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         Fontfroide et sa roseraie
       Fontfroide et sa roseraie
     


     

     

    Alors ! Raconte ! N° 157

                                                   Fontfroide et sa roseraie

     Nos prises d'images 16 Octobre 2015.

        

            Située entre Narbonne et Lagrasse à 227 m d’altitude l’abbaye de Fontfroide est l’une des plus grandes de France. Aymeric II, Vicomte de Narbonne, choisit ce site, en 1093, près d’un torrent d’eau froide. ‘’fons frigida = source froide. Ce torrent alimentait le puits de la cour Louis XIV lors de la fondation du monastère.

            Elle a été en premiers temps une abbaye bénédictine appliquant les principes religieux de St Benoit (480 après JC) qui est l’organisateur de l’office religieux.

            En 1145, l’abbaye intègre l’ordre cistercien, qui n'est qu'un rameau déformé de l'ordre bénédictin lors de la venue de Saint Bernard de Clairvaux dans la région languedocienne. L'ordre de Cîteaux prêche pour le silence complet et le retrait du monde des religieux. C'est une source de sagesse et d'inspiration. L'expansion de l'abbaye est considérable et rapide, elle apporte des richesses. Les moines sont dans le luxe qui pervertit l’idéal monastique. L’abbé St Bernard de Clairvaux qui est un épicurien notoire, assimile richesse à autorité et prône pour le faste liturgique. Tous les jours, ils lisent les Saintes Ecritures (Lectio Divina) pendant une demie heure le matin et autant l'après midi. Cette lecture comporte le ''Lectio'' - on lit le passage, le "Médiatio" - on réfléchit sur le texte, sur les expressions, sur les mots particuliers, L'"Oratio" - on ouvre son cœur à Dieu et on converse avec lui, Le "Contemplatio - on écoute la voix de Dieu, on libère ses propres pensées, on ouvre son esprit et son âme à l'influence de Dieu. Dans l'Eglise abbatiale, le père abbé après avoir chanté "le prime-la première heure du jour " évoque les saints à commémorer les jours suivants puis dans le Salle Capitulaire appelée aussi Salle du Chapitre il répartit les tâches du travail quotidien. Cela se termine par la confession publique pour les manquements à la règle - le mea culpa . C'est le seul moment où les moines conventuels parlent. Ainsi se passe la journée d'un moine. Nourrir son esprit ce qui coupe la faim.

           Les exploitations agricoles issues des donations seigneuriales rapportent à la communauté qui devient à partir du XIIe siècle l'une des plus prospères abbayes cisterciennes de la chrétienté. Le domaine foncier s'étend sur la plaine entre Béziers et Perpignan sur plus de 30000 hectares. Cette richesse dure jusqu'à la moitié du XIVème siècle.

           Dans l'abbaye, les moines ne peuvent ni sortir ni parler. Pour ne pas tomber dans l'excès de chair, ils sont végétariens. Les repas pris en commun sont souvent composés de fèves, de lentilles, de pois secs, d'un plat à base de poisson, fromage et fruits. Comme boisson, ils pouvaient boire une hémine de vin par jour soit 0,25cl.

            Ils font exploiter les terres par des frères convers  (des religieux ouvriers non tonsurés) qui ne connaissent pas le latin, peu instruits, issus de familles pauvres, ils sont une catégorie séparée des moines qui eux se consacrent totalement à l' Opus Dei, l'œuvre de Dieu. . Les frères bergers, agriculteurs, apiculteurs produisent tout, laissant le soin de la prière et des tâches plus nobles aux moines (notamment les écritures et la création d’enluminures). Ces moines conventuels, selon la règle de St Benoît ne peuvent quitter le monastère. Pour éviter le contact avec les frères convers, l'abbaye est scindée en deux parties séparées par un couloir appelé Ruelle des Convers. Les moines conservent l'église abbatiale dont la voute de 21 m de hauteur est orientée à l'Est pour honorer Dieu à soleil levant, la Chapelle des morts attenante à l'Eglise abbatiale où la communauté des moines venait prier sur les corps de leurs frères morts jusqu'à complète décomposition avant d'être enterrés dans le terrain de la roseraie. Dans cette  petite chapelle aux vitraux futuristes réalisés en 2009 par Kim En Joong trône un calvaire minéral de près de trois mètres de hauteur. Cette croix représente sur ses deux faces, d'un côté le Christ et de l'autre côté la Vierge,  la salle capitulaire où sont prises les décisions, le cloître  et leurs parties  privées.

     

     
      Fontfroide et sa roseraie  Fontfroide et sa roseraie


     

     

     
       


     

             Salle capitulaire                       calvaire Chapelle des Morts

      Les frères convers conservent la cour pour l'entretien séculier, leur salle de repos, leur dortoir dont Gustave Fayet restaura les vitraux en réalisant tel un puzzle à partie de fragments d'anciens vitraux récupérés dans les décombres d'anciennes églises bombardés lors de la dernière guerre notamment de la basilique de Reims, le cellier où ils stockent les provisions  les cuisines et le réfectoire . Cette dernière pièce construite à la fin du 12ème siècle pouvait recevoir entre 200 et 250 convers. La communauté vie entièrement en autarcie.

     

     
       


     

     

     
      Fontfroide et sa roseraie  Fontfroide et sa roseraie


     

                                        Fragments de vitraux

     Fontfroide et sa roseraie 

     

     

     

     

      Dortoir des Convers

           

     

             En 1147, la vicomtesse de Narbonne Ermessende héritière du vicomté de Narbonne-Lara fait don à l’abbaye de Fontfroide d’un ensemble de terres attenantes au monastère. L’abbaye devient une puissance foncière et prend son autonomie. Entre temps, la population  environnante afflue pour les miracles de ses reliques mais ne peut voir la communauté de moines. L'abbaye de Fontfroide est protégée par Béziers et Narbonne. L’abbaye possède 30000 ha de terres  24 granges et un cheptel de 20000 bovins et caprins. L'abbaye s'agrandit et conformément à leur principe religieux, il n'y a aucune représentation humaine ni animale dans l'architecture. Seule la végétation est présente sur les chapiteaux des colonnes du cloître.

     

           
      Fontfroide et sa roseraie  Fontfroide et sa roseraie    Fontfroide et sa roseraie
     


     


          Chapiteaux                            Cloitre                     Chapiteaux

     

            Le cloître de forme carrée est le cœur de la vie spirituelle. Il sert de promenade, et de lieu de méditation et de lecture. C'est aussi une galerie de service qui dessert les cuisines, le réfectoire des moines et le scriptorium où ils copiaient leurs livres. On peut voir dans la galerie sud deux bassins de pierre qui servaient à la cérémonie du mandatum lorsque les cisterciens lavaient des pieds chaque samedi.   

             En 12O8, les moines cisterciens combattent l’ orthodoxie cathare qui va engendrer la Croisade des Albigeois. Pierre de Castelnau, moine de l'abbaye deviendra prélat du pape Innocent III et recherchera au sein même de sa communauté les religieux convaincus d'hérésie qu'il dénoncera et chassera de Fontfroide. Cela ne lui porta chance car il fut assassiné par un écuyer de Raymond VI Comte de Toulouse à Avignonet dans le Lauraguais.

             En 1252  un conflit éclate entre les moines qui veulent le silence et les ouvriers qui font du bruit en recherchant des filons d’argent dans le puits de la cour centrale appelée cour de Travail. Au Moyen Age, cette cour abritait des ateliers ( forge, menuiserie, boulangerie centrés autour du puits. Dans ce puits de la discorde coule une eau de source très froide qui donna le nom de Fontfroide (fons frigidus).

             1311, c’est l’heure de gloire. Jacques Fournier, supérieur de l’Abbaye, devient le pape Benoit XII - troisième pape d' Avignon de  1311 à 1317. La tiare accrochée dans la galerie ouest rappelle cet avènement.

     

     

     

           
       Fontfroide et sa roseraie    Fontfroide et sa roseraie


     

     

                                  Jacques Fournier(Benoit XII) et sa tiare

     

     

             En 1348, la peste noire sévit. Il ne reste que 20 moines sur près de 300 que comptait l’abbaye.

             En 1378, c’est le Grand schisme de l’Occident. Pendant 40 ans, la chrétienté restera divisée. Un antipape à Avignon – Clément VII. Le premier des 6 papes (4 Avignon + 2 Pise).

             En 1476 Le régime de la commende est instauré. Ce système sécularise les fonctions de l’abbé commendataire nommé par le pape, puis par le roi en 1516 – pouvoir de désigner les évêques – les revenus de l’abbaye sont reversés à l’abbé conventionnel nommé par le père abbé de Clairvaux. Mais souvent, ces abbés commendataires ne reversent que le minimum des revenus à la communauté qui s'appauvrit et diminue en nombre. Plusieurs abbés viennent d'Italie dont le premier qui se nomme Hippolyte d'Este, cardinal de Tivoli mais surtout à la famille des Frégose à qui l'on doit les jardins à l'italienne qui surplombent  aujourd'hui la cour d'honneur de l'Abbaye. Ils font 7 fois la messe par jour. Discipline accrue.

              En 1594, les chapitres de Cîteaux aident les pauvres abbés commendataires qui ont peu de revenus. La communauté ne compte que 16 moines.

              En 1764. L’abbaye perd son titre mais une dizaine de moines poursuit à Fontfroide une vie de seigneurs bien éloignée de leur idéal monastique fondateur. Elle est rattachée au Siège épiscopal d'Elne.

               En 1791 c'est la décadence. Les cabriolets, les chaises à porteurs et même les tapis de billards sont mis en vente. Mise en vente mais vente cassée car le prix est trop inférieur à l'estimation.

               En 1791 pendant la Révolution, le monastère devient bien  national. Les revenus sont affectés aux hospices de Narbonne  Le dernier moine est expulsé de l’abbaye.

               En 1805 pendant le Concordat, les paroissiens pillent l’abbaye, les dallages, les autels.

               En 1830, l’hospice de Narbonne qui gère ce qui reste vend des colonnes de l’abbaye qui ne  seront de retour qu’en 188O.

               En 1833, l’abbaye est vendue à Monsieur de Saint Aubin qui y laisse sa fortune en entreprenant la restauration des bâtiments. Dix ans plus tard, 1843 - après la visite de Viollet le Duc, l'église abbatiale, le cloître et la salle capitulaire sont classés Monument historique par Prosper Mérimée, ce qui permet à une nouvelle communauté de cisterciens venus de Sénanque de s'installer à nouveau en ce lieu.

               Abandonnée depuis 1901, Gustave Fayet rachète l’abbaye en 1908 alors qu’un collectionneur américain s’était porté acquéreur du cloître. G.Fayet restaure l’édifice. C’est un touche à tout. Avec le concours d'un de ses amis, Richard Burgsthal il restaure en 1908 les vitraux de l'église. Il fait venir une colonie d’artistes (Mayol – Ravel Odilon - Henry de Montfreid). Il fait déplacer du château de Montmorency à Pézenas la cheminée monumentale qui est purement décorative dans le Réfectoire des Convers. L’abbaye est actuellement privée. Elle appartient au petit fils de Gustave et Madeleine Fayet, Nicolas d'Andoque. Lieu de culture et de foi, l'abbaye possède à l’intérieur de très beaux tableaux mais beaucoup ont été vendus pour payer la restauration des bâtiments. Les descendants continuent  d'entretenir ce lieu et transmettent son histoire.

     

     
     

     Fontfroide et sa roseraie

             A l'extérieur on peut admirer une reconstitution du char d'Apollon.

     

             Malheureusement l'abbaye est vide de meubles sauf la partie privée du propriétaire.

             En 2012 c’est un site majestueux avec ses jardins en italienne en terrasses, son réfectoire de 50m de long, son cloître du 13esiècle, ses colonnes en marbre rose,  sa roseraie créée en 1689 à la place du verger et de l'ancien cimetière des moines. Cette roseraie organisée autour d'un bassin circulaire est mise en harmonie avec des plantes vivaces méditerranéennes.  Ce site majestueux est le plus beau  des Corbières (2500 rosiers avec 14 variétés différentes). Détruits en 1986 par un incendie, restaurés, les Jardins en terrasses ont conservé cet air italien si cher à sa créatrice Constance de Frégosse au XVIème siècle, mère d'un abbé commendataire. Ils ont été remaniés par Gustave Fayet et sont classés "Jardins Remarquables" Cette cité monastique

     a été miraculeusement préservée des aléas de l’histoire. Cette belle visite photographiée sous tous les angles  en octobre dernier se termine par des roses.

     Le plus bel hommage que les murs nous ont apporté.

               
     

     Fontfroide et sa roseraie

     

     Fontfroide et sa roseraie

     

     Fontfroide et sa roseraie

     

                                      Madeleine FAYET

     

             C’est un des plus beaux édifices du Midi où les différentes couleurs des pierres qui varient selon leurs expositions reflètent la patine du temps. Allez- y, ça vaut le coup d'œil. Vous pouvez  en sortant goûter les vins de l’Abbaye, manger au restaurant ‘’ La Table de Fontfroide’’ et, si votre état le permet encore écouter le chant des cigales ou des grillons à défaut de chants grégoriens. 

     

    JC d’Oc 03.2010 MAJ 10/2015

     

     

     

           
     

     Fontfroide et sa roseraie

     

     Fontfroide et sa roseraie

     


                   Vitraux de Kim En Joong installés en 2008 dans la chapelle des morts.


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    Alors!  Raconte! N° 151

                                                     

                          Roquebrun, au fil de l'Orb.

              La nature est à la fois auteur et acteur, elle a créé le décor, écrit l'histoire, joué tous les rôles d'un spectacle jamais achevé et moi, petit troubadour, j'écris des chroniques sur cette terre et de tout ce qui en fait sa saveur comme sur tous les marchés paysans de nos villages. J'écoute les gens qui appuyés sur les coins des bistrots racontent des histoires avec l'accent chantant de notre Midi, les gestes qui accentuent les dires des histoires maintes fois racontées. Ce nouveau reporteur armé de son appareil photo parcourt les villages de nos cantons à la recherche de leur âme, de son histoire, de ses légendes et aujourd'hui, je me suis arrêté dans le magnifique village de Roquebrun qui embaume ses ruelles par les parfums de citron, d'orange et surtout de mimosa. Prenons le temps en remontant les rues.  Allons les découvrir !

             Notre petit Nice avec ses ruelles moyenâgeuses cache sur ses façades des richesses d'informations reprises sur différents tableaux de la vie d'autrefois notamment sur:

     

        la tour médiévale, le four banal.

               La tour qui domine le village de Roquebrun date du XIème siècle. A l'époque les rois carolingiens ont décidé pour se prémunir des invasions barbares de fortifier les contreforts de la Montagne Noire. Cette tour de gué permet à la fois de surveiller la vallée de l'Orb mais aussi la vallée qui remonte vers le village de Laurens. Sur ses façades on peut compter sept portes qui permettent son accès ;sur la façade Est se situait la porte principale. On y montait avec une échelle et maintenant c'est  par une passerelle métallique que l'on y accède. Sur la façade de la tour se trouvent des trous dans la pierre qui permettaient d'y placer des hourds, ces échafaudages en bois. A partir de ces hourds on pouvait lancer des projectiles sur les assaillants. Cette tour dans l'histoire de Roquebrun n' a jamais été utilisée pour des combats. Au pied de la tour, une plateforme a supporté des pièces fortifiées. C'est l'entrée du château de Roquebrun qui a appartenu successivement aux vicomtes de Béziers et de Toulouse . Au XIIIème siècle, le dernier seigneur des lieux Bernard de Roquebrun  fut vaincu par Simon de Montfort en 1209. Puis il passa dans le domaine Royal en 1250 géré par les Consuls.

            En remontant vers la place de l'église se trouve le four banal, ancien four collectif aujourd'hui dans une propriété privée.

             Légèrement en contrebas, il y avait un chemin. Cette voie pavée  permettait à une garnison romaine d'assurer sa logistique pour le maintien de la voie romaine qui passait dans la région et qui allait jusqu'en Espagne.

                 Roquebrun est considéré comme un village riche, c'est pour ça que beaucoup de maisons sont crépies pour ne plus donner l' air paysan des villages dits agricoles. Bien sur, les façades de pierre existantes doivent rester telles quelles avec des galets ronds retirés de la plage. Les murs sont ornés de génoises parfois de 3 rangées. Le nombre de rangées de tuiles couvertes déterminait la richesse du propriétaire du lieu.

     

     

     

    Voilà un panneau d'informations  sur la margelle du pont:

     

     

     
       

    Le pont de l'Orb, cet ouvrage de sept arches en pierre de taille date de 1870. Auparavant, les villageois n'habitaient que sur la rive gauche de la rivière et pour aller à Cessenon, il fallait deux jours à cheval, cependant la nécessité des cultures de la vigne et des oliviers imposait de traverser la rivière par un bac. De plus l'économie locale était prospère par l'extraction du marbre, par les manufactures de draps dont de cette vie active il ne reste  qu'un des moulins dans la rivière, un pressoir et un four banal dans le village. C'est la raison pour laquelle un seigneur de bon aloi restaura un passage à gué mais payant. Plus tard furent construit deux piliers appelés " piliers de la barque". Ces deux piliers étaient reliés par une corde à laquelle était accrochées deux barques. Actuellement, un pilier est encore visible en aval du moulin. Le pilier de la rive droite a été emporté par une crue. Il n'en reste qu'une sorte de quai d'embarquement. On l'appelle "l'arribatou" (le pilier de la barque).  La digue actuellement en béton était autrefois en pierre sèche. Sur la rive des fagots de roseaux étaient régulièrement emportés lors des crues annuelles. Cette digue permet de diriger l'eau dans le canal d'irrigation des terres basses du village. L'Orb que l'on voit souvent si paisible  commet parfois des crues importantes. L'ayaïgate de la Saint Michel ou ayaïgade de la tucos (qui signifie crue de la courge) reste dans toutes les mémoires. Chaque année, le débordement du fleuve faisait passer sous les yeux des Roquebrunais des cucurbitacées que l'on cultivaient sur les berges de la rivière de la haute vallée de l'Orb. C'est en 1870 que le pont fut construit. Enfin! Ouf! Lors de son inauguration les ouvriers et les villageois si contents dansèrent quatre jours et quatre nuits pour fêter sa construction. 

              Il existait le même système de va et vient sur la rivière  à Ceps. L'exploitation de ces franchissements en barque ont été donné par adjudication. A Ceps, l'adjudicataire n'entretenait pas la barque si bien que dans les années 1870, les barques n'étaient plus exploitables et les gens étaient très mécontents. Ils firent une pétition auprès du sous préfet de Béziers et la barque fut remise en état. Quelques années plus tard, une nouvelle adjudication fut donnée à un autre passeur. Mécontent, l'adjudicataire précédent coula la barque et un matin les habitants de Ceps se retrouvèrent cantonnés sur la rive droite de l'Orb sans pouvoir franchir la rivière. Les hommes du village participaient à sa réfection une fois l' an. C'est en 1880 que le pont de Ceps a été construit - 116m de longueur.

    Nouveau panneau " la pêche dans l'Orb".

           Au printemps en période de fraie et en hiver le simplou -filet que l'on tendait à la nuit fournissait à l'aube de belles fritures de sophyes et de chevesnes. L'été lors des fortes chaleurs, la pêche au trémail nécessitait une grande technique et des plongeurs émérites dont le rôle consistait à maintenir au fond de la rivière le filet plombé. Le jet de l'épervier filet rond  en toute saison.

    Nouveau panneau " les 2 moulins - le pressoir"

     

     

     Les deux moulins

    Une meule

     

     

    Le moulin à blé:

              Au XIXème siècles les Roquebrunnais devaient moudre leurs céréales, le blé, l'orge et l'avoine dans les moulins à eau situés dans le lit de l'Orb. Moulins, élevage et pêche représentaient  les denrées essentielles du village. La commune mettait à la disposition des villageois les moulins à grains. Les mouliniers se chargeaient du travail de meulage. L'eau de l'Orb donnait l'énergie grâce à des écluses qui dirigeaient l'eau vers la roue hydraulique.

     

    Les foulons (aujourd'hui disparus)

                Mais une autre activité permettait de fabriquer des cordages, des sacs pour l'agriculture ainsi que du linge de maison ( serviettes,nappes.....). Dans un foulon les gens battaient des tiges de genêts d'Espagne dont ils extrayaient des fibres qu'ils filaient. Ce tissus épais et solide servait à la confection des vêtements, les Romains et les Carthaginois en faisaient des voiles pour leurs navires. De plus cette toile était antistatique et ne provoquait pas l'inflammation des poussières de charbon sur les bandes roulantes des mines. On en faisait aussi des draps pour la troupe. Cette fabrication artisanale n'occupait qu'une petite partie de la population de Roquebrun.

    Le moulin à huile:

               Dans un moulin, pied dans l'eau, une meule de pierre et un pressoir sont restés intacts. Les olives noires étaient broyées puis pressées afin d'obtenir  l'huile que les villageois utilisaient toute l'année. A la fin de l'automne, les olives noires étaient pressées à froid la première fois, puis une deuxième fois, puis la mélasse était soufflée. Cette dernière opération permettait d'obtenir le plus d'huile possible. L'huile obtenue était ensuite décantée. Six à sept personnes réalisaient ce travail.

     

     

     Nouveau panneau "  Le jardin méditerranéen" au pied de la tour.

           En ce deuxième dimanche de février 2014, malgré un petit air frais malgré les 3° du jour, le mimosa a tout de même résisté par contre on trouve quelques dégâts sur d'autres plantes. Quelques aloès ont été touchés. Ce sont des plantes qui peuvent résister à -5° la nuit.

           Sur la partie haute du jardin méditerranéen, il y a une belle collection de mimosas  dont des variétés comme le " Mireille" petit arbuste qui fait des petites fleurs; le "Mirandol" avec lequel on fait des bouquets que l'on retrouve chez les fleuristes. Cet arbuste fait des fleurs d'un jaune intense avec des grains légèrement espacés. Son port est bien dressé; le "Gaulois" avec ses petites fleurs en forme de pompons jaune d'or; le "Lisette " avec ses très grosses fleurs. Il fleurit presque toute l'année.

          On peut voir sur la partie plus haute des globulaires qui font des fleurs bleues qui annoncent l'arrivée du printemps. Premières fleurs qui s'épanouissent dans notre garrigue.

          Le jardin méditerranéen est géré par une association le CADEE ( Collectif Agricole pour le Développement et l' Environnement) crée en 1985. Le jardin exotique tout en hauteur a été crée un an plus tard sous l'égide de plusieurs passionnés dans ce site qui jouit d'une micro- climat grâce à son exposition plein sud. La roche, du schiste retient l'eau et emmagasine le jour la chaleur et la libère la nuit. Les exploitants viticoles avouent qu'ici, les raisins mûrissent même la nuit. On y trouve des plantes extraordinaires du Languedoc;  des succulentes, des plantes grasses de la famille des cactacées, une belle collection d'aloès, des férus, des cierges etc... Le sentier botanique borde des restanques, ces petites terrasses où poussent du thym, de la valériane,  des  lavandes et romarins, armoises et bourraches.

           Orangers, citronniers et autres agrumes fournissent de beaux fruits en plein de l'hiver. Enfin toute la flore méditerranéenne de  Roquebrun et de sa région avec l'exotisme de ses cactées est mise en valeur sur ses restanques bien entretenues.

            Même les noms des rues très pentues et étroites évoquent à eux seuls la vie des habitants et leurs passions pour leur travail de la vigne et de la flore. Rue des Olivettes - Avenue des Orangers- Rue sous les fenêtres-Cade de Roquebrun-Rue de Roquegrosse  sont des noms évocateurs.

              Ce vieux village ne se visite pas, il se découvre pas à pas. Ici la place de l'église Saint André, là bas un vieux poulailler qui nous rappelle les corvées d'autrefois lorsqu'il fallait amener canes et canards au bord de l'Orb. En bas un lavoir où les femmes venaient battre leur lessive à genoux dans leur caisse à savon.

              Enfin, cela ne nous étonne pas de voir que beaucoup de personnes viennent visiter ce village, ce petit Nice où près d'une vingtaine de festivités se déroulent tout le long de l'année. Un festival à lieu le 2ème dimanche de février sur cette fleur qui sent bon le miel : le mimosa.

     

     
     


         

             Le moulin à grains ouvre tous les ans pour une exposition de peinture à l'étage. Le rez de chaussée est réservé pour la vente des produits du terroir.

     

    Bonne lecture  JC d'Oc 11/2015 màj 08/21

     

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         La cagaraula de ma Mamette.      La cagaraula de ma Mamette.
     


     

    Alors! Raconte! N° 154

                              La cagaraula de ma Mamette.

     

                        Lors de la montée de l'Alpe d'Huez, le 25 juillet dernier, le sport national était le cyclisme dont Thibaut Pinot en fut le vainqueur mais un journaliste en moto a fait un interview à un spectateur qui, en attendant le passage de la course cycliste a préféré la course à "l'escargot" le plus flémard de tous avec 6m à l'heure. Parmi les rochers calcaires, il a ramassé dans un petit sac en plastique 5 ou 6 kilos de gastéropodes ( à mettre dans les annales du Tour) ce qui me fit penser au ramassage dans les vignes des petits gris comme nous les appelions. Le moment le plus propice était le temps des vendanges où, assommés de chaleur, les escargots ne "baraillaient" plus mais s'endormaient sur les souches. Ma " mamette "( grand mère) qui ne manquait jamais une vendange était habituée à cette cueillette à la main des petits gris qu'elles entassaient dans la grande poche de son tablier en prévision de se régaler avec sa recette de la  "cagaraula" du coté occitan de Béziers;" cargolade" du coté de nos voisins catalans. Elle se délestait dans un sac de patates dès que le poids des bêtes à cornes la gênait dans son travail.

                   Les escargots adorent la salade surtout celle de mon jardin après un arrosage. Ils sont hermaphrodites et leurs amours sont torrides. Ils se choisissent grâce à leur parfum Chanel, se rapprochent et mucus contre mucus ils jouissent dans une bave blanche. Leurs oeufs seront pondus par un petit trou situé près de la tête  sous des planches de préférence  et il faudra trois ans pour que le cycle de reproduction recommence.

                   L'escargot peut faire des dégâts dans les vignes . Les bourgeons constituent un met de choix pour les escargots. Mais aujourd'hui, les machines à vendanger n'épargnent pas les petits gris et l'on voit moins d'escargots lorsque les premières feuilles  sont traitées.  Ne trouvant plus la nourriture nécessaire suite au désherbage des sols, l'escargot se réfugie sur les souches. Par le haut, par le bas les pauvres cornus en perdent leur latin mais nos grands-mères savaient bien les cuisiner.

                      La meilleure recette, celle que ma mamette faisait consistait tout d'abord à faire jeûner les bêtes à cornes dans du thym et du pain jusqu'à la fin des vendanges. Lorsque nos bêtes en avaient assez bavé dans les herbes elles avaient pris le parfum de la farigoulette. Elle les lavait, les séchait puis elle enlevait la peau qui couvre l'opercule. Sur une braise de souquets  de vigne elle posait sur le gril les escargots têtes en l'air qu'elle salait et poivrait puis ils cuisaient tranquillement. C'était la recette traditionnelle du pays d'oc. Dernier raffinement avec la flambusque, elle laissait couler le jus de lard enflammé sur chaque bête. Elle accompagnait le plat avec du pain tartiné d'aïoli. Après avoir dégusté une assiette de 150 bêtes à cornes, il ne fallait pas boire de l'eau car dans nos estomacs les escargots n'aiment plus l'eau  mais préfèrent un bon vin de chez nous.

                        Lous " cagaraous" aiment bien les fossés qui bordent les routes du Tour de France et il n'est pas rare de voir ces aventuriers traverser devant les voitures et s'arrêter comme font leurs sosies  les camping caristes dans la montée de l'Alpe d'Huez. 

    JC d'Oc 08/2015

     


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  •     Mes souvenirs d'écolier.    

       Mes souvenirs d'écolier.               Mes souvenirs d'écolier.                                  

       Mes souvenirs d'écolier.

                                                              Ecoles de CEBAZAN

     

     

    Alors! Raconte! N° 153

                                 Mes souvenirs d'écolier.

     

             Dans mon petit village de Cébazan où je pris le premier bol d'air dans les années 40, moyennant quelques francs, les gens se faisaient tailler leurs cheveux chez un brave homme qui habitait au fond de la rue dont il me reste un souvenir ineffaçable dans ma mémoire. Ce coiffeur improvisé nous posait un bol sur la tête et coupait tout ce qui dépassait avec sa tondeuse à main. Puis pour ne pas laisser de cheveux encore rebelles, avec son rasoir coupe-choux à manche repliable, il nous raclait le cuir tout autour  des oreilles et du cou . Lorsque son travail était terminé, avec son vaporisateur à poire, il nous envoyait un nuage d'eau de Cologne sur les quatre poils qui nous restaient.  Notre figaro nous en mettait plein les yeux, mais en partant il nous disait "Ah moun pitchou ! Qu'est ce que  tu sens bon ! " Enfin la propreté cachait souvent la misère du corps. Nous n'avions pas de salle de bain et une bonne casserole d'eau, tous les soirs, versée sur la tête nous rafraichissait. Nos parents très pudiques ne se lavaient que lorsque les enfants étaient couchés. C'était la règle depuis des générations de paysans.

