• Les Orpellières de Sérignan.

     

     

     Les  Orpellières de Sérignan.                        Les  Orpellières de Sérignan.                                                                                                                                                                  

     

      Alors! Raconte! N° 185

                                          Les  Orpellières de Sérignan.

     

               Le soleil a toujours brillé sur notre terre biterroise durant cet hiver. Le printemps est revenu, les cerisiers sont en fleurs. Prenons le temps d'aller nous promener vers une des plus belles plages de notre Languedoc. Pas de galets mais du sable fin. C'est dans un emplacement réservé aux promeneurs, peu de voitures, quelques vélos, qu' un patrimoine fragile géré par le Conservatoire du littoral étend ses dunes de sables  et sa zone de prés-salés sur environ 2,5 km le long de la Grande Bleue. Le domaine des Orpellières est situé à l'embouchure de l'Orb sur deux communes, celle de Sérignan et celle de Valras. Sur 170 ha, acquis par le Conservatoire en 1980, s'étendent une belle plage de sable blanc, des dunes érodées par le vent  et une zone humide de prés- salés la lagune accolée à "la sansouire". Voilà pour le décor.

     

             Tout d'abord, le terme Orpellières serait issu de deux mots Orb et pelé mais aussi les pellières seraient des obstacles qui empêcheraient les poissons de remonter le cours du fleuve. Par comparaison les dunes-barrages font obstacle à l'eau de la mer lorsqu'elle est tempétueuse.

     

     

            Au début du XXième siècle, cette zone de dunes et de prés-salés située entre la Grande Maïre et Valras s'appelait les "Horpilières";  zones où rien ne pousse. Mais cet espace de végétation basse, situé derrière les dunes, n'a pas toujours était inadapté à  la culture. Les fortes pluies de septembre lors de l' équinoxe, les débordements des bras de l'Orb qui enserrent le site, cette eau douce amenée par les roubines  dessalaient les terres  et permettaient la culture de la vigne et des figuiers. L'accès du domaine des Orpellières était bordé de cyprès , de platanes, de pins maritimes et de tamaris. Des troupeaux de brebis broutaient une végétation halophyte, adaptée à la salinité, comme l'on en trouve de nos jours dans la baie du Mont Saint Michel.

       

               C'est dans les années 1970, par l'arrêt de la gestion de l'eau douce de l'Orb que la salinisation du terrain a augmenté ne permettant plus la culture de la vigne. Témoins de cette viticulture, un château d'eau, des hangars dont la majorité sont en ruines et le bâtiment d'une ancienne ferme viticole que la municipalité de Sérignan a mis à la disposition de l'artiste monténégrin  Dado afin qu'il exprime son art un peu choquant. Ce corps de ferme conserve le logement du gardien  et possède encore des cuves à vin. Maintenant, l'environnement  c'est nature, nature et naturistes au noms évocateurs des plages , Plages Orpellières, Naturiste, Séoune, Chapelle, Grande Maïre etc...Du sable fin, un cordon dunaire et derrière les prés-salés de la lagune et tout là haut, le soleil qui dore la peau des vacanciers textiles et des naturistes culs nus.

     

                Le cordon dunaire mérite notre attention car c'est là que se trouvent les plus hautes dunes de nos côtes languedociennes avec par endroits des hauteurs voisines de 8m et d'une largeur allant jusqu'à 100 mètres. Le littoral est soumis aux aléas des vents et des assauts des vagues. La tempête de 1982 a énormément endommagé la plage en cassant le cordon dunaire. Des brèches ont laissé entrer l'eau de la mer. Le fond de plage a même reculé d'environ 10 mètres. Un camping a été envahi par la mer provoquant d'importants dégâts. Les dunes sont généralement bien fixées par une végétation d'oyats et d'euphorbes maritimes mais aussi par des ganivelles en bois de châtaignier qui limitent la fréquentation  des dunes donc sa dégradation. Le contraste entre le milieu dunaire et l'arrière-dune est surprenant. La dune est sèche et peu végétalisée. C'est un milieu sec et doux. Une nappe d'eau douce stagne en profondeur sous les dunes,  tandis que l'arrière-dune (la lagune) est en dessous de la mer donc humide et salée. Ce qui permet à des petites soles de vase de se reproduire dans une eau saumâtre .

               Le schéma qui suit nous présente les différents niveaux et les qualités des eaux - mer salée - sous la dune eau douce - lagune et sansouire salées puis marais eau adoucie.

     

     Les  Orpellières de Sérignan.

               La sansouire cette zone plate sous le niveau de la mer composée de basses terres marécageuses est colonisée par la salicorne. Au XVIIIe et XIXe siècles, la salicorne était récoltée dans cette zone humide afin de produire la soude qui servait à la fabrication des savons. Cette zone est périodiquement inondée par les eaux saumâtres, alimentée par l'eau des pluies et  aussi soumises à  la sècheresse de l'été .

     

             C’est une zone facilement inondable par les eaux de l’Orb quand il est en crue, par les eaux de pluie et par la mer lors des tempêtes.

     

             L’ eau sera alors plutôt douce à la saison des pluies, et se salera, à l’aide de la nappe phréatique qui va remonter au cours de l’été à cause du phénomène d’évaporation. La salinité des eaux peut alors varier au cours de l’année jusqu’à atteindre des concentrations importantes. Le milieu deviendra alors de plus en plus salé au fur et à mesure que l’on s’éloignera de la saison des pluies (automne, hiver, printemps). Mais de l’eau moins dense apportée par la pluie ou le fleuve, flotte par endroit au dessus de cette nappe d’eau salée créant ainsi des zones de marais d’eau plus douce. C'est ce que l'on appelle des lentilles d'eau qui flottent en petite profondeur sur des nappes d'eau salée. Les eaux ne se mélangent pas car l'eau salée est plus lourde que l'eau douce. On trouve dans ces creux des joncs, des scirpes et des choins.

            Dans la sansouire pousse la saladelle appelée fleur des gardians en Camargue avec ses fleurs violettes en bouquets. Elle est aussi appelée lavande de mer car ses fleurs rappellent celles de la lavande. Elle pousse en milieu salé. Une particularité non négligeable, elle rejette le sel par ses feuilles formant des petits cristaux que l'on peut facilement observer. Une autre plante la salicorne qui pousse en touffes avec ses tiges ligneuses.

     

               La sansouire, engane ou lagune en Camargue, cet espace situé derrière les dunes, tantôt sablonneuse, tantôt humide est l'école de la vie. Certaines plantes nourrissent d'autres guérissent. On utilisait la salicorne pour combattre le scorbut ou les ganglions mais aussi pour les problèmes rénaux.  Elle est notamment reconnue pour ses effets diurétiques. Elle était aussi consommée en potage ou en omelette d’où le nom de haricots de mer. On la cueille en mai juin et on la cuisine comme l'épinard. Elle est croquante et a un goût légèrement salé. On peut la manger crue, cuite à la vapeur ou bouillie. Elle rehausse les plats avec son sel.   Il pousse aussi la salicorne appelée ''herbe au verre'' sur la côte Atlantique et notre Midi . Près de Vendres un lieu dit '' La Salicornière'' elle colonise les terres salées en bordure de l'étang et en fond de plage. Elle témoigne l'importance de son passé de productrice d'herbes au verre. En effet, on incinérait par des brûlis cette plante et la cendre qui est riche en soude était acheminée vers les Hauts Cantons de l'Hérault . Les verriers activaient des fours chauffés au bois des forêts qui faisait fondre la soude et du sable et créaient du verre fondu. Cette plante a de riches vertus. On en faisait avec du savon.

    Petite histoire bien courte  ; ce métier de verrier était interdit aux roturiers et aux nobles ne descendant pas de verriers. La transmission se faisait par héritage de père en fils uniquement.

            Il faut ajouter le pourpier des mers, cette plante grasse qui résiste au contact de l'eau et du sel. On peut manger ses feuilles petites et rondes.

