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La cathédrale St Nazaire de Béziers.
Alors! Raconte! N° 133
La cathédrale St Nazaire de Béziers.
La cathédrale St Nazaire de Béziers est un excellent observatoire sur la plaine où coule l'Orb. Avec ses 50m de hauteur, elle permet de voir sur 360° de l'Espinouse au Capcir, de la Méditerranée au Somail. Ce bâtiment est crènelé comme un château-fort. Du haut de son donjon, on apprécie la vue sur le moulin de Bagnols, le pont vieux de l'époque romaine, le pont neuf de 1845, le pont du chemin de fer qui date de 1846, le pont de l'Occitanie construit sous l'initiative de Georges Fontès en 1985, le pont du canal du midi en 1854. Cette cathédrale "des vignes" est l'image de la ville qui attire les regards et elle est visée par les appareils photos des touristes qui passent sur le pont neuf. Que l'on regarde la ville de toutes parts, la cathédrale impose par sa force, sa grâce par sa masse importante. Dès les premiers rayons du soleil, elle s'illumine. Ses tours sont menaçantes et austères. Ce bouclier architectural, un des plus beaux édifice gothique du Languedoc est une sentinelle qui surveille le fleuve Orb qui à ses pieds s' est endormi.
Le jardin des évêques, accolé au murs de St Nazaire. Lieu de recueillement des évêques. Calme, sérénité, havre de paix, ce jardin en terrasses descend vers l'Orb. Conçu comme une broderie dite à la française, c'est le patrimoine légué par les ecclésiastiques à la ville de Béziers. On y accède par le Plan des Albigeois. Ici se sont dressées les premières habitations du site en continu depuis le VIIème siècle avant JC. C'était l'époque de la brillante civilisation des oppida ( villages fortifiés sur les collines). Les Celtibères, les Grecs, les Etrusques et les Carthaginois ont commercé avec la ville.
Mais qui était Saint Nazaire ?
Le martyre Nazaire Africanus est né à Rome au 1er siècle de notre ère d'un père païen et d'une mère pieuse. Animé par ses vertus précoces envers la religion, il devint un fervent chrétien à Rome. Ses parents l'autorisent à aller prêcher la foi catholique. De villages en villages, ses prêches dans les populations païennes, ses visites aux chrétiens martyrisés dans les prisons finissent à implanter la religion catholique. Chassé de Rome avec ordre de ne plus revenir en Italie, il s'exile en France. A Nice, il rencontre un enfant qui s'appelle Celse. Après avoir baptisé ce dernier, ils ne se sépareront plus jamais. Les conversions étaient très nombreuses car le climat de l'époque aspirait à avoir moins de dieux païens et surtout moins de cruautés. Comme Napoléon nos deux évangélistes vont remonter le chemin qui mène à Embrun puis vers Grenoble. Leurs sermons , leur éloquence sur l'amour fou qu'ils donnent à JC convertissent de nombreuses personnes. Malheureusement, ils reviennent en Italie. Arrêtés à Milan, flagellés, ils sont conduits à Rome pour avoir la tête tranchée. Il parait que St Ambroise a retrouvé les tombes de ces deux martyrs. Les têtes n'avaient pas changé. Barbes, cheveux étaient restés intacts et un agréable parfum s'échappait de la sépulture . Enfin soit sur cette légende !
Mais revenons à notre cathédrale. En 897, il existait sur cet emplacement un cloître qui tirait ses revenus de domaines disséminés dans la région. Un peu avant le bouillonnement religieux de l'an 1000, les dominicains quittent le cloître et celui-ci disparait dans l'oubli des écritures. Reconstruit au XI ème siècle, d'une forme réactualisé comprenant son préau, son puits, sa salle capitulaire. Il s'adaptait au goût des fondements religieux de l'époque au dessus du mur impressionnant qui le soutient. Cette construction est la base de la cathédrale actuelle. Le cloître possédait des murs très épais couronnés de créneaux, des meurtrières et des mâchicoulis qui lui permettait de se défendre en cas d'attaque venant de la rivière . L'église a été construite sous trois styles bien distincts. Tout d'abord l'art carolingien pour le cloître d'origine (années 800 - 900 sous Charlemagne puis l'art roman aux voutes rondes (l'an 1000 - Plan St Louis -lors de la construction de la cathédrale. Puis lors de l'épisode sanglant de la Croisade des Albigeois en 1209, la cathédrale est brûlée par les Croisés, elle éclate comme une grenade. Il ne reste qu'une partie de la façade. A l'intérieur, de nombreux hérétiques sont passés au fil des épées et brulés( entre 8000 et 15000 à Béziers) . La voute s'effondre sur les gens. La cathédrale est sinistrée . Mais dès 1215, les travaux de reconstruction démarrent la rénovation sous l'égide de l'architecte Gervais. Sur sa base romane, une nouvelle cathédrale gothique renait avec ses murs très hauts qui montent vers le ciel, mais on accédait à l'intérieur de la nef par deux escaliers énormes de plusieurs marches. Autour de la cathédrale, les bâtiments des alentours destinés aux chanoines ont disparu lors des reconstructions. L'ancienne prison attenante n'était qu'une annexe pour les franciscains. Déjà, par prédilection les moines occupaient antérieurement les cellules que de nombreux prisonniers ont occupé récemment.
Les fouilles effectuées en 1938 sous la cathédrale ont permis de mettre à jour dans la partie sud de l'ancien cloître, côté prison actuelle, à cinq mètres de profondeur, sept salles qui ont caché des biterrois lors du sac de la ville par Simon de Montfort en juillet 1209 et pendant la Révolution française. Ces salles communiquaient avec les cellules de l'ancienne prison de Béziers par une grille qui était cachée par une petite cloison de 3 cm durant neuf siècles. Les prisonniers pouvaient, s'ils en avaient eu connaissance avoir la possibilité de s'évader par un souterrain qui menait aux anciennes arènes romaines situées Rue Canterelle. On peut visiter actuellement cette grille.
Cette cathédrale est la seule en France à posséder sur tous les murs sur lequel court le chemin de ronde des meurtrières et des mâchicoulis qui permettaient de se défendre et tenir un siège durant plus d'un an devant l'envahisseur. Sous la cathédrale il y avait des caves secrètes contenant des silos à blé et des citernes pour l'eau.
Aujourd'hui, on peut monter sur le chemin de ronde qui entoure le clocher par un escalier en colimaçon. Vous apprécierez ce que nous offre notre cathédrale, en dessous les fortifications millénaires, en face la belle plaine de notre Région biterroise et en haut le sauveur de l'humanité sur sa croix.
JC d'Oc 02/2014
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