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Les anciennes et nouvelles arènes de Béziers
Alors Raconte !N°73 Les anciennes et nouvelles arènes de Béziers.
Beaucoup de biterrois connaissent la rue Canterelle à Béziers réputée pour ses arènes. C’est une rue encore recouverte de pavés qui monte derrière Saint Jacques. Elle a été empruntée par Hannibal en 218 avant JC en période d’été après s’être arrêté à l’oppidum d’Ensérune. Ce carthaginois est passé sur un pont construit un peu en amont du pont vieux, a gravi la rue, puis s’est acheminé vers Pézenas en empruntant l’Avenue Saint Saëns. Il est vrai qu’au bout de l’avenue Saint Saëns, se situent les nouvelles arènes construites en 1897 et achevées en 1901 sur le Plateau de Valras par Castelbon de Beauxhostes, qui peuvent contenir de dix à onze mille spectateurs assis plus 400 personnes debout derrière la tanlankere en bord de piste. M.Castelbon de Beauxhostes, trouvant l'acoustique excellente y organisa des spectacles lyriques avec le soutien de son ami Camille Saint Saëns. En ouverture lors de l'inauguration fut joué "Déjanire" opéra de Saint Saëns qui eut un très beau succès ce qui permit à M.Castelbon de Beauxhostes d'inciter la municipalité de Béziers à donner à l'avenue qui arrive jusqu'aux arènes le nom du compositeur Saint Saëns. Béziers, surnommée à cette époque " la Séville française" devint alors le " Bayreuth français". Ces arènes sont appréciées par la population biterroise surtout au mois d'août lors de la féria. Cette réjouissance populaire a débuté en 1968 sous l’initiative du sénateur Jules Fesch.
Antérieurement, d'autres arènes, avec des ossatures en bois se sont trouvées sur le Champ de Mars. Celles du quartier de l'Abattoir, avenue Foch ont vu si dérouler corridas et courses de vaches espagnoles.
Revenons aux anciennes arènes romaines qui ont été durant des siècles appelées ‘’ l’amphithéâtre antique de la colonie romaine’’ en latin ‘’colonia julia baeterrae septimanorum ‘’. Elles sont bien plus grandes que les arènes avenue Saint Saëns. Ce cirque construit en ovale avec de la vraie pierre de taille, d’une longueur de 110 m, de 90 m de large et dont la piste ne fait que 54 m de diamètre. Elles pouvaient contenir 15974 spectateurs soit à l’époque du début de l’ère chrétienne, l’entière population de Béziers et celle des villages environnants. Tout autour des murs, des poteaux en bois soutenaient des voiles qui permettaient en été d’assurer de l’ombre sur la plupart des gradins. Deux mille ans plus tard, ce n’est pas le cas dans les nouvelles arènes. C’est à l’empereur Néron en 69 après JC à qui revient la décision de la construction. C’est Titus qui posa les premières pierres en 80 après JC, puis Nerva finira en 98 après JC. L’empereur Trajan assurera les spectacles de 98 à 117. Ces arènes permettaient surtout à satisfaire les consuls et les troupes d’occupation de la Gaule narbonnaise mais aussi à égayer le peuple ce qui éloignait toutes tentatives de rébellion contre l’occupant romain. Les jeux les plus cruels étaient très recherchés et de nombreux paris étaient lancés sur les gladiateurs les plus valeureux (hommes, femmes, prisonniers et gladiateurs professionnels).’’ Avé Cézar, ceux qui vont mourir te saluent’’. La tauromachie a même vu ses premiers animaux sacrifiés sur sa piste. Le tauro piscine existait-il il y a 2000 ans ? L’eau, arrivant par l’aqueduc venant de Gabian a permis non seulement d’alimenter les thermes situés près des Halles mais aussi de faire des jeux aquatiques, notamment des concours d’apnée, de plongeons et de natation dans une piscine au centre des arènes.
Les arènes de Béziers sont actuellement visitables mais il n’en reste que quelques vestiges qui en imposent encore. Au Moyen Age, cette immense carrière a été démontée pour la construction du quartier Saint Jacques au 12ème siècle et bien avant des remparts qui entouraient l’enceinte romaine. Au fil des siècles, les habitants de la colline Saint Jacques ont même construit leurs maisons sur les gradins et sur la piste centrale et de ce fait ont presque fait disparaître toutes les traces. Sur les gravats, actuellement on peut y voir encore des fondations de garages.
Depuis 1989, les maires qui se sont succédé à Béziers ont pris à cœur de sauvegarder cet édifice romain et font tout pour éliminer toutes les constructions bâtardes qui les recouvraient. Ce site mérite votre visite (contacter la mairie de Béziers-syndicat d’initiative) et avec un peu d’imagination et surement avec un peu d’émotion, vous entendrez les clameurs qui ont couvert les spectacles romains d’autrefois.
JC d’Oc
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