• La révolte des curés de Lunas

     

     

     

    Lunas (vue prise au dessus du circuit des pins).

     

     

     

             Alors ! Raconte !  N° 2

     

     

     

                               La révolte des curés de Lunas.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

              C’est en 1960 que des troubles comme à Chantemerle ont nécessité l’intervention des gendarmes dans ce petit village de Lunas. Vous dévoilerez plus loin le sujet de la discorde !

     

              Lunas, village de 6OO âmes est traversé par le Gravezon.

     

    (Rivière à truites par excellence).  Cette cité possède un château datant de 1627 et qui est de nos jours un hôtel réputé  «  le manoir de Gravezon  ». Tout prés de la chapelle de Nize découverte en 1140 coule une source médicinale connue au Moyen Age pour guérir les affections des yeux. A quelques pas de là, se situe l’Abbaye bénédictine de Jonzels du 7ème siècle qui possède la particularité d’être le plus ancien monastère de la région.  28 églises étaient sous sa gouvernance. Ce monastère était très connu des pèlerins puisqu’il est situé sur le Chemin de Compostelle.

     

              Revenons à notre histoire !

     

     

     

              En janvier 1959, Jean XXIII  convoque le Concile pour établir un renouveau moral pour un temps plus moderne. Il veut dépoussiérer les anciens dogmes religieux. Les curés de France devront  dire la messe en français. Eux qui avaient prété serment à Dieu de fidélité, de chasteté, de célibat etc…..entrent en dissidence contre les décisions papales. Ce fut une grosse Bulle pontificale !

     

              Cela n’arrangea pas la marmite catho qui se mit en ébullition à Lunas. En 1965,  par Vatican 2, cela se calma mais ce qui n’empêcha pas des réfractaires tels Mgr Lefèvre de saupoudrer d’intégrisme les vieilles institutions cléricales.

     

                           FRANÇAIS   ou    LATIN     Que Choisir ?

     

              A Lunas, André Cabrol, curé très estimé, vivant tranquillement son sacerdoce dans son église n’accepte pas le français. Les messes seront dites en latin !  C’est la langue des apôtres !  dit-il. Aussitôt, le clergé veut imposer sa loi, Il veut mettre de l’ordre. Des sanctions sont proférées  «  menaces, flagellation et même excommunication par son propre tribunal. On lave son linge en famille !

     

    L’excommunication c’est l’extrême pour un curé. C’est l’enfer garanti et le curé doit être retranché de ses fidèles.  Ce pauvre curé de village qui n’en demandait pas tant, qui marie, qui réconforte, qui tranche les problèmes familiaux, qui baptise les enfants, qui fait avec dévotion le catéchisme, va-t-il  perdre son âme, sa paroisse, son presbytère, son ministère ?

     

               Un évènement très furtif fit oublier momentanément l’histoire du temps. Le carnaval de 1960 qui se présente toujours le mardi gras fit rouler le char des cocus lors de la fête des Cornards dans les rues de Lunas. Le président des fêtes conduisait le cheval. Dans le tombereau savamment décoré, les célibataires du village  ornés d’une corne de vache sur leur tête et ayant bu plus que d’habitude du vin blanc se montraient dans les rues.  Rien ne vaut une bonne plaisanterie pour oublier les petits  problèmes de la vie !

     

                 Le dimanche suivant Mardi gras, les festivités finies,  les fidèles entrent dans l’église et stupéfaction, au lieu de voir le curé habituel André, voient son frère Gaston à sa place en train de lire quelques mots en latin  (enfin des pater  noster).  Mon frère André n’a plus le droit de dire la messe. Il est relevé de ses fonctions. Ordre venant de Rome ! Le père André qui entend tout du fond de l’église monte en chaire et d’un ton accusateur en regardant St Pancrasse exprime sa colère contre l’évêque.  Les murs de l’église de Lunas ont tremblé. Ce fut le départ d’une mauvaise  querelle à l’encontre du Vatican et de ses représentants.  De plus, pour punir, l’évêque accuse Gaston de folie mais pour l’interner,  il faut la signature de toute sa famille.

     

                Le sermon du curé plonge les fidèles dans un doute profond. Un prêtre qui ne peut plus officier dans son église !  Que faut-il en penser ?  Va-t-il rester ?

     

               Les dimanches suivants, deux prêtres dépêchés par l’évêché célèbrent la messe en français, mais aucun villageois ne se dérange.  Les deux curés s’en retournent le goupillon entre les jambes. Point de quête, point de subsistance !

     

    L’  évêque ne désarme pas.  Puisqu’il faut punir la famille Cabrol et qu’aucune signature n’a été apposée sur le registre d’internement, il décide que :

     

                La sœur Cabrol,  religieuse,  partira dans un couvent dans l’Aveyron.

     

                Le frère Joseph Cabrol, curé, sera envoyé au Cameroun.

     

                Le curé André sera excommunié et doit quitter sur le champ sa paroisse

     

    Le frangin Gaston, voyant arriver à grands pas l’orage va se cacher à St Paul des Fonds.  Le clergé le retrouve et l’excommunie le 30 mars 1960.

     

                Le maire MOREL, communiste de surcroît, fait faire  une manifestation de soutien  au curé André Cabrol.

     

                Dans la région,  la contagion anticléricale  s’accentue. L’abbé  Combes de Castelnau le Lez et le chanoine  Boyer de Puimisson perdent leur titre. Le temps de l’inquisition revient !

     

                Le pape, voyant son autorité  bafouée,  envoie un archiprêtre  médiateur nommé Pomarède. Celui ci veut annuler la communion solennelle en réprimande.

     

    Pomarède repart sous des bruits de casseroles, recevant des chaussures sur la tête. Ces gens des hauts cantons, ils  sont tenaces, ils sont fiers  et il ne faut pas les embêter ni les contrarier.

     

               Un nouveau curé est dépêché. Il se promène dans le village vêtu d’une soutane noire à col et ceinture blanche. Un surnom lui est donné  «  ‘’l’agace’’  qui signifie pie en patois  ». Vue l’hostilité des villageois, il reste cantonné dans sa chambre payée par l’évêché.

     

               Il faut que quelque chose éclate !  L’évêché demande aux gendarmes d’intervenir pour sortir le curé André Cabrol de son église.

     

              Le 19 juin 1960, les policiers entrent dans l’église.  Que ceux qui sont interdits sortent !   ‘’  L’agace  ‘’ qui était en train de psalmodier arrête ses vocalises.

     

    La messe s’arrête dans un profond silence. Pomarède qui était revenu avec les forces de l’ordre intervient,  veut prendre le curé André qui était réfugié sur la chaire. Celui ci refuse. La troupe charge.  Panique !  Les chaises volent.  Pugilats ! Le chanoine Boyer présent est assommé. Des statues sont renversées.  Les cloches sonnent.  Vite du renfort !  Le maire communiste intervient avec des compères du même bord. Evènement terrible !

     

              Mais devant la force, les  curés sortent. Ils sont tous excommuniés par le Vatican. (Déprofundis)

     

              Plus tard, le frère du curé Gaston passera une licence de math et deviendra enseignant et on n’entendra plus parler d’André.

     

     

     

             Que penser de tous ces évènements près de 50 ans après, au moment où il n’y a  plus de curés dans nos églises. Il ne nous reste donc que d’aller laver nos  larmes à la source miraculeuse de la chapelle de Nize.

     

     

     

             Je me souviens qu’en 1950, chacun interprétait la messe en latin à sa façon. Ne comprenant pas sa signification, Georgette, maitresse femme dans mon village, avec sa voix de centaure chantait les Kir et léisson, le Coniant et Toulousanctum et les Ité mis sa veste. Tous ces personnages bibliques dansaient dans ma tête au son de l’harmonium et berçaient mon imagination d’enfant.

     

     

     

             Il fallait le dire !   « Pardonnez les offenses à ceux qui nous ont offensé ! »  

     

     

     

              Amen

     

     .

     


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  • Commentaires

    6
    José
    Mardi 27 Décembre 2022 à 08:52

    Quelque chose ne colle pas du tout dans cette histoire : En vertu de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, la gendarmerie ne pouvait prendre parti pour l'évêché et venir expulser des curés ou d'autres personnes à la demande de l'évêque. La gendarmerie pouvait être effectivement présente pour le maintien de l'ordre et calmer les manifestants. S'il avait fallu procéder à une évacuation, elle l'aurait été pour des raisons de sécurité, en aucun cas sous l' ordre de l'évêché et l'on aurait évacué tout le monde ou personne! Notons également que les églises des villages appartiennent à la commune et non à l'évêché.

    5
    lulu
    Dimanche 20 Février 2022 à 14:29

    teophile maurel n'etait pas communiste

    4
    cabrol
    Samedi 21 Novembre 2020 à 20:55

    mon Dieu ! où êtes-vous allé chercher toutes ces bêtises ! y a pas un mot de vrai dans tout ce que vous écrivez ! c est scandaleux d 'écrire ça ! renseignez-vous avant de lancer de tels mensonges !

     lisez : 

    http://papillon-rouge.com/histoires-vraies/en-region/histoires-vraies-en-languedoc-roussillon/

     

    https://www.ebay.fr/itm/L-AFFAIRE-DES-PRETRES-DE-L-HERAULT-CABANES-ET-ALLIER-1961-/264625449478

     

    ou encore : https://fr.shopping.rakuten.com/offer/buy/115394878/l-affaire-des-pretres-de-l-herault-supplement-au-n-5194-les-silences-de-l-eglise-de-la-marseillaise-de-cabanes-georges-livre.html?bbaid=374685129&t=180191

      • Samedi 26 Février 2022 à 22:29

        Il y a déjà 15 ans tous les dimanches matin à 10 heures, j'écoutai la radio locale " France Bleue Hérault" et j'enregistrai l'émission qui détaillait l'histoire des villages de l'Hérault. Puis j'ai pensé  faire un blog pour donner du plaisir à des lecteurs. Je n'ai pas inventé les histoires et si les curés de Lunas vous dérangent, fermez votre ordinateur et ce que je pense.

        A bientôt   JC doc 82 ans.

    3
    Fred
    Lundi 17 Décembre 2018 à 04:31

    Amusante et édifiante histoire !

    2
    Lundi 30 Avril 2018 à 22:53

    C'est drôle ... mais inquiétant quand même ! 

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