• Le modernisme 1950

     

     

            Alors ! Raconte ! N° 37

     

     

     

                                 Le modernisme 1950

     

     

     

    Le moine.

     

              Non, à première vue, ce n’est pas un ecclésiastique. Les hivers peuvent être rigoureux dans le Midi et comme les pièces ne possédaient pas d’appareils  de chauffage, il a été inventé un moyen pour chauffer les draps de lit. C’était un appareil en bois formé par des lattes en arceaux, un genre de luge qui permettait de placer en son centre un ‘’cassot’’ (boîte en métal pouvant contenir des braises). Large de 40cm, haut de 3Ocm, cet engin était glissé  entre les draps et permettait d’assurer uniformément la chaleur dans le lit. Mais il fallait faire très attention car la chaleur intense pouvait mettre le feu. Donc, il fallait laisser tomber la braise avant toute  installation.

     

              Mais après, quel plaisir ! Quelle jouissance de rentrer dans sa couche chaude qui sentait le sarment de carignan.

     

              Cet appareil passait de lit en lit et chauffait les grands et petits pieds.

     

     

     

    La ‘’ bugade’’ (la grande lessive)

     

                Dans les années 40, il n’existait pas dans nos villages de machines à laver et les draps de lits n’étaient lavés que deux fois par an. Les pantalons des hommes en velours ou en peau de taupes étaient si sales qu’ils tenaient debout le bonhomme. C’est en avril et en novembre qu’avait lieu ce grand nettoyage.

     

               La veille de ce grand jour, tout le linge était mis à tremper avec quelques cristaux de soude pour commencer le décrassage. Puis le jour venu, souvent le lundi,  un grand trois pieds était installé dans la cour. On sortait alors la ‘’bugadière’’ (une grande cornue d’un mètre vingt de large et d’un mètre de haut). Cette lessiveuse, instrument en zinc comportait  une cloche qui en son centre recevait un tube qui se terminait en hauteur par une pomme d’arrosoir.

     

                Pour que le système marche, il fallait disposer dans un ordre très précis :

     

                -en premier des sarments de vigne tout au fond,

     

                -en second le linge sale bien à plat,

     

                -puis les cendres de bois que l’on conservait dans le cendrier de la maison toute l’année. Les cendres contiennent de la soude comme le savon de Marseille.

     

                Et ainsi de suite jusqu’en haut. Puis on mettait l’eau et l’on faisait bouillir toute la matinée. Le lessif montait par le tube et arrosait en faisant le même bruit qu’une machine à café électrique. Ce mille feuilles cuisait lentement et désinfectait le linge. On n’a rien inventé de plus écolo.

     

                Il fallait bien deux jours pour que la machine refroidisse. Le mille feuilles était démonté et le linge était rincé soit au ruisseau s’il y avait de l’eau, au lavoir si la source coulait et à l’extrême, on chargeait le tout sur le tombereau  et ‘’hue Coquet ! fouette cocher ! ‘’on allait battre le linge à la source de Malibert  près de St Chinian.

     

                Au retour, on faisait sécher sur pré. Le linge super blanc sentait bon. Il était rangé dans les armoires parfumées de galettes de lavande.

     

               Quand on voit le travail que cela faisait, on bénit l’arrivée des premières machines à laver le linge. C’est la plus belle invention au monde qui soulage le travail de la femme. La Mère Denis qui a fait la pub de Vedette  pourrait affirmer ‘’ ché ben vrai cha’’.

     

     

     

    La pouzaranque ou poselancas en créole languedocien.

     

                Tous ces hommes qui grattaient la terre pour en extraire la nourriture nécessaire à leur vie, avaient tous un jardin qu’ils cultivaient religieusement près d’un point d’eau.  Les jardins, en aplomb de la rivière ou d’un ruisseau, possédaient un ingénieux appareil qui leur permettait de puiser l’eau pour l’arrosage des ruisseaux de patates. Les jardins qui n’avaient pas la chance d’être situés près de la rivière avaient un puits avec source.

     

                 Tous les soirs, après une grosse journée de chaleur, il fallait donc arroser en faisant marcher cet appareil à bascule que les Egyptiens  appelaient ‘’chadouf’’ mais que nous avons toujours  familièrement appelé la pouzaranque. Nous remontions près de 400 seaux d’eau pour arroser les tomates, pommes de terre et haricots. Il fallait enfoncer dans le puits la barre en soulevant le contre poids, donner un coup sec pour remplir le seau et laisser remonter le tout et verser. Faire cet exercice en équilibre sur une planche posée de part et d’autre de la margelle du puits, c’était périlleux !

     

                  Maintenant, les patates, on préfère les acheter à Hyper U, c’est moins fatigant et moins dangereux mais on regrette ce temps où nos légumes avaient un autre goût, un goût de labeur et de sueur.

     

    Les douches publiques

     

                  Avez-vous connu les douches publiques ? Le folklore puissance 10. Dans mon village, les douches étaient chauffées par le soleil dans un grand réservoir posé sur le toit. Elles n’étaient ouvertes que le samedi matin, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il fasse beau. La toilette ne durait que trois minutes et il fallait faire vite surtout pour se laver les cheveux. Le berlingot ‘’DOP’’ percé par un coup de dent colorait la chevelure en bleu. Le rinçage était souvent à l’eau froide. Quel bonheur d’avoir eu dès 1960 l’eau courante dans nos maisons et le confort d’une douche chauffée par Saunier Duval. Quel progrès !!

     

    Le pipi de la nuit.

     

                  Mais le plus anecdotique était la procession que faisaient les femmes pour aller jeter leurs seaux hygiéniques tous les matins dans la campagne. La balayette en main, l’anse du seau dans l’autre, ces braves épouses allaient jeter au même endroit le pipi de la nuit de leurs époux. ‘’Et comment sont les urines de votre Jean. Les miennes sont d’un rouge écarlate car mon Jules s’est gavé hier soir de betteraves rouges’’. Ainsi commençaient les discutions matinales !  Puis un beau jour, le maire a obligé les villageois à se raccorder au réseau d’assainissement. Finies la promenade matinale et les parlottes entre copines. Il valait mieux simplement tirer la chasse d’eau. Quel progrès !!

     

    JC d’OC.

     


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