• Le Canal du Midi

     

     

     

     

     

     

     

     

    Alors! Raconte! N° 102

                                                Le Canal du Midi

           Construit sous le règne de Louis XIV, cette voie d'eau est toujours le plus ancien canal d'Europe. Pierre Paul Riquet, ingénieur concepteur le fait serpenter sur 241 km entre l'étang de Thau aux Anglous jusqu'à Toulouse au Port de l'Embouchure - Ponts Jumeaux. Il se prolonge jusqu'à Bordeaux par le canal latéral à la Garonne sur 193 km.

            En 1681, il fut inauguré par Henri Daguesseau, Intendant du Languedoc qui a représenté le roi Louis XIV. Pendant la Convention, tant que les révolutionnaires faisaient confiance au roi Louis XVI, on l'appelait le Canal Royal du Midi, mais depuis le début on l'a appelé le Canal des 2 mers, celui qui relie l'Océane à la mer Méditerranée.  La durée des travaux fut de 19 ans. Il comporte 328 ouvrages d'art - 63 écluses- 126 ponts- 55 aqueducs et 7 ponts canaux sans compter les écuries car il fallait des relais avec des chevaux frais pour tirer les péniches sur les chemins de halage et les maisons des éclusiers. Il est alimenté par 6 barrages.

             2000 ouvriers au commencement des travaux, puis 12000 furent répartis en 12 divisions de 1000 personnes pour creuser l'ouvrage. Sur les chantiers on a trouvé des maçons, des tailleurs de pierre, des forgerons, des niveleurs, des charretiers, des voituriers, des maréchaux ferrants et une main d'œuvre locale bon marché.

               L'idée générale de Paul Riquet était d'amener les eaux de la Montagne Noire jusqu'au seuil de Naurouze. Le relief et l'hydrographie furent étudiés par la Commission Colbert.

               C'est le ruisseau d'Alzeau qui fut choisi comme source principale. Cette rigole canalisée de 50 km descend de la Montagne Noire au Nord de Saissac. Elle nécessita le travail de 294 ouvriers pendant 102 jours. Lors du creusement du canal d'essai en 1648, un gouffre s'est formé et la rigole se perdit. Le projet risquait de capoter par manque d'eau. Il fallait rechercher des captages bien plus loin dans les contreforts pyrénéens. Puis un jour, cette eau ressortit plusieurs kilomètres plus loin et elle rejoignit le Ruisseau de Laudot puis se déversera dans le Bassin de St Ferréol. Ce lac artificiel, inaugurée en 1667 a une superficie de 67 ha. Le barrage avec ses trois murs et sa superbe ''gerbe'' de plus de 15m de hauteur est l'attraction  incontournable des Audois et des Tarnais. Puis d'autres réserves furent crées notamment le Lampy, le bassin hexagonal à Naurouze et enfin le barrage de la Galaube dans le lit de l'Alzeau en 1999. A Naurouze, point de partage des eaux Atlantique Méditerranée, le plus haut du canal avec ses 189m d'altitude, le trop plein de l'eau s'évacue automatiquement soit vers le côté Garonne et le reste alimente le canal côté Sète.


                 Coté océan, le canal du Midi arrive à Toulouse aux Ponts Jumeaux et rejoint le canal de Brienne puis celui de la Garonne  où les eaux se marient. Pour remercier le concepteur, François Lucas réalisa un superbe bas relief entre les deux ponts. Cette sculpture en marbre de Carrare représente des motifs relatifs à l'Occitanie, à la Garonne et à la province du Languedoc.

                   Revenons au bief de Naurouze où le canal descend lentement vers Carcassonne. A Trèbes, l'écluse de l'Aiguille est la mieux décorée du Canal. L'aqueduc de la Répudre est le premier pont Canal du Midi à Ventenac en Minervois. Puis, le canal passe sous le tunnel du Malpas avant de rejoindre les 9 écluses de Fonseranes à Béziers. C'est l'apothéose des grandes eaux. Rien ne vaut ce décors pour présenter '' Si le Canal du Midi m'était conté'' A Agde, la superbe écluse du Bassin Rond ouvrage très rare à 3 niveaux - un sas et trois portes. Au final, l'ex Royal Entre Deux Mers retrouve les eaux de l'étang de Thau aux Anglous à Marseillan.

                    Le pari de Paul Riquet serait atteint s'il pouvait l'inaugurer. Malheureusement il meurt un an avant la fin des travaux le 1er octobre 1680.

                    Si la grande histoire l'a oublié, la petite (souvent la véritable) apprend que pressé par les délais, les problèmes d'argent et l'usure du temps, Pierre Paul Riquet livra en réalité un canal présentant de nombreux défauts en particulier au niveau des croisements avec les rivières. Des portions de l'ouvrage, deux ans après sa mort, se sont vite obstruées par des graviers et des boues venus de la Montagne Noire. C'est Vauban qui se mit au service du canal en construisant des ponts-canaux et autres épanchoirs.

                    Plus de 60 000 platanes ont été plantés le long des berges. Ces arbres peuvent vivre 1000 ans et leurs pousses peuvent atteindre 50 cm par an, une hauteur de 25 à 30m. Depuis quelques années, ils sont atteints par le chancre coloré. Ils sont abattus à Portiragnes et à Bagnas. L'environnement ressemblera peut être un peu plus de ce qu'il était dès son début.

                   Mais ce qui nous interpelle, nous qui vivons dans le Biterrois, c'est à quoi sert cette carcasse métallique, ce plan incliné accolé aux 9 écluses de Fonseranes. Déjà, 9 écluses devaient franchir 21,5m de dénivelé sur une longueur de plus de 300m. Il ne reste que sept écluses en fonctionnement car les deux dernières ne servaient plus du fait de la construction du pont canal. Pour mettre le Canal du Midi, patrimoine mondial, aux normes européennes et en conformité avec le plan Freycinet, pour faire passer les péniches de plus de 38m, il fut construit dans les années 1960 un '' ascenseur à bateaux''. Ce principe est utilisé déjà en Lorraine à St Louis-Arzwiller, à Montech sur le canal de la Garonne et aux Fontinettes dans le Pas de Calais, mais aussi en Allemagne et en Belgique.

     

     

     

     

     

         La technique originale est due aux ingénieurs Jean Aubert et René Bouchet. Dans ce plan incliné, une rigole en béton est alimentée par l'eau du canal. De part et d'autre de la rigole, une machinerie appelée bouclier-moteur lourde de 200t est montée sur pneus. Cette machinerie qui est entrainée par des automotrices diesel d'une puissance de 2 fois 1000 cv qui poussent en montant une pente de 3% et qui retiennent en descendant supporte le masque (grande cuve métallique étanche de 3,75m de profondeur) vitesse 4,5 km/h Une porte s'ouvre dans l'eau et emprisonne le coin d'eau dans lequel se trouve le bateau.

     

             La péniche reste en position horizontale durant la montée. Arrivé dans le bief supérieur, le bouclier-moteur replonge dans l'eau, on égalise les niveaux d'eau automatiquement puis on ouvre la porte amont et la péniche est libérée.

              Cette pente d'eau réduisait de 6mn le temps de franchissement des 7 autres écluses mais le trafic du vin et des céréales étant en forte baisse et victime surtout de nombreuses pannes, peu fiable cet engin n'a réellement fonctionné avec efficacité. Actuellement, il est laissé à l'abandon faute de moyens.

               Voici comment on gaspille inutilement l'argent des contribuables. Que doit penser dans " l'eau de là" (jdm) notre Moïse du Languedoc P.Paul Riquet.

    JC d'Oc 11/2012

     


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