             Le crane bien rasé, propre comme un sou neuf ( comme on disait à l'époque), nous allions tous les matins en galoche (pas encore en converses) à l'école communale apprendre les leçons de  vie que nous prodiguait notre maitresse. Nous accrochions sur un porte manteaux dans le couloir nos vêtements et enfilions notre sarrau d'écolier noir avec ses boutons sur le côté. Le silence était de rigueur et pour parler ou bien pour répondre aux questions de notre maitresse, il fallait lever le doigt et il ne fallait pas se tromper sinon un coup de règle sur les doigts faisait mal. On pouvait aussi se faire tirer les oreilles, les cheveux (enfin ! Ceux qui restaient) et même les joues.

            Sur l'armoire en bois qui servait au rangement des cahiers, des craies, des portes-plumes "sergent major"  des bouteilles d'encres violettes et rouges trônait toujours le bonnet d'âne avec ses longues oreilles, la terreur de l'écolier. Les cancres dont je faisais partie l'ont maintes fois mis sur leur tête et à la risée des autres élèves, on faisait cinq fois le tour de la salle de classe qui nous traitait d'âne ; c'était la politique de l'école. Cet  animal que j'ai toujours estimé et vénéré dans ma vie  a nourri avec son lait qui se rapproche le plus de celui de la femme de nombreux enfants . Il sait aussi se repérer sur les chemins pour gravir les montagnes, ni trop lentement dans les vallées, ni trop rapidement dans les montées, le pied sûr et avec courage. Tous derrière et lui devant (comme chantait notre ami Georges Brassens). Dans la vie, il faut de la  réussite. Ce n'est pas aussi la raison pour dire  que les enfants d'après guerre sont tous des ânes mais à cette époque là on semait des graines pour l' avenir, l'échec, c'était l'humiliation complète car l'esprit du combattant vainqueur de 1945 était très ancré dans les jeunes têtes de la nouvelle génération d'après guerre. La génération du renouveau, celle de "conquistadors" .

            Mais le temps du bonnet d'âne à l'école élémentaire ne dura qu'un temps, il y eut  aussi les encouragements avec la distribution des bons points, ces vignettes de différentes couleurs étaient fabriquées à Epinal - du vrai Made in Franche Comté - pour les enfants sages. On pouvait les échanger contre des images mais si notre comportement en classe n'était pas apprécié par la maitresse il fallait rendre des points que l'on sortait de sa boîte. Ultime punition; il fallait aller au "coin".

             Lorsque nous faisions des contrôles de connaissances " les compositions" comme nous les appelions, les meilleurs élèves gagnaient un album sponsorisé par une marque de café. Nous obligions nos parents a déguster le café de la marque "Caïffa" pour bénéficier dans chaque paquet d'une image que nous collions dans cet album. Dans mes boîtes à souvenirs je devrai retrouver plusieurs de ces livres d'images. Rien ne vaut la poussière pour conserver les vieux papiers et cherchant bien, de belles images un peu désuètes de nos jours sont collées dans cet album sponsorisé par le chocolat " Cantaloup - Catala". Que de bons souvenirs de ce chocolat de notre enfance, ce quatre heures, ce régal de l'écolier!

     

        Mes souvenirs d'écolier.

     

           20 ans après, les petits ânons nés en 1940 ont eu leur élan cassé par la guerre d'Algérie qui a brisé leur détermination. Beaucoup sont revenus de leur absence de 28 mois dans le village où ils ne se retrouvèrent plus. Ce retour sur le lieu de sa naissance s'appelle la philopatrie (l'amour du pays de son père) comme font les cigognes  et les hirondelles.

          Les offres de travail se faisant rares surtout qu'ils n'étaient pas prioritaires sur le marché du travail, ils durent partir vivre dans d'autres villes et occuper souvent un emploi dans l'administration. Heureusement les trois glorieuses décennies commençaient et 90% réussirent comme postiers, cheminots, armée, dans les impôts à Paris et bien sûr dans l'enseignement dont le premier poste était souvent dans une école perdue au fin fond de la France.

     

              Ainsi passe la vie et les souvenirs de notre enfance remontent à la surface comme des bulles. Dire que j'aurai pu dire tout cela en quelques mots mais je prête ma plume à ceux qui savent beaucoup mais qui ne disent rien .

              Enclencher la machine à remonter le temps n'est pas si simple mais beaucoup se reconnaitront pour rêver car dans les rêves d'enfant, il y a souvent l'éclosion du sens donné à la vie d'homme (Freud).

    JC d'Oc  07/2015

    *Mais savez vous comment s'appelle l'habitat de l'âne ??? Anerie ou asinerie?

      

     

    La légende de Midas

           Midas eut la malencontreuse idée de soutenir la chansonnette de Pan, plutôt que le chant d' Apollon.

           Apollon vexé lui tira les oreilles si fort qu'elles devinrent semblables à celles d'un âne. Plus il se regardait, plus elles poussaient, puis un jour, elles dépassèrent sa chevelure et il dut aller voir son barbier. Son barbier dut jurer de ne point divulguer que Minas avait des oreilles d'âne. Ce secret, nul ne devait le connaître.

           Le barbier tint parole mais il creusa un trou près de la rivière et chanta doucement " Le roi Minos a des oreilles d'âne"

           Les roseaux poussèrent et le vent divulgua la chanson.

            Minas s'empoisonna après avoir tué son barbier.


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  •     Villeneuvette et sa manufacture de draps.              Villeneuvette et sa manufacture de draps.
     

     

     

     

     

     

     
     

                                                                                                     

     

    Alors! Raconte! N° 152

     

                       Villeneuvette et sa manufacture de draps.

     

          Dans le Clermontois de l' Hérault bien sûr, pour éviter les grosses chaleurs qui sévissent en ce mois de juillet, en quelques pas, nous voici dans une petite cité bien accueillante de Villeneuvette  où coule la rivière La Dourbie.

          C'est en 1670 que Pierre Baille un habitant fabricant et commerçant de Clermont l'Hérault, grâce aux foulons de la rivière construisit une fabrique de draps, fermée par les murailles des maisons, dont l'accès ne se fait que par un porche d'entrée orné d'une inscription un peu trop pétainiste à mon goût " Honneur au travail". Les affaires marchant bien on y produira des étoffes jusqu'en 1954. L'activité en pleine croissance oblige la construction de nouveaux bâtiments qui tissent un drap de haute qualité baptisé " le londrin second'. Le 20 juillet 1677, la manufacture est anoblie royalement par Louis XIV au nom de " Manufacture royale de Villeneuvette". Expédiés de Marseille, les londrins sont acheminés vers l'Orient - Constantinople - Smyrne et la Grèce. Les tissus habillent les riches de Turquie, de Perse et d'Arménie.

          C'est à partir de 1725, sous l'impulsion de Castanié d'Auriac, grâce à des atouts que ses frères lui apportent que les énormes bénéfices vont se multiplier. Le travail va occuper jusqu'à huit cents ouvriers dans les  villages des alentours. L'emploi est au maximum. On tisse dans toutes les maisons que l'on construit à la hâte mais en fin de ce XVIIIe  siècle, la révolution gronde et tout ce qui est royal est estampillé nocif. L'entreprise décline et un certain Denis Gayraud en 1793 rachète au rabais la fabrique. Le bassin de l'emploi  est sinistré.

          C'est au début du XIXe siècle que les frères Maistre, véritables industriels vont pendant 150 ans redresser l'entreprise en mettant en place un système très paternaliste en encadrant les ouvriers sous l'emblème " TRAVAIL FAMILLE PATRIE"  Ils vont produire des kilomètres de tissus pour confectionner des uniformes de l'armée, des draps pour la troupe,  des sarraus des élèves dans les écoles, les blouses des fonctionnaires, les vêtements liturgiques des religieux et même le capitonnage des wagons de première classe des Chemins de fer. Ce sont les frères Maistre qui orneront le fronton de l'entrée par "HONNEUR AU TRAVAIL". La religion chrétienne et paternaliste  donnait du travail à tous les ouvriers, leur assurant un logement sans loyer, des soins gratuits, une mutuelle appelée "Caisse d' Epargne" une éducation des enfants jusqu'à l'âge de 12 ans ainsi qu'un jardinet à chacun d'eux.  Tout marche à la baguette (de tambour). Le village fermait ses portes tous les soirs. Jamais de grève et pas de syndicats. Dans ce petit territoire, la famille Maistre, de père en fils gérait la vie de leurs ouvriers et de la commune qui leur appartenait entièrement. Les Maistre, seigneurs et maîtres, héritiers d'idées bourgeoises, fournisseurs de la République pratiquaient une politique féodale  sur ses ouvriers et lors d'élections ils leur recommandaient de voter contre cette République qui pourtant les nourrissait. Malgré la mécanisation qui augmentait considérablement la production des tissus tout allait bien mais la Révolution industrielle du XXe siècle arrivait à grand pas.  La concurrence du Nord de la France dont les machines plus modernes dont le plan Marshall a équipé les ateliers provoqua une lente agonie. En 1954 l'hallali fut sonné et la fermeture définitive est intervenue.

    Que reste-t-il du village ? quelques rues encore pavées, un abreuvoir et une place qui porte royalement le nom de Place Louis XIV . Les logements des ouvriers, parfaitement alignés le long des courtes ruelles mènent au " manoir de fabrique" l'ancienne habitation du maître manufacturier où une horloge du XIXe continue de dérouler les heures.  Le Département de l'Hérault a sauvé la dernière haute cheminée et le buffet à eau.  ainsi que les peintures de l'église Ce patrimoine  attire de jeunes artisans qui y font leurs ateliers. Quelques 70 personnes dont les deux tiers de permanents restaurent les trois quarts des bâtiments qui en 2014 furent inscrits au titre des monuments historiques.

             Ne pas manquer le "pont des amoureux", sous lequel coulent les eaux de la Dourbie. Il y aura toujours une bonne âme qui sera là pour vous dire la légende.

    JC d'Oc 07/2015 Màj 11/2018

     

                                                                                                   

     

     

     

     


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