• Histoire des gabelous à Peyriac de Mer

    Vric en Vrac ! 

     
       


          

     

                  

                                     

    Vric en Vrac !

                               

     

     

    Vric en Vrac !

     

     

     

    Vric en Vrac !

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Vric en Vrac !

    ais les autorités finirent par réagir en interdisant les chiens. Ce qui n'empêchait pas certains

       

     

     

       

     

     

     
     

     


     

    Vric en Vrac !

           

                  

                                     

     

     

     

     

    Vric en Vrac !

                               

     Alors raconte! N° 196

                                     Histoire des gabelous à Peyriac de Mer.

              La marche est quelque chose de vraiment complet pour la santé. Ce n'est pas un investissement énorme, on voit des paysages, on change, ça fait du bien. Et un paysage aussi beau que celui de Peyriac, on n'oublie pas. Lors des randonnées, c'est quelque chose qui tient au corps, qui fait du bien à l'esprit. On peut parler, on déroule ses idées, on tient un rythme. C'est thérapeutique car on peut chanter et en même temps, il y a toute une physiologie qui se dégage dans le corps. Dans le corps il se passe des choses incroyables. Le cœur bat, on respire, le cerveau est inhibé par la sérotonine ( l'hormone du bien être, celle du bonheur), pas besoin d'antidépresseurs. Biologiquement, il se passe quelque chose quand on marche et on en redemande.

              Alors en avant ! Au ski, c'est le planté du bâton, à la marche, c'est le planté du talon.

             La randonnée de ce vendredi fut bénéfique en tout point de vue. Nos bâtons n'ont pas été de bonne utilité. Les salines de  Peyriac de Mer s'étendaient à nos pieds et un écriteau nous invitait à parcourir différentes stations du parcours "Mémoire d'Etang". L'ancienne maison des gabelous nous a rappelé que le sel a toujours été un bien précieux, un or blanc que l'on cueillait sur le site depuis 1519 mais les salins existaient depuis l'Antiquité comme indiqué sur une inscription funéraire romaine trouvée sur le site. Si les premiers relevés topographiques du site datent de 1519, les chiffres de récoltes nous sont connus que depuis le début du XVe s. Initialement implantée à proximité de l’Estarac, sur la commune de Bages, l’activité de production de sel a ensuite été déplacée près du village de Peyriac.  

              Peyriac de la mer se disait en occitan Peiriac de la sol ( Peyriac du sel). Mais, bien auparavant, son nom proviendrait du nom d'un domaine que les Romains auraient fondé, celui de PETREIUS.

             Nous avons suivi le sentier planchéié du Pech du Mour et avons gravi la colline. De là haut, le paysage s'agrandit. On comprend mieux le travail des sauniers. Après le séjour de l'eau de mer sous le fort ensoleillement et le grand vent du Cers  de la région, la saline prenait sa couleur rose. Cette couleur est due à la prolifération de micro-organismes, algues microscopiques appelées " dunaliella salina" dans une eau fortement concentrée. Vision troublante qui nous interpelle, lorsque l'on survole les marais salants à l'arrivée de San Francisco.

                Mais honneur aux hommes qui durant plusieurs siècles ont ratissé le sel au râteau. Les sauniers portaient dans une banaste posée sur leur tête le sel pour être stocké en gerbes une dizaine de jours pour le laisser suer de ses eaux. Après un rapide nettoyage, le sel était ensuite entassé en "camelles" (pyramides de sel) d'une hauteur de 4 à 6m. Les sauniers recouvraient les camelles de tuiles. Après que le sel eut sué, les ouvriers remplissaient une mesure conique appelée le demi hectolitre. Avant le chargement  pour éviter les fraudes, les  gabelous compteront avec un appareil appelé "la fasqueline" le nombre de demi-hectolitres de sel. Il reste encore cet outil de mémoire au musée des Douanes à Bordeaux.

               Utilisée au (19e s) la fasqueline était un instrument qui permettait le comptage de sacs de sel, cet appareil tire son nom de son inventeur M.Fasquet, cadre des Douanes. Il est composé de 50 plaques de fer blanc numérotées par dizaines et passées dans un anneau de fer adapté à un manche en bois. A chaque mesure versées dans le cône, l'écoreur (terme de pêche qui désigne ici un agent dont la fonction est de tenir le compte de cônes de sel)  fait passer une plaque dans la partie supérieure de l'appareil. Le résultat est noté dans un livret spécial le "carnet d'écor". La fasqueline sera adoptée pour le dénombrement des colis et des ballots de sel avant leur expédition.

              Les contrôles des douaniers étaient sans limites et très sévères. Un grain de sel ne pouvait sortir sans leur accord. Cet "or blanc" était soumis à l'impôt (la gabelle). C'est ainsi qu'une contrebande s'organisa par des faux-sauniers. Mais certains sauniers usaient de stratagèmes. Ils cachaient du sel dans les plis de leur casquettes et les femmes dans leur culotte. Les gabelous avaient tous les droits de fouille au corps. Puis des chiens furent dressés pour mordre les contrôleurs. Ils portaient de petits tonnelets autour de leur cou mais les gabelous se méfiaient des morsures.

               Peyriac de Mer possédait trois quais appelés "passadous" ( les pissadous, c'est autre chose) qui servaient à entreposer les camelles de sel.

               Le transport et le cabotage des sels destinés à la consommation du royaume  ne pouvaient être faits que par des vaisseaux portant pavillon français. Les voiliers qui attendaient leur chargement étaient ravitaillés par des barques à fond plat appelées  allèges.

               Les expéditions à dos d'ânes   s'effectuaient et après plusieurs semaines de marche elles remplissaient les entrepôts à Toulouse. Avant tout départ les meneurs d'ânes  devaient faire enregistrer leur laisser passer  par un contrôleur situé dans une guérite encore présente de nos jours sur le bord de la saline. Le sel au Moyen Age avait une grande valeur. C'était le seul moyen pour conserver les aliments. Il permettait le séchage des poissons, la conservation des aliments.  Ce village est un puits d'histoire.  Quand un aubergiste veut mettre du beurre dans les épinards, il sale d'abord votre addition dit-on!

               Maintenant sauvez le sel !  SOS ! Avec la réhabilitation d’un bâtiment militaire du XVIIe siècle au bord de l’ancienne saline, c’est un pan du patrimoine modeste des salins qui a été sauvé. En effet, cette petite caserne de gabelous (douaniers) qui menaçait de s’effondrer, est l’un des rares exemples  de ce type d’architecture conservé en Languedoc-Roussillon. Il servait de musée jusqu'à présent.

              Le soleil , maître de ce lieu baissait vers la Cerdagne. L'eau de la saline chargeait sa rive d'écume blanche.  Notre randonnée nous a donné le plaisir que nous en attendions. Il était temps de rentrer.

     

    JCdoc 02/2019 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    ais les autorités finirent par réagir en interdisant les chiens. Ce qui n'empêchait pas certains

       

     

     

       

     

  •  

           
       

     


    Alors! Raconte! N° 201

     

                                    Gabatchs, gabatchous, gabatchounes

                  Je suis le raccommodeur de faïence et de porcelaine !! Cette phrase, plusieurs fois répétée dans les rues de mon village de Cébazan reste encore dans mes oreilles plus de 70 ans après. Un petit homme portant tous les ustensiles pour effectuer les réparations  de bols ou d'assiettes fêlés appelait les gens dans la rue . Il s'asseyait sur une caisse en bois dans laquelle il avait extrait un œuf qu'il cassait pour en sortir le blanc qui lui servait de colle. En un tour de main, les objets cassés retrouvaient une nouvelle jeunesse.

                  D'autres marchands de toiles et de parapluies faisaient eux aussi de rapides réparations. Les gens du pays bas "les païs-bassols" les appelaient "les gavatchs". C'était des hommes petits mais de bonne corpulence , de solides gaillards qui descendaient des Monts de LACAUNE, des migrants de la frange Sud du Massif Central . Peu instruits, ils parlaient  le patois  avec un accent guttural un dialecte de la langue d'Oc. "Ils parlaient français comme une vache espagnole" disait-on. Ils furent méprisés au début. Les Gavatchs étaient considérés comme des étrangers, ces hommes qui viennent et qui ne repartent pas, des gars qui gardaient les vaches. Béziers qui fut la ville qui en reçu le plus. En 1844 la prospérité de Béziers dépendait beaucoup du marché des bestiaux sur l'emplacement de la Citadelle. Cette production animalière venait de " la Montagne" via Olargues, Cessenon, Lacaune et Bédarieux. En 1846, Béziers est le troisième marché de bestiaux de France. Habitués à conduire les bêtes," lous gabatchs" menaient vers Béziers en suivant le tracé des "drailles" les bœufs, les veaux, les vaches, les porcs, brebis, agneaux et moutons pour alimenter le foirail de Béziers. Beaucoup ont quitté leur montagne pour gagner mieux leur vie dans la plaine biterroise.

              Puis ces hommes ont fini par se sédentariser dans le Midi en se louant pour une journée puis ils devinrent des saisonniers loués au mois pour effectuer les travaux des vendanges. Les vignerons se rendaient à la gare de Béziers pour les embaucher pour faire les vendanges car avec la  guerre, il manquait de la main d'œuvre. Beaucoup logeaient dans le quartier St Jacques. Puis, le temps passant, ils finirent par ne plus être considérés comme " estrangiers". Ils conservaient toutefois leur rusticité, leur roublardise. Georges Moustaki  chantait le métèque qui leur ressemblait, errants en quête de travail.  A force de travail, mais aussi par des unions avec les veuves de guerre  de nos villages, ils finirent par s'installer, être reconnus et appréciés de tous. Le temps efface bien des choses. Bien plus tard, ils furent remplacés par des Espagnols. Le choc des cultures eut lieu. Le langage épousa des termes de l'Aveyron, les modes de l'habillement apportèrent les blaudes  ces chemises longues qui servaient de pyjama à mes ancêtres. Les héraultais finirent par ressembler aux étrangers venus du centre de la France. On mange de nos jours de l'aligot et de la charcuterie auvergnate, du tripoux, des gratalous et des bougnettes. Rien ne paraît étranger actuellement. La migration s'est arrêtée il y a plus de cent ans. L'image des gavatchs a disparu et l'on considère de nos jours les gavatchs comme nos ancêtres . C'est une question acceptable pour moi. Mon ADN prend son origine connue vers 1800 dans le petit village du Vintrou dans le Tarn, tout près du lac de Saint Peyres. Un grand père  trisaïeul , ancien berger et feuillardier connut une jeune fille lors de vendanges dans le village de Magalas. Il devint plus tard boulanger dans ce village. Ils se marièrent et eurent 7 enfants. De cette grande famille, je suis l'un des seuls  représentant qui porte encore son nom.

             Qui se souvient des gavatchs, les gavatchous et les gavatchounes  dans notre beau Languedoc?

    On est toujours le gabatch de quelqu'un.

          On peut dire "gavatch" ou bien "gabatch"  peu importe.

            Il faut chercher dans sa généalogie et sur l'origine de son nom. Beaucoup de noms sont issus du lieu d' où ils proviennent, d'où ils sont nés (voir "Editions Archives et culture" - titre Les noms de famille de l'Hérault).

    JCdoc 01/2020

     


    votre commentaire
  •  

    PP RIQUET, les mésaventures de son canal                                  

     

     

     

    PP RIQUET, les mésaventures de son canal 

     

     

     

     

     

     

     

     

    Alors! Raconte! N° 200

                         

     

    PP RIQUET, les mésaventures de son canal.

