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Le loto de la fête à Cébazan.
Alors! Raconte! N° 111
Le loto de la fête à Cébazan.
Lors de la fête du village, il était toujours organisé un bal. Les musiciens venaient des villages environnants avec leur accordéon, leur saxophone, leur batterie et leur chanteuse à voix de Georgette Plana. Le bal se déroulait dans une pièce spécialement agencée, toute proche du café. La piste de danse était un parquet en bois ciré pour que les danseurs puissent exprimer leurs jeux de jambes surtout lors des tangos argentins. Le comité des fêtes avait fait au préalable inviter la population à assister aux festivités par le crieur public. La dimanche précédent, le curé, ne voulant rien perdre et profitant de l'aubaine avait lui aussi demandé que ses paroissiens fassent œuvre de charité pour soutenir les bénévoles qui s'étaient occupés de l'organisation des festivités.
Au café des Sports, dans cette grande salle, des tables et des chaises étaient occupées par les joueurs et joueuses de loto. Tous avaient alignés leurs cartons devant eux et attendaient avec patience la première partie. Une poignée de haricots secs avaient été jetée sur les tables pour que les numéros appelés soient couverts. Au dessus de l'estrade, pendaient des canards, des dindes, des bouteilles de bons vins, des rouleaux de saucisse, des boudins et des saucissons et surtout le panier garni était placé pour que tout le monde puisse le contempler. Au total une quinzaine de lots glanés auprès des commerçants étaient mis en 'quine', seul le panier garni était gagné par carton plein.
Le meneur de jeux tapa avec sa chaussure sur sa table pour faire faire le silence, remua le sac rempli de jetons et de sa voix tonitruante nomma le premier numéro.
Le 8 - "la tuque" annonçait-il ! Tout le monde comprenait la comparaison de ce chiffre avec cette cucurbitacée qu'est la courge. C'était ainsi par cette boutade, cette remarque que l' on gratifiait les chiffres et les nombres. Ces expressions gaillardes étaient connues de tous depuis des générations.
Le 6 ' la queue en l'air", - Le 9 " pas vieux" - Le 33 " le docteur"
Le 18, "les pompiers" - Le 51 " le pastis" - le 2 "la paire"
Le 14 " Louis" - Le 13 " Ma sœur" - Le 11 "les jambes"
Le 1 " tout seul" - Le 22 " la police" ou "les voici, les voilà
Le 40 "près de Cruzy" - Le 89 " la mamette"
Le 77 " las dos pigasses" les deux haches. - le 20 " pour béber" pour boire"
et ainsi de suite, les cartons se remplissaient dans l'espoir du gain et avec les exclamations joyeuses des gagnants. "Il vient d'appeler la police ! " tout le monde comprenait le 22.
Toutes ces expressions, reprises en écho par les joueurs favorisaient l'écoute pour les sourds et malentendants, la bonne humeur ambiante et le plaisir de jouer entre amis dans un climat familier.
C'est ainsi que se déroulait l'après midi du 11 novembre (fête de la Saint Martin le patron du village) le loto où toutes les bigotes préféraient pour une fois le panier garni au paradis. A la fin de cette séance les gagnants discutaient entre eux : "J'avais le Louis et ma sœur, la paire de jambes, la queue en l'air enfin il fallait comprendre qu'il avait mis un haricot sur le 14 - le 13 - le 11 et le 6 La quine est bien bonne s'écriait le crieur. Puis on entendait notre Georgette Plana chanter" Riquita jolie fleur de Java", elle ouvrait le bal et les danseurs faisaient de la purée avec les haricots secs qui avaient été jetés sur le parquet ciré de la piste de bal.
JC d'Oc 02/2012
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