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Les animaux totémiques du Biterrois
Alors ! Raconte! N° 190
Les animaux totémiques du Biterrois.
Les coutumes issues du Moyen âge durent et donnent la vie aux animaux totémiques appelés " Bêtes de toiles, animaux juponnés ou encore dragons".
Ce patrimoine immatériel que les villageois possèdent est toujours là et il permet de retrouver les croyances anciennes qui remontent au Moyen Age.
Ces croyances très anciennes dans nos villages de l'Hérault sont parfois retrouvées dans des situations parfois inattendues, le lapin de Cers, la cigale de Sérignan, le pou de Conas, le gros rat de Gabian, l'escargot de Maureilhan On en dénombre une bonne cinquantaine qui se baladent dès le mois d'avril pour l'âne jusqu'au mois de juillet dans les rues de nos villages.
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Lou Camel de Béziès
A Béziers, le plus célèbre est, sans équivoque, "lou camel" (le chameau) qui est en réalité un dromadaire sur lequel St Aphrodise est venu d'Egypte. Cet animal de toile est promené tous les 28 Avril dans les rues . Le chameau fut brûlé à la Révolution puis détruit à deux reprises au XIXème siècle puis il réapparut en 1895 par la volonté des Biterrois.
D'autres symboles sont relatés dans des légendes locales et colportées par nos troubadours dont Matfre Ermengaud est le maître incontesté avec son œuvre écrite en 1288 "le Breviari d'amor" de 35600 vers en langue occitane.
Les animaux totémiques sont faits de bois et de carton permettant aux jeunes gens, les costauds du village de s'amuser dès la fin de l'hiver. Ces totems ont presque tous des têtes mobiles qui permettent de claquer de la mâchoire pour faire peur.
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Le pélican de Puisserguier
Le pélican de Puisserguier , ce légendaire oiseau secourut le village avec les poissons qu'il attrapa en plongeant son bec de grande capacité dans l'étang du village pour mettre fin à la famine lors de la Croisade des Albigeois . Ce symbole protège et unifie la population depuis 2012. Il sort de sa réserve fin juillet.
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La pie d'Abelhan
La pie d' Abeilhan n'avait pas sa langue dans sa poche. Une jeune fille avait apprivoisé une pie qu'elle appelait Catarina. Elle lui avait appris à dire quelques mots qu'elle répétait à qui bon voulait l'entendre.
Le Biterrois était en ce temps là envahi par cette bande de croisés menée par Amauri de Montfort. A la question " Qui est l'envoyé du pape? notre pie répondait : Es Amauri suivi d'un grognement, Es Amauri, grrr. Le légat du pape envoya un de ses hommes pour prendre en flagrant délit la jeune fille et sa pie bavarde. Dès l'arrivée dans le village des croisés, les gens prirent peur et se réfugièrent dans l'église . Seule la pie perchée sur la branche d'un arbre se mit à dire " Es Amauri, Es Amauri tort qué totil "( c'est Amauri ! C'est Amauri ! Il est aussi retors qu' imbécile". L'envoyé du légat essaya d'attraper Catarina qui légère voletait autour de lui en chantant cette phrase insultante. Suant et honteux, il jura qu'il ne reviendrait jamais plus dans ce village.
Le poulain de Pézenas.
C’est l’âme de la ville. Un animal emblématique qui incarne l’esprit de la cité. La légende naît en 1701, lors de la visite du duc de Berry et du duc de Bourgogne. Elle raconte qu’en 1226, le roi Louis VIII dit Le Lion, venu asservir le Languedoc, séjourna à Pézenas. Lors des fêtes données en son honneur, sa jument favorite tombe malade. A regret, il la confie aux consuls de la ville pour en prendre soin. A son retour de la guerre contre les Albigeois, le roi, très étonné, aperçoit auprès de sa jument "Lo Polin" qu’elle avait mis bas en son absence et que la ville lui présente, ornée de rubans et de feuillages. Pour conserver et perpétuer cet événement, sous l’injonction du roi, la ville fit construire un poulain en bois dont le destin serait de participer à toutes les fêtes publiques. La légende était née.
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L'âne de Gignac.
Le mois de mai est le mois de l'âne qui neuf mois plus tard engendrera le carnaval. L'origine de cette fête au moment de l' Ascension a pour origine un culte païen, le culte de Vesta déesse de la terre vénérée dans un temple situé dans un bois proche de Gignac. Les ânes couronnés de fleurs et de colliers sur lesquels étaient accrochés de petits pains ronds déambulaient dans le centre du village. Les petits pains étaient distribués aux pauvres. De nos jours le symbolisme a évolué avec de nouvelles croyances. La figure forte du senibelet, c'est le simulacre de la bataille que les gens de Gignac firent pour chasser les prêtres et les idoles. La fête de l'âne , de nos jours représente la résistance que les gignacois firent face aux Sarrasins qui la nuit de l'Ascension en 719 étaient aux portes du village.
L’âne Martin, en 719 qui somnolait au pied des remparts fut interpelé par le frottement des glaives des assaillants sur la pierre des murs de la cité. Il se mit à braire " hi! han! hi han! "** de toutes ses forces pour alerter les gignacois qui sautèrent de leur lit pour défendre leur ville avec des racines d’un arbuste nommé le « garou » entreposées chez le boulanger, plus communément appelé en occitan « lo trintanel ». En patois de chez nous, la garouille est le chêne vert.
** il faut s'entrainer à répéter ce tocsin !!
Dans un premier temps, ils réussirent à repousser les assauts des sarrasins mais plus tard, dans la matinée, ils durent rendre les armes et s’enfuir par des galeries souterraines.
Au-delà d’avoir sauvé le village, l’âne Martin a contribué à sauver ses habitants qui, suite à la mise à sac de la ville ont pu la rebâtir de leurs mains.
De nos jours la maison de l'âne est le rendez-vous des animations. Les festéjaïres sont vêtus de blancs avec une ceinture rouge à la taille. Martin est recouvert d'une robe bleue, blanche et rouge, symbole républicain et surmontée d'une tête en bois dont les mâchoires s'entrechoquent au rythme des cuivres de l'Harmonie de Gignac. Au départ des festivités, musique en tête, la parodie de l'âne est portée accrochée à la ceinture d'un festéjaïre jusqu'à l' oustal de l'ase. C'est le début de la procession. puis l'âne va vers la foule. Sa tête est articulée par le meneur. Le char est portée en triomphe par les jeunes costauds qui le font danser. Devant l'église, le curé donne la bénédiction à l'âne mais il ne rentre pas dans l'office religieux. Sacrilège!
Ainsi, chaque jeudi de l’Ascension, depuis ce jour, les gignacois commémorent le « Senibelet », un simulacre de combat perpétuant la tradition et opposant un sarrasin à deux gignacois. Le sarrasin a un casque sur la tête et un sabre de bois à la main, il est protégé par un coussin sur ses épaules. Deux gignacois font office de soldats. Un frappe le coussin posé sur le dos du sarrasin tandis que l'autre jette des racines de garrou. De vrais gladiateurs, les coups sont durs et les racines pleuvent.
Pour terminer, L’âne Martin est ensuite porté en triomphe dans les rues de la ville. Et ni le curé, ni Louis XIII, ne purent empêcher les gignacois de rendre hommage à leur sauveur. L'âne républicain perpétue ainsi la tradition et est devenu l'emblème de la ville.
La fête se termine en chansons et les cuivres de l'Harmonie de Gignac résonnent très tard dans le village. Cette fête dure 5 jours à la grande joie des habitants.
C’est ainsi qu’à Gignac les mauvais élèves ne portent pas de bonnet d’âne.
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Le pou d'Espondeilhan
L'origine totémique de cette histoire remonte probablement au temps des croisades. Les croisades vers 1209 lors du règne du pape Innocent III pourchassent les hérétiques du comté de Toulouse et arrivent dans le Biterrois. C'est la terreur dans beaucoup de villages, une terreur sans limites lorsque le croisés entrent dans Espondeilhan. Ces soldats du pape ne connaissent pas la propreté. Ils sont sales et ont de longs cheveux. Dans le village, les habitants ont des cheveux courts. Les croisés se moquent ouvertement des têtes rasées des villageois. Quelques jours plus tard, ces envahisseurs se grattent la tête envahie par de toutes petites bêtes qu'ils n'avaient jamais vues. Fous des piqures provoquées, ils devinent pourquoi les villageois avaient leurs chevelures courtes. Les croisés envahis de poux désertent les murs d'Espondeilhan. En remerciement d'avoir eu la vie sauve, les habitants ramassent toutes les mèches infestées de poux laissées par terre et les brûlent dans un grand feu sur la place du village. Mais la légende des pouilleux est restée longtemps.
Le pou est devenu le totem du village et chaque année un grand pou est promené dans les rues et son effigie finit brûlée dans le village.
Midi Libre 04/2019
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