     

                    Pierre Paul RIQUET, ce grand stratège constructeur du Canal du Midi n'avait pas prévu ce qui va suivre un soir de 1766 à Capestang. C'est dans ce village pas très loin de Béziers qu'arriva un évènement imprévu. De très violents orages s'abattent sur le Languedoc. Le canal se remplit en quelques minutes. Les premières maisons de Capestang situées à quelques mètres en contrebas du canal ont vu arriver vers leurs portes une énorme vague boueuse. Le canal était en train de déborder car la pression était trop forte sur les berges qui ne sont pas maçonnées. Un raz de marée déferle sur le village et rapidement il fallut fermer les écluses de L'Argent Double à et celles de Fonseranes à Béziers. Les berges du Canal ne sont pas très solides et les terres sont sujettes à des infiltrations en cas de fortes pluies. Il faut voir le tuff sablonneux du tunnel du Malpas sujet aux éboulements et perméable à l'eau.

                    Pour éviter toutes catastrophes, PP Riquet construit un déversoir, ouvrage qui permet de contrôler le niveau d'eau en cas de fortes pluies. Ces déversoirs permettent d'écouler le trop plein dans une rigole en contre bas. En 1867, PP Riquet va construire l'épanchoir de Piétat, bâti en pierre de basalte,  en même temps qu'il va réparer la digue qui avait cédé. Cet épanchoir à siphon, toujours en fonction, possède trois grosses vannes construites dans les ateliers Bonnet frères à Toulouse. Depuis pas de catastrophes semblables, tout à correctement marché.

                     PP Riquet plantera 40.000 platanes qui resteront l'emblème du canal. Ces arbres courent aujourd'hui un grave danger. Les Voies Navigables de France abattent les arbres malades du chancre coloré, parasite qui attaque le bois. C'est un champignon microscopique qui entre dans le bois par une petite blessure et qui se déplace en transversale et aussi de manière longitudinale dans le sens de montée de la sève. Le platane nécrosé perd son écorce, blanchit et meurt en quelques mois. Comme les arbres ont été plantés par intervalles de 10 mètres, la maladie se propage par les racines.

               Historiquement, le chancre coloré est arrivé en France il y a 75 ans. En 1944, les Américains débarquent en Provence. Les caisses de munitions en bois sont porteuses du parasite. Les palettes de transport ont des champignons actifs.

               Brûler le bois, seule solution pour se débarrasser du parasite. Nous voyons aujourd'hui encore des platanes mais demain, nos petits enfants verront d'autres arbres, chênes, micocouliers, peupliers blancs, érables, tilleuls, pins parasols, pousser et faire de l'ombre aux plaisanciers et aux cyclistes.

     


    3 commentaires
  •  

           
     

    Le ciel nous tomba sur la tête

      Le ciel nous tomba sur la tête
     


     

     

     

    Alors! Raconte! N° 199

     

                      Le ciel nous tomba sur la tête.

          Nous sommes en 1939, la seconde guerre mondiale s'approchait par des bruits de bottes. Pourtant dans l'Hérault, sur les hauteurs du Pardailhan, rien ne laissait penser qu'un corps céleste allait s'écraser sur terre. Un témoin de cette chute précise avoir entendu une détonation assourdissante suivie d'un sifflement puis a vu un objet traverser le ciel et s'écraser à ses pieds.   

          Cet impact au sol aurait fait grand bruit tant physiquement par sa chute inattendue que sur le plan médiatique car le conflit a évincé cet évènement local. Les journaux en parlèrent très peu. Le hameau de Pez sur le plan géographique est peu connu et pas très visité en 1939.

           20 ans plus tard, un jour de Noël 1959,vers 15h 30, une autre météorite est venu visiter le ciel saint-chinianais.  C'est inédit, deux chutes en 20 ans  des années finissant par 9. Un témoin a retrouvé la trace de l'impact et a décrit la chute entre Camprafaud et Sortheillo. C'était disait-il un bolide lumineux suivi d'un train de poussière. Le bruit d'un claquement et un grondement ont été entendus après sa disparition entre une et trois minutes après.  Il rechercha cette sorte  de pierre bouillante et il la trouva moulée dans un lit de feuilles mortes détrempées par la pluie. Avisées, les autorités ramassèrent  6 morceaux de la météorite brisée. Le Musée National d'Histoire Naturelle à Paris possède quelques fragments de "la météorite de Saint Chinian" ( tel est son nom). Elle est répertoriée sous le numéro 3193.

           En langage scientifique, la météorite de St Chinian est présentée comme une "chondrite ordinaire L6". Elle pèse 134,3g,  les morceaux présentés au Musée ne pèsent que 56,3g.

           D'autres drôles de cailloux de 4,5 milliards d'années ont été découverts en France dont la météorite de Caille ( Alpes Maritimes) qui nous a apporté en outre une belle histoire. Ce gros morceau de minerai  composé de 90% de fer et d'un poids exorbitant de 626kg a été ramené au village par le maréchal- ferrant pensant qu'il pouvait le forger. Découpée en partie, il en fit des  fers pour les mulets puis cette météorite servit comme banc de pierre dans la rue du village jusqu'au jour où elle fut acquise par le Muséum national d' Histoire Naturelle de Paris. Etonnant parcours pour ce corps céleste. Cet astéroïde est actuellement exposé à la Cité de l'Espace de Toulouse. Il détient toujours le poids de la plus importante  météorite trouvée en France.

    JCdoc 10/2019


    votre commentaire
  •  

     
     

    Les arènes de Béziers


     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Alors! Raconte! N° 198

     

                                            Les Arènes de Béziers .

     

                        Il est un adage "du pain et des jeux" bien connu par les hommes politiques qui leur permet de mettre à leur profit tout ce qu' il faut pour amuser leurs administrés afin qu'ils oublient les paroles qu'ils disent et ce qu'ils pensent. L'anesthésie  sociale existe depuis les "jeux de l'arène" de Rome. A Béziers, pour apporter la joie surtout au mois d'août, après un pastagas bien frais, la population, riches et pauvres, jeunes et vieux, artisans et viticulteurs se rassemble dans un même cortège pour rejoindre le Colisée de la ville: les arènes situées sur le plateau de Valras. 

                      On ne peut pas occulter l'ancêtre des arènes, l’amphithéâtre romain de Béziers, le seul monument conservé est malheureusement en piteux état. Cet édifice que l’on nomme aussi ‘’arènes’’ ou ‘’cirque’’ se situe au bout de la rue Canterelles, sur la droite. Dimensions : 105m ellipse extérieure et 75m ellipse intérieure. Construites par Titus, elles pouvaient recevoir 15574 spectateurs. Alimentées par l’aqueduc de Gabian (dont il reste des traces en sous-sol – rue Française et rue du Touat), l’empereur y organisait des joutes nautiques appelées des naumachies. Transformées en carrière de pierre, elles servirent à la construction de l’église de la Madeleine.

                 Puis vint l'époque des arènes de quartiers. Ces plazas circulaires, sans gradins, construites souvent avec des charrettes disposées en rond apparaissent en coin de rues et places. 

                      La première Au Champs de Mars 1859 , la seconde en 1877 près de l'ancien cimetière protestant Avenue du Maréchal Foch . La troisième 1882 appelée "cirque" près de l' Abattoir puis vint les arènes en bois en 1896- Terrain Palazy - Rue Pasteur - Rue Ernest Renan - Rue André Chenier

                       La première course de taureaux eut lieu sur le terrain Palazy, Place Emile Zola mais un acte criminel mit feu aux arènes en bois et tout flamba en 1896. L'incendie  criminel va précipiter les choses. Il faudra par conséquent construire dans Béziers  des arènes en dur où auront lieu les courses de taureaux et des fêtes musicales. Le maire de Béziers, à cette époque Alphonse Mas fit appel à deux constructeurs financiers Antoine Gleizes et Jean Sautel. Les travaux débutèrent le 18 janvier 1897. 250 ouvriers du bâtiment donnèrent tant de coup de pioche que l'édifice prit vite forme et tournure. Piste très large et gradins étagés par travées furent vite construits. 16000 spectateurs pouvaient assister aux premières représentations.

                       L'inauguration  solennelle a eu lieu le 11 juillet 1898 par une corrida et un grand banquet où toutes les belles personnalités et notables de Béziers,  redingotes et chapeaux haut de forme étaient conviés.

                      Les nouvelles Arènes ( nommées " plaza de toros du Plateau de Valras") ouvrirent officiellement leurs portes le 28 août 1898. Pour quelles raisons cette colline a-t-elle pris le nom de " plateau de Valras"? Ce lieu stratégique permit aux croisés d'établir leurs camps afin de forcer les portes de Béziers en 1209. Sur cette hauteur passèrent les soldats romains  sur la Via Domitia toute proche C'est sur ce belvédère que débutèrent les travaux des nouvelles arènes en 1897. Inachevées le premier spectacle taurin eut lieu.  Le haut de cette colline d'où l'on peut apercevoir la Méditerranée prit le nom de " Pech de Valras" mais l'origine de ce nom n'est nullement établie.

                      Au programme, la représentation de Dejanire de Camille Saint Saens grâce à l'impulsion de Castelbon de Beauxhostes. Le public comblé en redemanda. Les "Fêtes d'Août" débutèrent ainsi jusqu'à nos jours en Férias, corridas, Caritas, Théâtre, bel canto et chant lyrique.

                      Pendant quatorze siècles les festivités populaires en alternance raviront le cœur des Biterrois. L'embellie économique de la citée due au vin donnera un appétit pour tous les plaisirs.  Bien sûr il y eu une mise en sommeil due aux guerres et aux grèves. De 1897 à 1914 le bel canto avec le maître des lieux Camille Saint-Saëns donna à Béziers les grandes heures du lyrique. Tout naquit un soir où Castelbon de Beauxhoste de Boujan sur Libron, homme passionné de musique, invita Camille Saint-Saens à assister dans les Arènes encore en construction pour  écouter une polka jouée par La Lyre Biterroise. Il constata la pureté musicale de l'extrait et que l'acoustique du lieu était exceptionnelle. Il sortit des cartons de son ami Louis Gallet le livret de Déjanire qui enthousiasmera lors de la première représentation  les 28 et 29 août 1898 plus de 15000 spectateurs dans le Théâtre des Arènes de Béziers. Une voix de diva marquera le Théâtre des Arènes, celle de Lucyle Panis de Valras, voix pure et timbre exceptionnel. Elle interprétera le dimanche 25 août 1911 le rôle de OEnoe dans "Les Esclaves" de Louis Payen, musique d' Aymé Kung, drame lyrique en 3 actes  puis bien d'autres suivirent... (lire mon N° 183).

                          Ce lieu permit début du XXème siècle les grandes envolées de Jean Jaurès le 30 avril 1905 venu pour défendre la viticulture et les mineurs de Graissessac. Lors de la guerre de 1914, les arènes sont transformées en un lieu de rétention pour les "enfermés du Plateau de Valras" les réfugiés italiens réfractaires à Mussolini, les otages lorrains et Alsaciens et même les repris de justice y furent enfermés. Tous ses gens sont abrités dans l'espace clos des arènes sous d'anciens baraquements de foire. Les arènes furent  " Le grand Hôtel du Pech de Valras". Le cantinier H.Maffre demanda une rallonge financière au maire de Béziers pour nourrir cette population. Au menu le matin une gamelle de soupe et l'après midi une nouvelle soupe de riz avec crottes de souris et quelquefois un petit bout de lard rance et dur. Fin 1914, plus de 1000 réfugiés dont quelques uns  témoigneront par leur écrits des conditions de leur rétention.  

     

                      Au fil des ans viendra le privilège de la tauromachie.  Pour fixer les touristes, le maire Pierre Brousse en 1968 va inventer sa "Féria".

                      La tauromachie durera toujours et tout dernièrement, le mexicain Diego San Roman en conclusion de la Féria fut le triomphateur de la navillada du 13 août 2018 face à un taureau de Robert Margé. Le novillero se vit attribuer le Tastevin d'argent pour 2 oreilles coupées. Ponce et Castella dans leurs habits de lumière brilleront devant leur public en 2003. Sébastien Castella blessé en 2004 fit son retour en août 2005 devant 10000 spectateur et fut porté en triomphe avec 2 oreilles coupées. Il fut touché par la grâce ! dit-on.  N'étant pas ma tasse de thé car je n'aime pas faire souffrir les animaux même si les taureaux Margé attirent toute mon attention lors de nos randonnées vers les pâtures à Vendres installées au mas des Monteilles, je préfère m'abstenir de commentaires.

                       Au fil des années, la volonté de distraire est toujours aussi forte. Dans les arènes fut aménagée une piste avec virages relevés - cinq tonnes de bois - 96 panneaux- pour recevoir le Bol d'Or cycliste (juin 1933) où l'on y vit Speicher et Antonin Magne. Concours de pétanque, championnat du monde de boule lyonnaise (1957), tennis (Leconte et Noah (2003), foot, catch, patinage et plus récemment les toros- piscines.

                       Les chanteurs Edith Piaf, André Dassary, les sœurs Etienne,  Georges Brassens, Robert Lamoureux, Dalida, Johnny Hallyday et bien d'autres eurent un grand succès et enflammèrent l'arène.

    Sources : Arènes de Béziers 120 ans de passions, taurines, lyriques, festives édité par Le Chameau Malin et Midi Libre 15/7/2019

     

     
     

    Les arènes de Béziers


    JCdoc 07/2019

                                           Affiche où chante Lucile Panis de Sérignan

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

                      

     

     


    votre commentaire
  •  

       

    Le château de la Comtesse devenue reine des Austrasiens

       
     

    Le château de la Comtesse devenue reine des Austrasiens

     
     

     

     

                                                   

     

      Alors! Raconte! N° 197

     

    Le château de la Comtesse devenue reine des Austrasiens.

                              Le Castellas de Cabrières

              Notre dernière randonnée nous a amenés sur une crête. Partis du village de Cabrières, le sentier serpente entre les vignes et grimpe vers une falaise escarpée de la Cisterne sur laquelle un ancien château fort quasiment disparu de nos jours  protégeait les gens du village à ses pieds. Au VIè siècle le Castellas de Cabrières dominait la plaine et avait un point de vue plongeant sur les terrasses de l'Estabel. Aujourd'hui, point de fortification, point de village, il ne reste que des amas de pierres dans lesquels les randonneurs ont laissé les traces de leurs passages.

             Et pourtant, plongeons-nous vers le VIe siècle pour découvrir l'histoire de ces pierres, celle de la vie et  des restes de cette forteresse féodale qui remontent au Royaume des Wisigoths (418 à 711). Elle est citée par Grégoire de Tours en vieux français dans  "l'Histoire des Francs".

            Au 6 e siècle le village de Cabrières entourait son château fort édifié sur l'actuel site escarpé de la Cisterne. Grégoire de Tours rapporte qu'en 553, le prince franc Théodebert, descendant de Rodez après avoir pris Lodève entra dans le Biterrois et enleva tout le butin du château de Diou (bases de l'édifice actuel de Dio et Valquières). Il envoya des messagers chargés de dire au châtelain de Cabrières que, s'il ne se soumettait pas, il brûlerait le château et prendrait ses habitants en captivité. La châtelaine Deuthéria, par peur et compassion répondit au prince:

                "Personne , ô très pieux seigneur! ne peut te résister, nous te reconnaissons pour notre maître; viens et qu'il en soit ainsi qu'il te paraîtra agréable ".

