• La mer Méditerranée

     Alors ! Raconte ! N° 89

     

     

                                                    La mer Méditerranée

     

     

     

               On ne peut parler du Midi, sans révéler les quatre éléments vitaux : l’eau, l’air, le feu et la terre qui ont apporté notre civilisation à nous hommes occidentaux. L’eau, c’est le mystère de la mer, l’air, c’est le vent léger ou en furie, le feu, c’est la chaleur brûlante du soleil et la terre, c’est la vie, la terre de notre canton et le sable fin de la plage de Valras.

     

               La Méditerranée est, comme son nom l’indique une mer entourée de terres. Avec ses  trois millions de kilomètres carrés, elle ne représente que 1% de la surface des eaux de la terre. Cette mer  est relativement récente puisqu’elle s’est constituée il y a 65 millions d’années lors de la dérive des continents. Après une première Méditerranée, elle n’a cessé d’évoluer vers nos terres en changeant d’aspect. On y retrouve des grottes maintenant sous-marines qui ont été habitées par les hommes préhistoriques comme celle de Casquer dans le Var. Tout d’abord, une mer ‘’tropicale’’ ouverte sur l’Atlantique  s’est remplie d’eau salée, puis elle devint ensuite un grand désert avec des phases successives de grandes pluies et d’évaporation. Ce qui produisit une forte teneur en sel (37,7g/litre). La Méditerranée se répartit en deux zones distinctes de part et d’autre de la Sicile. Un relief sous marin très profond de plus de 5093 mètres vers la Grèce  et vers nos contrées elle ne dépasse pas les 2000 mètres de profondeur car le plateau continental descend sous la mer jusqu’à une profondeur de 150 à 200 mètres. Le Golfe du Lion où se situe Valras fait partie de cette pénéplaine sous-marine avec son rivage et ses bancs de sable fluctuants non par les marées car elles sont si faibles mais par l’action du vent et celle des courants marins.

     

           Dans  le Golfe du Lion les eaux connaissent des variations thermiques importantes entre 13° l’hiver et 25° l’été. C’est le courant côtier qui vient de Provence et qui se dirige vers les Iles Baléares, les déversements du Rhône, les écoulements du Vidourle, du Gardon, de l’Hérault, de l’Orb et de l’Aude provoquent un léger réchauffement des eaux, mais entrainent aussi une grosse quantité de sédiments sur le littoral. Un autre courant marin  qui va de Collioure jusqu’en Crète véhicule des particules en suspension, des algues, du plancton mais aussi des déchets industriels. L’Ifremer étudie ce phénomène et bientôt on connaitra les secrets des profondeurs de la ‘’grande bleue’’.

     

            Les vents qui balayent le littoral sont variés et nombreux. La tramontane venue du nord est un vent froid  qui souffle en moyenne 120 jours par an. Ces rafales peuvent atteindre 80 km/heure tandis que le marin  venu du sud est, soufflant 90 jours par an est plus doux et humide. Mais il y a marin et marin ! Le petit marin est un petit souffle qui se lève en début d’après midi. C’est une brise marine qui caresse le sable et les vacanciers. Le vrai vent marin souffle avec force les jours de mauvais temps apportant fraîcheur, humidité et salinité. Ce sont ‘’les coups de marin’’ du printemps et de l’automne. C’est une aubaine pour les pêcheurs car l’eau agitée et plus chaude amène les sardines et les maquereaux presque sur l’étal de la poissonnerie Barba. Quand le grec venu du sud-ouest souffle, c’est signe de pluie. Le narbonnais et le sers soufflant de l’ouest et du sud ouest vers la mer donnent à la mer des nuances de bleu, de vert et même de gris. La mer peut en quelques heures passer d’une surface lisse lorsque le vent se calme  jusqu’à un assaut de la plage par des vagues en furie.

     

              Mais la couleur dominante de la mer sur notre côte est le bleu. Le bleu du ciel s’y reflète.  La mer est lumière et absorbe les rayons ultraviolets jusqu’à 30 mètres de profondeur et les infrarouges sur 2 à 3 mètres seulement. Selon les micro-organismes, algues et planton qui flottent sur sa surface près de la côte, le bleu peut passer au vert émeraude. A Valras, les fonds étant peu profonds car ils ne dépassent pas 5 mètres sur une distance de 500 mètres et 10 mètres sur un kilomètre, la mer conserve sa couleur bleue à ces profondeurs. Il faut aller à plus de 50 kilomètres pour atteindre des profondeurs  supérieures à 100 mètres. Lors des plongées, les couleurs rouge, jaune ou verte ne se voient plus à quelques mètres, le gris et le violet persistent jusqu’à 100 mètres tandis que le bleu est encore visible jusqu’à 300 mètres.

     

               Dès que le vent marin souffle en tempête, la mer prend des allures furieuses et écumantes. Par rouleaux successifs de vagues pouvant dépasser 2 mètres, elles ravinent le sable de la plage dans un bruit effrayant et incessant. On dit que la mer monte et elle laisse en se retirant un tas de troncs, de blanches écorcées, de coquillages et même quelques astérides sur la plage. Ces tempêtes ont lieu au moment du solstice d’été et de l’équinoxe de septembre. Il n’est pas rare de déplorer des morts par noyade malgré les avertissements des CRS et du drapeau rouge. Le 1er juillet 1992, on déplora  la mort de 9 baigneurs imprudents sur la côte languedocienne.

     

                 On n’avait pas surnommé les pêcheurs sérignanais les mangeurs de clovisses pour rien. En effet, le fond de la mer est peuplé de petits crustacés. De l’humble coquillage comme la telline (que mangent les flamands roses), les coques, les palourdes, le couteau ou la clovisse (arcelis en occitan) aux plus gros des poissons, les richesses de la mer ont fait vivre les premiers occupants de Valras. L’emblème de Valras est l’hippocampe, ce petit cheval de mer dont la particularité est que le mâle porte les œufs dans une poche pendant trois semaines puis il les relâche par petits groupes dans les rochers et le sable. Ce que font de nombreux touristes le soir sur la plage lors du bain de minuit après avoir mis leur gant Mappa à un seul doigt. Depuis le 16ième siècle, les mêmes espèces de poissons sont pêchées dans le Golfe du Lion, mais actuellement, on enregistre un appauvrissement des fonds marins. Des poissons plats se confondent avec le sable tels la raie, la sole et la baudroie (appelée aussi lotte) puis ceux qui s’adaptent sur les fonds rocheux tels les rascasses, grondins, rougets ou son petit frère le vendangeur (ce petit rouget qu’on ne pêche que pendant les vendanges). Plus au large on y trouve des congres, des raies torpilles, des loups, des daurades, des gobies, des merlans et des muges. Puis on trouve les bancs de sardines et de maquereaux qui remplissent les filets des chalutiers qui pratiquent encore la ‘’pêche au bleu’’. A l’embouchure de l’Orb ou de l’Aude, on peut y voir une armée de bogues, ces petits poissons argentés, tous en ligne qui se nourrissent de particules microscopiques et qui se cachent dans les herbiers.   Hermaphrodites, ils passent durant leur vie de mâle à femelle. Lorsqu’ils sautent de l’eau, ils font le repas des mouettes.

     

               La mer Méditerranée, décrite par Homère, qui a inspiré Lamartine et qui a été chantée par notre poète chanteur Charles Trénet ‘’  La mer qu’on voit danser le long des golfes clairs a des reflets d’argent… ‘’, puis par François Deguelt qui, allongé sur le sable de la plage de Valras a été inspiré en écrivant ‘’ Il y a le ciel, le soleil et la mer’ reste pour nous un attrait touristique mais surtout dégage une intense poésie par ses jeux de couleurs.

     

               ‘’ Et pendant ce temps là, la Méditerranée

     

                                    Qui se trouve à deux pas

     

                                                   Joue avec les galets’’.  (G.Bécaud)

     

    JC d’Oc O1/2012                                                                                                       

     


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