             Le panicaut de mer est appelé aussi chardon bleu, plante épineuse aux racines profondes qui contribuent à la stabilisation des dunes et l'obione, ce petit arbrisseau avec ses feuilles ovales de couleurs argentées et laiteuses. Toutes ces plantes contribuent à la fixation du sable et au fonctionnement de cet écosystème.

    Deux arbres : l'olivier de Bohème et le tamaris qui résistent aux embruns salés et au vent. Le tamaris appelé aussi ''tamarin par les gens d'ici'' a un feuillage très fin et de jolis rameaux mauves ou blancs tirant sur le gris. Cet arbuste supporte très mal la taille mais il accepte bien les embruns salés et le vent. Ces arbustes poussent sur un sol doux-salé à la limite des terres  arables. 

     

           En milieu humide: le jonc aigu et le roseau poussent sur ce vaste ensemble. Autrefois ils étaient très recherchés pour confectionner les paillottes et les litières des chevaux. Maintenant ils sont tressés pour faire des canisses pour se protéger du vent.

     

              Par ailleurs, certaines plantes exotiques comme l'Olivier de Bohème (Eleagnus angustifolium) ou le Faux-indigo (Amorpha fructicosa) peuvent envahir les habitats. Il faudra contrôler le développement de ces plantes sur le site. 

             Les prés-salés et les dunes abritent une faune remarquable. Par exemple, on trouve dans les dunes, la caragouille, ce petit escargot blanc qui s'agglutine dans nos campagnes sur des branches de fenouil ( à protéger).

                Un autre exemple : le gravelot à collier interrompu, un oiseau toujours en mouvement, protégé, qui vient nicher dans les dunes et sur la mitoyenne (côté est) de la Grande Maïre.

         D'autres habitués des lieux:

    -la bécasse à pattes rouges fait son nid dans cette zone particulière.

    -l'aigrette garzette chasse ses proies qu'elle attire par l'ombre des ses ailes blanches déployées réduisant ainsi la réverbération  du soleil. Elle se nourrit de petits poissons, de rainettes,de lézards verts, de crustacés, de mollusques et surtout d'insectes.

    -le héron cendré, un des plus grands des oiseaux (entre 90 et 98cm), fréquente le milieu humide en quête de la nourriture. Debout, la tête baissée, il frappe fort les grosses proies pour les transpercer. Il les secoue avant de les avaler, tête la première.

    -le petit scarabée, le rhinocéros, long de 4cm ( rien  à voir  avec le rhinocéros d'Afrique) possède une longue corne recourbée sur la tête. Seul le mâle porte cette particularité.

                  Dans la zone arrière-dunes on peut apercevoir des lézards verts qui ne se colorent en vert que lorsqu'ils sont adultes. Ils lézardent souvent, recherchant la chaleur du soleil.

                   Aujourd'hui, un équilibre naturel semble avoir été trouvé entre les terres salées et les terres douces. Cet espace littoral des Orpellières, conservé à l'état naturel est classé Natura 2000 depuis décembre 2008. Le Conservatoire a en projet d'améliorer des circulations sur des voies piétonnes et cyclables afin  de supprimer le trafic automobile sur le site. Le domaine des Orpellières serait la porte d'entrée. Coté embouchure de l'Orb, des navettes fluviales seraient mises en place pour traverser. Le bâtiment des Tellines, ancienne colonie de vacances sur Valras, serait aménagé en centre nautique.

                  Enfin, quel bonheur de se retrouver sur une plage naturelle, vaste, large, où les baigneurs sont le plus souvent peu nombreux .

                 Revêtons vite notre combinaison et allons faire une marche aquatique en longeant notre plage des Orpellières dans la Grande Bleue qui en cet endroit est peu profonde.

                     Voici en quelques lignes le développement sur les Orpellières qu'il fallait présenter cette année  pour la préparation du  bac de français au lycée Marc- Bloch de Sérignan. Que bien vous fasse.

    JCdoc 03/2017


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