•  

     

     Les  Orpellières de Sérignan.                        Les  Orpellières de Sérignan.                                                                                                                                                                  

     

      Alors! Raconte! N° 185

                                          Les  Orpellières de Sérignan.

     

               Le soleil a toujours brillé sur notre terre biterroise durant cet hiver. Le printemps est revenu, les cerisiers sont en fleurs. Prenons le temps d'aller nous promener vers une des plus belles plages de notre Languedoc. Pas de galets mais du sable fin. C'est dans un emplacement réservé aux promeneurs, peu de voitures, quelques vélos, qu' un patrimoine fragile géré par le Conservatoire du littoral étend ses dunes de sables  et sa zone de prés-salés sur environ 2,5 km le long de la Grande Bleue. Le domaine des Orpellières est situé à l'embouchure de l'Orb sur deux communes, celle de Sérignan et celle de Valras. Sur 170 ha, acquis par le Conservatoire en 1980, s'étendent une belle plage de sable blanc, des dunes érodées par le vent  et une zone humide de prés- salés la lagune accolée à "la sansouire". Voilà pour le décor.

     

             Tout d'abord, le terme Orpellières serait issu de deux mots Orb et pelé mais aussi les pellières seraient des obstacles qui empêcheraient les poissons de remonter le cours du fleuve. Par comparaison les dunes-barrages font obstacle à l'eau de la mer lorsqu'elle est tempétueuse.

     

     

            Au début du XXième siècle, cette zone de dunes et de prés-salés située entre la Grande Maïre et Valras s'appelait les "Horpilières";  zones où rien ne pousse. Mais cet espace de végétation basse, situé derrière les dunes, n'a pas toujours était inadapté à  la culture. Les fortes pluies de septembre lors de l' équinoxe, les débordements des bras de l'Orb qui enserrent le site, cette eau douce amenée par les roubines  dessalaient les terres  et permettaient la culture de la vigne et des figuiers. L'accès du domaine des Orpellières était bordé de cyprès , de platanes, de pins maritimes et de tamaris. Des troupeaux de brebis broutaient une végétation halophyte, adaptée à la salinité, comme l'on en trouve de nos jours dans la baie du Mont Saint Michel.

       

               C'est dans les années 1970, par l'arrêt de la gestion de l'eau douce de l'Orb que la salinisation du terrain a augmenté ne permettant plus la culture de la vigne. Témoins de cette viticulture, un château d'eau, des hangars dont la majorité sont en ruines et le bâtiment d'une ancienne ferme viticole que la municipalité de Sérignan a mis à la disposition de l'artiste monténégrin  Dado afin qu'il exprime son art un peu choquant. Ce corps de ferme conserve le logement du gardien  et possède encore des cuves à vin. Maintenant, l'environnement  c'est nature, nature et naturistes au noms évocateurs des plages , Plages Orpellières, Naturiste, Séoune, Chapelle, Grande Maïre etc...Du sable fin, un cordon dunaire et derrière les prés-salés de la lagune et tout là haut, le soleil qui dore la peau des vacanciers textiles et des naturistes culs nus.

     

                Le cordon dunaire mérite notre attention car c'est là que se trouvent les plus hautes dunes de nos côtes languedociennes avec par endroits des hauteurs voisines de 8m et d'une largeur allant jusqu'à 100 mètres. Le littoral est soumis aux aléas des vents et des assauts des vagues. La tempête de 1982 a énormément endommagé la plage en cassant le cordon dunaire. Des brèches ont laissé entrer l'eau de la mer. Le fond de plage a même reculé d'environ 10 mètres. Un camping a été envahi par la mer provoquant d'importants dégâts. Les dunes sont généralement bien fixées par une végétation d'oyats et d'euphorbes maritimes mais aussi par des ganivelles en bois de châtaignier qui limitent la fréquentation  des dunes donc sa dégradation. Le contraste entre le milieu dunaire et l'arrière-dune est surprenant. La dune est sèche et peu végétalisée. C'est un milieu sec et doux. Une nappe d'eau douce stagne en profondeur sous les dunes,  tandis que l'arrière-dune (la lagune) est en dessous de la mer donc humide et salée. Ce qui permet à des petites soles de vase de se reproduire dans une eau saumâtre .

               Le schéma qui suit nous présente les différents niveaux et les qualités des eaux - mer salée - sous la dune eau douce - lagune et sansouire salées puis marais eau adoucie.

     

     Les  Orpellières de Sérignan.

               La sansouire cette zone plate sous le niveau de la mer composée de basses terres marécageuses est colonisée par la salicorne. Au XVIIIe et XIXe siècles, la salicorne était récoltée dans cette zone humide afin de produire la soude qui servait à la fabrication des savons. Cette zone est périodiquement inondée par les eaux saumâtres, alimentée par l'eau des pluies et  aussi soumises à  la sècheresse de l'été .

     

             C’est une zone facilement inondable par les eaux de l’Orb quand il est en crue, par les eaux de pluie et par la mer lors des tempêtes.

     

             L’ eau sera alors plutôt douce à la saison des pluies, et se salera, à l’aide de la nappe phréatique qui va remonter au cours de l’été à cause du phénomène d’évaporation. La salinité des eaux peut alors varier au cours de l’année jusqu’à atteindre des concentrations importantes. Le milieu deviendra alors de plus en plus salé au fur et à mesure que l’on s’éloignera de la saison des pluies (automne, hiver, printemps). Mais de l’eau moins dense apportée par la pluie ou le fleuve, flotte par endroit au dessus de cette nappe d’eau salée créant ainsi des zones de marais d’eau plus douce. C'est ce que l'on appelle des lentilles d'eau qui flottent en petite profondeur sur des nappes d'eau salée. Les eaux ne se mélangent pas car l'eau salée est plus lourde que l'eau douce. On trouve dans ces creux des joncs, des scirpes et des choins.

            Dans la sansouire pousse la saladelle appelée fleur des gardians en Camargue avec ses fleurs violettes en bouquets. Elle est aussi appelée lavande de mer car ses fleurs rappellent celles de la lavande. Elle pousse en milieu salé. Une particularité non négligeable, elle rejette le sel par ses feuilles formant des petits cristaux que l'on peut facilement observer. Une autre plante la salicorne qui pousse en touffes avec ses tiges ligneuses.

     

               La sansouire, engane ou lagune en Camargue, cet espace situé derrière les dunes, tantôt sablonneuse, tantôt humide est l'école de la vie. Certaines plantes nourrissent d'autres guérissent. On utilisait la salicorne pour combattre le scorbut ou les ganglions mais aussi pour les problèmes rénaux.  Elle est notamment reconnue pour ses effets diurétiques. Elle était aussi consommée en potage ou en omelette d’où le nom de haricots de mer. On la cueille en mai juin et on la cuisine comme l'épinard. Elle est croquante et a un goût légèrement salé. On peut la manger crue, cuite à la vapeur ou bouillie. Elle rehausse les plats avec son sel.   Il pousse aussi la salicorne appelée ''herbe au verre'' sur la côte Atlantique et notre Midi . Près de Vendres un lieu dit '' La Salicornière'' elle colonise les terres salées en bordure de l'étang et en fond de plage. Elle témoigne l'importance de son passé de productrice d'herbes au verre. En effet, on incinérait par des brûlis cette plante et la cendre qui est riche en soude était acheminée vers les Hauts Cantons de l'Hérault . Les verriers activaient des fours chauffés au bois des forêts qui faisait fondre la soude et du sable et créaient du verre fondu. Cette plante a de riches vertus. On en faisait avec du savon.

    Petite histoire bien courte  ; ce métier de verrier était interdit aux roturiers et aux nobles ne descendant pas de verriers. La transmission se faisait par héritage de père en fils uniquement.

            Il faut ajouter le pourpier des mers, cette plante grasse qui résiste au contact de l'eau et du sel. On peut manger ses feuilles petites et rondes.

             Le panicaut de mer est appelé aussi chardon bleu, plante épineuse aux racines profondes qui contribuent à la stabilisation des dunes et l'obione, ce petit arbrisseau avec ses feuilles ovales de couleurs argentées et laiteuses. Toutes ces plantes contribuent à la fixation du sable et au fonctionnement de cet écosystème.

    Deux arbres : l'olivier de Bohème et le tamaris qui résistent aux embruns salés et au vent. Le tamaris appelé aussi ''tamarin par les gens d'ici'' a un feuillage très fin et de jolis rameaux mauves ou blancs tirant sur le gris. Cet arbuste supporte très mal la taille mais il accepte bien les embruns salés et le vent. Ces arbustes poussent sur un sol doux-salé à la limite des terres  arables. 

     

           En milieu humide: le jonc aigu et le roseau poussent sur ce vaste ensemble. Autrefois ils étaient très recherchés pour confectionner les paillottes et les litières des chevaux. Maintenant ils sont tressés pour faire des canisses pour se protéger du vent.

     

              Par ailleurs, certaines plantes exotiques comme l'Olivier de Bohème (Eleagnus angustifolium) ou le Faux-indigo (Amorpha fructicosa) peuvent envahir les habitats. Il faudra contrôler le développement de ces plantes sur le site. 

             Les prés-salés et les dunes abritent une faune remarquable. Par exemple, on trouve dans les dunes, la caragouille, ce petit escargot blanc qui s'agglutine dans nos campagnes sur des branches de fenouil ( à protéger).

                Un autre exemple : le gravelot à collier interrompu, un oiseau toujours en mouvement, protégé, qui vient nicher dans les dunes et sur la mitoyenne (côté est) de la Grande Maïre.

         D'autres habitués des lieux:

    -la bécasse à pattes rouges fait son nid dans cette zone particulière.

    -l'aigrette garzette chasse ses proies qu'elle attire par l'ombre des ses ailes blanches déployées réduisant ainsi la réverbération  du soleil. Elle se nourrit de petits poissons, de rainettes,de lézards verts, de crustacés, de mollusques et surtout d'insectes.

    -le héron cendré, un des plus grands des oiseaux (entre 90 et 98cm), fréquente le milieu humide en quête de la nourriture. Debout, la tête baissée, il frappe fort les grosses proies pour les transpercer. Il les secoue avant de les avaler, tête la première.

    -le petit scarabée, le rhinocéros, long de 4cm ( rien  à voir  avec le rhinocéros d'Afrique) possède une longue corne recourbée sur la tête. Seul le mâle porte cette particularité.

                  Dans la zone arrière-dunes on peut apercevoir des lézards verts qui ne se colorent en vert que lorsqu'ils sont adultes. Ils lézardent souvent, recherchant la chaleur du soleil.

                   Aujourd'hui, un équilibre naturel semble avoir été trouvé entre les terres salées et les terres douces. Cet espace littoral des Orpellières, conservé à l'état naturel est classé Natura 2000 depuis décembre 2008. Le Conservatoire a en projet d'améliorer des circulations sur des voies piétonnes et cyclables afin  de supprimer le trafic automobile sur le site. Le domaine des Orpellières serait la porte d'entrée. Coté embouchure de l'Orb, des navettes fluviales seraient mises en place pour traverser. Le bâtiment des Tellines, ancienne colonie de vacances sur Valras, serait aménagé en centre nautique.

                  Enfin, quel bonheur de se retrouver sur une plage naturelle, vaste, large, où les baigneurs sont le plus souvent peu nombreux .

                 Revêtons vite notre combinaison et allons faire une marche aquatique en longeant notre plage des Orpellières dans la Grande Bleue qui en cet endroit est peu profonde.

                     Voici en quelques lignes le développement sur les Orpellières qu'il fallait présenter cette année  pour la préparation du  bac de français au lycée Marc- Bloch de Sérignan. Que bien vous fasse.

    JCdoc 03/2017


    votre commentaire
  •  

     
     

     Les "Immortels" du Grand Béziers


     

                                               

    Alors! Raconte! N°184 

                                      Les "Immortels" du Grand Béziers

        Notre Biterrois est une source d'académiciens au nombre de sept membres, ils ont eu le privilège d'occuper un siège de l'Académie Française. Chacun d'entre eux a porté l'habit vert à partir de 1801 qui caractérise tous les membres de l'Institut de France. Cet habit est en tissus noir brodé de rameaux d'oliviers verts et or d'où son nom d'habit vert.

       C'est en 1635 que le cardinal de Richelieu fonde l'Académie française qui a pour mission de donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure et éloquente. Elle  est capable de traiter les arts et les sciences.

       Sept membres de l'Académie Française ont donc occupé un fauteuil :

     

     Les "Immortels" du Grand BéziersJacques ESPRIT  est né à Béziers en octobre 1611. Il fait ses études chez les Jésuites  et sera appelé "L'Abbé Esprit" mais ne sera jamais ordonné prêtre. Il  a  très peu écrit, deux livres dont "Maximes" et  "La fausseté des vertus humaines" mais il fut choisi à l'Académie en 1639 ( peu de temps après sa fondation) parce qu'il fut surtout le collaborateur de La Rochefoucauld et de la Marquise de Sablé. Cet Esprit du Biterrois a-t-il favorisé l'éclosion du talent des autres futurs "immortels" de notre Région ?

     Les "Immortels" du Grand BéziersJean-Jacques DORTOUS de Mairan est né à Maureilhan en 1678. Orphelin de son père à quatre ans puis sans être riche, il étudie à Toulouse et monte à Paris en 1690. C'est un passionné de sciences et de mathématiques. Il fréquente le milieu mondain. Son domaine la Trésorière à Maureilhan, propriété qui se trouve au " puits de Mairan" est géré par son ami Bouillé qui lui fait parvenir les revenus. Très attaché à sa terre, il portera désormais le nom de Dortous de Mairan. En 1703, il revient à Béziers. L'évêque de Béziers l'invite tous les jours à sa table pour son éloquence et son savoir. Encouragé il écrit ses premiers ouvrages de sciences et décide avec Antoine Portalon de créer une société savante -l'Académie de Béziers- dont il sera son porte-parole. La lettre de patente adressée au Cardinal de Fleury pour la reconnaissance de cette académie de Belles Lettres est refusée par le roi Louis XV prétextant qu'il ne pouvait y avoir deux académies royales dans la même province, celles de Béziers et celle de Montpellier. Le projet revient en 1765 et avec l'aide de son protecteur l'évêque de Béziers, la lettre de patente est donnée et l'académie de Béziers devient royale. Dortous de Mairan, par ses recherches en mathématiques, astrologiques et sur la lumière remporte pour la troisième fois le Prix de Physique proposé par l'Académie royale des Belles Lettres, sciences et Arts. Premiers pas vers l'Académie des sciences dont il devient membre en tant qu'associé géomètre en 1718. C'est en 1743 qu'il deviendra secrétaire perpétuel de l'Académie Française, charge qu'il quittera trois ans plus tard. Cet astronome, géomètre, physicien, cet ami de Voltaire mourut d'un rhume à l'âge de 92 ans. Il prit froid en rentrant chez lui pour ne plus en sortir.

     Les "Immortels" du Grand BéziersPierre FLOURENS est né à Maureilhan  dans le Château de le Trésorière en 1794. (Véritable pépinière de gens de Lettres).  L'instruction publique était en cette période post révolutionnaire à ses débuts. Il fut éduqué par un prêtre puis il entra en faculté de médecine à Montpellier. Sa thèse obtenue en 1813 à 19 ans il part à Paris suivre des cours du Muséum d'histoire  naturelle sur le corps humain donné par Cuvier. Il étudia le fonctionnement du cerveau, des nerfs et des organes des sens. Il écrivit un mémoire de ses observations physiologiques   qui fut présenté en 1823 à l'Académie Royale des Sciences. Professeur d'anatomie comparée au Muséum d'histoire naturelle, il succède à Cuvier à la chaire d'Histoire naturelle du Collège de France (1832) et devient secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences à la demande de Cuvier mourant.

        Il se présente à l'Académie française en même temps que Victor Hugo ; il y est élu en 1840 et meurt à Montgeron en 1867.

     Les "Immortels" du Grand BéziersGeorges IZARD est né en 1903 à Abeilhan. Son père fut instituteur à l'école d'Abeilhan puis à Béziers. Georges est marqué de sa foi catholique par sa mère malgré un père protestant. Après son bac qu'il obtient en 1921 il monte à Paris et fait ses études de droit à la Sorbonne. Sa licence en droit obtenue le voici donc avocat au barreau. Il se marie avec la fille de l'ancien ministre de la Marine marchande Charles Daniellou et le voilà propulsé dans la politique. Il devient chef de cabinet de son beau père Il  fonde la revue "Esprit" en 1932 que beaucoup jugent anticonformiste. Il bascule vers le socialisme et est investi par le parti frontiste  en 1936 député de Meurthe et Moselle. Il fut un grand résistant pendant la guerre 39/45. Fait prisonnier, il est libéré pour raison de santé. De retour au barreau, il défendit une affaire retentissante, celle de Kravtchenko contre les Lettres françaises. Il défendit les intérêts liés à la décolonisation de la Tunisie et du Maroc.

       Il entra à l'Académie française en février 1971 et mourut en 1973. Maurice Druon prononça l'éloge funèbre en présence de Jacques Chaban-Delmas, François Mitterrand et Edgar Faure.

     Les "Immortels" du Grand BéziersPaul PELISSON est né à Béziers en 1624. Il prodigua ses conseils au roi Louis XIV puis devint son historiographe. Trop fidèle à son ami le surintendant Fouquet que le roi venait de disgracier et mis en prison à vie pour s'être trop enrichi à ses dépends, Paul Pellisson fut embastillé en 1661 pendant quatre ans. Un peu loufoque, il s'amusait en prison à dresser en musique une araignée. Présenté aux membres de l'Académie Française il écrivit   " Histoire de l'Académie jusqu'en 1652". Voltaire disait de lui qu'il était un poète médiocre mais très savant et très éloquent. Ce fut un opportuniste et un arriviste. Il mourut à Paris en février 1693.

     Les "Immortels" du Grand BéziersJean-Pons-Guillaume VIENNET est né à Béziers en 1777. Il fut au cours de sa vie officier, homme politique, écrivain  et  grand maître dans la franc-maçonnerie. Il grandit dans un milieu favorable, son père fut député de l'Hérault. A 19 ans il entre dans la marine et lors d'un combat livré aux Anglais ( nos amis de toujours) l'Hercule, navire sur lequel il est embarqué est pris . Il est fait prisonnier puis libéré lors d'un échange. Il reprend du service dans l'artillerie de marine. Il n'a pas aimé Bonaparte, 1er consul puis empereur, ce qui nuit à sa carrière militaire. Lors de la campagne de Saxe, il reçoit une balle en pleine poitrine juste sur le calepin qu'il portait sous son uniforme. Ce calepin sur lequel il écrivait sa tragédie "Clovis" lui sauve la vie. La roue du temps tourne, Louis XVIII arrive et un an après Napoléon revient. Le royaliste Viennet, mécontent du retour de Napoléon se met à écrire dans un journal hostile " Le Journal de Paris". C'est Waterloo, les Bourbons reviennent et lui, marié à une riche veuve, vit largement de ses actions dans les mines de l'Hérault. Révoqué de l'armée, il se présente aux élections  en 1828 et il est élu député de l'Hérault 346 voix pour sur 551 votants. Il est vrai que seuls, les plus riches peuvent voter. La monarchie de juillet 1830 amène Louis Philippe. Viennet est aux anges et accompagne Louis Philippe lieutenant général du royaume vers l'Hôtel de Ville de Paris. Le Roi des Français n'oubliera pas Viennet de l'avoir aidé en le faisant réélire député une seconde fois. Battu aux élections de 1837, le roi le fait entrer chez les pairs du Suprême Conseil du rite écossais. Il sera Souverain Grand Commandeur de ce Conseil jusqu'en 1862. Il fut par la suite  appelé par la franc-maçonnerie du Grand Orient. Entré dans la Maison de Molière le 5 mai 1831, il meurt en 1868 à plus de 90 ans. La mairie de Béziers à fait apposer sur la façade de sa maison natale, une plaque de marbre sur laquelle on peut lire" Ici  naquit J.P-Guillaume Viennet 1777-1868. Député de Béziers et protecteur de la Société archéologique. Membre de l'Académie Française. Pair de France et Exécuteur testamentaire du Roi Louis Philippe".

     Les "Immortels" du Grand BéziersEdgar FAURE est né à Béziers en 1908. Son père médecin militaire  jusqu'en 1920, impose à sa famille de nombreux déménagements.  Très doué , il montra des facilités pour les études au collège de Narbonne, au lycée d' Orléans puis Voltaire à Paris où son père voulait qu'il suive une filière scientifique  mais il affectionnait particulièrement les matières littéraires. A 15 ans et demi bac en poche, il s'inscrit en Faculté de droit et en Sorbonne pour des études de lettres. A 19 ans, il passe brillamment une licence de droit tout en suivant des cours de russe. C'est le plus jeune avocat de son temps. Intéressé par la politique il adhère au Parti Radical Socialiste. A Clermont Ferrand, en 1941, il plaide en faveur de Pierre Mendès France alors incarcéré par le régime de Vichy. Ce juriste ne pouvait pas rester longtemps loin du pouvoir et des honneurs. En 1946, il devient député et se révèle rapidement un ardent défenseur de la Franche Comté, région qui m'est très chère. Il collectionne les mandats; député du Jura jusqu'en 1958, maire de Port-Lesney en 1947, président du Conseil général du Jura e 1949, sénateur du Doubs en 1959. Elu "Premier Fumeur de Pipe " de Saint Claude. Les couloirs du Palais Bourbon lui sont familiers. Il sera ministre du Budget en 1950, président du Conseil en 1952, ministre des Finances puis de la Justice, aux Affaires étrangères dans le cabinet de Mendès France,  à l'Agriculture en 1966, à l'Education nationale en mai 1968 pendant les manifs!, président de l'Assemblée nationale " au perchoir" de 1973 à 1978. Il aura siégé plus de six ans dans sept gouvernements et en a présidé deux sous Vincent Auriol et René Coty. Il a été ministre sous le général De Gaulle et René Coty .

