• Le Sérignanais Jean Gau

     

       
                            JeanGau                                                                       L’Atom

     

     

     

         Alors ! Raconte ! N° 70

     

                                                      Le Sérignanais  Jean Gau.

     

                   C’est l’histoire d’un personnage d’exception, né dans une ruelle de Sérignan le 18 février 1902, un baroudeur qui a sillonné toutes les mers du globe. Jean Gau, est un des marins des plus connus. Enfant très téméraire, né d’une famille sans histoire de vignerons, il s’adonnera au plaisir de la voile et fera plusieurs fois le tour du monde sur une coque de noix. Il connaitra plusieurs fois des fortunes de mer et des échouages avec son premier voilier qu’il avait appelé l’Onda, puis l’Atom une vieille goélette sera celle qui passionnera sa vie. Ce dernier voilier finira  par couler sur les récifs de Bizerte en Tunisie.

     

                   Parlons un peu de ce village languedocien situé entre Béziers et la grande bleue, avec ses 5400 habitants. Sérignan, avec ses cinq plages de sable fin s’étalant sur plus de 4 kilomètres – La Grande Maïre, la Chapelle, la Séoune, les Orpellières et la plage des naturistes appelée plus familièrement plage des culs nus. Sur ce sable beaucoup de culs ont laissé leurs empreintes dans les dunes. Sur cette terre languedocienne, Sérignan présente un attrait touristique important. On peut y visiter sa collégiale Notre Dame de Grâce, son Musée d’Art contemporain, sa Salle de spectacle ‘’La Cigalière’’ avec son parc ‘’Le Rayonnant’’ et ses colonnes de Buren. On peut s’adonner au sport sur deux stades, s’instruire et se divertir dans sa Médiathèque, s’amuser durant les fêtes estivales de juillet et août et faire des voyages avec les différentes associations très actives.

     

                   Il est vrai que la situation géographique de Sérignan a joué sur le destin de notre navigateur solitaire. Il grandira avec la passion de la mer.

     

                   Jean Gau, tout bébé sera saisi par l’odeur de l’iode venant de la mer Méditerranée toute proche et des embruns apportés par le vent marin dans son village depuis Valras. Rien ne le prédestinait à être marin, peut être par son grand père qui était pêcheur à la palanque.

     

                   Jean Gau assistera à la naissance de Valras la Plage, cette station balnéaire très connue des touristes, qui a trouvé son autonomie le 18 février 1931. Une loi parue au journal officiel partageait la commune de Sérignan en deux parties au mécontentement des Sérignanais qui perdaient 234 hectares. Le 15 août 1931, le premier maire Alfred Panis tient conseil après 25 ans de tracasseries administratives. Il devient le premier magistrat d’un terrain inondable et de plus avec des terres hyper salées incultivables et infestées de moustiques et d’aoûtats, insectes très petits qui piquent la peau des touristes et tout ce qui est poilu, uniquement de mi-juillet à mi-août. C’est pour cela que les vacanciers mettent de la crème et qu’ils se promènent tous les soirs les mains dans les poches.

     

                      Jean Gau, adolescent aimait admirer la mer ainsi que les bateaux de pêche qu’il peignait sur toile avec un certain talent. Il notait par écrit un tas d’informations relatives aux vagues qui vont et viennent sur la plage, aux vents qui balaient la côte – le Grec, le Marin noir et le Marin blanc, l’Issalop qui retient les eaux de l’Orb, Labech et le Fouiss qui soufflent du Sud Ouest, le Narbonnais, le Sers et la Tramontane. Ces vents ne demandaient qu’à gonfler les voiles de son futur bateau. Dans ses cahiers, il conservait un écrit de Victor Hugo qui disait ‘’qu’il y a trois sortes d’hommes – les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer- et Jean Gau sera l’un de ces derniers.  Dans sa jeunesse, il aimait regarder les bateaux qui remontaient l’Orb jusqu’à Sérignan.  C’était son bonheur !  Pour subsister, il peignait des marines et même il lui est arrivé de reproduire des faux billets de banque en petite quantité. Coincé, il en sortira plus mature en jurant de ne plus recommencer.

     

                          Il naviguera sur toutes les mers du monde et fera 10 fois le tour de la terre. Des Caraïbes à l’Amérique du Sud, du cap Horn avec ses vents dantesques qui poussent vers la terre au Cap de Bonne Espérance, il allait toujours plus loin, guidé par cette passion qui le dévorait. A chaque fois, il jouait sa vie car la navigation en solitaire ne laisse aucun répit au marin et demande une vigilance à tout instant. De plus, il n’avait pas de radio et personne ne pouvait venir à son secours en cas de naufrage. Il n’avait que le sextant et naviguait aux étoiles lorsqu’elles étaient visibles. Rien à voir avec les trimarans actuels qui coûtent des millions d’euros et dont la technologie frise au ridicule dans la Course du rhum.

     

                           Sa vie ne sera que tas d’évènements où, parfois il jouait sa vie. En 1926, il épousera Honorine Armengaud, fille d’un pêcheur de Valras. Deux ans après, le couple s’embarque pour l’Amérique, pays magique où la fortune était rapidement acquise. Honorine sera modiste et Jean sera cuisinier dans un restaurant. Ils travaillent durement mais finiront par se séparer car le métier accaparait trop le bonhomme. Mais l’appel de la mer était le plus fort. Avec l’argent mis de côté, il achète en 1929 son premier bateau l’Onda et prend la nationalité américaine. Avec ce bateau, il fera dix fois la traversée de l’Atlantique en solitaire. Il relate dans ses écrits qu’il s’échoua à Cadix en pleine guerre espagnole lors d’une tempête mémorable. La route maritime était longue pour aller aux Amériques. Il fallait passer par le dangereux détroit de Gibraltar qui est le passage le plus emprunté par les navires du monde. En 1945, il achète son nouveau bateau de 9 mètres avec deux mats : l’Atom.

     

                             Avec ce nouveau bateau, il naviguera en prenant tous les risques : les ouragans, les typhons, les tempêtes et même les baleines qui émergeaient lorsqu’il passait et bien d’autres, les calamars géants et les gros cargos aveugles. Une petite anecdote : durant trois jours, il dériva sur les mers australes toutes voiles dehors, vent favorable. Les courants marins étaient si forts qu’il reculait en permanence. Il chavirera près du Cap de Bonne Espérance, il s’échouera sur des récifs en Australie. Un jour de cauchemar, il dérive vers des rochers et pense que sa dernière heure va arriver. Il lui est impossible d’affaler les voiles. Il voudrait bien fumer sa dernière cigarette mais il n’a plus d’essence dans son briquet. Le bruit que font les vagues sur les rochers se précise. Ce n’est qu’in extrémis qu’il réalise qu’il avait un petit moteur avec de l’essence qui le sauvera. Cet homme est un Don Quichotte des mers. Mais le repos du marin existe aussi et arrivé à Tahiti, cette île paradisiaque, il connaitra une amourette avec une superbe créature. Bien plus tard, il apprendra qu’une fille était née de cette union. Mais sa véritable maitresse sera toujours la mer.

     

                               Pour voyager, il faut de l’argent. Il travaillera dans un restaurant à New York, il fascinera par ses conférences  son auditoire en racontant ses exploits. Son aventure était jalonnée de rencontres fabuleuses (Winston Churchill – Harold Flynn) de découvertes, des moments forts. Ses admirateurs l’accueillaient toujours en héros.

     

                               Ses retours à Valras étaient toujours un émerveillement car du levant au couchant, à l’ouest, il apercevait ‘’Cébenna’’ notre muse, le Canigou enneigé et la belle chaine des Pyrénées. Il admirait le Mont Saint Clair à Sète, le Pic Saint Loup, le fort de Brescou à Agde. Une vue panoramique qui en impose.

     

                               Son histoire s’achèvera  sur des rochers à Bizerte où son Atom fera naufrage et où il a failli mourir. Recueilli par miracle par un berger qui se trouvait là, il sera ramené à dos d’âne  dans un hôpital tunisien pour y être soigné. Jean Gau arrêtera définitivement la navigation à 71 ans. Il ramènera tout de même son Atom  dans le port de Valras où il restera longtemps amarré. La santé du navigateur n’étant pas très bonne à la suite de deux AVC, il vivra d'abord sur son bateau puis dans une caravane au bord de l'Orb. Il terminera sa vie à Pézenas à l’âge de 77 ans en 1979 chez un ami qui le recueillera et qui écrira ses souvenirs *.

     

                             Ce Sérignanais de souche restera une figure emblématique de la voile en solitaire et en reconnaissance, pour avoir fait connaitre les communes de Valras et de Sérignan  au monde entier, la commune donnera son nom au port nouvellement construit.

     

    * bibliographie de J.Bussière, Jean Gau, collection '' navigateurs insolites''.

     

    JC d’Oc.

     


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