• L'île Ste Lucie près de Port la Nouvelle

     

    Alors! Raconte! N° 135

                                        L'île Ste Lucie près de Port la Nouvelle

         Notre rando du 22 mars 2014

            En ces derniers après midis d'hiver nos pas de baladins nous ont dirigé vers l'Ile  Ste Lucie tout près de Port la Nouvelle où nous avons fait un petit plongeon dans l'histoire narbonnaise de cette île qui n'en est pas une depuis que la ligne du chemin de fer l'emprunte dans sa partie Ouest. Entre le ciel et l'eau, elle est bordée à l'Est par le canal de la Robine, ancien lit de l'Aude au temps de l'Antiquité romaine. En ce temps là, cette voie d'eau s'appelait l'Atax. Cette île servait de port d'encrage des bateaux de commerce et garantissait la sécurité de la voie d'eau jusqu'à Narbonne. Elle permettait la commercialisation du sel, du blé et du vin entre la mer et la Narbonnaise par des barques à fond plat. Au Moyen Age Narbonne était redevenu un centre commercial et un port très important avec près de 40.000 habitants. Vers 1330, c'est la catastrophe pour la ville car le fleuve Aude change brutalement de direction suite à de violentes inondations qui bouchent avec les limons le cours initial . Cela entraine au XVème siècle la décadence de Narbonne et les Consuls désespérés décident la construction d'un déversoir et de l'écluse du Grand Moussalans à 10 km en amont de Narbonne qui alimente le Canal de la Robine. L'architecte hydraulicien Vauban en 1686 réalise son aménagement mais son raccordement au Canal du Midi après un parcours de 32km  par le canal de jonction de Narbonne ne fut réalisé qu'en 1776. Les Consuls envisageaient que la Robine soit un débouché maritime grâce au Canal du Midi mais le grand canal royal entre deux mers partira vers l'étang de Thau et Sète et étouffera l'activité économique de Narbonne.

                Mais sur cette" île", réserve naturelle de 250 hectares on y accède en franchissant le passage de l'écluse qui nous amène dans une zone humide, puis par le chemin bordé de pierres rondes délimitant l'emplacement des anciennes "Vignes Longues" avec sa petite carrière d'où se dégage une légère odeur sulfureuse. La molasse marine de cette carrière permit l'édification du "château" de Gruissan (tour de Barberousse) et servit même de fondation à la cathédrale St Just de Narbonne. Puis nous nous dirigeons vers le parcours long de 7 km. A l'extrémité de l'île un petit bâtiment délabré par le temps servit de poste de douane sous Louis XVI pour surveiller le commerce du sel. On le nomme "la vigie" avec vue  imprenable sur le superbe panorama de l'étang de Bages - Sigean. Du haut du Roc Saint Antoine avec ses 36 mètres on a une belle perspective sur la Robine et sur un petit canal construit par le Romains. Panorama imprenable sur l'étang de l'Ayrolle avec vue sur l'île St Martin et même par temps clair sur Narbonne. On s'achemine ensuite vers une ancienne habitation que l'on appelle" la Cantine" car elle servait de réfectoire aux ouvriers des salines.

           La flore est constituée de genévriers cades, d'asphodèles, d'euphorbes, de thym, de cistes, de chênes verts, de pistachiers lantistes et de pins aux branches torturées par le vent. La faune rassemble des sangliers qui laissent de profondes fouilles, des chevreuils, quelques traces et autrefois il y avait des chevaux sauvages et un élevage de gibier.

           Notre chemin bifurque sur la gauche et sur la descente nous pouvons retracer la géologie de l'île par des traces de mollusques laissées sur la falaise lors du plissement de la chaine arquée languedocienne allant des Pyrénées à la Provence.  Par un sentier encombré de branchages nous entrons dans un grand domaine viticole en ruines qui fut jadis propriété des moines. Il a été exploité au 18è siècle par des viticulteurs mais n'a pas perduré au delà de l'épisode du phylloxéra. On peut y voir des pressoirs métalliques à vis, deux cuves en ciment et des supports de foudres. En hauteur, on peut y voir l'emplacement des poutres supportant le plancher et deviner que ce domaine avait une importante production de vin d'environ 1100 hectolitres avant la seconde guerre mondiale. Ces caves furent réaménagées en porcheries puis définitivement abandonnées.

           Quelques pas plus bas, le chemin de la Robine nous emmène au Domaine encore habité de Sainte Lucie où le Conservatoire du maritime et fluvial en Pays Narbonnais restaure des barques anciennes. Nous avons quitté cet îlot de verdure sauvage encore préservée que l'on appelle " l'île aux 1000 senteurs" pour rejoindre notre écluse et nos voitures.

    JC d'Oc 03/2014

     

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :