• Une image marquante – Notre Conseil de Révision Année 1960

     

    Une image marquante – Notre Conseil de Révision  Année 1960

                                                 A poil ! vous dis je !

     

       Alors ! Raconte ! N° 33 

     

     

     

                    Une image marquante – Notre Conseil de Révision  Année 196O.

     

     

     

          ‘’ Avis à la population ! Les jeunes hommes âgés  de 19 ans dans l’année sont priés de se faire recenser à la mairie ‘’ ainsi aboyait le garde champêtre qui faisait les fonctions de crieur public, de fossoyeur et toutes les semaines de remonteur de plombs de l’horloge du village.

     

                           Bien sûr, nous savions de quoi il s’agissait ! Nous devions comme tant d’autres, passer notre conseil de révision en vue d’une incorporation prochaine dans l’armée. Nous fermions la porte de l’adolescence pour ouvrir celle des adultes. Le garde champêtre du village nous apportait une lettre du maire qui nous obligeait à nous présenter à la mairie du canton, date et heure précises en sa compagnie.

     

                           Une semaine avant cet évènement, nous avons bénéficié de l’indulgence des gens du village. Nous ‘’foutions le bordel’’ dans les rues à grand renfort de clairon et de tambour jusqu’à une heure tardive de la nuit. Pour prouver notre honneur de futurs soldats, nous glorifions les ainés en empruntant les vases de fleurs de toutes les maisons et les apportions devant le monument aux morts du village. Cette tournée était de plus bien arrosée de Carthagène et de muscat que nous offraient les généreux donateurs que nous prenions soin de ne pas trop ennuyer. La nuit se terminait, pour les conscrits qui tenaient encore debout par la sonnerie aux morts claironnée devant la mairie.

     

                     Le lendemain matin, c’était le bal des brouettes. Le bal des gens bien qui venaient récupérer leurs chers vases de géraniums.

     

                     Ce tintamarre nocturne durait une semaine. Les gens rentraient leurs fleurs et  il fallait trouver d’autres sources d’imagination pour s’amuser. On s’attaquait à tout ce qui trainait dans la rue, charrettes, bancs, pierres et autres. Les filles de ‘’la classe’’ avaient droit à une aubade claironnée et à quelques fleurs déposées gentiment devant leur porte.

     

     

     

                     Le jour venu, bien rasés, en habits du dimanche, nous nous présentions devant la porte de la mairie du canton pour cette sélection d’hommes.

     

                     Et là, plus de rigolade, tous à poil dans la salle annexe du conseil municipal. En rang d’oignons, tous alignés, nous découvrions que tous les hommes se ressemblent physiquement. Première leçon d’anatomie. Un par un, nous étions poussés dans la salle du médecin major entouré de tous les maires et mairesses du canton très admiratives devant nos corps d’adonis et nos procréateurs en berne. Les tests de la vue, de l’ouïe et des pieds précédaient le sous pesage des testicules. La France avait besoin de soldats et très peu étaient réformés. C’était la guerre d’Algérie depuis cinq ans. Le médecin major, le plus galonné ne savait que dire une chose ‘’ Bon pour le service ! Au suivant ! ‘’ Comment ne pas faire une armée d’impuissants ?

     

     

     

                       A la sortie, notre maire a agrafé sur notre veste la cocarde tricolore de la République, signe des taureaux camarguais qui partent au combat. Ne pensez pas que ce soit un combat meurtrier. Un combat avec ses convictions et sa morale. Le soir même, c’était la tradition, il  fallait affronter les belles de la Rue Victor Hugo de la sous préfecture. C’était du corps à corps, enfin du corps contre corps.

     

                        Vidés, lassés par cette journée mémorable, nous attendions la billette pour aller faire ‘’ le régiment’’. Vingt huit mois dans un bled pourri au sud de Sidi Bel Abbès ne nous ont pas fait oublier ces moments mémorables. De plus de ce régiment, les hommes en parlent autant que les femmes parlent de leur accouchement.

     

                       Ainsi va le monde, de travers quelquefois mais toujours dans la bonne direction puisque nous sommes encore là pour l’écrire et le lire.

     

                        Que reste-t-il de tout cela ?

     

     

     

                        Une bonne partie de rigolade et les bons souvenirs de nos vingt ans  n’est-ce pas !

     

                                                                                                                JC d’Oc.

     

     

     


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  • Commentaires

    2
    ancienadisposition
    Dimanche 23 Juillet 2023 à 13:00

       Ceux qui sont intéressés par les conseils de révision avec ou sans la présence de femmes peuvent me contacter par e-mail.

      Fils de résistant déporté je suis né juste après la guerre de 40.

    J'ai fais mes 3 jours à Mâcon en Saône et Loire dans la 2ème moitié des années 60 à l'époque des bancs.

    Les horribles bancs de Mâcon !!! Une invention diabolique impossible à oublier.

    Je cherche toute personne ayant entendu parler de ces bancs.

    Ceux et  celles qui en ont entendu parler vont se rappeler immédiatement.

    En 1978 aux 3 jours à Mâcon il y avait beaucoup de femmes. 6 ou 7 pour un seul homme!

    Merci d'avance pour votre contribution aux témoignages historiques.

    Le.llouis75@gmail.com

    1
    jean the frenchie
    Mercredi 12 Janvier 2022 à 20:04

    comment peux tu dire qu'il y avait parmi les maires qui assistaient à la visite médicale des conscrits à poil des femmes qui étaient maires ? 

    tu les a vues personnellement ou c'était juste une rumeur ou pour rendre plus comique le récit ? 

    Etaient elles assises sur un banc au fond de la salle ou très proches de vous ?

    normalement les maires assistaient au conseil de révision mais n'en étaient pas membres 

    à l'époque les femmes maires devaient être rares de même qu'il n'y avait quasiment pas de femmes médecins dans l'armée et le peu qu'il y avait n'était pas affectée à l'examen des conscrits. 

    même dans les centres de sélection plus tard sauf pendant la dernière décennie il n'y en avait quasiment pas, l'inverse de l'Allemagne où il n'y avait justement que des femmes médecins et  infirmières, quasiment pas d'hommes dans les centres médicaux pour l'examen de l'aptitude au service militaire des conscrits , comme aussi en Russie ( cf documentaires ou films) où à l'évidence l beaucoup de médecins étaient féminins et les conscrits se promenaient nus dans les couloirs dans les années 60 jusqu'à la fin des années 90 encadrés par des infirmières  et se présentant nus devant des secrétaires pour les vérifications d'identité , de dossier etc..   

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