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Montblanc village languedocien
Alors ! Raconte! N° 188
Montblanc village languedocien
A Montblanc on ne monte pas bien haut de 8 et 68m au dessus de la mer et nos randonnées ne sont pas très difficiles. Il y a peu de légendes, la seule qui demeure s'incarne dans un parfum d' eau de toilette "Montblanc légend", de stylos et de montres qui portent le nom de notre petit village.
Montblanc n'est pas placé sur une montagne. Il est assis sur une ondulation de la colline qui descend vers la Thongue qui ne coule qu' à 150 m de son ancien lit. La naissance de Montblanc est estimée au 5ème siècle avant J.C.Son nom serait d'origine germanique mais il ne s'est d'ailleurs pas toujours appelé ainsi. Parmi ses patronymes à travers l'histoire, on citera le Monte blanco de 1178, le Montemblancum de 1210 ou le Monteblanco, castrum deMonte-albo de 1247.
Beaucoup de gens du Bas Languedoc ont visité le village de Montblanc où son centre médiéval entoure la superbe église gothique fortifiée de Sainte Eulalie (XIIe - fin XVe siècle) Le premier nom de cette église était "Eglise de la Tongue Ecclésia de Tongua" -1153) Cette église a été classée Monument historique en 1987. L' église a été construite pour servir de lieu de défense et en même temps de lieu de prières. Peu d'églises dans le Languedoc ont un aspect militaire aussi marqué que l'église de Montblanc. Ses murs d'une largeur de deux mètres servaient de chemin de ronde. Un mirador placé sur le point le plus élevé du toit servait de guérite pour abriter le guetteur. L'église est orientée vers l' Orient afin que le soleil éclaire de ses rayons l'intérieur faisant allusion à la lumière céleste. Le clocher de forme rectangulaire haut de 37m comporte 3 étages. L'étage supérieur ne comporte qu'une seule cloche de 650kg.
En 1867 on découvrit une borne milliaire romaine d'1m77 portant l'inscription "Tibère, César, Auguste, grand pontife, fils du divin Auguste a refait ce pont (ou cette voie) lors de sa 33ème année de sa puissance " (environ 37 ans avant JC). Béziers en fit l'acquisition et la plaça au musée lapidaire de la ville.
D'autres témoins dont le four banal du 12ème siècle et son pétrin, la maison consulaire et la fontaine vieille du 17ème siècle et la tour du château du 16ème siècle témoignent le passé éloquent du village. En septembre 2011, lors de la journée du patrimoine, le four et le pétrin furent utilisés pour cuire une nouvelle fournée. Superbes bâtiments qui méritent toute notre attention lors des visites.
Un peu d'histoire
-500 avant J.C, les Ibères fortifient leurs habitats sur les hauteurs et créent un oppidum. Ils commercialisent avec les Grecs leurs productions agricoles par cabotage vers Marseille. A leurs pieds, une rivière la Tongue assure l'approvisionnement en eau.
- Bien après la puissance romaine supplante les phocéens. Domitius Ahennobarbus fonde Narbonne en - 118 et fait construire une route, la via domitia, qui passe à 2 km de Montblanc, voie qui relie directement la péninsule ibérique à Rome. La romanisation s'accélère et la Pax Romana va durer quelques siècles. Sur notre commune, deux ponts datent de cette époque et prouvent l'ingéniosité des Romains, l'un sur le Cami des roumious qui enjambe le ruisseau de Laval, l'autre à l'est du ruisseau de Saint-Michel où deux arches sont encore visibles.
-C'est vers 250 après JC l'époque de l'évangélisation de notre région. Selon la légende, saint Aphrodise arrive d'Héliopolis en Egypte avec son chameau. Il fut le premier évêque de Béziers. L'empire romain n'acceptait pas la nouvelle religion chrétienne. Saint Aphrodise mourut martyr et fut décapité à Béziers. Légende de sa tête qui remonta du puits)
Onzième siècle : L'église et le château féodal .
Les razzias des routiers ravagent notre région. En provenance de la mer d'abord car les sarrasins musulmans sont présents dans l'Espagne actuelle et écument les côtes de l'ouest de la Méditerranée. Sérignan en fut une victime. Sur le moindre monticule se construisent des fortifications pour se protéger de ces razzias et de cette mer d'où viennent la désolation et la mort. Mais aussi, les pillages et les violences proviennent aussi de l'est ou de l'ouest car chaque suzerain veut agrandir son domaine et entreprend des guerres de conquête. Plusieurs églises et châteaux datent de cette époque.
Notre village voit donc s'élever, vers 1050, le premier château féodal (la tour au dessus de la médiathèque en est un vestige) et l'église attenante (nef et abside) qui sont des forteresses à but religieux mais aussi à but militaire : en cas d'invasions, toute la population a un lieu de refuge où elle peut prier en sécurité et se défendre derrière des murs crénelés.
1209 - 1206/ 1226 : L'hérésie cathare
A partir de 1100 - 1150, se développe dans notre région le catharisme. L'Eglise catholique va essayer de juguler cette hérésie par des missions de prédication. C'est ainsi que Bernard de Clairvaux (saint Bernard) prêche à Albi, Montblanc voit alors passer sous ses murs cette croisade venant d'Ile de France et menée par Simon de Montfort qui stationne le 21 juillet 1209 avant la prise de Béziers (27 juillet 1209).
12 avril 1229 : L'annexion au domaine royal
Par le traité de Paris (ou de Meaux) du 12 avril 1229, Montblanc, devient domaine direct du roi de France Louis IX. Triomphe de l'orthodoxie catholique qui fut une conséquence importante pour Montblanc : la construction d'une énorme tour-clocher de 34 mètres de haut par les hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem.
15 août 1533 : La visite de François Ier
En 1483, la seigneurie de Montblanc était aux mains de François Phébus, roi de Navarre, qui meurt à l'âge de seize ans. Sa sœur Catherine hérite de Montblanc et se marie avec Jean d'Albret. Ils eurent un fis, Henri qui épousa la sœur de François Ier, Marguerite d'Angoulême. Celle-ci cultiva avec grâce et élégance les arts et la littérature. Elle s'isolait dans ses propriétés et vint souvent à Montblanc. Elle abandonna le château féodal (le château-vieux) et fit construire un nouveau château, plus dans l'air du temps, à l'ouest de l'église (actuellement demeure privée).
De passage à Montblanc François Ier, roi de France, la reine Eléonore d'Autriche sœur de Charles Quint et toute sa cour le 14 août 1533 furent reçus dans ce château. Ils étaient accompagnés de leurs cinq enfants, le dauphin François, le duc d'Orléans Henri, le duc d'Angoulème futur duc d'Orléans après la mort de François, Madeleine future reine d'Ecosse et de Marguerite qui épousa Emmanuel Philibert, duc de Savoie. Le roi était venu rendre visite à sa sœur au retour d'un pèlerinage à l'église Saint Sernin de Toulouse. Venant de Béziers, il s'arrêta , dina chez sa soeur et partit dormir à Pézenas, puis se dirigea vers Marseille où il mariait son second fils Henry, duc d'Orléans avec la florentine Catherine de Médicis. Le pape Clément VII, oncle de la mariée célébra les épousailles. Comment ce petit village a-t-il pu supporter une telle dépense qui devait être très importante? La foule de grands seigneurs suite du roi, durent se contenter des restes . Les honneurs royaux obligent à des fastes grandioses et procurent autant de dégâts qu' un déferlement de Vandales. Ces gaillards de l'époque devaient avoir un sacré coup de fourchette.
