• Un bal maudit à l'Hôtel de ville de Béziers.

                                                                                                                                                                                                                                            

     

     

                           

    Alors! Raconte! N° 120

                                   Un bal maudit à l'Hôtel de ville de Béziers.

            C'est à l'époque du carnaval que les nobles de Béziers offrirent au gouverneur du Languedoc le duc Henry II de Montmorency et à Madame la duchesse un bal costumé à l'Hôtel de Ville qui fut richement décoré, illuminé et fleuri avec bon goût. La soirée fut inoubliable. Tous les invités étaient masqués sauf le duc et la duchesse qui ne voulaient pas garder l'anonymat. Tout le monde s'en donnait à cœur joie lorsque arriva "un gentilhomme" tout vêtu de soie rouge, belle taille, belle allure. Tout le monde prenait cette personne pour une étrangère .

            Il demanda à Madame de Montmorency de lui accorder une danse et avec l'accord de son mari, elle accepta. Dès les premiers pas, la grâce et la légèreté du cavalier qui guidait la duchesse fit sensation sur les autres danseurs qui s'arrêtèrent pour les admirer. La duchesse séduite ne refusa pas une autre danse, puis étourdie pas les tourbillons elle se mit à penser  que ce bel homme de cour était certainement un noble venu d'Italie ou d'Espagne.

            Un invité se pencha vers le duc de Montmorency et lui demanda perfidement s'il connaissait cet inconnu. Le duc répondit par la négative mais qu'il admirait le danseur pour sa dextérité. Est-il un comte ou un baron? Un chevalier alors! Que nenni! Le perfide  trouble fête amena le gouverneur à supputer que le beau jeune homme n'était qu'un aventurier en soif de sensationnel. Cela irrita le connétable qui fendit la foule de danseurs, s'approcha et arracha le masque de l'homme. Un cri d'horreur retentit alors et plusieurs dames s'évanouirent ; tous et toutes venaient de reconnaître le bourreau de Béziers.

            Le duc tira son épée du fourreau et la leva au-dessus de la tête du danseur démasqué. "Maudit, tu vas mourir! Recommandes ton âme à Dieu ! s'écria le gouverneur. Mais la duchesse très croyante déclara humblement à son époux qu'elle pardonnait l'offense et d'épargner l'effronté. Montmorency adorait sa femme. Il accepta de gracier l'insolent mais le chassa de la ville, lui interdisant d'exercer son métier sur ses Etats. 

            Les valses de la vie font tourner les jours et aussi les têtes. Richelieu, le cardinal perfide, le ministre à la barbichette pointue, s'opposa au gouverneur du Languedoc pour désobéissance et insoumission au roi Louis XIII surtout pour le soutien que Montmorency portait aux petits nobles et aux évêques qui refusaient la perte de leurs privilèges. Le duc fut arrêté six mois plus tard et conduit à Toulouse pour y être décapité.

            Le bourreau de Béziers  qui avait un curriculum vitae aussi solide que sa hache ne tranchait travaillait au même titre au service des seigneurs de Toulouse. C'est lui qui s'avança le 30 octobre 1632 dans la cour du Capitole vers le condamné le visage découvert cette fois. Nul ne connaîtra la frayeur du connétable lorsqu'il reconnu celui qui sur ordre de Richelieu allait le mener de vie à trépas.  La tête de l'élégant et très haut et puissant seigneur Henry II, duc de Montmorency, connétable de France, Grand Amiral de la Flotte et gouverneur du Languedoc roula sur le sol.

            On ne fait pas un bras d'honneur à Richelieu et on ne résiste pas au tranchant de la hache du bourreau de Béziers.

            Ainsi fut-il, d'après la légende, bien sûr.

    JC d'Oc 03/2013


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :