• Bonjour Monsieur le Maire !

     

     

      
    Alors ! Raconte ! N° 76

     

                                                       Bonjour Monsieur le Maire !

     

     

     

                        Quand on parle de cochon, on le voit dans notre assiette sous forme de jambon, de saucisse ou bien  de boudin, mais dans ma petite histoire on ne le voit pas à une telle place.

     

                        Cette histoire se passe à Faugères, petit village de 500 habitants situé pas très loin de la route qui monte vers Bédarieux et près du pic du Tantajo (518 mètres d’altitude) si bien connu de tous les randonneurs de la Région. Quand on arrive de Béziers, on voit une tour de gué qui permettait jadis de communiquer avec d’autres tours situées sur les montagnes et les collines avoisinantes. Système très efficace et très rapide qui au moyen de bras articulés permettait le transport de l’information à très grande distance.

     

                        C’est suite à des rivalités religieuses violentes  que les ‘’Papistes’’ et les protestants se faisaient une guerre  acharnée pour élire le maire de la commune. C’est en 1790 c'est-à-dire après la Révolution que la commune eut un statut plus important en France avec à sa tête un maire, personnage central de la vie administrative. Il dispose d’un certain nombre de pouvoirs retirés à l’église. En effet, c’est avant 1790 que les curés recensaient les naissances, les mariages, les décès dans tout le secteur de la paroisse. C’est sous la Convention le 20 septembre 1792 que le clergé très réfractaire perd définitivement le droit d’état civil qui sera tenu par les corps municipaux. Le maire désigné est placé sous l’autorité du Procureur de la République et ne peut se soustraire pour la tenue de l’état civil, il ne peut pas refuser la délivrance d’un acte, il devient officier d’état civil, il célèbre les mariages, il récence les conscrits pour faire le service militaire. C’est le 12 janvier 1798 que le Directoire adoptera le service militaire obligatoire pour tous les hommes. Mais Bonaparte  Premier Consul par le coup d’état de 1799 réforma toute l’administration et donna au préfet le droit de désigner le maire pour les localités de moins de 5000 habitants. Ainsi le maire désigné sera durant son mandat à la botte du préfet, il portera des vestes réversibles selon que le préfet sera républicain, royaliste, parfois bonapartiste. Il devra porter serment de fidélité à l’empereur, au roi, au prince, au président selon le régime  en vigueur. C’est le 18 mars 1882 que le maire sera élu par le Conseil municipal lui-même élu par les électeurs de la commune.

     

     

     

                      Mais revenons à Faugères ce village à forte personnalité où l’histoire a été ponctuée par un épisode violant. En effet, depuis le XVIème siècle, les catholiques papistes et les  parpaillous (nom donné à l’époque aux protestants) cohabitaient en chiens de faïence. Ainsi dans ce village il y eut quatre temples protestants successifs dont un est encore un lieu de culte pour la communauté protestante.  Dans les années de 1952 à 1982, il y avait à Faugères autant de catholiques que de protestants qui s’entendaient tant bien que mal, mais  c’est au moment des élections municipales que les appartenances religieuses s’enflammaient entre les deux communautés. Les ‘’Papistes’’ et les ‘’Parpaillous’’ avaient décidé d’en découdre. Il fallait un maire pour six ans et aucunes des deux parties faugerollaises ne voulaient céder et surtout n’acceptaient pas l’alternance. Le préfet de Béziers, excédé mit en demeure les deux communautés de lui désigner celui qui devrait devenir leur nouveau maire. Toutes les propositions furent étudiées et mises aux voix mais aucune ne fut retenues.

     

                       Un parisien qui passait par là fut mis au courant de la situation et, solennellement dit ‘’ Faites comme vos ancêtres au moment de prendre une grave décision ! Que le plus jeune de la communauté cueille une pomme et qu’il la jette le plus loin possible dans la rue principale du village. Celui qui touchera le premier le fruit sera proposé au préfet pour devenir le premier magistrat du village !’’. Ce parisien plein de bon sens fut applaudi et continua sa route. Il est vrai que celui qui touchera le premier la pomme ne pouvait n’être qu’un solide gaillard,  viril et physique et les villageois trouvèrent l’idée très intéressante. Elle fut d’emblée retenue.

     

                      Le jour venu, les cinq plus jeunes candidats de chaque liste se mirent derrière la ligne de départ. Au coup de fusil du garde-chasse, le lanceur jeta le plus loin possible la pomme dans la rue et les ‘’Papistes’’ et les ‘’Protestants’’ se ruèrent à la poursuite du fruit. Et là ! Surprise totale ! Un magnifique cochon solide et rapide  mais surtout affamé est sorti d’un fourré longeant la rue et a avalé d’un seul coup de dent la pomme.

     

                       Les poursuivants de la pomme déconcertés, vexés se sont jetés ne sachant plus quoi faire sur le cochon voleur. La consternation fut totale parmi la foule médusée. Ce cochon a été plus malin que tous les candidats. Cependant une voix malicieuse d’un petit vieux du village se fit entendre ‘’ Vive Monsieur le cochon !  Vive Monsieur le Maire ! C’est gagné !’’.

     

                      Le bon sens venait de parler. Au bout de quelques minutes, l’idée faisant son chemin, les deux communautés avaient retrouvé la paix. Ce cochon faisait partie du paysage faugèrois et fut bien payé par le village à son propriétaire qui voulait en faire de la saucisse pour Noël. Le cochon fut logé et engraissé confortablement dans un enclos tout près de la salle du Conseil Municipal  de la mairie. Le préfet fut avisé que Monsieur Cochon avait été désigné pour la charge suprême de maire. Le préfet ne fut pas étonné de cette désignation et notre animal prit ses fonctions dès le lendemain.

     

     

     

                      En suite, tout s’est déroulé normalement. Le cochon assistait aux délibérations  qu’il acceptait par un grognement ou qu’il refusait en grattant le pavé de sa patte. Et c’est ainsi que notre cochon (plein de bon sang) dirigea en (mètres de saucisse) la destinée des (gens bons) de Faugères.  L’animal reçut des doubles rations de nourriture tant par les ‘’Papistes’’ que  par les ‘’Protestants’’. Monsieur le Maire est devenu énorme et très appétissant si bien que les fêtes de Noël approchant, les Conseillers municipaux le regardaient avec gourmandise. ‘’ Faisons de lui du boudin et des saucisses et remplaçons le par un nouveau cochon !’’ Ce qui fut dit fut fait. Monsieur le Maire passa à la trappe et tout le village se partagea les morceaux. Un jeune cochon toujours appelé Monsieur Cochon prit sa place et ainsi tous les ans et pendant dix ans, bien sûr sans que le préfet ne le sache, le cochon maire finit à Noël sur les grilles d’un barbecue géant au grand plaisir de la population qui, grâce à ce stratagème avait fini par s’entendre.

     

                       Histoire véridique qu’un maire adjoint de Faugères a bien voulu nous la raconter.

     

     JC d’Oc.

     


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