1610 : Le creusement du canal et la construction de la Fontaine Vieille
En 1610, les consuls qui étaient Gaspard Pastre et François Caussat construisirent « un canal de fontaine » pour amener gravitairement l'eau captée d'une source qui coulait à trois cents mètres au sud des murs du village au plus près des murs de l'agglomération. Ce conduit souterrain existe toujours. Il canalise l'eau vers le bassin de réception qu'est la Fontaine vieille. Ce canal passe sous les maisons des quartiers sud-est du village et donne une eau toujours vive et fraiche, même en été. Cette nouvelle fontaine a été réaménagée en 1666 - 1667 et fut à l'origine du premier quartier construit hors les murs car on était évidemment au plus près de la source (actuellement rue de la fontaine vieille, rue Victor Hugo, rue Nationale). Par la suite, on construisit, dans le prolongement de cette fontaine, un abreuvoir pour les troupeaux et chevaux, nombreux aux XVIIIème et XIXème siècles.
De la même époque, date la construction du four banal qui remplaça un four plus ancien. Il a été donné en régie à partir de 1618, abandonné en 1790, remis en fonction à partir du 27 février 1814 .
9 août 1629 : La peste à Montblanc
Depuis 1348 la Grande Peste, cette épidémie fut souvent présente à Montblanc. En 1629, une forte poussée de cette maladie fit de nombreuses victimes.
Du 7 mai 1794 au 13 juin 1795, l'affectation de l'église au culte de la Raison.
La révolution apporte son lot de bouleversements (loi martiale, vente des biens du clergé, chasse aux suspects, réquisitions, misère...).Le 7 mai 1794 les révolutionnaires montblanais détruisirent les bénitiers, les fonts baptismaux, les autels des chapelles. Seuls furent conservés le maître-autel pour servir d'autel de la patrie et la chaire à prêcher pour servir de tribune aux harangues révolutionnaires. Le 18 juin 1794, tous les vases sacrés et objets du culte furent vendus à l'Hôtel des Monnaies. En fait, aucun culte païen ne fut tenu dans l'église qui rouvrit au culte catholique le 13 juin 1795.
Le XIXe siècle voit le rétablissement du culte. La paroisse est reconstruite, les confréries sont de retour, l'église est réparée. et la ville salue le passage du pape Pie VII (4 février 1814).
Il faut citer un grand homme d'église qui de 1851 à 1870, le curé Alexis Tailhades qui a mené une action exemplaire au sein de la paroisse. Une rue porte son nom.
Passages belliqueux et migrations pacifiques alternent tout au long de l'histoire jusqu'à ces autoroutes qui aujourd'hui nous mettent en relation avec l'Europe entière. La panorama a changé, les routes serpentent dans une mosaïque de vignes bien ordonnées, de vrais jardins.
C'est dans son patrimoine qu'est inscrite cette histoire de la province du Languedoc qui jalonne les grandes dates de l'histoire du village. C'est le passage obligé pour les amoureux d'histoire et des randonneurs curieux qui remontent les sentes bordées de vignes et d'amandiers centenaires. Mais savez vous reconnaitre un amandier qui donnent des amandes douces et celui qui donnent des amandes amères? Cet arbre a été importé en France en 1548.
Consommées à petite dose (1 à 3 par jour pour les adultes, 1 à 2 pour les enfants), ces graines logées dans les noyaux ne posent pas de problème. Mais une absorption en grande quantité, pour profiter de prétendues propriétés anti-cancer, peut entrainer un risque intoxication. L'amygdaline contenu dans les amandes se transformant en cyanure lors de la digestion. Prudence ! - 20 amandes ingurgitées peuvent assurer des troubles . Les amandes douces sont plus grosses avec une coque moins dure.
Il faut aussi regarder les branches. Les branches lisses des amandiers donnent des amandes amères, les branches noueuses, nervurées donnent des amandes douces. Sur les vieux amandiers on peut trouver des branches nouvelles lisses et des branches noueuses donc sur le même arbre des amandes peuvent être amères et douces à la fois.
Il faut aussi regarder lors de la floraison la couleur des fleurs. L' amandier amer a des feuilles fines, plus noires et vernissées. Ses fleurs sont blanches tandis que pour les fleurs de l'amandier doux les fleurs sont rosées.
Que grand bien vous fasse !
Merci Michel.M pour m'avoir offert ses connaissances.
JCdoc 12/2017 Màj 08/2018
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