• La Cité de Carcassonne.

     

        Alors! Raconte! N° 126

                                                La Cité de Carcassonne.

    .Aujourd'hui, l'époque moderne a rendez-vous avec le Moyen Age.     

            Entre la Montagne Noire et les Pyrénées, Carcassonne , arrosée par l'Atax ( ancien nom du fleuve Aude) est dominée par les remparts médiévaux de sa Cité. Toutes les pierres de ses murailles donnent de la couleur à son histoire. Toutes les civilisations qui se sont succédé ont laissé des traces de leurs passages. Des cabanes en boue séchée du VIème siècle avant JC, dont les riches Volsques Tectosages en firent fi, les constructions romaines ont laissé plus de traces car elles constituent les fondations des murailles qui supportent de nos jours des tours gallo-romaines qui ornent les fortifications. Chaque page de l'histoire de la Cité  apporte par ses écrits les aléas et les légendes qui firent le bonheur des écoliers. Aux estocades avec des épées de bois se succédaient les tournois sur le  dos d'un camarade, jeux de chevaliers de notre tendre et insouciante jeunesse.

             Les Francs détruisent, les wisigoths reconstruisent, un jeu moyenâgeux. Puis les Mérovingiens, les Carolingiens puis les Sarrasins occupent la Septimanie. C'est à cette dernière période sarrasine que les troubadours, de châteaux en châteaux, raconteront la légende de Dame Carcas dont Charlemagne est son héros.

            """ La Cité était occupée par les Sarrasins et depuis plus de 5 ans, la forteresse tenait tête aux soldats de Charlemagne, mais les vivres venant à manquer, la famine guettait les défenseurs. Il était difficile de tenir très longtemps. Dame Carcas prit les armes de son mari mort durant un assaut. Elle plaça sur les créneaux des mannequins de pailles représentant des soldats et jeta par-dessus le  pont levis un jeune cochon à qui elle avait fait manger sa dernière écuelle de blé. Charlemagne, croyant que la Cité était encore capable de se défendre et de se nourrir encore longtemps décida de lever le camp. Le dernier cavalier ayant tourné les talons, les cors, les olifants et les cloches de la Cité retentirent et l'un des vassaux dit à Charlemagne "Sire, Dame Carcas sonne !"; ce qui donna le nom définitif à la ville.   """"     

            Cette légende a été outrepassée du fait que le père de Charlemagne avait déjà pris la Cité 20 ans auparavant. Enfin, soit!!  elle aurait pu leur jeter un porcelet grillé sauce au miel et quelques bonnes bouteilles d'hippocras pour commémorer l'évènement.

            Le trésor, c'est le mélange de l'histoire et de la légende ; mais le meilleur à Carcassonne c'est le célèbre cassoulet qui doit son nom à la casserole dans lequel on le fait cuire à longueur de journée. Contre la braise, le cassoulet dans le faitout chante et se colore. Il s'en dégage un parfum qui entre par les narines et un goût qui sublime vos amis et vos amygdales. Ce ragoût gratiné concentre tous les sucs des viandes qui sont à l'intérieur et c'est le travail de la fourchette d'aller chercher le morceau de viande qui vous fait envie. La saucisse de Toulouse, le confit de canard, le saucisson à l'ail, la poitrine fumée et les haricots coco sont présents pour que ce trésor gastronomique entre à l'Académie du Cassoulet et dans votre estomac.

               Après avoir salivé avec ce dieu de la gastronomie occitane, revenons à nos pierres qui racontent l'histoire.

               Sous la féodalité, au 11ème siècle, Bernard Aton IV Trencavel, déjà vicomte de Nîmes, Albi et Béziers annexe Carcassonne et le Razès au détriment du Comte de Barcelone. Il construit le château comtal et renforce les bases romaines. Au XIIIème siècle, Raimond Roger de Trencavel contrôle la Cité. C'est la période de l'Inquisition quand le catharisme se développe dans le Midi. C'est la période douloureuse de la Croisade des Albigeois ordonnée par le Pape Innocent III.

               Dans la tour de l'Inquisition du château comtal appelée aussi tour ronde de l'évêque avec ses cachots où l'on retrouve des traces et des chaines on y  pratiquait la torture et  l'évêque Pierre de Roquefort y a fait martyriser en 1319 son propre franciscain Bernat Délicios  accusé de crime de religion. Sur les murs d'un cachot on peut voir des graffitis qui représentent des scènes de flagellation ainsi que la croix de l'infamie que portaient les cathares sur leurs vêtements.

               La Cité de Carcassonne résiste  aux assauts répétés des Croisés de Simon de Montfort durant 14 jours mais suite à une traitrise, Raimond Roger de Trencavel qui avait décidé de négocier sa reddition est fait prisonnier malgré le sauf-conduit que le chef des Croisés Arnaud Amaury lui avait accordé. Emprisonné dans son propre donjon, il mourut trois mois après son enfermement le 10 novembre 1209. Notre guide a parfaitement mimé sa mort dans la salle aux albâtres, son chapeau à terre faisant usage de couronne vicomtale déchue. Nul ne saura si le vicomte a été empoisonné ou atteint de dysenterie comme affirme la chanson de la croisade.

               Dès lors, la Cité a un nouveau maitre, le vicomte Simon de Montfort et, par le traité de Paris (12/4/1229) elle sera raccordée au domaine royal de Louis IX (Saint Louis) après le mariage de Jeanne de Toulouse avec le frère du roi Alphonse de Poitiers.

               Fin du XIIIème siècle, le roi Philippe III le Hardi fait construire les remparts extérieurs et rehausse les remparts intérieurs pour les adapter aux techniques nouvelles de l'artillerie - trébuchets, catapultes…. Après le rattachement du Roussillon à la France par le Traité des Pyrénées en 1659, la paix fut signée entre la France et l'Espagne. Le site perdit son importance stratégique et fut délaissé car du 14 au 18ème siècle la ville basse de Carcassonne connut une forte expansion économique grâce à son industrie drapière. La forteresse,  petit à petit,  se détériora et la majestueuse cité devint qu'un petit quartier où les gens du bas venaient se servir dans cette carrière de pierres.

                Et dire qu'en 1790, les murailles de la Cité ont failli être détruites. La disette faisait rage dans la ville à cause de la mévente du blé qui enrichissait les gros négociants et les grands propriétaires. Une révolte de la population eut lieu en 1789 et 1790, en pleine Révolution Française, où des convois de blé furent pillés, notamment dans le port du Canal du Midi. La population de la ville, pauvre et réduite à la dernière extrémité, pour échapper à la répression ferma les portes du château comtal et se barricada dans les murs. Le Directoire de l'Aude demanda au roi Louis XVI qui était encore aux Tuileries à Paris de faire détruire les murailles de la Cité. La réponse n'eut pas le temps d'arriver.

             Puis, Jean Pierre Cros-Mayrevieille sauvera la Cité en finançant sa restauration par l'architecte Eugène Viollet le Duc de 1846 à 1911. Les 52 tours crénelées recevront un toit pointu en ardoise. Les fortifications auront une longueur de 3 km.

             La suite, c'est encore une autre histoire car si l'histoire est éternelle, c'est par la fin qu'elle commence.

             Maintenant, les nouveaux assaillants sont les hordes de touristes qui en été remplissent les parkings et les caisses des commerçants. Les 11 restaurants de la Cité se livrent bataille pacifiquement pour faire le meilleur cassoulet. Tous les enfants sortent par la porte Narbonnaise avec des épées en plastique "made in china" et tous les soirs de grosses boites vides ayant contenu du cassoulet (fait maison!!! ) débordent des poubelles.

            Voici donc exposées quelques petites anecdotes sur la Cité de Carcassonne  que nous avons eu la chance de visiter le 30 mai dernier avec un guide débordant d'humour qui mima la mort de Raimond Roger de Trencavel en quelques termes occitans. Un vrai régal !! (voir photo plus haut.

    JC d'Oc 06/2013

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :