• Alors ! Raconte ! N°203 - Funtjun

                     

    Alors ! Raconte ! N°203 - Funtjun

               Alors ! Raconte ! N°203 - Funtjun                                                    

     

                            

    Alors! Raconte! N° 203

     

                                                         Fontjun - lieu de mémoire.

     

     

     

                   Voici déjà 76 ans qu'a eu lieu le combat de Fontjun, hameau situé sur  RN 112 , route entre Cébazan et Saint Chinian. Une embuscade , le mardi 6 juin 1944, jour du débarquement en Normandie, fut néfaste pour la résistance armée du maquis du Biterrois. Dans la semaine sur la radio locale, émission "Les Français parlent aux Français" très écoutée à 19 heures  la BBC lançait des appels codés pour entraver la marche des allemands qui remontaient vers le nord. Renforcer les hommes du maquis et harceler les troupes allemandes, tel était le but. Toute la population attendait cet appel et à 20h 20 le 5 juin 1944, la BBC lançait "Il a rougi le  traître". Cette phrase codée venue de Londres appelait  l'Armée secrète du maquis Latourette a rassembler un maximum d'hommes (environ 70 Patriotes dont une femme) originaires de Puisserguier, Maureilhan , Montady, Poilhes et de Nissan lez Ensérune pour commencer la guérilla en bloquant la remontée des  occupants. Il fallait faire vite,  bien organisés en réunion, les résistants sortirent les armes  de leur cachette.  les hommes de Capestang rejoignirent d'autres arrivés de Colombiers, Nissan lez Ensérune et Poilhes bien déterminés à Puisserguier et grimpèrent dans deux camions . Le convoi était précédé par une Juva 4, petite voiture avec 5  passagers. Il devait monter vers Ferrières-Poussarou dans un haut lieu perdu dans les bois " La Fraise". Ils prirent contact  pour plus de sécurité avec les agents de liaison de Combejean. Il était 19 heures, ils devaient à l'origine emprunter l'itinéraire  Capestang, Cruzy, Villespassans, Assignan, Le Pardailhan et arriver au pont de Poussarou. Ce trajet ne fut pas respecté et au dernier moment avec du retard sur l'horaire prévu les camions prirent  la Nationale 112 Capestang , Puisserguier, Cébazan, Fontjun,  passer à St Chinian et monter vers St Pons. La raison de cette décision fut diversement interprétée. Il fallait faire vite car la nuit arrivait, puis les préparatifs avaient été faits de façon trop bruyante et sans précaution. De plus un officier allemand avait été capturé entre Capestang et Narbonne et contre toute attente, il s'évada et pouvait après avoir rejoint sa garnison  avertir l'imminence de l'opération.

     

     

     

                 Un premier camion partit de Capestang pendant qu'un deuxième camion attendait à Puisserguier. La petite voiture, la JuVa 4 ouvrira le route. Le départ fut fixé à 22h 30. La moitié des 70 hommes ne sont pas armés. Quelques uns portent dans leur sac des grenades et des mitraillettes à l'épaule. Une réserve de munitions était stockée dans des caisses. Vers 23 heures, le convoi traverse Cébazan et commence la descente vers St Chinian. Dans un virage au col de Fontjun, légèrement en retrait vers la colline, un car de soldats allemands était en travers de la route. Il était facile aux résistants de le voir. La Juva ralentit puis accélère et bouscule l'officier allemand qui demandait de s'arrêter. Miraculeusement, la petite voiture pilotée par Jean DURAND avec à son bord Henri BEZIAT, Robert DURAND, Angel MALLET et Daniel PIDOU passa, une roue dans le ravin .  Ils crièrent " Les Boches" ce qui arrêta les deux camions qui suivaient.

     

                

     

                         La bataille s'engagea.  Les allemands se mirent à tirer sur les 48 volontaires  armés. Dès leurs premiers tirs neuf maquisards furent tués (certains parlent de cinq) dont Danton CABROL qui se tenait sur le marche pieds du camion de tête. Les maquisards non armés tentent de se sauver en sautant vers la gauche mais en face, 40 allemands tirent tout azimut et tuent 4 autres  résistants dont Maurice BOUSQUET, Paul CABROL, André SIGURET et Maurice SOL. Le combat est inégal, face à des allemands aguerris tous nos maquisards sautent et tentent de sauver leur vie. Ils ripostent avec leurs fusils mitrailleurs et lancent des grenades, mais vite ils sont en manque de munitions. Jean MONTAGNE , sort de sa musette des grenades et très vite le car allemand brûle semant le désarroi chez les allemands. Ce qui donna l'occasion de s'enfuir dans les vignes  vers le tènement de Combebelle. Antoine COLOMBIE, malgré ses blessures se trainera jusqu'au hameau de Fontjun où Isidore Magnez l'accueillera, enverra son fils chercher le docteur  Vacquier à Maureilhan qui vint au chevet du blessé. Pour que les allemands ne retrouvent pas le blessé, Isidore Magnez le cacha dans un lit de paille sous des gabelles de sarments de vigne. Deux autres blessés Roland BERT et Louis ESPINASSE furent accueillis par la famille Barthez résidant quelques maisons en dessous du hameau. Joaquim Ascencio, le lendemain de l'embuscade, secourut Jean MONTAGNE. Mais il fallait être très prudent car les gendarmes avec leurs chiens renifleurs recherchaient les fuyards. Roland BERT prit un vélo et blessé il survit à la balle qui  s'était logée dans la cage thoracique. Louis ESPINASSE, Jean MONTAGNE et Antoine  COLOMBIE partirent avec le docteur VACQUIE.

     

     

     

                  Bilan de cette fusillade, près de 20 allemands sont tués , 9 morts et 18 résistants sont arrêtés et faits prisonniers  et 5 blessés côté français.42 personnes ont pu se disperser parmi lesquelles Monsieur CARRERE qui trouva refuge dans une cabane de vigne vers Cazedarnes. Pascal Ortala de Cébazan qui allait travailler sa vigne le découvrit et lui apporta de la nourriture. Plus tard la Croix Rouge le ramena et le soigna, mais il perdra sa main gauche.

     

                   Les français faits prisonniers sont emmenés à St Chinian, torturés toute la nuit et promenés dans les rues du village. Le lendemain, au petit matin, les 18 prisonniers dont une femme Juliette  CAUQUIL seront amenés à la caserne Du Guesclin à Béziers où ils seront interrogés et surement torturés par la Gestapo. Aucun ne parla, aucun ne cita un lieu, un camarade.

     

                    Le 7 juin, le chef de la Gestapo annonce que 18 prisonniers arrêtés à Font un dont une femme seront fusillés publiquement par groupes de six sur la place du 14 juillet à Béziers.

     

                                    A 14heures tombèrent sous les balles : Amouroux Elie, Albert Marc, Dez René, Cros Pierre, Cauquil Roger,

     

                                      puis Taixe Juliette épouse Cauquil qui voyant son mari mort devant ses yeux voulut mourir. Elle crachat sur l'officier allemand et s'écria "Vive la France", Huc Louis, Bousquet Marcel, Villeneuve Henri,

     

     

     

                                      puis Montagne Salvador, Loscos Emile, Baïsse Louis, Massat Henri, Combet André, Caux Louis,

     

     

     

                                      puis Quixalos Joseph, Bourdel Guy et Malet Ignace.

     

                  Ce triste évènement produisit une très forte émotion dans la population de Béziers et dans les villages environnants. 10 des victimes étaient de Capestang et les allemands décidèrent de s'en prendre à ce village. Les chars nazis encerclèrent Capestang pendant trois jours accusant la population de complicité , ils fouillèrent  les maisons qui durent laisser leurs portes et fenêtres ouvertes. Toutes les maisons  furent fouillées . 143 hommes de 18 à 45 ans furent rassemblés Place de la mairie, amenés à pied à Béziers et envoyés en Allemagne comme travailleurs forcés. À l'exception d'un seul, ils purent regagner leur village à la fin de la guerre. 

     

     

     

     

     

     

     

                  Comment certains de nos héros rescapés ont raconté les conditions de leur survie. Georges Guibbaud qui avait 20 ans s'éjecta du deuxième camion et se cacha dans une grange où le propriétaire du lieu l'avertit qu'il était recherché par des chiens pisteurs. Il se cacha pendant trois jours en effaçant ses traces marchant dans l'eau des ruisseaux et dormant dans les arbres. Il arriva au château des Albières situé près de Berlou. Il gardera un souvenir douloureux de ce cauchemardesque épisode. Il mourut à Capestang en juillet 2002 à l'âge de 78 ans.

     

                  Antoine Colombié, Résistant, futur président du comité de Libération puis maire SFIO de Maureilhan. Il écrit plus de trente ans après l’événement ; c'est l’un des rares récits d'un des résistants.

     

                   Le 22 août 1944, Béziers est libéré du joug allemand par la 1ère Division française libre.

     

                  Un an plus tard, le 10 juin 1945 était inauguré au col de Fontjun, devant 15 000 personnes, un monument à la mémoires des victimes.

     

                   J'avais 5 ans et cela restera toujours ancré au fond de ma mémoire.

     

    JCdoc 06/2020

     


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