• guerres de religions en Languedoc

     

     

        
     Alors ! Raconte ! N°55

     

     

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          Les                                         guerres de religions en Languedoc.                                                                                                                              La tour de Constance à Aigues Mortes.

     

    guerres de religions en Languedoc

     

                     C’est la terrible histoire des huguenots, ces protestants enfermés sous Louis XIV dans la tour Constance à Aigues Mortes. Le terme huguenot est l’ancienne appellation donnée aux protestants français du Midi pendant les guerres de religion. C’est les hasards de la naissance qui les ont fait protestants.

     

               La tour de Constance, élevée en 790, fait partie intégrante d’un château et servait d’observatoire de surveillance en Méditerranée. De phare elle est passée prison.

     

               François 1er, ce Valois d’Angoulême, ce roi très chrétien, indifférent à la religion, fait alliance en 1531  avec les protestants et le sultan d’Orient Soliman le Magnifique. C’est le début d’une reconnaissance du protestantisme. Mais, dès 1534, les premiers écrits sur les murs paraissent à Lyon. Ecrits insupportables des protestants contre la Sainte Cène du Christ, donc contre la théologie.

     

              Le 13 janvier 1535, est proclamé l’Edit contre les Imprimeurs.

     

              Dès 1535, les huguenots fuient le royaume à cause des brimades exercées par le pouvoir royal. Calvin entraine les huguenots en Allemagne. Ceux qui restent en France doivent abjurer leur foi.

     

              Henri II ne peut rien pour arrêter cette évasion. Catherine de Médicis, régente de Charles IX essaye sans succès de rétablir la cohabitation. Les soldats du duc François de Guise massacrent dans la capitale 74 huguenots et blessent 200 autres au cri de ‘’Tuez les tous’’. Les réformés réagissent en attaquant La Rochelle, Le Mans, Lyon, Nîmes et Montauban. Le 24 août 1572  Charles IX, sous l’impulsion du Duc de Guise déclenchera la Saint Barthélémy. L’origine de cette tuerie est une vendetta familiale. Coligny (chef de file des protestants) aurait tué le père du Duc de Guise.

     

                1598 – Après 8 grandes guerres civiles et politiques, Henri IV, après son baptême catholique  donnera la liberté de conscience au peuple et promulguera l’édit de Nantes. Il instaurera 150 places fortes telles celles de Montpellier, Aigues Mortes, Nîmes, La Rochelle.

     

                1610 – Henri IV est assassiné par Ravaillac.

     

                Sous Louis XIII, la guerre civile continue. La Rochelle, fief huguenot est repris par Richelieu.

     

               En 1643, sous Louis XIV, les huguenots sont toujours poursuivis par l’influence du pape sur le roi. Les morts doivent être enterrés la nuit. Lors des mariages et des baptêmes, seuls 12 membres de la famille pouvaient entrer dans le temple. On interdit les mariages suspects huguenots avec catholiques. Les catholiques ne peuvent travailler sur la terre d’un huguenot. Les dragonnades sévissent. Viols, tortures. On tue même les chiens.

     

                En 1685, la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV supprime les libertés de culte aux protestants. Cela produit l’exode vers la Suisse, l’Allemagne et l’Angleterre de 200.000 personnes. D’autres partiront vers les Iles de l’Amérique et nombreux seront ceux qui mourront d’épidémie ou dans les naufrages Seuls les pasteurs seront autorisés à partir mais pour les autres, fuir était puni par la pendaison ou les galères pour les hommes et la prison pour les femmes.

     

                Au fil des siècles, les catholiques ont tué plus de gens que les musulmans.

     

                Malgré les brimades, les interdictions, les Cévenols se rassembleront et lanceront des expéditions contre les villages catholiques trop intransigeants – Fraissenet de Fourgues par exemple.

     

                 L’abbé de Chaila de Pont de Montvert, cet illuminé fera torturer dans son église les réformés. Le 24 février 1702, soixante réformés se rassemblent et incendient l’église et sa demeure, assassinent le curé  ainsi que les curés des environs. Le curé sera canonisé par le pape. C’est la révolte des Camisards (protestants des Cévennes et du Bas Languedoc).  25.000 soldats royaux ne pourront rien faire contre 2500 huguenots-camisards. Une camisarde est une attaque de nuit en chemise blanche. De nombreux villages de l’Hérault font des tentatives de soulèvement contre les dragonnades royales ( Lacaune – St Hippolyte du Fort – Ganges – St Gilles …)

     

                 Dès 1710, la révolte commence à se calmer. Les pasteurs sont menacés et non plus assassinés. L’ébullition religieuse se calme et la doctrine des jansénistes, ces philosophes des Lumières, permettra de mettre un terme à cette longue guerre des religions en 1715.

     

     

     

                  Mais revenons au pied  de la Tour de Constance à Aigues-Mortes !

     

                 

     

            La tour, reconstruite sur d’anciennes fortifications défensives du temps de Charlemagne, va devenir en 1710 une prison d’ Etat pour les femmes protestantes. C’est une magnifique construction, mais aussi une sordide prison. Une passerelle avec des meurtrières surplombant l’ancien fossé permet d’accéder à la tour. Au premier étage se situe la salle des gardes. Au rez- de- chaussée, la salle des chevaliers. Les gardes étaient plus ou moins sévères avec les jolies prisonnières surtout si elles étaient fortunées. Au dessus de la porte, une herse. Dans la salle un four à pain, la statue de St Louis, une fontaine d’eau potable. Sur la margelle du puits on peut lire, gravé dans la pierre ‘’ Register, symbole de la résistance huguenote’’. 30 femmes auraient pu être libérées si elles avaient fait parjure de leur religion. A l’intérieur, les conditions de vie étaient très dures surtout en 1730 où un froid intense sévit dans la région. La mer gela par -25°. Pauvreté et promiscuité, pas de bois pour se chauffer et peu de nourriture. Pendant 57ans, cette prison verra passer 130 prisonnières.

     

            La plus célèbre est Marie Durand qui a séjourné 38 ans dans cette prison. Elle a été incarcérée pour que son frère protestant se dénonce. Elle fut l’infirmière et la secrétaire de toutes les autres prisonnières. En 1737, elle a réussi à faire passer à Londres la liste  de toutes les femmes emprisonnées, environ 34. Elle demande plusieurs fois sa libération mais un contre ordre intervient toujours. Enfin, elle est libérée le 14 avril 1768 et termine sa vie en 1776 chez elle à Prades en Ardèche.

     

             Puis vient Suzanne Pages avec 18 ans de captivité.

     

             Marie Roux catholique a été dénoncée sans preuve. Interrogée en 1745, elle se déclare protestante en colère et reste 23 ans derrière les barreaux.

     

             On peut voir dans le musée du ‘’désert’’ une plaque gravée de tous les noms des femmes les plus connues.( Chez les protestants, ‘’désert’’ signifie la période allant de la révocation de l’édit de Nantes 1685 à la Révolution française 1789, c’est aussi en référence de la marche des Hébreux dans le désert.

     

             

     

              Admiration et profond respect pour ces trois femmes. Le prince de Beauvau, en visite, ému de la condition de vie des prisonnières fera libérer les 14 dernières en 1777.

     

              Elles sont les seules femmes emprisonnées en France pour la cause religieuse.

     

              Aujourd’hui, la cité médiévale d’Aigues Mortes honore Marie Durand et a donné son nom à une rue.

     

    JC d’Oc.

     


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