         Après plus de quarante ans de vie politique, en 1980 Edgar Faure a fait entrer la gauche à l'Académie Française. Il est plus connu pour sa brillante carrière politique que pour son œuvre d'écrivain. Il n'en est pas moins auteur d'ouvrages d'histoire, de droit, mais aussi de romans policiers et ...  de chansons *.

    * six chansons  dont "La longue attente "interprétée par Serge Reggiani.

    JCdoc 03/2017

     

     


    votre commentaire
  •  

               
       Lucyle Panis- cantatrice sérignanaise.  

     Lucyle Panis- cantatrice sérignanaise.

       Lucyle Panis- cantatrice sérignanaise.
     
     


    Alors! Raconte! N° 183 

     

                                     Lucyle Panis- cantatrice sérignanaise.

     

                   C'est déjà la fin du 19ème siècle, Valras n'est encore qu'un petit hameau, un bourg rattaché à Sérignan. C'est la belle époque et il y fait bon vivre. Alfred Panis, instituteur à Sérignan et Constance Courseille sa femme sont heureux d'avoir un enfant en ce 2 septembre 1886. Rien d'étonnant si ce n'est que leur fille Lucile a un organe vocal très développé. Ses pleurs, tantôt graves, tantôt aigus la prédispose déjà à avoir une voix très puissante. Grandissant dans une famille catholique au milieu de ses trois frères et de sa petite sœur, sa voix de soprano  par son timbre très particulier s'affirme, elle chante sans cesse  et le curé de la Collégiale de Sérignan, le chanoine Tarniquet, celui qui a élevé la statue de St Guillaume-Courtet en 1894 sur la place, devant l'église souhaite la former à la discipline du chant religieux. Très jeune, vers 14 ans, elle est repérée par sa voix exceptionnelle par le mécène Fernand Castelbon de Beauxhostes qui organise des soirées lyriques aux arènes de Béziers. Sûr de lui il la protège et appuie sa candidature pour qu'elle soit admise au Conservatoire National de Paris. Le père de Lucile est nommé instituteur à Saint Denis dans la région parisienne, ce qui permet à Lucile d'être formée au chant lyrique tout proche. Elle étudie la musique et elle améliore la qualité de sa voix, sa hauteur, son timbre et son intensité. En 1906, Lucile vient d'avoir ses vingt ans, elle entre dans une troupe d'artistes et va chanter pour les malades de l'Hôpital Bicêtre et devient une vraie star dans le milieu du lyrique. Elle vole désormais de ses propres ailes. Son père Alfred Panis décide de partir en Tunisie à Djerba et fondera une des premières écoles franco-tunisiennes.  Lucyle ( prénom de comédienne avec un y) est restée dans la capitale où elle profite de la vie avec son ami Armand Petit. En 1907 elle obtient le second prix du Conservatoire. Avec le progrès, le gramophone remplace le phonographe. Sa technique permet d'émettre des sons, de lire des galettes qui nasillent beaucoup. Elle enregistre sur disque et chante en 1908 quatre titres dont "Frou-Frou "

     

    Frou frou, frou frou par son jupon la femme
                         Frou frou, frou frou de l'homme trouble l'âme
                         Frou frou, frou frou certainement la femme
                         Séduit surtout par son gentil frou frou

     

    et l'Anneau d'argent qui marqueront son répertoire bien des années plus tard.

     

                En 1908 lors de l'été, elle est invitée à se produire au Théâtre  de Béziers, celui qui clôture les Allées Paul Riquet. Son mécène Fernand Castelbon de Beauxhostes qui l'avait déjà prise sous sa protection organise le spectacle.

     

               Le drame lyrique du Premier Glaive en 3 actes  est interprété par Lucyle devant 400 instrumentalistes, 250 choristes. Elle remporta en ce jour du 30 août 1908 un très beau succès et l'éloge du journal local " Le Matin". Elle remonte à Paris pour reprendre des cours de chant avec l'ambition d'arriver à la consécration suprême du premier prix du Conservatoire de Paris qu'elle obtient après les deux deuxièmes prix des années précédentes. Rigueur et travail, toujours demandeuse et amoureuse de son ami Armand Petit qu'elle épouse le 2 août 1910. En janvier 1911 elle entre à l'Opéra Garnier où elle jouera le rôle d' Elisabeth dans "Tannhäuser" de Wagner. Elle est très impressionnée par un tel auditoire.

     

                   A Paris elle chante au Théâtre des Arts, à la salle Gaveau "Fidélio" de Beethoven et la "Danse macabre" de Franz Liszt. Cette jeune cantatrice issue d' un milieu modeste connait dès lors la gloire. Elle fréquente le beau monde d'en haut comme dirait notre célèbre Rafarin mais aussi le milieu huppé. Lucyle est aux anges lorsqu'elle reçoit les compliments d'Anatole France Elle fréquente aussi l'insolite parisien notamment le  "Cabaret du néant" au 24 av.de Clichy où l'on boit sur des cercueils et où le service est fait par des croquemorts.

     

                  De retour à Béziers en août 1911 où après les grandes manifestations des vignerons; les fêtes attirent un nombreux public. On lui offre les Arènes et devant plus de 10.000 spectateurs, elle chante "Les Esclaves" d'Aymé Kunc. Le décor est grandiose, elle est portée triomphalement sur les épaules par son fervent public à la manière des toréros. Elle interprétera sur la Place de la Citadelle la chanson "Les Vendanges" spécialement composée par le Biterrois Camille Saint-Saëns.

     

                    En 1912, toujours attachée à l'Opéra de Paris, elle diversifie son répertoire lyrique où le public applaudit tous les artistes dont elle fait partie. Elle restera fidèle au rôle d'Elisabeth dans "Tannhäuser" qu'elle chante merveilleusement et qu'elle joue avec succès.

     

                    Elle vient de signer comme première falcon ( notation suprême)   au Grand Théâtre de Bordeaux. Elle y fait son entrée le 11 novembre. Trois mille invités affluent à L'Hôtel de Ville dans le grand salon transformé pour l'évènement en salle de concert. Lucyle chantera " l' Air d'Alceste" de Glück et la "Reine de Saba" de Gounod accompagnée par son mari Armand au piano. A Bordeaux, elle s'y sent bien. Elle  est un quelque peu mondaine et aime bien se faire voir avec les personnalités de l'époque. C'est au cours de ces belles soirées qu'elle rencontrera son futur mari qui appartient à la haute société bordelaise. Dès lors, la belle vie bordelaise sera faite d'allers et de retours Bordeaux, Paris et d' autres villes françaises et européennes. Elle sera la belle tragédienne lyrique que le public de Bruxelles ovationnera dans le rôle de Kundry dans Persifal de Wagner- regarder la photo de centre page 1.

     

                      Le pire arrive par le conflit de 1914/1918. Le 1er août 1914, les spectacles et les manifestations artistiques sont annulés. Ses trois frères sont mobilisés dès le début des hostilités. Deux de ses frères y laisseront leur vie. Les corps ne seront jamais retrouvés.  Valras-Plage porte encore le nom d'une rue de l'un d'entre eux Lieutenant Panis. Mais la guerre n'arrête pas les tournées de Lucyle et le public est au rendez-vous. A la Salle Gaveau à Paris, elle chante Glück. Au théâtre " Au Vaudeville" elle joue le rôle de Joséphine de Beauharnais dans "l'Aigle". Elle termine  son interprétation en entonnant la Marseillaise. Un triomphe républicain !

     

                      L'après guerre pèse sur le théâtre lyrique. Le cinéma gagne du terrain  et les spectateurs délaissent quelque peu les salles du théâtre. Toulouse d'abord puis Vichy ensuite seront ses villes d'accueil. Les curistes se bousculent ....(en se refaisant leur foie) pour écouter Lucyle qui chante au Grand Casino de Vichy.

     

                      Fin 1921, Lucyle part en Tunisie sur les traces de son père. Elle chante "Thaïs" au Théâtre de Tunis devant le grand Bey et le public est conquis par son talent.

     

                       A Bordeaux, Lucyle avait connu un élégant jeune homme André Lescouzère dont la famille possédait plusieurs théâtres. Fils richissime, il devint rentier de profession. Entre eux naquit une sincère amitié. En 1922, notre diva s'installe chez André qui devint son amant. C'est la grande vie, réceptions mondaines, cinémas, restaurants enfin les endroits les meilleurs. Au Grand théâtre de la ville elle fait revivre la " Perle de Saba" qui n'avait pas été joué depuis plus de 20 ans. Divorcée d'Armand elle voyage avec son amant - Périgueux et en août 1923 elle vient chanter à Lamalou-les-Bains au Casino.

     

              En 1928 la famille Panis fête deux mariages, celui de Lucyle avec André Lescouzère et son frère Georges avec Mireille Bru. Elle profite de son passage à Béziers pour chanter "La Tosca" au théâtre des arènes. Les années qui suivirent furent chargées en représentations. Elle est remarquable dans tous les actes par sa voix qui fait merveille.

     

             Et pendant ce temps , son père, ancien instituteur, qui avait pris sa retraite en 1919 s'était retiré à Valras-la-Plage. Il participe à l'animation, étant président du syndicat d'initiative de l'agglomération  qui compte alors 669 habitants. Il fait tout pour obtenir l'autonomie de son village qui est toujours considéré comme hameau de Sérignan. Le 12 avril 1931, douze conseillers municipaux élisent leur premier maire Alfred Panis le père de Lucile. Lors de la deuxième réunion, une demande est déposée pour changer le nom du hameau Valras-la-Plage en Valras-Plage. La même année un décret ministériel autorise cette inscription au registre des communes françaises. Alfred Panis fit beaucoup pour son village, l'arrivée de l'eau, de l'électricité, le nouveau cimetière, l'assainissement du Gourp Salat. Lucyle achète une maison sur le modèle des villas valrassiennes sur laquelle figure son nom " VILLA LUCYLE PANIS".

     

               Lucyle n'a pas encore cinquante ans, elle joue et chante de moins en moins souvent. Le 16 avril 1935 elle cesse toutes les prestations sur scène. Les affaires de son mari périclitent à Bordeaux. Lucyle se lance dans le cinéma elle chante "Frou Frou" dans "La Grande Illusion" de Jean Renoir et "Hugo Vabret de Martin Scorsese. Puis guerre 39/45. La vie devient de plus en plus difficile. Lucyle déprime et part avec André à Béziers. Ils s'installent au 46 HLM St Vincent de Paul. Le soleil ne lui rendra pas le sourire. Elle décède le 28 août 1966. Elle est inhumée dans le cimetière vieux de Sérignan à côté de toute sa famille.

     

              Il était une voix - Hommage à notre Lucyle Panis

           Un grand merci à Mme Cathy Bouchard Camedescasse, auteure du livre sur Lucyle Panis pour autoriser cette publication.

         JCdoc 03/2017                


    9 commentaires
  •  

               
       PINET sur la Voie Domitienne     

       PINET sur la Voie Domitienne

         PINET sur la Voie Domitienne
     
     


             V.D Pinet                                                             borne milliaire Sauvian

    Alors ! Raconte! N° 182

                                            PINET sur la Voie Domitienne 

     

              Ce dernier vendredi de janvier, le temps n'était pas clément, mais nous avons foulé au départ du bois de la Valogue, propriété du village de Pinet, le chemin antique où le nom de César verdissait sur des bornes vénérables de plus de 2000 ans. Dans ce paysage de vignobles et de collines boisées, la civilisation romaine a laissé beaucoup de traces: la Voie Domitienne bien sûr mais aussi des villas, des ponts, une organisation de l'espace par son cadastre, des plantes. Douze bornes touristiques nous ont guidé à travers le temps.

       PINET sur la Voie Domitienne Cette voie qui va de Rome vers les Pyrénées est la plus ancienne voie construite en Gaule par les Romains. Vers 120 avant JC, le pro-consul CNEUS DOMITIUS AHENOBARBUS qui venait d'annexer la Région entreprit la construction d'un gigantesque axe routier la Via Domitia. Ils ont construit tout droit en creusant la roche et en comblant les fossés. La Domitienne, nom donné par son ordonnateur DOMITIUS n'est pas dallée en campagne, elle est damée de terre et de sable afin que les sabots des chevaux puissent moins se fatiguer. En ville, les voies sont empierrées ainsi que dans les montées sujettes à ravinement lors des pluies. Cette voie reliait des centres de commandement dans les grandes villes appelés des civates et occultait les villages. Domitius Ahénobarbus venait de fonder Narbonne qui fut la première capitale de la province Narbonensis sous l'empereur Auguste. Cette province fut appelée plus tard la Narbonnaise. Cette voie a servi aux déplacements des légions puis au transport de l'information de relais en relais ( appelés mansiones) et du commerce notamment d'huile d'olives et de vin dans des amphores et des céréales. Certaines amphores faisant mention du vin de la région ont été trouvées sur les bords du Rhin et à Rome. Lors de son tracé, la voie a été légèrement déviée de sa trajectoire rectiligne pour éviter les coulées de basalte des trois volcans Ramus qui crachaient il y a 700 mille ans dans notre région. La Domitienne venait de Loupian (villa avec une belle mosaïque) et se dirigeait vers St Tibéry puis Béziers où l'Orb était traversé sur un pont flottant situé quelques mètres en amont du Pont Vieux (XIIème siècle) .

          Pour mettre en valeur ce site exceptionnel, la ville de Pinet a placé des balises indicatrices sur cette portion de voie rectiligne. La " coupe de Pinet" est une voie de 2 m de haut qui présente toutes les caractéristiques de sa construction. Au fond du vallon où pousse une vigne près du bois de la Valogne, des carrières de calcaire ont été utiles pour effectuer  la rehausse des creux, mais le remblai a été mangé partiellement par les pluies. La " coupe de Pinet" devait se situer dans un bois car dans les bois les Romains construisaient en hauteur, raison sécuritaire, tandis qu'en plaine elle circulait à faible hauteur. Les bas-côtés de la voie étaient aménagés en trottoirs pour les piétons .

          Les traces que nous ont laissé les Romains dans notre région sont multiples. Les terres inexploitées et celles confisquées aux populations rebelles ont été mises en valeur. Les marais ont été drainés. Ils ont crée le cadastre en découpant en champs géométriques les "centuries" de 50 ha notamment sur les terrains se situant autour de l'étang de Thau ( Montagnac - Pinet- Loupian - Mèze-Bouzigues- Villeveyrac). Une mosaïque de carrés. Ils tracent les voies de communication ( route du sel, route des mines, chemin des pêcheurs). Ils bâtissent des villae qui sont des gros domaines agricoles (Loupian). Ils apprécient les huîtres de l'étang de Thau. Ils édifient des thermes à Ballaruc. Ils pêchent en mer le thon. Ils n'avaient pas de GPS pour se diriger, rien que quelques lettres gravées sur des bornes milliaires. Il faut aller voir la superbe borne milliaire d'une hauteur de 1m38 à Sauvian. Erigée vers l'an 44 de notre ère elle est dédiée à l'empereur Claude 1er. Elle fut tirée d'une vigne en 1968 où passaient trois chemins annexés à  la V.Domitienne. Ils sont donc passés dans le coin - Hercule et ses bœufs - Hannibal et ses éléphants. Hercule aurait emprunté une ancienne voie passant près de Pinet avec les bœufs volés de Géryon aux trois têtes. Hannibal est passé avant d'en découdre avec les Romains suivi de 46.000 fantassins, de 8.000 cavaliers et de 37 éléphants.

           Maintenant, après avoir détruit puis reconstruit la "Coupe de Pinet", je vais me servir une "Coupe de  Picpoul de Pinet" avec des coquillages et des crustacés.

     

                                                   

       PINET sur la Voie Domitienne

     

     

    JC doc 02/2017    Pour plus d'informations sur la Via Domitia lire mon n° 82


    2 commentaires
  •  

               
       Agde, le Mont Saint Loup, la Grande Conque.  

     Agde, le Mont Saint Loup, la Grande Conque.

       Agde, le Mont Saint Loup, la Grande Conque.
     
     


     

    Alors! Raconte! N° 181

                              Agde, le Mont Saint Loup, la Grande Conque.

           Avec ce beau soleil, très envié des gens du nord, nous sommes partis faire une ballade autour du Mont Saint Loup, mais ne sachant pas pourquoi, nous  nous sommes retrouvés au dessus des falaises de la Grande Conque à Agde. Aucun regret  à avoir, cela nous a permis d'apprécier ce beau panorama où les vaguelettes de la Méditerranée venaient caresser le sable gris de la plage ainsi que les deux rochers volcaniques  que l'on nomme "Les Deux Frères". Avec un peu d'imagination on pourrait voir les silhouettes des faraglioni résurgences volcaniques caractéristiques de Capri et de l'île de Stromboli.

           Une légende est née un soir. Deux frères trouvèrent une sirène blessée sur la plage. Ils la soignèrent et tombèrent éperdument amoureux. Dans leur folie, ils s'entretuèrent. Une sirène, avant de regagner les flots supplia Poséïdon de les faire revenir et ils se métamorphosèrent en deux rochers volcaniques issus de la terre face à la plage de la Grande Conque.

            Nous ne sommes pas en terres inconnues et toute cette roche noire est le restant d'un ancien volcan de 15km2 comprenant 3 cônes de type strombolien dont il reste le Mont St Loup avec ses 112m d'altitude , le Pioch de 35m et le Mont St Martin 55m. Cet ancien volcan de Agde se trouvait à l'extrémité d'une série vulcanienne longue de 150 km et large de 25km disposée selon un axe depuis le Cézallier, le Cantal, l'Aubrac et les Causses, Lodève, Valros, St Thibéry et  se poursuivant jusqu'au Cap d'Agde elle s'enfonce de plus de 30km en mer laissant comme témoin le Fort Brescou. Il y a 750.000 ans, il faisait très chaud dans la région. Les terres de Vias, de Agde et de Valros résonnaient de grondements sourds, s'empanachant de nuages de gaz, de cendres et projetant des scories. Le volcan de Agde venait d'exploser fortement, il crachait, s'enflammait en des nuées ardentes et la lave jaillissait des gueules de la Roque Haute. La période a duré pendant 250.000 ans avec calmes et violences.

           A Agde, la première éruption s'est crée en mer et a formé la falaise stratifiée de la Grande Conque que les vagues de la mer continuent d'éroder, puis un deuxième cratère aujourd'hui disparu s'est formé au centre même de la ville, puis dernier témoin le Mont St Loup.

          A la pointe de cette falaise, un mémorial de la seconde guerre a été érigé en mémoire de tous les combattants de la 2ème guerre mondiale: américains, britanniques, canadiens et français qui ont contribué au débarquement sur nos côtes. Des stèles ont été érigées en cercle et complètent l'intérêt de notre visite.

          Décision unanime , vite à nos calèches ! Nous traversons la ville de Agde qui en 1793 reçut le surnom de " La perle noire de la Méditerrannée". Cette illustre cité grecque avec ses ruelles bordées de maisons couleur locale,  ses monuments en pierre noire uniques en Languedoc et son bel Ephèbe sur le rond-point de la sortie eut un passé très riche. Les Grecs l'avait appelée "Agathé Tyché des Hellènes" d'où la racine du nom qu'elle a conservé. Cette ville est magnifique avec son église en basalte, son écluse ronde et son musée de l'Ephèbe et pourtant elle a subit les conséquences de la guerre désastreuse entre la France et le pays d'Aragon. Roger de Loria en 1286 au service du roi d'Aragon pille, incendie les principaux bâtiments et tue des hommes adultes. Il faudra  reconstruire.

            Sous les détonations du Club de tir de Agde situé sur le mont, le  sentier pédestre qui le ceinture  nous dirigea vers  le sémaphore  et la Tour des Anglais. Les Anglais et les Hollandais, nos amis de toujours, ont débarqué le 26 juillet 1770 avec 2000 hommes pour prendre la ville de Sète. Sète prise, ils débarquent à Agde mais sont refoulés aussitôt laissant de nombreux morts sur le sable de la Grande Conque.

           Pour se protéger des invasions des barbaresques catalans et majorquins, le roi de France Philippe Auguste fait construire une lignée de tours de surveillance tout le long des côtes allant de St Marie de la Mer jusqu'à Port la Nouvelle. Certaines tours étaient armées d'un canon posé sur une plateforme. Le mont St Loup fut choisi pour l'édification au 16ème siècle d'une tour crénelée avec une entrée surélevée appelée Tour des Anglais .

           Mais vers 1730, la piraterie des barbares algériens en Languedoc est très active, des barbaresques sur leurs galiotes arraisonnaient  des bateaux de pêche, saisissaient la cargaison ainsi que les gens de mer pour en tirer une rançon et pour en faire des esclaves. Ainsi le 23 avril 1731, entre Sète et Agde, une galiote algérienne  enleva quatre bateaux sétois, capturant quinze pêcheurs. Cette affaire a été vite conclue par le Consul de France à Alger.

           Une ordonnance du roi Louis XV du 21 juin 1745 ordonnait aux Maires et Consuls des villes d'obliger les gens désignés à tour de rôle de fournir à leurs redoutes  pour faire des signaux, feux et fumées à (La Franqui, La Nouvelle, St Pierre, la tour de Valras, du Grau d'Agde,  celle du Castellas, du Mont St Loup, du Grau du Roi), de fournir de la paille et du bois pour faire du feu visible de loin et de la fumée. Ce fortin devait comporter deux gardes et un soldat ainsi qu'un matelot qui assurait les approvisionnements, deux lits avec draps et couvertures de laine, une table avec trois chaises, une cruche (pour boire la pastagas! hic!  pour voir si vous suivez), deux plats, six assiettes et de l'huile pour une lampe. Enfin !  ces employés municipaux qui de jour et de nuit devaient donner l'alerte à l'approche de voiles suspectes et à la moindre fumée ou lueur afin d'avertir la ville de toute incursion étrangère de flibustiers. Il manquait un tambour, le fifre et le tambourin, le sucre de canne, la vanille et le cumin et pourquoi pas la fin de mon histoire.

    A bientôt sur"jc34.eklablog.com"  Contes et légendes de nos cantons.

    JC doc 01/2017.

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique