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St Bauzille de Putois – la grotte des Demoiselles
Alors ! Raconte N° 51St Bauzille de Putois – la grotte des Demoiselles.
Cette commune de 114O habitants, près de Ganges est traversée par le fleuve Hérault et par la Départementale D 986. Les habitants s’appellent les Saints Bauzillois. C’est St Bauzille qui, venu prêcher l’évangile en 360 a donné le nom au village. La légende dit que, décapité, sa tête rebondit trois fois sur le sol et que trois fontaines ont surgi après le supplice. Depuis, près du moulin un quartier s’appelle ‘’ les trois fontaines’’. Pourquoi Putois ? En latin moyenâgeux, ‘’ad puteum’’ signifie ‘’ du puits’’. St Bauzille du Puits. Pas de connotation avec l’animal.
Tout près, le Pic St Loup avec ses 658m d’altitude et les falaises près de l’Hortus – temple de l’escalade. Pour mieux situer ce village : Notre Dame de Londres – St Hippolyte du Fort – Ganges. Pas très loin, le cirque de Navacelles et St Guilhem le Désert. A 5km se trouve le village de Laroque. Ce village classé s’enrichit d’une grotte dans laquelle a été découverte une gravure pariétale représentant un bovidé – tête de taureau gravée sur une paroi de pierre.
A St Bauzille de Putois, les ruelles moyenâgeuses coupent le souffle tant elles sont belles. A l’entrée du village en venant de Ganges, dans le massif du Thaurac qui s’élève à 483m d’altitude de nombreux avens et cavités souterraines font le bonheur des spéléos. Parmi les plus belles cavités, citons la plus célèbre ‘’ la Grotte des Demoiselles’’ découverte en 1770.
Cette région est le rendez-vous des orpailleurs. Dans le fleuve Hérault, ‘’l’or de paillettes’’ est encore recherché. Le métier d’orpailleur est très difficile et peu lucratif. Il faudrait une vie entière pour trouver l’équivalent d’un lingot d’un kilo d’or (environ 100.000 paillettes). De plus il faut préciser que seule la Banque de France a le droit de couler l’or de 24 carats en lingot et qu’elle prend au passage le prix de la moitié de la trouvaille. Cela ne vaut pas le coup de se mouiller.
A St Bauzille, sur le fleuve Hérault, le pont suspendu construit en 1864 a été emporté par les eaux en furies en octobre 1907. Un pont provisoire a été mis en place par l’armée en 1909. Une crue mémorable l’emporta deux ans plus tard, si bien que la municipalité mit en place un bac (un câble tendu avec un wagonnet) pour relier les deux rives du fleuve.
Pendant longtemps, l’économie florissante du village était basée sur les charbonnières, ces espèces de tumulus pour faire du charbon de bois. Avec le bois, les verreries se développent. Beaucoup de châtaigniers poussent dans la région. L’’Arbre à pain’’ fournit les marrons glacés et ceux nécessaires pour farcir la dinde à Noël.
En 1709 une gelée dévastatrice a ravagé les châtaigneraies. Elles commencèrent le lendemain des rois et durèrent 3 mois. Le même épisode se reproduisit en 1907 et en 1956 avec le gel de presque tous les oliviers de l’Hérault.
En 1500, le capitaine De Carles, enfant de ST Bauzille, ramène d’Italie des boutures de mûriers. On plante sans savoir trop quoi en faire. Ces plants résistèrent aux gelées de 1709 et la sériciculture prit son essor dans la région de Ganges. Malheureusement eu 1850, la maladie des vers à soie fait de gros dégâts. C’est 10 ans plus tard que les filatures et les magnaneries se développent dans la région. C’est dans les magnaneries où sont élevés les vers à soie. Les filatures filent la soie du cocon. Le succès durera 80ans avant que ne soit découvert la rayonne puis le nylon en février 1935 par l’américain Wallace Carothers. Le déclin de la soie est inévitable. Au début, en 1938, avec le nylon on fabriqua les premières brosses à dents puis en 1940 des bas de femmes. En Février 1960, le président de la République Ch.De Gaule vient visiter St Bauzille de Putois. Les patrons des filatures offrirent à Tante Yvonne 2 coffrets de bas de soie qu’elle prit avec déférence mais ne les essaya pas en présence des ouvriers. Le grand Charles en aurait perdu ses deux étoiles. A cette époque, les filatures produisaient 25 millions de paires de bas de soie par an malgré la concurrence du satané nylon.
Revenons à la célèbre grotte des Demoiselles découverte en des temps immémoriaux bien avant 1770. Ce n’est pas une légende racontée au coin d’un feu, mais un fait réel. Jean, un jeune berger, faisait paître ses moutons sur le plateau et perd un agneau. Le chien du troupeau avait vite repéré le trou dans lequel l’animal intrépide était tombé. Jean, éclairé par sa torche descendit la pente de la grotte à la recherche de l’agnelet. Le chien restait près du trou pour garder le troupeau. Après plusieurs glissades successives, le jeune berger entendit les bêlements de l’animal. Au bout d’une heure, toujours plus en avant dans la descente, il déboucha dans la vaste salle de la ‘’Cathédrale’’. Il glisse, ricoche et 60m plus bas, il arrive au fond de l’antre et s’évanouit. Il lui semble voir des jeunes demoiselles dansant un spectacle irréel, vêtues de longues robes de dentelle blanche piquetées de diamants. Elles chantaient et virevoltaient en faisant une ronde autour de son agneau. Redevenu lucide, il retrouve son agneau et, sa torche grésillante, il entreprend une vertigineuse remontée. Après deux heures d’efforts, il retrouve le plateau.
Les villageois avisés le crurent sur parole. Les jeunots veulent voir ces belles demoiselles décrites par Jean. Ils retrouvent le trou noir de l’entrée. Depuis, la grotte sera appelée ‘’ la bauma de las fadas, de las damaiselas ‘’ ce qui signifie en bon français '' la grotte des fées et des demoiselles''. De nombreux mystères entourent cette cavité. Elle fait peur et le curé du village, par ses sermons met en garde ses ouailles de ne pas aller voir les stalactites, ces êtres maléfiques. Le fantastique, c’est l’enfer. Et pourtant, c’est dans ces galeries, en 1789, que de nombreux prêtres réfractaires à la Révolution ainsi que des camisards pendant les guerres de religions y trouveront refuge.
En 1889, c’est la consécration, Edouard Martel, le célèbre spéléologue atteint le fond de la cavité. Visite sportive et périlleuse. Il décrit son émerveillement. C’est un spectacle féerique. Ces fées pétrifiées sont là depuis des millénaires !
1931 voit son aménagement, sa visite est ouverte et le public remonte une centaine de marches.
En 1932, Gaston Doumergue, Président de la République inaugure l’accès de la grotte qui remonte jusqu’aux salles supérieures par un tunnel presque vertical qui intègre un funiculaire. Ce funiculaire est unique en Europe car il remonte une pente des plus abruptes.
Dans une température constante de 14° vous admirerez dans ce décor intemporel sculpté par l’eau des concrétions de couleurs étonnantes. Vous ressentirez l’émotion, grandeur nature, des premiers explorateurs qui, lorsqu’ils découvrirent la salle de la Cathédrale des Abîmes, avec ses 52m de hauteur, ses 48m de largeur et ses 120m de longueur, furent ébahis par cette magnificence. Vous admirerez les draperies, les orgues, le manteau royal, les vasques, les gargouilles et les santons, véritables monuments sculptés, gouttes après gouttes par le temps. Votre émotion parviendra à son comble lorsque vous admirerez au centre même de la Cathédrale la stalagmite la plus prestigieuse sur son double piédestal, dans une calcite immaculée la ‘’Vierge et son Enfant’’. Dans le fond, ‘’le Buffet d’Orgues’’ et le ‘’Mur aux Mille Colonnes’’ Laissons faire votre imagination ! Après la ‘’Salle de Musique’ où vous pourrez égrainer quelques notes en tapotant une stalactite, vous remonterez par le funiculaire pour retrouver l’air libre. Après cette visite, vous comprendrez comment le petit berger Jean, après sa chute, a bien vu des fées danser autour de lui aux sons des croches et des doubles croches.
Il faut signaler aussi, qu’en été, des concerts de piano sont organisés à l’intention des mélomanes.
Après cette visite dans les entrailles de la terre, les visiteurs sont sidérés par le spectacle qu’’ils viennent de voir.
Cette région est magnifique. C’est le mariage d’un village, de l’onde, des antres et des bois. Cet été avec vos amis allez, donc visiter, faire des randonnées ou bien en canoë descendre dans les gorges profondes du fleuve Hérault.
JC d’Oc.
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