• VALLERAS AVANT VALRAS

     

     

      

     

     

     

    Alors ! Raconte! N° 92                                         

     

     

     

                                          VALLERAS AVANT VALRAS

     

     

     

           Les premiers habitants vivaient sur le tumulus dominant l'Orb devant le cimetière où se situe aujourd'hui la Gendarmerie à l'arrivée à Valras.

     

     

     

           Des fouilles menées sur le plateau prouvent la présence de l'homme préhistorique  là où est situé le domaine de Patau. La hache de Valras (en fait une empreinte) date vers 850 avant JC. On a retrouvé des traces d'habitat à Vendres (Portal Viehl) à Portiragnes (Les Jonquies) à Villeneuve les bz ( Les Mattes), une nécropole à Sauvian ( La Méjané) et le temple de Vénus à Vendres. On pense que l'exploitation du sel marin à l'âge de bronze a pu favoriser le développement humain.

     

     

     

          Sous les Romains les terres étaient moins étendues et plus marécageuses. L'embouchure de l'Orb était différente et sur le plateau étaient établies des ''villae''. Il est probable que la ''villa juxta mare (propriété près de la mer)'' de Valérius - vétéran romain de la 7ème légion - ait donné son nom à Valras. Le premier ''Valras'' ne se situait pas sur le littoral comme aujourd'hui, mais sur le coteau qui domine la plaine littorale, là où se situe  l'actuel cimetière. Les premiers noms repris lors d'actes de la romanité à nos jours de Valras sont : villa que dicitur Valériano en 888 - villa Vabrano  991 - ad Valranum 1068 - ad Valiranum 1170 - de Vartaris 1179 - castro de Valrano 1184 - Valrano justa mare 1323- Martin de Valras 1708 - Valras pres la mar  1740/60- Valleras, Redoute de Valleras, grau de Valleras 1771, c'est sans doute aussi un nom d'emprunt d'une famille ou bien le nom d'une ancien chemin qui devait  passer sur les terres salées. Cela explique en partie le nom actuel de la ville Valras 1771-72 - Puech de Valras.

     

     

     

          Un peu d'histoire.  Valras est un petit village niché autour de son église Saint Martin, observatoire de Dieu d'où sa protection divine pour vivre en sécurité . Lorsque le royaume Wisigothique qui s'étendait tout le long des Pyrénées, en Catalogne et sur le Languedoc disparait et laisse la place au royaume franc que  Charlemagne a essayé de pacifier au début de l'année 900, les évêques catalans et languedociens assurent leur puissance sur la région et c'est sous leur bannière religieuse que de nombreux villages se rallient. Valériano appartient alors à l'évêque de Gérone; Ingelbert. Peu d'intérêt  pour ce religieux, Valeriano est vendu en 878 par une vente à l'amiable pour 180 sols à des religieux vivants à Valériano qui se mettent aussitôt sous la protection de l'évêque Agilbert ou Airbert de la cathédrale de Béziers.

     

     

     

          De  878 à 1068, Valras dépendra de St Nazaire et peu à peu du XIe et XIIe siècles, Valras passe sous l'influence du Prieuré des Grâces de Sérignan dont (en aparté)  l'église de Sérignan déjà construite au bord de l'Orb a été reconstruite vers 990 puis au XIIe siècle, elle remanie sa nef et au XIVe siècle le chœur . Le prieuré devient collégiale administré par un doyen et 5 chanoine. Depuis 1229, de nombreux cathares rependis venaient y faire pèlerinage. En 1266, le prieur de Sérignan et le recteur de Valras signent un accord pour la perception des dîmes et de la Gabelle car un octroi percevait l'impôt du sel et le droit de pêche sur l'Orb. De plus, l'Orb qui s 'écoulait sur deux branches, une vers Valras et l'autre vers la Grande Maïre où les courants côtiers ensablèrent l'embouchure. Il ne restait que celle de Valras qui permit le partage de la commune.

     

     

     

          Au Moyen Age la pêche en mer est inexistante et se pratique essentiellement sur les bords de l'Orb. Le rivage de la Méditerranée sont incertains car nul n'est à l'abri des attaques de pirates qui écument nos côtes. C'est en 1286 que le roi de France Philippe le Hardi qui avait annexé le comté de Toulouse  entreprend une croisade contre le roi d'Aragon pour assurer la solidité de la nouvelle province. Cette année là, les Aragonais attaquèrent les villages côtiers notamment Valras et Sérignan. Au moyen de petites embarcations  à fond plat, l'amiral Roger de Loria pilla et incendia les maisons de Valras, Sérignan , Vias et Agde. Il ne resta que de la terre brûlée. Dès lors, la côte devint pour plus d'un siècle inhospitalière. Les terres où quelques moutons broutaient la maigre pâture sont affectées à Vendres et ce n'est qu'en 1406 que le sénéchal de Béziers autorise les habitants de Sérignan à occuper le terrain libre de cette lande de Valras. La dîme ne rapportant plus rien à l'église Saint Martin celle-ci devint plus pauvre et fut déclassée en chapelle. La révolution de 1789 signa sa destruction , ce qui fait qu'il n'en reste plus aucune trace.

     

     

     

          La peur de la piraterie fait de Valras une zone où personne ne veut s'installer. La razzia de Roger de Loria puis le blocus des Anglais nos amis de toujours en 1809 ne privilégient  pas l'effort de reconstruire le village. La zone ne sert que de poste d'observation pour surveiller les bateaux qui tenteraient de remonter vers Béziers. En 1331, François de Lévis, seigneur de Sérignan fait installer un poste de garde de vingt hommes qui se relaient jour et nuit.

     

     

     

          Ce n'est qu'en 1630 que Sérignan est choisi comme siège d'une des sept amirautés de la côte du Languedoc ( Rue de la Prudhommie). On construit une redoute composée de trois soldats, trois matelots et une barque. Cette tour, située sur les hauteurs permettait de signaler les incursions de pirates au village de Sérignan par des feux allumés avec de la paille, des sarments et même par du goudron. Les menaces viennent des pirates catalans, provençaux, génois et surtout des barbaresques  retranchés sur l'île de Brescou face à Agde. En 1809, après la bataille de Trafalgar, nos amis de toujours les Anglais débarquent en chaloupe sur le rivage le 25 mai 1809 et repartent avec deux bateaux de pêche. Au 19ième siècle  le poste de Valras faisant office de tours à signaux et celui de St Géniès surveillent d'un bon œil les contrebandiers qui écoulent leurs marchandises étrangères échappant aux taxes vers l'arrière pays et surtout le sel de mer taxé qui circule en douce depuis 1806. Une loi de 1946 supprimera cette taxe définitivement.

     

     

     

          Mais Valras et sa plaine sont dans une zone inondable marquée par la salinité. Les tempêtes font évoluer le rivage et surtout l'embouchure de l'Orb. Des parcelles de terre sont emportées en 1835, 1849,1855,1858,1862 et 1874. Ce n'est qu'en 1900 que l'endiguement de la rivière rend  l'Orb plus sûr. Le problème demeure avec les ruisseaux tels le Guitou, la Galine ou le Gourp Salat.

     

     

     

          Mais Valras restera au 19ième siècle une zone répulsive à tout habitants. En 1821, le Conseil municipal de Sérignan reconnaît que vu la pauvreté des terres, les propriétaires préfèrent abandonner leurs terres plutôt que de payer la redevance. Mais tout va changer lorsque la commune vendra plus tard aisément les terres et quand on recherchera les bains de mer. Les propriétaires sont essentiellement des Sérignanais: cultivateurs, artisans, fabricants d'eau-de-vie, tailleurs, employés de banque, pêcheurs, poissonniers et marchands de bateaux. Les noms les plus connus: Crouzat, Castel, Domaison, Fabre, Blanchon, Jean Hérail boucher à Béziers ont de toutes petites parcelles de quelques ares. Seul le berger Abbès possède 3ha de vignes et de terres labourables. Brousse le maire fait figure de gros propriétaire. Les terres proches de la mer comme La Galine vers Vendres ou les Orpellières sur la rive gauche de l'Orb sont vides d'habitations.

     

     

     

          En 1846, le sable et l'eau de la Méditerranée attirent les baigneurs. On se précipite aux bains de mer mis à la mode par l'impératrice Joséphine, la femme de Napoléon. En carriole  tirée par le cheval ou le mulet, on va goûter au repos, respirer l'air du large, apprécier les joies du bain et boire l'absinthe. Le 7 novembre 1846, le Conseil de Sérignan décide de vendre une parcelle du terrain communal à M.Noguier de Béziers pour construire une auberge. C'est le premier hôtel de Valras'' l'Hôtel de France '' avec un restaurant et six chambres. Beaucoup d'autres habitations suivront sur les ''vacants''. L'année 1847, voit s'installer le Poste des Douanes puis s'ouvre le'' Rocher de Cancale'' café-auberge. On peut apporter sa nourriture mais l'hôtelier fournira le linge et le service à table. Un service de voitures-omnibus assurera tous les jours le trajet de Béziers à l' Hôtel de France. Dans la même année, le traiteur Guiraud construit en pierre  l'Hôtel de'' Notre Dame de la Garde'' pouvant abriter 200 personnes avec solarium sur la terrasse d'une surface de nos jours jamais égalée. Ainsi débutent les bains de mer à Valras au milieu du XIXe siècle.

     

     

     

          Mais se baigner en mer n'est pas toujours sans danger. Le 12juillet 1852, deux jeunes baigneurs furent sauvés de la noyade par trois pêcheurs se trouvant sur la plage, Pierre Molinier de Sérignan assisté de Domairou Aphrodise et Mège André. Le commissaire de police leur donna 20F pour les remercier de leur acte de dévouement.

     

     

     

          En 1846, les premières traverses qui supporteront le rail sont posées.

     

     

     

          En 1855, la route de Sérignan à la mer est construite. 51 parcelles sont achetées à divers propriétaires pour faciliter l'arrivée à Valras.

     

     

     

          En 1879, la Société des Tramways du Midi organise des trajets réguliers a bord de voitures tirées par des chevaux. Lors du retour, lorsque le tramway hippomobile était trop chargé, il fallait descendre et pousser pour soulager les chevaux. Prix: 4 sous Valras-Sérignan, 5 sous Valras Sauvian et 21 sous Valras-Béziers. Puis après la pose des rails, ce fut un petit train à vapeur qui assura la liaison. C'est en 1901 que le tramway électrique est devenu ''le train du plaisir''. Que de bons souvenirs demeurent dans le cœur des Biterrois de ce tacot qui disparut du paysage en 1948.

     

     

     

          Les constructions vont bon train (on peut le dire). Dans les années 1850/1860 trois maisons sont élevées. En 1870 cinq à dix maisons constituent peu à peu le village. Bien sûr les moins aisés construisent des maisons en bois sans fondations et nombreux cabanons furent emportés par les grands vents venant du large. Les maisons les plus cossues sont en pierre ou en brique comme cette maison de 1880 située dans ce qui est le boulevard de la République et qui existe encore aujourd'hui.

     

     

     

          Dans les années 1880-1900, Valras devient une cité balnéaire connue de toute la France. Ce sont les chalets, les villas et les belles maisons de vacances construites en front de mer qui donnent belle allure à Valras. Le ''Chalet Laugé'' actuel restaurant Le Chalet, boulevard Jean Moulin, la '' Sablonnière'' aujourd'hui disparue et surtout le ''Chalet Marie Thérèse'' détruit et reconstruit sur un style néo-moderne avec ses tours d'ardoise. Le ''Chalet Bernard'' construit en 1912 est l'actuelle mairie. En ces années là il n'y avait pas l'eau courante et il fallait aller puiser l'eau à l'ancienne boulangerie Charles-Thomas. Paradoxe, comme le seul puits artésien est loin des habitations, il fallait avec des charrettes apporter l'eau de Sérignan. Le style de construction n'est pas trop languedocien mais un peu à l'image des stations balnéaires bretonnes. Par contre pour éviter les inondations et l'ensablement elles sont surélevées. Ces ''villas'' possèdent souvent une véranda en bois , cela permettait de faire la sieste sans subir les ardeurs du soleil.

     

     

     

          En 1846, ce crée la ligne de tramways exploitée par la Compagnie des tramways du Midi. Les wagons sont tractés par une machine à vapeur qui arrive là où aujourd'hui il y a un parking. Dans un grand hangar, on y installe l'habitat du Chef de Gare et l'on y dresse un château d'eau. En 1897, une compagnie lyonnaise, la Compagnie des tramways électriques de Béziers rachète l'ancienne compagnie et modernise la ligne en l'électrifiant profitant de l'électrification de Béziers en 1901. Les Biterrois pouvaient en moins d'une heure mettre les pieds dans l'eau salée. Cela dura jusqu'en 1948.

     

     

     

           Les hôtels se multiplient rapidement (4 en 1880 - 6 en 1900 la belle époque - Hôtel des Biterrois - Hôtel de France - Hôtel du Rocher de Cancale - Hôtel St Roch - Hôtel Fourestié - Hôtel Fabre). Grégoire Perrier crée le premier casino dans un bistrot en 1880 près de la gare d'arrivée des tramways.

     

     

     

           Dans les années 1900, on construit une digue de 500 m de longueur le long de la rive droite de l'Orb. Cette digue protège le quartier des pêcheurs où de nombreuses paillottes en roseau s'étaient construites près de l'embouchure du Gourp Salat. En face du chemin des Querelles, un petit ilot s'est constitué par les alluvions apportées par l'Orb. Cet ilot où ne poussaient que des canotes, n'était pas habité. Un peu plus en aval, le port actuel est construit et a abrité pendant longtemps des barques à rames à fond plat. Peu profond, il ne pouvait recevoir les catalanes à plus fort tirant d'eau qui restaient amarrées sur la rive. Les catalanes aux formes arrondies, embarcations typiques de Valras, ancêtres des chalutiers, permettaient de pêcher en haute mer, tandis que les ''nacelles'' à fond plat, manœuvrées à la rame assuraient la pêche à la traine .

     

     

     

             Au bout de la digue était située une construction en fer, petite Tour Eiffel où le garde-fanal allumait tous les soirs une lampe à pétrole. Le phare permettait aux pêcheurs de localiser la nuit l'entrée sur l'Orb.

     

     

     

              A partir du milieu du XIXème siècle, cette  possession de Sérignan est devenu un village qui vit. Le premier cadastre de 1830 indique la présence d'une douzaine de personnes en majorité des employés des douanes. Les Sérignanais ne faisant que l'aller et le retour dans la journée. En 1846, 46 habitants permanents. En 1866, la population toujours composée en majorité d'agents des douanes passe à 87 . 1881 voit la population de Valras passer à 123 habitants car des hôteliers, des restaurateurs, des cafetiers venus des départements voisins chercher du travail s'installent sur cette terre vierge où les prix des terrains sont relativement bas. Pour construire, une communauté d'italiens donne aux constructions nouvelles une nouvelle physionomie  et de plus, la présence du fabriquant de pâtes alimentaires Canapa incite cette immigration.

     

     

     

     

     

     

    Entracte !!  Suite au prochain épisode  . 

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Lundi 16 Décembre 2013 à 19:03

    bonjour,

    pourquoi la presence de la communité d'italien a t'elle permis l'echec de demande de creation de valras en commune libre ?

    Si vous avez la réponse merci d'avance

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