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     Alors ! Raconte N° 66

     

     

     

     

     

                                  Les fourmis géantes de Bédarieux.

     

     

     

                   Dans le monde mystérieux des insectes, les fourmis occupent une place prépondérante sur notre terre. Même dans les terrains les plus arides de nos contrées, on trouve ces lignées d’infatigables marcheuses, transportant graines et feuilles en vue de garnir leur garde-manger pour survivre lors des hivers rigoureux. La fable ‘’La cigale et la fourmi’’ démontre bien la ténacité de cet insecte, tant pour l’ardeur au travail que pour la survie de leur existence en économisant la nourriture.

     

                     A Bédarieux Jean Pierre Bauris avait des fourmis dans les mains. Très observateur de la faune, cet ancien chaudronnier, dès qu’il voyait un insecte a tout fait pour le reproduire en façonnant des plaques de métal. Au début, il exerçait son art en concevant des reproductions de petits animaux pour ses enfants dans des tôles de 20 à 30 centimètres. Par passion, par amour pour son art, il a continué en donnant vie, grandeur impressionnante, à cette faune macro.

     

                       C’est à l’âge de 45 ans qu’il décida de devenir ferrailleur sculpteur à son compte en transformant ces plaques de ferrailles en papillons, cigales, mantes religieuses et autres insectes. Il créa  un jour un scorpion, reproduction d’une photographie en macro. Il recréa cet arachnide en métal en frappant la tôle pour donner l’aspect similaire à celui de l’insecte. Les marques des soudures furent étudiées de telles sortes qu’elles reflètent bien la réalité vivante. Cet insecte métallique de 90 centimètres de long le consacra artiste avec bonheur. Progressant dans son art, il confectionna une écrevisse de plus d’un mètre de longueur. Sa renommée grandissante, il se voua uniquement à son art. C’était le feu de Dieu. Une centaine de ces insectes furent exposés dans l’Aveyron à Micropolis.

     

                         Mais pourquoi des fourmis géantes à l’entrée de Bédarieux ?

     

     

     

                          Claude Chazelle, délégué régional de l’espace culturel à Montpellier devait artistiquement donner un essor au merveilleux site qui se présente à la sortie de Bédarieux, route de Clermont en sauvegardant l’aspect naturel de l’espace façonné par la main de l’homme par les carrières de la Tuilerie et du  même coup, préserver l’existence de tous ces insectes qui vivaient dans cet univers ingrat. Entre les failles de basaltes bleus, dans les fissures creusées par le temps dans l’argile rouge, dans le calcaire blanc qui compose le paysage typique de la région, une multitude de fourmis noires se trouvaient partout donnant du mouvement à cette nature. Il faut savoir regarder la nature et la préserver en tout temps pour la garder intacte. La nature, c’est une vie macro mais bouillonnante.

     

                            Il fallait créer un espace où l’insecte serait géant.  Frapper l’imagination de l’homme et l’obliger au respect de la nature. Dès l’entrée dans Bédarieux, route de Clermont l’Hérault, il fallait trouver un symbole fort qui accroche l’œil. Notre délégué régional culturel voulait installer une trentaine de fourmis sur le rond-point et n’ayant pas oublié J.Pierre Bauris, il lui commanda la réalisation de fourmis géantes. L’artiste se mit donc au travail dans son atelier à Gorniès, puis elles furent amenées jusqu’à Bédarieux en tant que gardiennes de l’identité du village.

     

                             D’un poids unitaire de près de 400 kg et mesurant sans les pattes près de 3 mètres de hauteur, ces trois sculptures en acier bleu qui par la rouille prirent la couleur rouge de l’environnement local provoquent l’admiration des visiteurs. Ces dames de fer symbolisent le respect de la végétation, du travail des ouvriers de la carrière toute proche et du biotope de ce monde animal dont les fourmis sont majoritaires. Ne pas oublier que les fourmis participent activement à l’équilibre du territoire. Donc, ne pas écraser ces petites bestioles qui  viennent vous rendre visite dans votre cuisine et lors des randonnées dans notre belle campagne. A ce propos, toutes les graines de mon gazon sont parties chez mon voisin, ami incontesté des fourmis.

     

                               Voici donc le formidable message que J.Pierre Bauris a voulu transmettre en mettant en valeur ces méga- insectes.

     

     JC d’Oc.

     


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    Alors ! Raconte ! N° 67.

     

     

     

                                              Saint Roch de Montpellier.

     

     

     

                 Ce brave saint est le protecteur des chirurgiens, des maîtres-chiens, des tailleurs de pierre, des boulangers. On l’honore le 16 aout à Sérignan où le Père Jean Marie Paradan bénit tous les animaux sur la place de l’église et où les belles andalouses montent la croupe de leurs beaux chevaux alezans. C’est le rassemblement des animaux du village en commençant par les chevaux puis viennent chiens, chats, tortues, hamsters, NAC etc… A la fin de l’office religieux, le Révèrent Père donne la bénédiction sur le parvis de l’église en présence d’une foule de curieux.

     

                 C’est une histoire en partie vraie, mais souvenez vous, la légende à nos yeux est parfois plus vraie que l’histoire. Cette histoire est entrée dans nos mœurs lorsque notre population invoquait tous les saints de la terre lors des grandes épidémies de peste, de choléra et de toutes les maladies qui accablent les bêtes en général. Quelles soient aviaires ou porcines, venant de tous les pays du monde, les fièvres ont permis d’adresser à St Roch en toutes circonstances moultes prières.

     

                  Tout a débuté à Montpellier en 1350, par la naissance de Roch dans une famille pieuse et très riche. La maman met au monde un superbe garçon qui porte un signe très curieux sur la poitrine, une tâche rouge en forme de croix, marque d’un destin exceptionnel. Dès sa naissance, Dieu vient de choisir son messager pour répandre sa parole et ses bienfaits sur Terre. Les parents sont ravis de savoir que leur fils est l’élu de Dieu et que les pires souffrances qu’il va endurer vont faire partie de son exceptionnelle  destinée. Tout bébé, Roch se montre un vrai petit prodige. Très doué, ses parents lui donnent une excellente éducation. Il fait des études brillantes, de la médecine et du droit et sa charge est de succéder à son père qui est consul de Montpellier. Son parcours est tout tracé mais Dieu lui donnera une autre direction.

     

                  Après le décès de ses parents, subitement, il décide de vendre tous ses biens et les donne aux pauvres, aux hôpitaux, aux cloîtres et a tous les déshérités de Montpellier. Visionnaire, il comprend le signe divin de là haut. Mais cette générosité si subite n’est pas très bien vue par son oncle qui avait repris la charge de Consul dans la ville. Son oncle le chasse et c’est l’appel irrésistible qui va le mener en pèlerinage à Rome la bourse vide et le bagage mince. Ce pèlerin ordinaire parmi les autres fous de Dieu sillonne les chemins qui mènent vers l’Italie. Dans la première ville italienne traversée, une épouvantable épidémie de peste sévissait et faisait de gros ravages. Toute la foule adressait les prières à Saint Sébastien mais rien ne se passait. C’est en tant que médecin que Roch se mit à l’ouvrage. Emu par la détresse des habitants, il opère les pestiférés avec sa lancette, cet ancêtre du scalpel. Toute la journée, il crève les abcès, il nettoie les plaies sans oublier le signe de croix qu’il fait sur la tête de chaque malade. Grace à sa lancette, il obtient de nombreuses guérisons. Partout, on crie au miracle. L’espoir revient et trois mois après, l’épidémie est enraillée.

     

    Roch est vénéré en Italie. On lui propose un poste important en guise de remerciements, mais il refuse par fidélité à son vœu d’humilité.

     

                   Avec son bâton et sa calebasse, le voici parti vers d’autres villes infestées par le bacille ‘’inguinaria pestis’’. Par la lumière de sa foi et son savoir, notre Roch gagne une réputation de saint guérisseur. Arrivé dans la ville sainte où la peste commençait à sévir, un cardinal qui deviendra le Pape Benoît X paniqué par le risque de contagion veut rencontrer cet homme dont on vente tant les louanges, tant d’éloges. Il veut présenter au Pape actuel Urbain V ce laïque. Le courant passe car la Pape originaire de Lozère, a fait lui aussi ses études à Montpellier puis les Renseignements Généraux du Vatican ont vite fait de connaître l’identité que Roch ne dévoilait pas. Le Saint Père reçoit à bras ouverts le médecin dans son palais pontifical. Le voyant arriver, il lui dit ‘’ Mé semblé qué ben dal paradis’’. (Il me semble qu’il vient du paradis !). Tous les deux, parlant ensemble l’occitan tisseront un lien d’amitié pendant trois ans car ils ont les mêmes racines – la Lozère- Montpellier et l’occitan.

     

                     Mais St Roch n’avait pas oublié sa ville natale Montpellier et décide d’y revenir et c’est sur son chemin que Dieu l’attend au tournant et avec ‘’son infinie bonté’’. Arrivé à Plaisance, des rayons lumineux éclairent son passage, émanent de sa personne et tous le reconnaissent par cette irradiation. Jusqu’alors, il a touché des centaines de pestiférés sans jamais être contaminé jusqu’au jour où la chance va tourner. Un matin, dès son réveil, il se trouve en proie à une fièvre violente. Sur sa cuisse apparaît un premier bubon noirâtre. Symptôme révélateur de la maladie. Curieusement, il ne rayonne plus comme si la maladie l’avait éteint en entrant dans son corps. Hospitalisé, ses douleurs sont si fortes qu’il décide de partir pour ne pas importuner les autres malades. Si Dieu l’a voulu, les saints doivent se débrouiller tous seuls. Il marche difficilement. Près d’une source, il s’enveloppe dans son manteau et s’endort. Au réveil, il implore Dieu de lui venir en aide et, subitement, venant d’un fourré tout proche, un bruit se fait entendre. Il voit s’approcher un chien venu se désaltérer. Le chien, s’approchant de St Roch le renifle et se met à lécher ses plaies. Chez nous, dans le Languedoc, la salive du chien est considéré comme cicatrisante.  Donc elle ne peut que hâter la guérison des plaies. Le chien disparut mais revint un quart d’heure après tenant dans sa gueule une miche de pain que St Roch avala avec grand appétit. On dit ‘’ qui aime St Roch ! Aime son chien !’’

     

                      Il est vrai que les animaux ont souvent accompagné les saints. Par exemple – le bœuf et l’âne dans l’étable de Nazareth- les lions et Sainte Blandine – St Eloi a eu son corbeau – St Hubert a eu son cerf- St Gérôme a eu son lion et St Roch a eu son toutou. Tous ces animaux ont accompagné de nombreux saints pour leurs difficiles parcours pour le droit à l’auréole.

     

                      Tous les jours, le chien amena une miche de pain à St Roch, qui prit petit à petit des forces et grâce aux léchages du chien les bubons finirent par se sécher. Roch guérit et revint jusqu’aux portes de Montpellier voulant passer inquognito ; ce qui va lui être fatal car son oncle – le consul- ne voulait plus le revoir. Le corps marqué par la maladie, le visage émacié, tenant difficilement sur ses jambes, il se présente à la porte du Pila St Gélis où personne ne le reconnaît.

     

    A cette époque, la Guerre de Cent Ans sévissait et les soldats se méfiaient de tous les entrants dans la ville car des bandes de pillards se déguisaient en pèlerin pour déjouer les soupçons. Ils demandèrent le nom à St Roch qui dit simplement qu’il était le serviteur de Dieu. Les soldats présentèrent le capucin au Consul qui reconnut son neveu. Accusé d’être un espion à la solde des Anglais, les ennemis de toujours du Languedoc, Roch restera cinq années dans son cachot. Tenaillé par la faim, souffrant de la chaleur et du froid, persécuté par son geôlier et aussi par ses compagnons d’infortune qui avec l’aval des autorités ne se privaient pas de lui faire subir les pires cruautés.

     

                      A chacun ses plaisirs, pour lui c’était mourir comme un martyre et il pardonnait tout à ses tortionnaires. Mais, trop, c’est trop et se sentant au bout du rouleau, il appela la mort du fond de sa cellule.  Intrigué, son geôlier ouvre sa porte et découvre le prisonnier étendu, baigné dans une lumière blanche de grande intensité. Le signe qu’il portait sur sa poitrine, la fameuse croix rouge éclairait sous sa chemise. Cet extra-terrestre venu d’un autre temps vient de mourir et son geôlier voit des anges retirer l’âme du saint et se met à trembler.

     

                      A ce moment là, son fidèle chien revenu entre temps en Italie, s’est mis à hurler à la mort toute la nuit.

     

                       Ce stupéfiant évènement, à Montpellier, court de tavernes en tavernes. L’oncle de Roch questionné reconnaît les vertus de son neveu et est obligé d’organiser des funérailles grandioses sous la pression populaire.

     

                       Ainsi se termine l’histoire de St Roch qui est le saint vénéré dans de nombreux villages du Midi, notamment à Cessenon et à Ceret. La ville de Montpellier a donné son nom à la Gare SNCF ‘’ Montpellier Saint Roch’’. En tant que médecin, il est aussi le saint patron de la faculté de médecine de Montpellier.

     

     

     

    JC d’Oc

     


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    Alors ! Raconte !  N° 68

     

                                                         Misère.

     

     

     

              C’est une histoire vraie qui s’est passée dans la Caroux,  cette montagne  qui garde jalousement dans le défilé d’Eric la légende de Cébéna, notre muse régionale. En ce moment ci, notre muse a revêtu sa robe de mariée pleine de neige. Elle est si belle !

     

              C’est l’histoire d’un forgeron qui était surnommé  Misère. Il y a deux cents ans, dans un petit hameau  de notre pays d’Oc qui s’appelle  Cazabelba, vivait donc, ce forgeron très pauvre qui avait sept enfants qu’il devait élever et nourrir. Les temps étaient très durs. La vie était très chère à gagner. Malgré les circonstances, notre homme était toujours joyeux et ne se plaignait jamais de son sort mais il jouait toujours de malchance. Lorsqu’il arrivait une calamité, notre forgeron était toujours la première victime. Un orage arrivait dans son pays, c’était sur son toit que tombait la foudre. Un gel arrivait sur les terres, c’était sa vigne  près de la rivière qui était touchée. Et pour lui les vendanges étaient déjà faites.

     

               Comme dit le proverbe ‘’ il pleut toujours sur ceux qui sont déjà mouillés’’.

     

               Aussi, il reçut des gens du pays le surnom de ‘’Misère’’parce que sa vie n’était faite que de malheurs mais avec courage, il résistait à toutes les calamités qui lui tombaient sur la tête. Il vivait grâce à quelques petits travaux à sa forge, à sa vigne et son jardin qu’il travaillait lorsqu’ils n’étaient pas gelés ou inondés par la rivière en crue. Le petit vin que lui donnait sa vigne le rendait tout de même joyeux le dimanche et lors des fêtes dans le village voisin. Mais l’imprévu le guettait à tout moment.

     

               Ces enfants étaient souvent malades, grippe, scarlatine, bras cassés, il dépensait presque  tout son argent chez l’apothicaire.  Mais notre homme avait la tête bien vissée sur ses épaules. Il avait une chose très importante, celle que l’on ne voit souvent pas, la richesse du cœur. Il était toujours charitable  et prêt à rendre des services aux autres. Il donnait à des gens plus malheureux que lui. Le peu qui se trouvait sur sa table était pour le mendiant qui sonnait à sa porte. Il donnait un coup de main lors de la fenaison pour un simple merci laissant enclume et marteau dans ce coin rempli de radins. La charité va souvent à l’encontre de la richesse.

     

               Un jour de printemps, il tapait un fer rouge sur son enclume. Il chantait en ce matin ensoleillé. Le chant joyeux des oiseaux dans la campagne était rythmé par les coups de marteau qu’il donnait sur son enclume. Il dirigeait en main de maitre l’accompagnement de cet agréable concert. Passant la tête par le ‘’fenestron’’ de sa forge, il aperçoit deux hommes misérablement vêtus, tirant et poussant une bête famélique  de grand âge. Cet animal avait les côtes si amaigries qu’on aurait dit un cerclage de barrique. Cette ânesse trimait, portant une  lourde charge sur le  long chemin de la vie. Elle boitait d’une patte de derrière, ce qui  donnait à sa démarche une allure fantomatique. Les deux hommes ne valaient pas plus que la bête. L’un avec sa barbe blanche imposait le respect. Ses vêtements étaient des haillons fanés et rapiécés. L’autre, plus jeune mais pâle comme un mort avait un beau sourire  et exprimait la bonté. Ils faisaient partie de la catégorie des résignés et des bonnes âmes aussi. Les deux traine- savates arrivaient devant la porte de Misère qui joyeux, faisait jaillir du fer rouge des myriades d’étincelles brillantes comme des étoiles.

     

                 Le plus vieux des voyageurs  salua le forgeron qui cessa de battre le fer. Il lui demanda  s’il pouvait ferrer son ânesse qui boitait. Misère partit au font de sa forge chercher un petit fer qu’il gardait accroché à une poutre. La patte arrière de l’ânesse soulevée, le forgeron vit qu’après un petit réglage que le fer pouvait aller. Misère riait en pensant au service qu’il rendait à ces deux pauvres bougres. En un rien de temps, Misère avait placé le fer sur le sabot de l’animal. Le tout était fort bien ajusté. Nos deux hommes pouvaient partir sans crainte et demandèrent combien ils lui devaient. ‘’ Pour cette fois, c’est gratuit !’’ dit Misère. Cette offre leur faisait énormément plaisir. De plus, Misère leur proposa le gite et le couvert et pourtant, il n’était pas riche.

     

                 Emus par tant de probité et de générosité, nos deux voyageurs voulurent lui faire un cadeau. Le plus jeune au sourire si doux lui dit : ‘’J’ai un grand pouvoir et je peux réaliser tous tes désirs et je veillerai à ce qu’ils soient tous exaucés !’’  Le plus vieux à la barbe blanche lui susurra à voix basse ‘’ Demande le ciel ! ‘’, Mais Misère, incrédule préférait vivre plus agréablement son existence sur terre. Ces deux voyageurs n’étaient  autres que l’incarnation du Christ et de son disciple Saint Pierre.

     

                    J’ai trois vœux à formuler dit le forgeron : ‘’ Je demande que celui qui touchera le soufflet de ma forge ne puisse s’en détacher sans mon ordre ! Je demande aussi que celui qui s’assoira sur ma chaise dans la cuisine ne puisse s’en relever qu’avec mon autorisation !’’ Le papet à la barbe blanche lui dit’’ Pour le dernier vœu, songe à ton éternité “ demande le ciel pour le salut de ton âme !’’ Mais Misère préféra : ‘’ que celui qui montera sur mon poirier ne puisse en descendre !’’

     

                A partir de ce jour, Misère ne connut plus de malheurs. Il était béni du ciel. Vieillissant tous les jours, le forgeron de plus en plus courbé approchait ses quatre vingt ans.

     

                Mais un jour, la mort avec sa grande faux lui rendit visite dans sa forge. ‘’Il est l’heure de quitter ta famille, ton verger, ta maison. Je viens te chercher !’’ Je  suis  à toi mais encore une minute, je voudrai finir le travail que j’ai commencé sur ma forge. Donne mois un coup de main ! Prends la poignée du soufflet et active le feu ‘’ demanda t’-il à la grande faucheuse d’hommes. Le malicieux Misère savait très bien que la mort ne pouvait plus se détacher de  la poignée sans son autorisation. Le squelette restait accroché et ne pouvait partir. ‘’ Je te laisserai partir à condition que tu ne reviennes  que dans dix ans !’’ dit le forgeron. Après son accord, il lui fit le signe de déguerpir. Allez ! Ouste !

     

                Les dix ans passèrent trop rapidement et le jour de ses quatre vingt dix ans, il entendit frapper à sa porte. ‘’Es tu prêt à me suivre !’’ lui demanda la mort très méfiante. ‘’ Je suis très vieux maintenant ! Es-tu prête à prendre avec moi une petite goutte !’’. Il  invita la mort à s’assoir  sur l’unique chaise de la cuisine. Bien sur, le piège se referma et le squelette ne put lever son derrière de la chaise. Misère riait dans sa moustache après avoir bu son verre de fine. ‘’ Je reviendrai dans deux ans si tu me libères ! Profites bien de ce sursis ! Aussitôt fait, la mort partit accomplir d’autres macabres besognes, se promettant de ne plus se faire prendre à l’avenir.

     

                   Les deux années passèrent  encore plus rapidement et un jour la mort revint chez lui lorsqu’il fêtait ses quatre vingt douze ans. A ce moment là, Misère était sous son poirier où de belles poires mordorées brillaient au soleil. Malgré sa méfiance, la mort ne résista pas lorsque le forgeron l’invita à monter dans l’arbre. Lestement, remontant son cotillon noir, elle cueillit un beau fruit bien mûr. Encore une fois, Misère riait dans sa moustache lorsqu’il vit la mort perchée dans son poirier comme un merle pris dans de la glue.

     

                    ‘’ Misère ! Tu peux te venter d’avoir trompé la mort trois fois’’, dit la mort.

     

                    ‘’ Tu resteras perchée là haut jusqu’à la fin des siècles’’, dit Misère.

     

                    ‘’ Je te promets de ne plus venir te chercher, libère moi de ton sort !’’ répliqua la mort et d’un pied leste elle sauta du poirier et partit jurant un jour qu’elle tirerait parti de cet affront.

     

                     Les années que vécu Misère se déroulèrent très lentes car elles n’étaient plus comptées. Et de nos jours, des promeneurs l’auraient aperçu, errant au milieu des mouflons dans le Caroux. Il doit avoir maintenant 230 ans. Tout ridé avec sa barbe blanche, métamorphose due à tout ce qu’il a vu, guerres, épidémies, calamités climatiques et toutes les révolutions, avoir vécu les disparitions de sa femme et celles de ses enfants et même de son hameau envahi par la végétation, Misère désire disparaitre de ce monde. Il appelle la mort en la suppliant même à genou. Il aurait du écouter St Pierre qui lui avait susurré à l’oreille ‘’Demande le ciel ! Demande le ciel Bon Dieu.’’

     

                      Et maintenant, il doit attendre la fin du monde.

     

                       Si un jour, vous allez cueillir des champignons dans le Caroux, vous risquez de le rencontrer et surtout ne lui parlez pas de la vie.

     

     

     

                      Cette légende empreinte de vérité a été racontée maintes fois lors des veillées d’hiver au coin de la cheminée dans les fermes des hauts cantons.

     

    JC D’Oc

     


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                  Alors ! Raconte ! N° 69

     

     

                                                  Les paillasses de Cournonterral.

     

     

     

                             Il ne faut pas confondre les pététas de Murviel les Béziers qui regardent passer les voitures devant les portes durant les mois de juillet et d’août à la grande curiosité des touristes de passage avec les paillasses de Cournonterral. Toutes deux sont néanmoins bourrées de paille.

     

                              C’est un grand carnaval qui a lieu le mercredi des Cendres à Cournonterral, village de 5070 âmes, tout près de Pignan et de Montpellier. En 2010, cette fête a eu lieu le 17 février et l’an prochain elle aura lieu le 8 mars. Seuls, les habitants du village ont le droit d’y participer. On ferme les portes à tous les étrangers et gare si un intrus se risque dans la commune. Il sera sévèrement puni par le châtiment de la comporte pleine d’un liquide vineux et visqueux qu’est le dépôt des particules du vin dans les cuves de fermentation.

     

                              Pour préparer toutes ces festivités, des camions citernes vont récupérer la lie dans différentes coopératives vinicoles pour la déverser dans les rues du village. De plus pour donner une odeur désagréable à cette fête, les gens de Cournonterral vont vider leurs ‘’pissadous’’ et ce qui suit dans ce mélange vineux. Ce jour là, il y a 10cm de lie rouge nauséabonde sur les pavés. C’est la ‘’capounade *’’ du village.

     

                              Un peu d’histoire car ce rituel remonte à l’Antiquité. Très proche du carnaval, il ne dure que quelques heures. Ce rite n’a été interrompu que pendant les deux guerres mondiales. Ce n’est pas une foire  ou un carnaval où tout le monde se déguise ; c’est une tradition qui a retrouvé un nouveau souffle et qui remonte à 1346 avec ses règles très dures et ses codes. Depuis des siècles, la tradition que nous ont transmis les anciens se perpétue et est toujours actualisée par les jeunes. Il faut protéger les paillasses comme les traditions conservent nos racines. Le mercredi des Cendres, donc le lendemain du carnaval, Cournonterral est fermé aux touristes ‘’No télés ! no photos ! no invités’’. Seuls, les participants sont de Cournonterralais qui sont garants du strict respect et du bon déroulement de cette vieille tradition.

     

                               Depuis des temps, les habitants de Cournonterral s'attribuait le droit de couper dans les forêts seigneuriales d’Aumélas, village voisin, le bois nécessaire pour leurs charpentes, les piquets de vigne ainsi que pour leur chauffage. Petit à petit, le Causse d’Aumélas était déboisé au grand dam de leurs villageois. De plus, ils ramassaient des champignons et des truffes qui abondaient. Une haine féroce régnait entre les deux villages. Et un beau jour, les Aumélassiens, excédés, tendirent une embuscade aux pilleurs à coups de pierres et de fléchettes. Humiliés, les ramasseurs de bois se retirèrent dans leur village après la trempe qu’ils avaient reçue. Encouragés par leur victoire, les gens d’Aumelas se sont rués le lendemain sur le château de Cournonterral mais, repoussés par la garnison du château, ils retournèrent dans leur village en jurant qu’ils tueraient tous ceux qui viendraient voler leur bois.  A Cournonterral, les consuls et le seigneur du château se sont émus et ont demandé à un certain Paillasse de trouver une solution non guerrière au conflit. Paillasse proposa  de fabriquer en nombre une sorte d’épouvantail humain, un monstre empaillé le plus laid possible qui pourrait faire peur aux voisins. Ce qui fut fait par la présentation d’un défilé de mode, plus exactement d'horreurs. Une battue fut organisée par le consul avec une escouade de 90 hommes déguisés sous les ordres du capitaine Paillasse. L’aspect volumineux de ces soldats d’opérette bourrés  de paille, dans leur sac de patates, leur tête coiffée d’un bonnet pointu, le visage maquillé au charbon de bois était très impressionnant et faisait très peur. Cette petite armée se mit en route au petit matin pour surprendre au détour d’un chemin leurs voisins les Aumélassiens. Les paillasses se mirent à hurler comme des loups. La surprise fut totale. Pris de panique, les Aumélassiens s’enfuirent en tous sens. Certains furent faits prisonniers et, au moment de leur libération, ils durent jurer de ne plus attaquer les Cournonterralais. L’officier Paillasse et ses guerriers reçurent les plus chaleureuses félicitations par les gens du village.

     

                               Et c’est ainsi qu’il fut décidé en commémoration de ce fait d’armes qu’une manifestation aurait lieu tous les ans le mercredi des Cendres. Aux coins  des rues des barriques de vin  furent placées pour que tous les villageois puissent festoyer pour fêter cette victoire. Ce fut une telle orgie dans le village que les gardes tellement soûls se roulèrent dans la vinasse qui coulait à terre, s’aspergèrent  la tête de vin comme font actuellement les bodégaïres lors de la  féria, de la soulinque ou de la fête du vin nouveau.

     

                              C’est depuis ce temps que le nom de ‘’paillasse’’ est voué à la postérité en souvenir de celui à qui l’on doit ce haut fait d’armes avec l’idée de transformer ces braves gens en monstres diaboliques pour faire peur aux autres.

     

                               Cette tradition, transmise de générations en générations lors du mercredi des Cendres permet aux Cournonterralais de se retrouver ensemble. Les paillasses affrontent les’’ blancs’’ pendant 3 heures seulement. Le jeu consiste à  salir tous les ‘’blancs’’ en les roulant dans la lie déversée le matin même dans les rues. Ils finissent bénis, la tête la première, dans une comporte sacrée remplie de ce liquide gluant.

     

                                Cette journée se termine par un bal populaire où les paillasses et les ’’blancs’’ désormais de la même couleur rouge dansent  à partir de 18 heures sur la place du village.

     

     

     

     

     

     

      • La capounade est une tradition ancestrale appliquée par les hommes et qui est réservée aux filles et aux jeunes femmes lors des vendanges. Elle consiste, lorsqu’une vendangeuse oublie de ramasser un beau raisin sur le cep  de badigeonner son visage. Bien sûr cela ce fait en toute honnêteté !! Cela va sans dire dans la rigolade.

     

     

     JC d’Oc.

     


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                            JeanGau                                                                       L’Atom

     

     

     

         Alors ! Raconte ! N° 70

     

                                                      Le Sérignanais  Jean Gau.

     

                   C’est l’histoire d’un personnage d’exception, né dans une ruelle de Sérignan le 18 février 1902, un baroudeur qui a sillonné toutes les mers du globe. Jean Gau, est un des marins des plus connus. Enfant très téméraire, né d’une famille sans histoire de vignerons, il s’adonnera au plaisir de la voile et fera plusieurs fois le tour du monde sur une coque de noix. Il connaitra plusieurs fois des fortunes de mer et des échouages avec son premier voilier qu’il avait appelé l’Onda, puis l’Atom une vieille goélette sera celle qui passionnera sa vie. Ce dernier voilier finira  par couler sur les récifs de Bizerte en Tunisie.

     

                   Parlons un peu de ce village languedocien situé entre Béziers et la grande bleue, avec ses 5400 habitants. Sérignan, avec ses cinq plages de sable fin s’étalant sur plus de 4 kilomètres – La Grande Maïre, la Chapelle, la Séoune, les Orpellières et la plage des naturistes appelée plus familièrement plage des culs nus. Sur ce sable beaucoup de culs ont laissé leurs empreintes dans les dunes. Sur cette terre languedocienne, Sérignan présente un attrait touristique important. On peut y visiter sa collégiale Notre Dame de Grâce, son Musée d’Art contemporain, sa Salle de spectacle ‘’La Cigalière’’ avec son parc ‘’Le Rayonnant’’ et ses colonnes de Buren. On peut s’adonner au sport sur deux stades, s’instruire et se divertir dans sa Médiathèque, s’amuser durant les fêtes estivales de juillet et août et faire des voyages avec les différentes associations très actives.

     

                   Il est vrai que la situation géographique de Sérignan a joué sur le destin de notre navigateur solitaire. Il grandira avec la passion de la mer.

     

                   Jean Gau, tout bébé sera saisi par l’odeur de l’iode venant de la mer Méditerranée toute proche et des embruns apportés par le vent marin dans son village depuis Valras. Rien ne le prédestinait à être marin, peut être par son grand père qui était pêcheur à la palanque.

     

                   Jean Gau assistera à la naissance de Valras la Plage, cette station balnéaire très connue des touristes, qui a trouvé son autonomie le 18 février 1931. Une loi parue au journal officiel partageait la commune de Sérignan en deux parties au mécontentement des Sérignanais qui perdaient 234 hectares. Le 15 août 1931, le premier maire Alfred Panis tient conseil après 25 ans de tracasseries administratives. Il devient le premier magistrat d’un terrain inondable et de plus avec des terres hyper salées incultivables et infestées de moustiques et d’aoûtats, insectes très petits qui piquent la peau des touristes et tout ce qui est poilu, uniquement de mi-juillet à mi-août. C’est pour cela que les vacanciers mettent de la crème et qu’ils se promènent tous les soirs les mains dans les poches.

     

                      Jean Gau, adolescent aimait admirer la mer ainsi que les bateaux de pêche qu’il peignait sur toile avec un certain talent. Il notait par écrit un tas d’informations relatives aux vagues qui vont et viennent sur la plage, aux vents qui balaient la côte – le Grec, le Marin noir et le Marin blanc, l’Issalop qui retient les eaux de l’Orb, Labech et le Fouiss qui soufflent du Sud Ouest, le Narbonnais, le Sers et la Tramontane. Ces vents ne demandaient qu’à gonfler les voiles de son futur bateau. Dans ses cahiers, il conservait un écrit de Victor Hugo qui disait ‘’qu’il y a trois sortes d’hommes – les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer- et Jean Gau sera l’un de ces derniers.  Dans sa jeunesse, il aimait regarder les bateaux qui remontaient l’Orb jusqu’à Sérignan.  C’était son bonheur !  Pour subsister, il peignait des marines et même il lui est arrivé de reproduire des faux billets de banque en petite quantité. Coincé, il en sortira plus mature en jurant de ne plus recommencer.

     

                          Il naviguera sur toutes les mers du monde et fera 10 fois le tour de la terre. Des Caraïbes à l’Amérique du Sud, du cap Horn avec ses vents dantesques qui poussent vers la terre au Cap de Bonne Espérance, il allait toujours plus loin, guidé par cette passion qui le dévorait. A chaque fois, il jouait sa vie car la navigation en solitaire ne laisse aucun répit au marin et demande une vigilance à tout instant. De plus, il n’avait pas de radio et personne ne pouvait venir à son secours en cas de naufrage. Il n’avait que le sextant et naviguait aux étoiles lorsqu’elles étaient visibles. Rien à voir avec les trimarans actuels qui coûtent des millions d’euros et dont la technologie frise au ridicule dans la Course du rhum.

     

                           Sa vie ne sera que tas d’évènements où, parfois il jouait sa vie. En 1926, il épousera Honorine Armengaud, fille d’un pêcheur de Valras. Deux ans après, le couple s’embarque pour l’Amérique, pays magique où la fortune était rapidement acquise. Honorine sera modiste et Jean sera cuisinier dans un restaurant. Ils travaillent durement mais finiront par se séparer car le métier accaparait trop le bonhomme. Mais l’appel de la mer était le plus fort. Avec l’argent mis de côté, il achète en 1929 son premier bateau l’Onda et prend la nationalité américaine. Avec ce bateau, il fera dix fois la traversée de l’Atlantique en solitaire. Il relate dans ses écrits qu’il s’échoua à Cadix en pleine guerre espagnole lors d’une tempête mémorable. La route maritime était longue pour aller aux Amériques. Il fallait passer par le dangereux détroit de Gibraltar qui est le passage le plus emprunté par les navires du monde. En 1945, il achète son nouveau bateau de 9 mètres avec deux mats : l’Atom.

     

                             Avec ce nouveau bateau, il naviguera en prenant tous les risques : les ouragans, les typhons, les tempêtes et même les baleines qui émergeaient lorsqu’il passait et bien d’autres, les calamars géants et les gros cargos aveugles. Une petite anecdote : durant trois jours, il dériva sur les mers australes toutes voiles dehors, vent favorable. Les courants marins étaient si forts qu’il reculait en permanence. Il chavirera près du Cap de Bonne Espérance, il s’échouera sur des récifs en Australie. Un jour de cauchemar, il dérive vers des rochers et pense que sa dernière heure va arriver. Il lui est impossible d’affaler les voiles. Il voudrait bien fumer sa dernière cigarette mais il n’a plus d’essence dans son briquet. Le bruit que font les vagues sur les rochers se précise. Ce n’est qu’in extrémis qu’il réalise qu’il avait un petit moteur avec de l’essence qui le sauvera. Cet homme est un Don Quichotte des mers. Mais le repos du marin existe aussi et arrivé à Tahiti, cette île paradisiaque, il connaitra une amourette avec une superbe créature. Bien plus tard, il apprendra qu’une fille était née de cette union. Mais sa véritable maitresse sera toujours la mer.

     

                               Pour voyager, il faut de l’argent. Il travaillera dans un restaurant à New York, il fascinera par ses conférences  son auditoire en racontant ses exploits. Son aventure était jalonnée de rencontres fabuleuses (Winston Churchill – Harold Flynn) de découvertes, des moments forts. Ses admirateurs l’accueillaient toujours en héros.

     

                               Ses retours à Valras étaient toujours un émerveillement car du levant au couchant, à l’ouest, il apercevait ‘’Cébenna’’ notre muse, le Canigou enneigé et la belle chaine des Pyrénées. Il admirait le Mont Saint Clair à Sète, le Pic Saint Loup, le fort de Brescou à Agde. Une vue panoramique qui en impose.

     

                               Son histoire s’achèvera  sur des rochers à Bizerte où son Atom fera naufrage et où il a failli mourir. Recueilli par miracle par un berger qui se trouvait là, il sera ramené à dos d’âne  dans un hôpital tunisien pour y être soigné. Jean Gau arrêtera définitivement la navigation à 71 ans. Il ramènera tout de même son Atom  dans le port de Valras où il restera longtemps amarré. La santé du navigateur n’étant pas très bonne à la suite de deux AVC, il vivra d'abord sur son bateau puis dans une caravane au bord de l'Orb. Il terminera sa vie à Pézenas à l’âge de 77 ans en 1979 chez un ami qui le recueillera et qui écrira ses souvenirs *.

     

                             Ce Sérignanais de souche restera une figure emblématique de la voile en solitaire et en reconnaissance, pour avoir fait connaitre les communes de Valras et de Sérignan  au monde entier, la commune donnera son nom au port nouvellement construit.

     

    * bibliographie de J.Bussière, Jean Gau, collection '' navigateurs insolites''.

     

    JC d’Oc.

     


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