ancienne.

     

                           En 1810, Béziers était encore entourée de remparts et ce ne fut qu’en 1821, par une ordonnance royale de Louis XVIII, qu’elle fut déclassée en tant que garnison-place forte. Les murailles furent démolies en 1828.

     

                          La ville était éclairée par des lanternes avec chandelles depuis 1790. Elle connut ensuite l’éclairage par des lampes à huile et encore uniquement en saison d’hiver. En 1847 fut installé l’éclairage avec bec de gaz. Qui ne connaît pas l’usine à gaz près du pont ? Depuis 1910 les rues sont éclairées par l’électricité.

     

                          Quelques dates : 23 septembre 1827, les biterrois ont eu la grande joie de voir l’eau de l’Orb monter dans un réservoir construit sur la Place Saint-Louis, grâce aux machines, œuvre de Cordier.

     

                            20 et 21 octobre 1838 – Inauguration de la statue de P. P Riquet.

     

                            1843 – Construction du Théâtre à l’extrémité nord des Allées. La salle est inaugurée en 1844. Les acacias et les mûriers qui poussaient depuis 25ans sont remplacés en 1848 par les platanes actuels qui ornent les Allées.

     

                            1846- Inauguration du Pont Neuf et de la nouvelle route nationale passant par les casernes et rejoignant, au bas des Allées l’ancienne route tracée en 1792.

     

                            1851- La ville vend à A. Fabrégat une partie des prisons, restes du château vicomtal des Trencavel (Place du Général De Gaulle). On construit de nouvelles prisons et le Tribunal près de la cathédrale St Nazaire.

     

                             1857, le 2 avril – inauguration de la gare SNCF.

     

                             Le lendemain on inaugure le Pont Canal.

     

                             1870, le Plateau des Poètes qui n’était jusque là qu’un champ de luzerne entouré d’une allée et de pentes abruptes semées de ravins qui séparaient le haut de la ville à la gare, se changea en un superbe jardin dessiné par Buhler.

     

                               Fin du 19ème les parapets qui entourent les Allées disparaissent. La Place de la Citadelle est nivelée. Les belles maisons sont construites de tout côté et la périphérie de la ville recule à plus d’un kilomètre des anciens remparts.

     

                              Le 24 février 1845, naissance de Jean Antoine Injalbert, fils d’un habile maçon et tailleur de pierre. Son père sut lui inculquer l’amour de la sculpture. Il fit les Beaux Arts à Paris – Grand prix de Rome en 1874. Son œuvre est vaste.  A Béziers il réalisera ‘’ Le Christ de St Aphrodise’’, ‘’La Fontaine du Titan’’, ‘’L’Enfant au Poisson’’ et les bustes de V.Hugo, Azaïs, Rosier, Vernet etc… et enfin le Monument aux Morts qui orne l’entrée du magnifique Plateau des Poètes et ainsi que Casimir Péret et de nombreuses statues larmoyantes au cimetière vieux.

     

                              De 1870 à 1939, pendant près de soixante dix ans, les radicaux tiennent le pouvoir à Béziers. Dès 1904, Alphonse Mas, maire bâtisseur, va transformer radicalement (c’est le bon mot)  le centre-ville de Béziers. Le vieux Béziers  médiéval est démoli. L’actuelle Rue de la République est prolongée jusqu’à la gare par la Rue Riquet, l’Avenue Alphonse Mas et l’Avenue Gambetta en 1894 et 1895. Ce maire fait construire les Halles centrales style Baltard, l’Hôtel des Postes, le Collège, remanié en 1904 et érigé en lycée Henri IV en 1927, la Caisse d’Epargne et sur les Allées la Chambre de Commerce. Le tramway, un nouveau réseau d’égouts, le Temple, la caserne Du-Guesclin sont au nombre de ses réalisations. En 1884, les rues du faubourg sans nom en reçoivent.

     

                              Le temps passe et nous fait vieux. La guerre de 14-18 malheureusement favorise l’économie de la ville. Les usines tournent. Il faut du vin et de l’alcool pour les poilus. Les hommes meurent au front et sont remplacés par des travailleurs espagnols pour la plupart. La ville  prospère gagne 5000 habitants de plus. Après la victoire de 1918, il faut des monuments pour honorer les disparus. Antonin Injalbert orne le cimetière vieux et nos poilus reprennent vie devant nos mairies.

     

                                Après 1918, la vigne continue à rapporter beaucoup d’argent. Béziers  passe à 73.000 habitants en 1936. L’industrie continue sa lancée. Fouga avec ses 2000 ouvriers fabrique des Wagons, des autobus puis avant la guerre de 40 des petits chars Renault. La Littorale fabrique des produits œnologiques. Les premiers HLM sont construits. On inaugure un nouvel hôpital près des arènes. Les viticulteurs se rassemblent et c’est l’époque des caves coopératives dont une à Béziers.

     

                                 Pendant la guerre de 1939-1945 l’activité économique ralentit, même la production de vin. Les usines Fouga sont bombardées par nos amis de toujours les Anglais aidés par les Américains. Ils lâchent leurs bombes à 10.000 et la ville en est éclaboussée. Je me souviens très bien de ce moment où je voyais passer les vagues de forteresses avec leur ronronnement caractéristique. Dans notre village de Cébazan, nous étions tous cachés dans la campagne. La libération  s’opère le 22 août 1944. La veille, les Allemands en fuite ont tiré sur des civils tuant dix personnes et en blessant quarante. Cette guerre  a mis en exergue le patriotisme de Jean Moulin natif de la ville et le sacrifice des dix-huit maquisards de Fontjun fusillés au Champ de Mars. Béziers a perdu 9000 personnes durant cette guerre. La ville compte alors 64500 habitants.

     

                                 En 1960, la viticulture est à nouveau en crise. Selon l’expression de De Gaulle ‘’c’est une cité industrieuse qui a des soucis’’. L’arrivée des pieds noirs d’Algérie relance un peu l’activité mais le chômage progresse. Il faut trouver du travail et de nombreux jeunes s’expatrient en ‘’montant à Paris’’. Les grandes administrations partent à Montpellier. L’instabilité politique  s’installe. Les faillites n’arrêtent pas. Emile Claparède fait de son mieux sans trop de succès. Georges Fontès fait construire un nouveau stade, le pont de l’Occitanie et le parking souterrain de la Madeleine.

     

                                   Les années font tourner la roue du temps. Ce temps  rythmé par les crises et les renouveaux. La restauration de  Béziers est imminente. L’autoroute A75 est en train d’être raccordée à La A9. L’aéroport de Béziers-Vias est en plein essor. L’axe SNCF Béziers-Paris par Neussargues (étude de J.Cl Gaysseau) désengorgera le trafic des poids lourds qui asphyxient les autoroutes existantes. L’arrivée massive des retraités français et étrangers, les vieux, tout fait ventre pour redresser une économie décadente. Le soleil attire les touristes anglais, nos amis de toujours. Nos chaumières sont rachetées et restaurées dans les villages. On y parle ‘’ brittich !’’  Ils font du  ‘’shopping ‘’ dans les rues de Béziers.  Ils transhument le long de nos sables dans leurs ‘’camping-cars GB’’ en mangeant leur gélatine Motha. Oh ! My good !

     

              Ainsi se referme le carnet de voyage dans le temps sur l’histoire de notre vieux Béziers.

     

              En levant mon verre de vin pur de Cébazan, je vous dis ‘’ Al prouchain cop – A la prochaine fois’’       JC d’Oc.

     

     

     

     

      


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