-
La fontaine ferrugineuse de Coursan dans l’Aude
Alors ! Raconte ! N° 74
La fontaine ferrugineuse de Coursan dans l’Aude.
Fer…. Ferru….. Ferrugineuse dites vous ?
Situé entre Béziers et Narbonne, le village de Coursan de 6230 habitants aujourd’hui n’existait pas au Moyen Age. A cette époque, le fleuve Aude se dirigeait vers la Méditerranée sur l’emplacement actuel du canal de la Robine. Ce cours d’eau était navigable de Port la Nouvelle jusqu’à Narbonne grâce à des barques à fond plat et des radeaux car le tirant d’eau n’est que de 1m50. L’Aude ne passait pas donc à Coursan. Mais, lors d’une crue en 1745, le fleuve se partagea en deux branches en aval du confluent de la Cesse – le vrai fleuve se dirigea vers Coursan et se jeta dans la mer au grau de Vendres – l’autre tracé au cours plus lent passa à Narbonne et emprunta la Robine pour se diriger vers la Réserve de l’île Ste Lucie puis arriva à Port la Nouvelle à l’embouchure de l’étang de Sigean.
Mais revenons à cette fontaine qui n’est pas cette fois miraculeuse et qui trône en plein milieu de la place du village à l’ombre des platanes. En 1865, les besoins de la population en eau potable du village de Coursan se faisant sentir, les autorités décidèrent d’effectuer un premier forage. A 150 mètres de profondeur une eau acidulée, alcaline et ferrugineuse remonta en pression. Cette eau analysée contient toujours 1,30 gramme d’acide carbonique par litre et est caractérisée par son odeur d’œuf pourri. C’est une certaine activité volcanique dans le sous sol qui lui donne cette caractéristique. En 1892 un nouveau forage permet de voir son débit passer à près de 40 litres par minutes. Cette eau sort à 16 degrés environ toute l’année. Le puits artésien est entouré d’une grille en fer forgé sur laquelle sont adossés 4 robinets reliés chacun par un tuyau à un vase d’expansion situé au dessus de la tête du puits. Cette eau est commercialisée au début du siècle dernier sous le nom de ‘’la merveilleuse’’. Pas merveilleuse pour les volatiles vendus sur le marché de la place car son émanation de gaz carbonique les asphyxiait. Un petit commerce était né par la vente de cette eau à Béziers, à Narbonne et dans les villages voisins.
Jusqu’en 1968, son aspect est resté pratiquement le même. En 1994, il a fallu mettre une pompe immergée pour faire fonctionner la fontaine C’est en 2006 que la fontaine reçut un réaménagement plus moderne en béton. Les grilles commençaient à se rouiller et l’eau qui coulait arrosait par grand vent les pieds des Coursannais. De plus les pavés de la place Auguste Tailhades (ancien maire) étaient tachés par le dépôt rouge que laissait ce liquide sulfuré avec son odeur repoussante ; le mercaptan. L’eau est potable mais sa teneur en sulfates en interdit sa consommation par les femmes enceintes et les bébés.
En 2007, sur recommandation du conseil municipal des jeunes avec avis favorable du maire et lors du réaménagement de la place une nouvelle fontaine a été inaugurée ‘’ en grandes pompes’’ dit-on ! Une grille carrée plus décorative avec dans son centre une colonne métallique éclairée comporte toujours les quatre robinets qui déversent l’eau dans des avaloirs. Et dans tous les villages les vieux centenaires à la santé de fer pullulent. Il y a toujours ceux qui sont pour et d’autres qui sont contre cette fontaine mais cette eau ‘’merveilleuse’’ ne cessera jamais de faire parler les gens.
En attendant levez donc un bon verre de merlot. Tchin ! Tchin à votre santé !
JC d’Oc.
-
Commentaires