• La restauration du Moulin du Roc de St Chinian

     

     

    Alors! Raconte! N°131

     

                                  La restauration du Moulin du Roc de St Chinian

         

              Le  village de St Chinian  en ce 17 juin 2001 n'était pas pour cette fois à l'honneur pour l'appellation d'origine contrôlée de son vin, mais pour le prince du vent qui domine le village dénommé le moulin du Roc. Ce bâtiment, après plus d'un siècle d'inactivité était tombé en ruines et depuis longtemps, le vent de l'Ouest que l'on appelle le" Cers" ne faisait plus tourner ses ailes qui de plus n'avaient pas résisté aux assauts fougueux d'Eole. Gros tonneau sans fond ouvert à tous les vents et prédateurs.

              C'est vers 1830 que les meuniers et les paysans du Saint Chinianais ont vu péricliter la minoterie et l'on peut encore voir, dominant les vignes les vieilles carcasses délabrées des moulins. Vers cette date, le cours du blé chuta inexorablement. A Sète, on construisit des minoteries plus modernes pour moudre le grain et les meuniers de la Région durent rechercher une autre affectation utile à leurs moulins. Tout près du moulin, sur l'ancien chemin qui conduit à Cébazan, un four à chaux fut construit. Les roches de calcaire, chauffés à 1000° pendant six jours produisaient par calcination une pierre blanche qu'il fallait broyer pour obtenir un liant qui servait de mortier, de désinfectant dans les écuries mais surtout pour faire la bouillie bordelaise pour combattre le mildiou de la vigne. C'est ainsi que le meunier recevait tous les six jours la matière première que les meules du moulin broyaient ainsi Maitre Cornille put sauver momentanément son activité. Mais malheureusement, la qualité de la chaux laissait à désirer et de nombreux viticulteurs firent un procès car les machines à sulfater ne pouvaient répandre la bouillie sur les ceps et pour les maçons du bâtiment la poudre de gypse était trop argileuse.

              Revenons à ce beau jour de l'inauguration du nouveau bâtiment flambant neuf qui toutes voiles dehors pour l'évènement attendait les longs discours des grands hommes du pays et la paire de ciseau pour couper le ruban d'une nouvelle vie.

             Le vent était de la partie. Il soufflait fort. C'était un très bel augure pour la fête. On pouvait faire tourner les ailes et tous les habitants de St Chinian en admiration pouvaient lever les yeux vers la colline du Roc. Le Maire, ceint de l'écharpe tricolore qui honore sa fonction, entouré de quelques maires des villages environnants, du curé,  du Conseiller Général du département, du député du Canton, tous ces notables arrivèrent en voitures et gravirent les quelques mètres qui les amenèrent jusque devant la porte du moulin. Certains eurent une petite difficulté car leurs chaussures de ville n'étaient pas adaptées à la configuration du sol

    L'honneur d'ouvrir l'évènement vint en tout bien tout honneur au vénérable curé de la paroisse. Après maints signes de croix face aux ailes et quelques coup de goupillons bien ajustés, les ailes se mirent à tourner et le craquement des rouages se firent entendre, puis sur le parvis, le ruban tricolore coupé, le premier magistrat du village prit la parole et retraça toute la restauration de ce bel ouvrage qui avait coûté "" ?"" un coup de vent violent empêcha l'assistance d' entendre le coût de l'opération et son financement (1). Puis comme Eole redoublait d'ardeur, le Maire, pour mieux se faire comprendre fit des moulinets avec ses bras et prononça des paroles inextricables emportées par la bourrasque. Avait -il un bon coup dans l'aile comme l'on dit dans le Midi. Heureusement qu'il n'est pas monté sur les ailes pour fixer la voile ou faire son discours. Pendant ce temps là, notre moulin, toutes voiles déployées tournait et les quelques sacs de blé broyés sous les meules commençaient à produire la mouture qui tombait dans la trémie. La file d'attente pour la visite était impressionnante. De plus un ordre d'accès fut décidé car le rez-de-chaussée et le premier étage, trop exigus  n'acceptaient que quelques visiteurs à la fois. L'échelle de meunier, bien que neuve ne pouvait supporter qu'un faible poids.

               Ce moulin qui donnait l'impression d' enfant pauvre du pays, selon les dires du Conseiller Général, devrait être utilisé pour promouvoir les produits du Saint Chinianais, tant faut-il ne pas se battre contre des moulins à vent car la concurrence est rude.

              Maintenant que le moulin devient productif de farine, faudra t-il remettre en valeurs les terrains en jachère pour y semer le bon grain et construire un four à pain à proximité . Du pain, du vin et du boursin , c'est pour demain ! Beaucoup de promesses de nos élus n'ont pas été tenues. La cepelada, ce toit tronc conique orientable a perdu  par manque d'entretien quelques planches suifées qui lui assure son étanchéité.

                De passage en juillet 2015, hélas! cent fois hélas! les ailes par manque de surveillance et d' entretien sont tombées par terre et notre moulin a perdu sa prestance et ressemble plus à un tronc des pauvres prêt à recevoir l'obole qu'à l'office du tourisme qui attend les effets souhaités de nos chers élus.

     (1) coût final    1.400.000fr  ou 213.428 euros. Soit 112,33 euros par habitants. Une belle galette à l'instar du  "le moulin de la galette" à Montmartre.

         JC d'Oc 12/2013.


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