• Le trafic viticole sur le rail entre St Chinian et Béziers

      

     Le trafic viticole sur le rail entre St Chinian et Béziers

     

     En haut G : train venant de St Chinian entrant en gare de Maraussan

                      D : négociant Camille Serres à Maureilhan- entonnage du vin

         En bas :      Wagons- foudres devant coopérative de Maraussan

     

                                 Alors! Raconte! N° 179                  

                     Le trafic viticole sur le rail entre St Chinian et Béziers.

         A ceux qui aiment ouvrir une bonne bouteille de vin pur étiqueté Saint Chinian.

         

                  Quel rôle le rail a-t-il joué dans le commerce du vin en L.R ?

           Le trafic des vins entre Saint Chinian et Béziers Gare du Nord fut très important dans nos cantons avec l'âge d'or de la viticulture à la fin du XIXème siècle. C'est vers les années 1850 qu'une métamorphose s'opéra, car le département de l'Hérault qui était un département à vocation céréalière,  des champs de blé, d'avoine, de luzerne et d'orge couvraient la plaine et donnaient l'autosuffisance aux éleveurs de moutons, de brebis, de chèvres et de chevaux .

         

              La superficie du  vignoble est passée de 96000ha en 1828 à 174000ha en 1850, doublant en 20 ans. Petit à petit la vigne est descendue des coteaux où elle s'était longtemps cantonnée et a envahi la plaine. Les petits murets sont là pour en témoigner. Les raisons essentielles sont l'urbanisation, la croissance économique qui provoqua l'augmentation des revenus et surtout l'arrivée du canal du Midi en 1681 et l'extension du réseau ferré qui rendait les transports plus rapides, bien plus fiables et moins chers que par les routes. On pouvait diffuser nos vins vers Paris, le Nord, l'Est et le Centre. La vigne devint alors une monoculture. Le réseau ferré de France dans l' Hérault était partagé par le PLM (Paris-Lyon-Marseille) et la Compagnie du MIDI qui débutait à Tarascon pour se diriger vers Bordeaux; ligne passant à Béziers, Narbonne branche  vers Toulouse Bordeaux et vers Perpignan. Les trains ramassaient les vins du Gard et le l'Hérault.

         

          A tout cela, les lignes dites secondaires sillonnaient notre département et alimentaient les gares de la Cie du MIDI. Notre fil d' Ariane sera la ligne de l'intérêt local Béziers - St Chinian d'une longueur de 33Km qui desservira Lignan, Maraussan, Maureilhan, Cazouls, Réals, Cessenon, Comméras, Pierrerue et Saint Chinian. C'est entre 1876 et 1887 que la Compagnie des Chemins de Fer d'intérêt local sera reliée par une antenne au MIDI à Colombiers. Elle desservira la région située au N-E de Béziers jusqu'à son terminus Saint Chinian. Cette  région Béziers-St Pons en 1930 représentait 60% du vignoble héraultais et 10% du vignoble français. Elle produisait environ 7 millions d'hl soit 65%  du département et 12% de la production française.

     

            Le choix de l'écartement normal entre les rails à 1435mm (héritage des Britichs) permit d'éviter les changements d'essieux et favorisa les embranchements particuliers afin de fidéliser les clients. La ligne Béziers- Saint Chinian comptait 10 EP (embranchements particuliers) dont seront branchés trois négociants en vins, deux caves coopératives, deux gros propriétaires, deux garages de wagons-réservoirs et un atelier de réparation.

     

            Le handicap majeur de cette ligne au début de son exploitation était la charge par essieu à 11T. Ce n'est qu'en 1934 que les essieux purent porter 16T  puis  20T en 1963, ce qui permit de faire rouler des wagons-réservoirs de 40T . Le second handicap fut de l'ordre tarifaire et concurrentiel des lignes secondaires. Exemple : Une tonne de vins en fûts au départ de St Chinian coûtait 195,78fr en 1934 alors que de Puisserguier, expédiée de Quarante-Cruzy (une autre ligne audoise)vers la ligne du MIDI à Colombiers coûtait 186,90fr d'où la concurrence entre gares. Il fallait un tarif commun et en 1897, le Ministre des Transports Public TURREL fixa le prix de la tonne à 174,10fr vers Charenton d'où l'intérêt d'avoir un Ministre propriétaire d'un grand domaine viticole dans l' Aude.

     

           A partir de 1900, le transport par Wagons-bi foudres prit un essor remarquable avec l'arrivée des négociants, des commissionnaires et des courtiers en vin. Le négociant  achetait en gros pour son compte le vin au producteur,  traitait le commerce dont le transport et le revendait à ses clients parisiens. Le commissionnaire achetait aux particuliers leur vin pour le revendre au négociant. Le courtier mettait en rapport un négociant qui payait rubis sur l'ongle ou un commissionnaire .

     

            1904, les premières coopératives de vinification apparaissent telles  " L'Egalitaire " de Cébazan. Les " barricailleurs" sont les VRP de la profession. Sur le quai de la gare de St Chinian se crée un Bureau de Ville où se négocie la vente des vins futaillés arrivés par charrettes. Une activité de ruche règne sur le quai, au milieu des futailles. On "taste "le vin dans un tastevin . On conclue la vente par un "tape la". Voici les premiers négociants que quelques anciens ont connu : Sahuc et Tindel à Maraussan - Barbezac à Maureilhan - Andrieu, Borrel et Robert à Cazouls.

     

            Les coopératives avec leurs grandes cuveries pratiquent une politique commerciale en visitant les courtiers. Les gros propriétaires construisent de grandes caves notamment à Cessenon celle du domaine de Viranel( 1881) et celle du Mas Sarasi plus contemporaine. A la tête des chargeurs de la région, Auguste Cazanove qui possédait deux magasins de vins, une tonnellerie et une distillerie. Par contre le village perd ses distilleries (vers 1880) du fait que le vin exporté échappe à la distillation mais aussi par la baisse de la production due au phylloxéra (1879 - 1881). Les communes situées entre Béziers et Cessenon , encore épargnées de cette maladie fournirent l'essentiel du trafic sur la ligne. Les producteurs furent moins touchés vue l'abondance de vin et la concurrence du roulage. Roulage et non routière car Béziers- Gare du Nord allait enlever la futaille chez les producteurs avec des charrettes. Son tarif gare MIDI  faisait baisser le prix de la tonne transportée.

     

           1907, la reconstruction du vignoble bat son plein. On greffe sur plan américain du plan français. La vigne pisse son vin. La surproduction crée la mévente et les vignerons manifestent à Narbonne et à Béziers. Mon pépère Louis, viticulteur à Cébazan se reconvertit en boulanger.

     

          1908, des cabinets de négoce des vins s'épanouirent le long de la ligne Béziers-St Chinian. A Cazouls en 1921, sept courtiers, cinq négociants. A Béziers la Société Pétrier Frères, commissionnaire en vins construit en bordure de la gare un chai moderne avec cuves en béton sur deux voies raccordées au chemin de fer de la Compagnie du MIDI. Embranchement particulier conservé jusqu'en 1960.

     

           A Saint Chinian, au début du XXème siècle, une dizaine de courtiers dont certains installés en gare procédaient à d'importantes expéditions en wagons foudres et en barriques. Cauquil, Chabbert, Fréchinet, Hugoné, Phalippou, Salvestre, Viste et bien d'autres exerçaient leur commerce sur l'ancien quai à bestiaux situé face au Bureau de Ville.

     

            Le tour d'horizon se termine avec les deux caves coopératives embranchées sur cet Intérêt local. A Maraussan " les vignerons libres" , première cave coopérative fondée dans l' Hérault était desservie depuis 1905. Une particularité, une canalisation souterraine traversant le chemin qui borde la voie permettait de remplir directement les wagons-réservoirs. Cette coopérative avait un dépôt à son nom à Charenton " Les vignerons libres".  La cave coopérative de Cessenon eut son embranchement en 1948.

     

            En 1946, les petites lignes du Chemin de fer de l' Hérault transportèrent 74.495 t de vins dont 26% partirent des seules gares de Cazouls, Cessenon et Saint Chinian ( Saint Chinian 8152t -  Cessenon 7233t).

     

            Très recherchés les vins rouges du Saint Chinianais faisaient l'objet d'une cotation spéciale à Bercy. En 1951, ces vins entrent dans la famille des Vins de Qualité Supérieure et en 1982, grâce au député Raoul Bayou dans celle des vins d' Appellation Origine Contrôlée.

     

            MAIS LE RAIL AVAIT DISPARU tandis que la viticulture de l'Hérault s'était reconvertie de la quantité à la qualité...... Maintenant, les traverses des rails clôturent les haras, les rails ont été refondus et les tires-fonts font l'objet de recherches des collectionneurs. L'espace qui appartient toujours à la SNCF a été converti en pistes cyclables, plus écolo appelées pistes vertes.

    Merci " Vie du Rail" décembre 2013.

    JC doc 12/2016

                                                          D'autres photos.

     

           
       Le trafic viticole sur le rail entre St Chinian et Béziers    Le trafic viticole sur le rail entre St Chinian et Béziers
     

     Entrepôt/Coopérative l'Egalitaire Cébazan

        sur le quai de Saint Chinian                                  gare de Saint Chinian 1912

    Train arrivant en gare de Cazouls 1912

     Le trafic viticole sur le rail entre St Chinian et Béziers

                        Locomotive Mallet en service sur la ligne

     


     

      Le trafic viticole sur le rail entre St Chinian et Béziers
              Gare de St Chinian" Terminus" 1920

     Le trafic viticole sur le rail entre St Chinian et Béziers


     

                                                                                     Commeras-Prades/V     

     

     

           
     

     Le trafic viticole sur le rail entre St Chinian et Béziers

     

     Le trafic viticole sur le rail entre St Chinian et Béziers

     

               Cessenon gare                   Entrepôt 'Les vignerons libres'Charento              


  • Commentaires

    1
    Mardi 27 Février 2018 à 09:58

    Bonjour,

     

    Votre article est très intéressant. Je vous joins un lien vers mon blog où sont répertoriées toutes des caves coopératives du Languedoc. Une page est consacrée aux dates de création des caves coopératives et en particulier celles de Maraussan et de Cébazan.

    http://www.cavescooperatives.fr/page-1151699.html

     

    Cordialement.

     

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :