• Notre patrimoine historique et architectural

     

     

                Alors !  Raconte !    N°27

     

     

     

     

     

                                   Notre patrimoine historique et architectural.

     

     

     

     

     

    1-    La pierre sèche.

     

                 Au cours des 18 et 19ème siècles, les paysans ont investi les coteaux encore peu exploités par les ancêtres. Les derniers espaces vont demander beaucoup d’efforts pour être mis en culture. La vigne en effet, se contente de peu d’humidité et peut croître dans des sols secs. Leurs racines peuvent descendre à plus de 10 mètres de profondeur pour alimenter la sève nourricière.  Les vignerons, pour préparer et retenir la bonne terre sur les flancs très pentus des collines, vont piocher, retirer des tonnes de pierres pour édifier des kilomètres de murs se succédant en terrasses. Ces murets, appelés ‘’faïsses en occitan de Biterre’’ vont transformer  radicalement l’image du paysage.

     

     

     

    2-   Le clapas.

     

             Ces gros monticules de pierres amassées témoignent du travail de l’homme sur le minéral .Travail inlassablement répété au fil des ans par les vignerons. Il faut aussi signaler que les vignerons avaient besoin de main-d’œuvre au printemps. Ils faisaient appel aux saisonniers qui venaient de l’Aveyron et du Tarn.  En termes peu élogieux, ils les appelaient les ‘’gabatchs’’  (Gars à vaches). Sur les collines on gagnait ainsi du terrain en formant de grands pierriers ainsi que des murets qui limitaient les parcelles.

     

              Jean Ferrat rappelle dans sa chanson ‘’la montagne’’, le travail harassant des hommes bâtisseurs.

     

                       ‘’ Ils avaient construit des murettes,

     

                         Tout en haut de la colline

     

                         Qu’importe le nombre des années

     

                         Ils avaient l’âme  bien née

     

                         Noueuse comme un pied de vigne

     

                         Les vignes ne courent plus dans la vallée

     

                         Le vin ne sera plus tiré

     

                         C’était une horrible piquette

     

                         Mais il faisait des centenaires

     

                         A ne plus que savoir en faire

     

                         Il ne vous tournait pas la tête ‘’      Je vous laisse la suite !!!!!

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    3-   Les capitelles.

     

              On les nomme aussi ‘’carabelles’’ ou ‘’bories’’ en Provence, mais aussi cabordes en Franche Comté, région qui m’est très chère.

     

                   Cette pierre, cause de la pauvreté du sol, nous permet aujourd’hui d’admirer la richesse architecturale des générations  passées qui nous ont laissé les capitelles. Leurs  origines restent mystérieuses. Elles furent, dit-on ! Au temps des grandes épidémies de peste, utilisées pour éloigner les hommes atteints de cette terrible maladie.

     

                   La peste noire sévit dans notre contrée de 1347 à 1349.

     

                   Elles sont construites avec des blocs de pierre relativement plats appelés ‘’ lauzes’’ selon une caractéristique de construction dite ‘’en encorbellement’’, sans charpente. Ce procédé est d’origine méditerranéenne.

     

                   C’est un jeu de pierres disposées en anneaux qui se rétrécissent vers le toit.  Les pierres plates sont disposées en couronne, légèrement penchées vers l’extérieur pour empêcher les infiltrations d’eau. Chaque rang avance sur le précédent avec un dépassement d’un tiers pour le porte-à-faux dans le vide et de deux tiers pour le contrepoids pour assurer sa solidité. C’est l’ajout de poids sur la pierre située au sommet  qui bloque la voute. La dernière lauze, la faitière, a tenu l’édifice debout  pendant des siècles .Elles ont pu résister aux vents et aux orages. Elles sont de formes circulaires ou carrées. Leur porte ne dépasse pas la taille humaine. A l’intérieur, de petites niches dans le mur témoignent de la présence de l’homme.

     

                   La question de la datation reste très débattue car on a retrouvé le même type de construction  à l’époque néolithique (6000 à 3000 av JC). Des outils en silex ont été découverts dans certaines capitelles.  Cela n’empêche pas  que l’harmonie de ces abris les désigne comme de véritables monuments appartenant au patrimoine régional. Allez vite  les voir sur les collines de Villespassans,  de St Chinian, de Cébazan et de Faugères avant que des abrutis sans vergogne ne les détruisent pour les implanter dans leur jardin. Une association de sauvegarde des capitelles (Richesses du Saint-Chinianais) a été crée à St Chinian  (tourisme@ot-saint-chinian.com). Un circuit pédestre  chemine au milieu des capitelles restaurées au nombre de huit pour le moment. Vous longerez les falaises de calcaire du plateau des Guitardes situées à 20 mètres du moulin du Roc, route de Villespassans. La richesse de nos territoires, la beauté de nos paysages, notre pierre sèche et toute la diversité odorante de notre flore sont enserrés dans cet écrin du village de Saint Chinian.

     

     

     

     

     

              4- Les villages en circulade.   (déjà débattu au N° 18).

     

                    La circulade se caractérise par une disposition des maisons autour d’un noyau constitué par une église ou un château féodal hauts perchés. Les habitations jouaient un rôle défensif d’enceintes successives. Ces circulades, nées dans l’Hérault, dateraient du 10ème siècle. Elles font des rondes à Cessenon, Saint Geniès de Fontedit, Murviel  les Béziers,  Neffiès et Puisserguier et les rues très escarpées communiquent entre elles par des porches que les habitants fermaient lors des invasions de barbares.

     

     

     

         5-Les moulins.

     

                     Les moulins à eau ont fait leur apparition dans notre pays au 1er siècle av JC. C’est le moulin à vent le plus répandu. A corps tournant, l’édifice entier s’orientait selon la direction du vent,  puis il prit de la souplesse en ne tournant que la tête. Seuls, le sommet et les ailes étaient mobiles. Voir les moulins de St Chinian et de Faugères.  Les moulins bladiers  utilisés pour moudre des céréales, les moulins drapiers ou foulons pour moudre les fibres, les moulins à vent pour broyer le gypse et l’écorce des arbres riche en tanin. A St Chinian, les eaux du  Vernazobres ont entraîné durant 10 siècles une multitude  de roues (sur 16km – 21 sites- 41 moulins). Le moulin à vent sur la colline du ‘’Roc’’ était à multi usages, il broyait du gypse des plâtrières et la pierre à chaux issue du four à chaux tout proche sur l’ancien chemin de Cébazan mais aussi écrasait les grains d’épéautre cultivé dans la plaine.

     

     

     

              6-Les pigeonniers.

     

                        Comme le nom l’indique, ces bâtiments rectangulaires tout en hauteur recevaient des pigeons. Connus depuis l’Antiquité, ils étaient construits en bois. Jusqu’à la Révolution, seuls les seigneurs pouvaient posséder des pigeonniers, symbole du pouvoir et de privilèges.  Après la seconde guerre mondiale, l’exode rural ainsi que le  prix de l’alimentation ont contribué à réduire l’élevage des pigeons. Il faut noter qu’ils rendirent de précieux services dans l’histoire des hommes.

     

                         Cet animal de bon augure apportait les bonnes nouvelles.

     

                         Savez- vous pourquoi il n’y a pas d’escaliers dans les pigeonniers ?

     

                         Réponse : pour que les rats n’aillent pas manger les œufs.

     

                         Voir les pigeonniers de Murviel les Béziers dans la campagne du Ministre  et celui du prieuré de St Bauléry à Cébazan.

     

     

     

                7 – Les fours à chaux.

     

                           Presque tous les villages du Biterrois possèdent leur four à chaux.

     

                           Des pierres calcaires étaient entassées dans la grande cheminée au dessus du foyer de façon à ce que la chaleur de celui-ci pénètre la pierre qui se cassait puis s’émiettait. Le feu était maintenu jour et nuit pendant une semaine à 1500°.Le CO2 était évacué par la cheminée et les blocs de pierre se transformaient en chaux vive. Par arrosage, on obtenait de la chaux éteinte.

     

                           La chaux était utilisée pour la construction des murs, comme amendement, comme désinfectant mais aussi pour le traitement des vignes  en mélange avec le sulfate de cuivre pour lutter contre le mildiou de la vigne.

     

                            A Cébazan, le four à chaux, Chemin de St Chinian vient d’être restauré.

     

     

     

             

     

            8-Le four banal

     

                             Le pain, dans tous les pays est le symbole du partage. C’est ainsi que dans les villages, un four à pain collectif, parfois communal est dans tous les cas appelé ‘’ banal’’. Souvent construit à l’initiative des religieux, l’adjectif banal vient du nom d’une taxe perçue auprès des villageois à chaque cuisson. Cette taxe appelée ‘’ banalité’’ permettait de payer le bois nécessaire à la mise en chauffe de la voute. Il fallait près de 10 heures de chauffage pour préparer la cuisson de la pâte. Le four permettait aux habitants de confectionner ensemble des miches de pain et de se les partager.  Rôles bien définis: les femmes faisaient la pâte, tandis que les hommes la faisaient cuire. Dans le village, une fois par semaine, un arôme délicieux flottait dans l’air.

     

                             Recette : farine, eau, sel, levain.

     

     

     

            9-La maison de village.

     

                   Le bâti est révélateur de l’organisation de la vie et du métier de l’habitant. Dans le Piémont, au nord de Bédarieux les maisons sont blotties les unes contre les autres et ont souvent 3 étages. Le dernier sert de stockage, le premier : pièces de vie de l’habitant et le rez-de-chaussée servait d’écurie, de bergerie et de remise pour produits frais.

     

                   Dans la plaine, elles n’ont souvent qu’un étage, Ce sont des maisons vigneronnes. Le maître vit au premier. Le rez-de-chaussée est réservé au matériel agricole, cuves et écuries. Les maisons vigneronnes sont reconnaissables à leur grand portail de bois sur lequel est placardée une plaque ronde en cuivre dont l’empreinte représente un coq sur fond de feuilles de vigne et de raisins, le tout entouré de la mention ‘’ Fédération Régionale des producteurs de vin  de l’Hérault’’.Attention ! , ce panonceau distinctif est très prisé par les collectionneurs.

     

       

     

        10-Le secadou: séchoir à châtaignes.

     

                           A partir de 500 mètres, le châtaignier est le roi des montagnes. Une fois récoltées, les châtaignes sont mises à sécher dans le sécadou, petite construction en pierre à l’étage surbaissé. Pendant une semaine, la châtaigne est soumise à une dessiccation jusqu’à ce que le châtaignons se mette à danser au son du ventadou. Le ventadou est une caisse en bois avec des pales qui servent à éliminer les dernières particules de peaux. 

     

     

     

         11-Le mazet viticole.

     

                        Les vignerons n’ont pas toujours eu les vignes à portée de main. Les parcelles, souvent héritées de leurs parents ou par leur mariage étaient dispersées dans la commune et même dans les  communes voisines. C’était l’assurance de conserver un peu de récolte en cas d’orages de grêle. Le remembrement n’existait pas. La distance et le temps de trajet ne leur faisaient pas peur. C’est ainsi que de petits bâtiments  ont été construits dans les vignes. Leur architecture est traditionnelle et modeste et les mazets  sont apparus en même temps  que le défrichement et la plantation de la vigne.

     

                         Ils ont abrité tous ceux qui travaillaient dans la vigne le temps d’un repas ou d’une averse.

     

                        

     

           12-Les citernes.

     

                    Il a fallu attendre les années cinquante pour que certains villages bénéficient de l’adduction de l’eau. Avant cela, les villageois allaient puiser leur eau dans des puits  construits même dans l’habitation, mais aussi dans le puits communal alimenté par une source. Le garde champêtre donnait la ration quotidienne.

     

                     Certains villages n’avaient pas de sources ni de nappe phréatique. Ils devaient puiser dans leur imagination pour collecter l’eau de pluie. Les maisons avaient donc  des citernes qui captaient l’eau de ruissellement. Cette eau était purifiée  avec du charbon de bois.

     

      

     

                   Une citerne et son aqueduc sont encore visibles à Cabrerolles.

     

     

     

                  13-Les croix des chemins.

     

                 Dès le XIème siècle, une forte poussée démographique est à l’origine de la création des villages en grands nombres en Languedoc. Notre terre, secouant la terreur au lendemain de l’an mille se couvre d’un blanc manteau d’églises. C’est l’épanouissement religieux du Languedoc. L’église, maitresse des forêts et des eaux devra sur ordre royal partager ses biens fonciers pour nourrir la population de paysans. Le défrichement des forêts commence et se multiplie sur les terres arables du haut Languedoc. Des parcelles sont concédées à des paysans pour qu’ils les cultivent pendant une durée de 5 années. Au-delà, dès que les vignes commencent à produire, la moitié des terrains cultivés reviendront au clergé qui percevra des redevances modérées appelées la dîme. Ces sauvetés, terres d’asile seront entourées de croix de pierre où règnera la paix de Dieu. Ce n’est que bien plus tard que d’autres croix seront plantées dans la campagne pour vénérer le protecteur de la nature. Des processions seront organisées par les curés qui, vêtus de l’habit liturgique, accompagnés par ses acolytes et tous ses fidèles, viendront encenser et bénir les croix à grand coup de goupillon. Prières qui n’empêcheront pas les calamités agricoles d’arriver.

     

     

     

    Ainsi se termine cette liste de quelques particularités de notre patrimoine  héraultais.  Venez écouter la parole des pierres et l’histoire des hommes bâtisseurs de capitelles,  lors de vos ballades dans notre beau pays.

     

     

     

    JC d’Oc.

     

     

     


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