• Les surnoms des villageois languedociens.

     

     

     

     

     

     

     

    Alors! Raconte! N° 109

     

                        Les surnoms des villageois languedociens.

          Les sobriquets que l'on donne aux habitants des villages languedociens sont une arme à double tranchant. C'est l'identité d'un individu, c'est la mentalité du village qui se donne par" l'escaï-noum" en patois languedocien ( le surnom en français). Ce sont souvent les habitants d'un village qui donnent des surnoms aux habitants du village voisin.. L'origine venait souvent de la faute d'un seul individu et le village entier payait le prix fort en traînant cette appellation peu flatteuse. Allons ! pas de querelles mais il vaut mieux s'en amuser.

         Les pattes rouges de Sérignan.

         L'explication de ce sobriquet proviendrait d'une qualité de cépage '' le petit bouchet'' qui produisait un petit raisin à petits grains très noirs à maturité précoce. Ce raisin était alors foulé au pied dans une mait et le jus très rouge avait tendance à colorer les jambes des vendangeurs.

         Les ventres bleus de Vendres.

         Cette couleur bleue est due aux bubons de la peste noire qui sévissait au Moyen Age. Plus de la moitié des habitants du biterrois moururent de cette épidémie.

         Les ''pesca-luno'' (pêche-lune) de Lunel.

         La renommée des Lunellois est de faire des bêtises. Un jour ils décidèrent d'aller pêcher la lune, mais la lune était cachée. Ils crûrent qu'elle était noyée. Ils allèrent tous la pêcher dans un panier troué.

         "Lous mals pinchenats" de Alignan du Vent.

         Ce surnom que l'on donne aux Alignanais qui signifie "les mal coiffés" est du au vent qui souffle fort dans les rues du village et qui décoiffe la chevelure.

         "Los cogordièrs" ( les citrouilles) de Bessan.

         Le surnom donné aux villageois est celui de cette cucurbitacée  "La citrouille" et les habitants sont appelés " lous mangeaïres dé cogordièrs" (les mangeurs de citrouilles). Lors d'une inondation du fleuve Hérault, celui-ci aurait laissé dans le village 1212 citrouilles, autant que d'habitants si bien que depuis les gens sont devenus des planteurs et mangeurs de citrouilles.

         Les mangeurs d'escargots de Maureilhan.

         Ce sobriquet de "manjas cagaraus" ( mangeurs d'escargots) est du à la préparation de la cagaraulade (escargots en sauce), plat typiquement festif où l'on prépare ces gastéropodes accompagnés d'une sauce aux anchois et à la tomate.

          Une petite anecdote sur la cagaraulade à Maureilhan. Ce fut presque une catastrophe, fin mai, pas une goutte de pluie n'était tombée et les bêtes à cornes restaient prudemment dans leur coquille. Comment animer le banquet de la fête locale sans la délicieuse présence de ces bébêtes à cornes. Le Conseil Municipal trouva après maintes délibérations une solution un peu loufoque : Trois de ses membres se promèneraient la nuit dans les environs du village - le premier, un fanal d'écurie à la main masquerait la lumière de temps à autre pour simuler des éclairs - le second jouerait du tambour pour imiter le tonnerre - le dernier jetterait du sable pour donner l'illusion de la pluie. Les ''cagaraus trompés mais pas trempés pour autant crûrent à l'orage et ''baraillèrent''(sortirent en bavant).

            Trop tard pour eux mais à temps pour la fête. Preuve que les Maureilhanais ont de l'humour.

         Les mangeurs de pois chiches de Ganges.

         C'est un plat que l'on consomme encore pour les Rameaux. Il n'y a pas de bons chrétiens si l'on n'en mange pas pour les Rameaux. Et à Ganges, les beaux mecs que l'on appelle "les gantiers ou les fabricants de bas" s'empiffraient de cette légumineuse.

         La "grassette " de Cers.

         C'est un lieu situé dans un petit bois de pins sur la commune de Cers où l'on cultivait la doucette ou mâche sauvage.  De là vient ce nom de l'occitan "grasseto". Heureusement cet endroit a échappé à la folie de l'immobilier.

         Les "Esfatas"(tombés en loques) de Sauvian.

         Les habitants étaient si pauvres que leurs vêtements tombaient en loques d’où le surnom des habitants de d' " esfatas".

         A Paulhan.

         Les habitants sont appelés "lous escargarots" (les escargots) mais aussi, peu élogieux " Manja Trinas" ( les manges tripes).

         A Balaruc

         On les afflige de " Lous Anfangats" ( baignant dans la boue, dans la fange) à cause des bains de boue médicinaux.

         A Agde

         Les Agathois étaient appelés "les baugs" ( les fous, ceux qui se consacrent au plaisir, à la rigolade). Entre Agde et Vias brûlait le torchon de la discorde si bien que ces derniers traitaient leurs voisins de "cambanjons"(de jambons) et pourquoi pas de boudins? Mais selon les dires des Agathois, leurs voisins étaient des " tissous" (des agaceurs, des querelleurs, ceux qui attisent les cendres, les conflits).

         A Puisserguier

         Puisque nous parlons de jambons et de boudins, les habitants étaient affublés  des surnoms de  " los mandjadouïro ou boufaïres" ( les goinfres).

         A Montady

         Ceux qui se léchaient les babines étaient "los lipo-toupin" (les lèche-plats, les gourmands).

        Même les animaux eurent droit, eux aussi, à des surnoms:

           -la libellule était appelée " trempo-quioul (trempe-cul)

           -le maquereau était "lou maquarèl" - sacrée insulte maquarèl  !!!

           -le coq mal chaponné était appelé "lou galastre" c'était un coq raté. Ainsi appelait-on le galant lorgnant les minettes.

           -le rouge-gorge était un "papa-rous".

        Chez les gens, c'étaient les défauts, les qualités, un détail physique qui déterminaient un individu. Par exemple ''lou peïrot" ou "lou fanfaroun" étaient l'orgueilleux - "lou rouspétaïre , lou roumégaïre , lou rabagasso" étaient le râleur. -"lou peta-d'ase" était le petit morveux - "lou cagagno" était le mauvais travailleur mais aussi celui qui avait la diarrhée( un emmerdé plus poliment) - "lou béco-figo" était un individu de petite taille - "lou pesouïous" était le pouilleux -" lou coucut "du village était celui qui portait les cornes de cocu les plus hautes - la fille légère qui avait la réputation de se faire culbuter au bord des fossés était traitée de "bartassière" (de bartas: buissons)…… et bien d'autres.

     

         Et maintenant, après ces affabulations si gentilles, comment ne pas comprendre l'animosité qui régnait entre villages lors de la fête, lors des réjouissances, dans les bals. Qui disait voisins disait ennemis. Qui proférait une injure recevait des coups. Cet esprit de dénigrement, de jalousie, cette rivalité de clochers heureusement a disparu comme l'usage des surnoms. La paix a été signée entre les villages mais de nos jours nous guettent les pseudos qu' Internet véhicule. Tel JC d'Oc qui ne dévoile pas son identité, mais que beaucoup connaissent et qui n'accepte pas l'ironie et la méchanceté, mais qui fait tout pour donner un peu de plaisir dans ses écrits à ceux qui les lisent. Lui aussi, dans sa jeunesse avait reçu le surnom de ''lou campanier'', parce qu'il tirait les cloches de l'église étant acolyte comme la plupart des gamins du village de Cébazan. Il n'en fut point offusqué car ses talents musicaux tous les dimanches résonnaient au dessus des toits du village.

    JC d'Oc 01/2013.

     

     


  • Commentaires

    1
    le baron
    Samedi 1er Avril 2017 à 00:44

    et pour faire suite.... A Aniane on les appelle les innocents d'Aniane; à Gignac ce sont les ânes

    a Pezenas les flairaïres de cul. Pour la petites histoire: Molière ( Jean Baptiste Poquelin) était en tourné dans le Sud Ouest et lorsque les piscénois (PEZENAS) surent que le grand MOLIERE était dans leur ville, les citadins lui demandèrent de baptiser une fontaine. Baptisons t'on une fontaine? Alors MOLIERE pour rire des piscénois  dit en patois  ''A moun cuiou t'ou mestras toun nas" ( Amon cul, tu mettras ton nez'' . La nouvelle se répandis  jusqu'à GIGNAC ou on demandât à MOLIERE de baptiser la fontaine. Ases qués vous estes, ases qué vous resterez''( Ânes que vous êtes, ânes que vous resterez''. La nouvelle se répandis un peu plus loin jusqu'à ANIANE et? même histoires ! alors MOLIERE dit aux Aniannais: '' Innoucens qué vous estes, innoucens qué vous resterez" ( Innocents que vous êtes, Innocents que vous resterez).

    De belles histoires ou anecdotes racontées par mes Grands parents. 

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