               Théodebert vint au château et trouva le pont-levis baissé et le  portail grand ouvert. Dame Deuthéria, comtesse de Cabrières, lui remit la forteresse sans combattre pour éviter le pillage. La légende raconte que le maître des lieux le gouverneur wisigoth Flavius Walitza époux de la très belle Deuthéria était quelque peu pleutre , rustre et grossier. Rassemblant la trentaine d'hommes qui composaient la garnison du château, il avait lâchement fuit vers Béziers à l' approche du jeune et beau Théodebert à la tête de son armée de géants blonds descendant du Rouergue. La belle Deuthéria avait refusé de le suivre et était restée courageusement seule au château avec ses dames de compagnie.

              En fait la comtesse de Cabrières accueillit les envahisseurs pacifiquement et très sensuellement. Voyant que les gens se soumettaient, Théodebert ne fit aucun mal. Elle avait préparé un festin et attendait les assaillants seule assise au centre de la table dressée en fer à cheval dans la grande salle du château. Plus belle qu'une impératrice, ses  tresses brunes encadraient son beau visage illuminé par ses grands yeux de braise et le décolleté  de sa robe de soie bleue découvrait sa poitrine parée de ses plus beaux bijoux. Tout lui donnait une majesté qui frappa de stupeur les guerriers. Le jeune prince Théodebert désarmé par tant de grâce et de courage, fut immédiatement séduit et ce fut le coup de foudre. On devine la suite, l'assiette ou la couette?  Les deux furent au menu et elle lui donna un fils, Thibaut qui deviendra roi des Austrasiens. On dit que lorsqu'elle partit se faire couronner reine d'Austrasie dans la cathédrale de Metz, elle emporta avec elle  des plants de vigne de Cabrières qui furent l'origine des meilleurs vins de Moselle.

              Les amours ne durèrent qu'un temps. Toute reine qu'elle était, Théodebert lui fit des infidélités. Il se fiança à Wisigarde mais les Francs le blâmèrent unanimement parce qu'il avait abandonné son épouse. Irrité, il quitta Deutheria et épousa Wisigarde. Il ne la conserva pas longtemps, elle mourut et il en épousa une autre, mais ne reprit jamais Deutheria.

              Après avoir admiré le beau point de vue sur la plaine et le village de Cabrières en contrebas, nos pas nous dirigèrent vers la citerne qui alimentait le château. La descente fut agréable avec une belle vue sur le pic de Vissous. Arrivés devant l'église Saint Etienne, un panneau nous apprit que le château a été détruit en 1585 et que les gens ont déserté le site de "La Cisterne" pour s'installer en contre bas au bord de la rivière la Boyne. Les religieux de Cassan auraient construit une première église en 1610 dont la tour actuelle serait le dernier des vestiges. Une nouvelle église aurait été construite  en 1869.

    Un vol d'oies cendrées dessinait un grand V au dessus de nos têtes. La suite est au fond du verre de l'excellent vin  "l'Arbousier" que nous avons acheté à la cave de l'Estabel.

    C'est ainsi que les caves de l'Estabel aiment raconter les histoires. Il est vrai que l'histoire, la géologie, tout le patrimoine viticole ont produit une belle bouteille étiquetée "Pioch Farrus" qui fait référence à la mine du même nom située sur le territoire de Cabrières. Le "Pioch Farrus " est l'un des plus vieux districts miniers en Europe. Dans les galeries, le minerais de cuivre y était déjà exploité vers 2900 avant J.-C.

    Pour fêter cette excellente cuvée, résultat de l'assemblage de différents cépages de syrah, grenache et mourvèdre vendangés à la main tirons le bouchon de cette bouteille de vin rouge 2018 Languedoc Cabrières reconnaissable à son étiquette de couleur cuivre. A votre santé, cela fait du bien où cela passe !

     

    JCdoc 03/2019 

     

     

     

     

     


    1 commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique