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Le Céressou, volcan de Fontès.
Alors! Raconte! N° 202
Le Céressou, volcan de Fontès.
Notre randonnée a débuté au parking de la cave coopérative de Fontès. Fontès est un magnifique village dominé par son église Saint Hyppolyte classée aux Monuments Historiques. Son porche est très original ainsi que la tour de l'horloge. En passant sous les vieilles portes du village, on arrive au pied de l'ancien château cette place forte qui défendait d'une part le village mais qui empêchait le passage des envahisseurs vers Cabrières.
Les premiers châtelains, originaires de la seigneurie de Cabrières dépendaient du vicomte de Béziers. La vicomté de Béziers a perdu son ordre seigneurial du château de Fontès lors de la croisade des Albigeois en 1207 ,puis celui- ci est passé sous l'autorité de la Seigneurie de Lodève par le mariage en 1550 de Arnaud 1er de Viffec (ancien nom de Vissec) de Latude seigneur de La Tude et la souveraine dame de Fonts ( ancien nom de Fontès), fille de Pierre de Lodève seigneur de Fontes. C'est en 1617 que le patronyme de Fonts est devenu Fontès. Fuyant les rivalités seigneuriales entre Jonquières et Fontès, elle cède sa seigneurie à son fils Jean de Vissec de Latude.
Encore quelques lignes d'histoire écrites avec le goupillon de l'évêque de Lodève. Ce bailli était le tuteur du diocèse dont Fontès dépendait. Il faisait régner une justice sévère et beaucoup de condamnés furent pendus aux branches des fourches patibulaires dressées sur les flancs de l'ancien oppidum du Céressou. Ces gibets étaient dressés de façon d'être vus des terrasses du château. Signes extérieurs de Haute Justice, sur ces gibets potence les corps des pendus étaient privés de sépultures, ils étaient mangés par les animaux sauvages jusqu'à disparition.
C'est le roi Philippe le Bel ce Capétien appelé aussi "le Roi de Fer" qui instaura ces gibets. Il les attribuait selon les règles du droit féodal aux riches nobles. Ainsi les seigneurs, comtes et barons, devenus Hauts Justiciers, avaient le droit d'élever ces potences. Seigneurs et barons avaient droit à 4 fourches et les comtes à 6. Toutes les traces ont disparu sur prêchi-prêcha de l' évêque de Lodève.
Maintenant quittons nos chaussures pour traverser la Boyne car l'eau submerge les plots de passage. Quelques randonneurs ont préféré traverser sur des pierres glissantes ou sur des troncs d'arbres laissés dans la rivière lors de la dernière montée des eaux. La grimpette vers le sommet nécessite quelques efforts sur un sentier pierreux bordé d'oliviers, d'amandiers et de petits chênes. Arrivés sur le bord de l'ancienne caldeira où il ne reste que quelques traces de basalte de couleur noire, la pause était la bienvenue . Après le chemin de l'effort, il y a le chemin de la contemplation, un panorama somptueux s'offre à nos yeux. Vers le bas un beau point de vue du village de Fontès, plus loin la plaine couverte de vignes, bien plus loin par temps ensoleillé, la mer, Agde et Sète. Sur cette plaine, le Céressou, un des anciens volcans de la chaine qui va de l'Escandorgue à Agde a déversé, il y a 2.500.000 ans sa lave de basalte sur une surface d'une dizaine d'hectares , sur une épaisseur de 20 mètres, formant la colline du Péchet. L'érosion de cette colline n'a pas été trop active et a épargné sa structure restée intacte. Un beau musée pour les passionnés de vulcanologie.
L'histoire des Vissec, du château de Fontès, les fourches patibulaires, le volcan du Céressou et la colline du Péchet sont des vestiges qu'il faut voir, connaitre, apprécier pour s'évader de son quotidien lors des randonnées.
Rendez-vous pris si le coronavirus nous laisse vie.
JCdoc 03/2020
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