• Villeneuvette et sa manufacture de draps.

        Villeneuvette et sa manufacture de draps.              Villeneuvette et sa manufacture de draps.
     

     

     

     

     

     

     
     

                                                                                                     

     

    Alors! Raconte! N° 152

     

                       Villeneuvette et sa manufacture de draps.

     

          Dans le Clermontois de l' Hérault bien sûr, pour éviter les grosses chaleurs qui sévissent en ce mois de juillet, en quelques pas, nous voici dans une petite cité bien accueillante de Villeneuvette  où coule la rivière La Dourbie.

          C'est en 1670 que Pierre Baille un habitant fabricant et commerçant de Clermont l'Hérault, grâce aux foulons de la rivière construisit une fabrique de draps, fermée par les murailles des maisons, dont l'accès ne se fait que par un porche d'entrée orné d'une inscription un peu trop pétainiste à mon goût " Honneur au travail". Les affaires marchant bien on y produira des étoffes jusqu'en 1954. L'activité en pleine croissance oblige la construction de nouveaux bâtiments qui tissent un drap de haute qualité baptisé " le londrin second'. Le 20 juillet 1677, la manufacture est anoblie royalement par Louis XIV au nom de " Manufacture royale de Villeneuvette". Expédiés de Marseille, les londrins sont acheminés vers l'Orient - Constantinople - Smyrne et la Grèce. Les tissus habillent les riches de Turquie, de Perse et d'Arménie.

          C'est à partir de 1725, sous l'impulsion de Castanié d'Auriac, grâce à des atouts que ses frères lui apportent que les énormes bénéfices vont se multiplier. Le travail va occuper jusqu'à huit cents ouvriers dans les  villages des alentours. L'emploi est au maximum. On tisse dans toutes les maisons que l'on construit à la hâte mais en fin de ce XVIIIe  siècle, la révolution gronde et tout ce qui est royal est estampillé nocif. L'entreprise décline et un certain Denis Gayraud en 1793 rachète au rabais la fabrique. Le bassin de l'emploi  est sinistré.

          C'est au début du XIXe siècle que les frères Maistre, véritables industriels vont pendant 150 ans redresser l'entreprise en mettant en place un système très paternaliste en encadrant les ouvriers sous l'emblème " TRAVAIL FAMILLE PATRIE"  Ils vont produire des kilomètres de tissus pour confectionner des uniformes de l'armée, des draps pour la troupe,  des sarraus des élèves dans les écoles, les blouses des fonctionnaires, les vêtements liturgiques des religieux et même le capitonnage des wagons de première classe des Chemins de fer. Ce sont les frères Maistre qui orneront le fronton de l'entrée par "HONNEUR AU TRAVAIL". La religion chrétienne et paternaliste  donnait du travail à tous les ouvriers, leur assurant un logement sans loyer, des soins gratuits, une mutuelle appelée "Caisse d' Epargne" une éducation des enfants jusqu'à l'âge de 12 ans ainsi qu'un jardinet à chacun d'eux.  Tout marche à la baguette (de tambour). Le village fermait ses portes tous les soirs. Jamais de grève et pas de syndicats. Dans ce petit territoire, la famille Maistre, de père en fils gérait la vie de leurs ouvriers et de la commune qui leur appartenait entièrement. Les Maistre, seigneurs et maîtres, héritiers d'idées bourgeoises, fournisseurs de la République pratiquaient une politique féodale  sur ses ouvriers et lors d'élections ils leur recommandaient de voter contre cette République qui pourtant les nourrissait. Malgré la mécanisation qui augmentait considérablement la production des tissus tout allait bien mais la Révolution industrielle du XXe siècle arrivait à grand pas.  La concurrence du Nord de la France dont les machines plus modernes dont le plan Marshall a équipé les ateliers provoqua une lente agonie. En 1954 l'hallali fut sonné et la fermeture définitive est intervenue.

    Que reste-t-il du village ? quelques rues encore pavées, un abreuvoir et une place qui porte royalement le nom de Place Louis XIV . Les logements des ouvriers, parfaitement alignés le long des courtes ruelles mènent au " manoir de fabrique" l'ancienne habitation du maître manufacturier où une horloge du XIXe continue de dérouler les heures.  Le Département de l'Hérault a sauvé la dernière haute cheminée et le buffet à eau.  ainsi que les peintures de l'église Ce patrimoine  attire de jeunes artisans qui y font leurs ateliers. Quelques 70 personnes dont les deux tiers de permanents restaurent les trois quarts des bâtiments qui en 2014 furent inscrits au titre des monuments historiques.

             Ne pas manquer le "pont des amoureux", sous lequel coulent les eaux de la Dourbie. Il y aura toujours une bonne âme qui sera là pour vous dire la légende.

    JC d'Oc 07/2015 Màj 11/2018

     

                                                                                                   

     

     

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :