• Les maisons closes de Béziers au 19ème siècle

     

     

      
     Alors ! Raconte N° 31 

     

     

     

     

     

     

     

                         Les maisons closes de Béziers  au 19ème siècle.

     

        

     

           Ce sujet peut paraître hard aux yeux des femmes, mais il mérite  tout de même d’être traité avec tout le respect que je lui porte.

     

     

     

           Ces maisons plaisent beaucoup dans les années 1800, mais à Béziers, c’est en 1850 qu’elles connurent leurs heures de gloire dans le centre de la ville.  Elles étaient appelées intimement ‘’ maisons  closes ou maisons à courants d’air’’.

     

     

     

           Ce siècle là connut l’âge d’or de la vigne et du terroir grâce à la consommation grandissante du vin par personne et par an. Les vins fins font leur apparition sur les bonnes tables, les bars et les modestes ‘’assommoirs’’ de Zola. On boit beaucoup dans les bals, les mariages et dans les bistrots le gros rouge coule à flots. Le bidasse et l’ouvrier ont dans leur’’ saquette’’ (musette) leur ration journalière de 3 litres. On donne au vin de nombreuses vertus bienfaisantes.

     

            ‘’ L’eau contient des microbes, le vin, c’est du soleil ! ‘’

     

            ‘’ La vie dure 58 ans pour un buveur d’eau – 68 ans pour un buveur de vin ! ‘’

     

            ‘’ Dans le Midi, il y a moins de tuberculose qu’ailleurs !’’

     

            ‘’ Le vin est la plus saine et hygiénique des boissons – Pasteur ‘’

     

            ‘’ Le vin, c’est le lait des vieillards’’.

     

            Ainsi à qui mieux mieux vont les slogans à la gloire du vin.

     

     

     

            Les maisons à vin se multiplient autour des Allées Paul Riquet. On recherche la jouissance car la région devient de plus en plus riche. Tous les menus dans les restos affichent vin compris. Le Biterrois produit de plus en plus et exporte sa production. Cet attrait financier du commerce attire les plaisirs. Les après midi sont paillardes et coquines. Les nuits sont chaudes et libertines. Les maisons closes s’installent dans le centre ville et sa périphérie dans des résidences privées. L’argent circule. C’est une époque d’abondance. Les maisons closes sont des lieux de rencontre non seulement avec des femmes mais aussi entre bourgeois, parvenus, riches et gens de la haute.

     

             Béziers devient la capitale mondiale du vin, avant Narbonne. Bonne guéguerre !!

     

             Béziers s’agrandit :

     

                 1827 – Partant du Moulin de Bagnols à la Plantade, le haut de la ville est alimenté en eau.

     

                 1838 – David d’Angers réalise la statue de Pierre Paul Riquet. La même année, le Casino est construit avenue Saint Saëns. Il  sera remplacé par le Palais des Congrès. Sur l’emplacement du Casino se tenait autrefois la Maison du Peuple.

     

                 1854 – Construction du pont canal et du pont SNCF qui enjambent l’Orb. Le wagon foudre supplantera la péniche citerne.

     

                 1859 – La tauromachie arrive à Béziers dans ses arènes en bois montées à l’emplacement du Champ de Mars.

     

                 1867 – Aménagement du Plateau des Poètes par Bülher. On peut y admirer la statue de mon ancêtre M….. Ermengaud déjà poète et auteur du Bréviaire d’Amour 1288.

     

                 1880 – Construction du lycée Henri IV.

     

                 1889 - Constructions de la Caisse d’Epargne, des Halles (1889-1891) style Baltard.  -    de la ligne SNCF Béziers- Clermont Ferrand.

     

                 Les belles demeures se construisent dans les grandes propriétés de la Région. Les fameux ‘’ Châteaux pinards’’ représentent l’effet de l’expansion.               Malheureusement pour les pays de l’Europe de l’Est touchés par la maladie du phylloxera, Béziers bénéficiera durant plus de 15 ans du marché total du vin mondial. En effet, cette pandémie introduite en Europe en 1865 ne sera jugulée qu’en 1878, d’abord en inondant les vignes du littoral puis par la technique du greffage sur plans américains insensibles à la maladie.

     

                 De 1851 à 1881, Béziers passera de 20.000 à 43.000 habitants.   Et à 53.000 en 1900.

     

                 De 1878 à  19OO, curieusement, 8 maires vont se succéder. Il est vrai qu’à cette époque, c’est le gouvernement qui les nommait.

     

     

     

                 Dans la Rue Victor Hugo, légendairement connue pour ses lupanars, le théâtre des Variétés recevra Mistinguett et Charles Trenet. Dans les cafés du centre ville (Le Continental, le Glacier, La Coupole etc..) se négocient les ventes de vin. Sur la statue de Paul Riquet, les vignerons hisseront une saquette contenant des bouteilles de bon vin. Le vendredi, c’est la foire  sur les Allées. C’est la fête à Béziers surtout lorsque les affaires sont bonnes.  Elles remplissent les bourses et il faut les vider ! Où ça ! Devinez !

     

        

     

                  La prostitution est prospère et est de deux types :

     

     

     

                  La prostitution populaire qui concerne les ouvriers expatriés, les soldats en garnison et les malfrats libérés. Ce sont des clients assidus qui font leurs affaires dans des bouges insalubres et sordides. Les filles se prostituent contre leur gré et sont protégées par un voyou. Les lupanars, les boxons, les hôtels de passes sont peuplés de pauvres filles et de macs.

     

     

     

                    La prostitution de luxe pour un monde meilleur, pour des clients nantis, pour des fonctionnaires de haut niveau, pour des propriétaires terriens, pour des parvenus. Elle se pratique autour des Allées. Les dépenses sont inconsidérées. Béziers est riche et le soir, pendant que les épouses gardent la maison, les maris entretiennent leurs maîtresses occasionnelles dans les salons des appartements particuliers. Tout est mis en œuvre pour le luxe et le plaisir (moquette au sol, tableaux aux murs, tentures lourdes et fauteuils confortables).

     

     

     

                    ‘’ Spectacles, Casino et prostituées’’ ; c’est le slogan à la mode.

     

     

     

                      Les chambres sont confortables, décorées de glaces au plafond, alcools à gogo, salles d’eau. Les filles sont belles et généreuses et surtout psychologues. Elles calment les âmes en détresse surtout lorsque le client à perdu gros au Casino ou sur une mévente. Le rapport final, c’est un coup de bourse.       

     

                       Si le client arrivait avec un bouquet de fleurs pour la maquerelle, il était bichonné par les dames. Dans les tourbillons enivrants de l’amour, il ne lésinait pas à la dépense.

     

                       La tenancière, souvent une ancienne prostituée, devait être âgée de plus de 30 ans et autorisée par la sous-préfecture de Béziers à exercer le métier. Il était exigé un numéro de rue au dessus de la porte. Celle-ci était en permanence assortie d’une lanterne rouge visible de loin. Les maisons de tolérance devaient être éclairées escaliers et intérieur compris. Les fenêtres devaient être grillagées. Les établissements devaient être situés loin d’une école, d’un culte et d’un édifice administratif. La tenancière régnait en maîtresse sur la sous-tenancière, ainsi elle se passait du service d’un mac.

     

                        Les filles devaient passer une visite médicale trois  fois par mois pour prévenir les maladies vénériennes, syphilis et autres. Les pensionnaires étaient inscrites sur un registre de police.

     

     

     

                        La fille restait en prostitution et devait restituer l’argent récolté à la maquerelle. Elle restait cloitrée. Les sorties étaient rares. La communauté était sa seule famille. Le prix de la passe était fonction de la classe de l’établissement.

     

     

     

                        Certaines prostituées de luxe sont devenues parfois des épouses de bourgeois et même des châtelaines. Dans les bordels, l’anonymat des clients était garanti jour et nuit. L’entrée s’effectuait sous le lampion rouge et la sortie par une porte dérobée dans une ruelle secondaire.

     

     

     

                         A Béziers, les bordels fiables étaient appelés ‘’maisons à courant d’air’’ Pourquoi cette appellation faisant référence à Eole ?

     

                          Le client était prévenu de rentrer par une porte et de sortir par une autre. L’habitué était plumé toutes les semaines et il faisait en sorte de ne point rencontrer de connaissances dans l’escalier. Léger comme l’air, puisqu’il avait tout dépensé et penaud, il se dépêchait de sortir par la porte dérobée.

     

                          Les bordels sont devenus des ‘’hôtels particuliers’’. L’ambiance y est toujours chaleureuse. C’est un lieu de rendez vous de riches, où l’on discute, où l’on joue aux cartes.

     

                          Guy de Maupassant en parle dans ‘’Une aventure parisienne’’.

     

     

     

                          Certains clients géraient la fortune de leurs épouses et dépensaient allègrement l’argent du couple. Ils redoutaient d’être reconnus et dénoncés car c’était le divorce garanti. Tous les nantis s’habillaient de la même façon pour passer inaperçu.

     

                          A 5 heures du matin, l’heure du repos des filles avait sonné. La maquerelle donnait l’ordre ‘’ fermez la porte svp – non – fermez la porte bordel !

     

    C’est de là que viendra l’expression populaire.

     

                       

     

                          Un demi- siècle plus tard, Marthe Richard  dont le vrai nom était Natacha Henry fera fermer les maisons closes le 9 avril 1946. Elle fut une femme difficile  à la vie très agitée. Prostituée à Nancy, elle épouse en 1904 un riche industriel millionnaire et se consacre à la vie sociale. Son mari lui demande de devenir espionne pendant l’occupation allemande. Par son passé de militante féministe et son expérience de petite vertu, elle est arrivée à influencer le gouvernement pour faire fermer les maisons closes en France.

     

     

     

                          Il faut signaler que pendant la Coupe du Monde de foot, la prostitution en Allemagne a été autorisée.

     

                          Aujourd’hui, l’esclavage de la prostitution existe sur le bord des routes par toutes intempéries et par tout les temps.

     

                          Ces femmes ne méritent pas de vivre dans de telles conditions.

     

     

     

    Leurs situations en Europe :

     

    -      En Autriche, c’est encore un métier et elles payent des impôts.

     

    -      En Grèce, pas de racolage mais les maisons existent et sont conseillées.

     

    -      En Hongrie c’est l’interdiction mais les salons de massages existent.

     

    -      Budapest, c’est le Bangkok de l’Europe.

     

    -      Aux Pays Bas, c’est légal et taxé.

     

    -      En Belgique, rien n’est règlementé. Tout est fait.

     

    -      En Espagne, c’est autorisé. Seule la Catalogne se démarque.

     

    -      En Finlande les maisons sont interdites, mais la prostitution est autorisée en appartements clos.

     

    -      En Italie. En 2003, le gouvernement a fait ouvrir les m.c.

     

    -      Au Portugal, c’est interdit mais les brésiliennes exercent à Lisbonne dans la rue.

     

    -      En Suède, c’est autorisé au domicile.

     

    -      En France ?????

     

    -      Au Vatican, n’en parlons pas ‘’ surtout pas d’enfer dans les salons du diable’’

     

     

     

    Attention à la contrefaçon avec les travestis. Les ‘’ Titi la ficelle’’ et les autres vaches folles qui broutent le long des routes.

     

     

     

    Pour finir, notre cher G.Brassens a chanté leurs louanges.

     

     

     

                    ‘’ Ce n’est pas tous les jours qu’elles rigolent,

     

                      Faire les 100 pas le long des rues,

     

                      C’est fatigant pour les guiboles’’.

     

     

     

    JC d’Oc.

     


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