• Un voyage imaginaire dans la course des nuages

     

     
     

    Un voyage imaginaire dans la course des nuages


     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Alors! Raconte! N° 174

                    Un voyage imaginaire dans la course des nuages.

        Encore une faveur, par la magie des mots, je vous amène dans un de mes souvenirs d'enfant où, lors des soirées chaudes, je suivais les acrobaties des hirondelles et des martinets qui sifflaient au dessus des ruelles de mon village. Le rêve d'être là haut chevauchant les nuages. Que le temps et les horloges se reposent un court moment, fermons les yeux et rêvons.

        Un grand bol d'air pur, un souffle, un déploiement d'ailes Dame rapace, fière et debout vient de se poser sur cette montagne de pierres le Caroux. Le vent du Cers souffle fort et la bouscule. Ses longues rémiges frissonnent, n'en pouvant plus elle se met sur la pointe de ses serres et s'élance pour quitter le rocher, laissant derrière elle Cébenna et son amant Héric dans leur écrin minéral.

         Elle s'enfuit à tire d'ailes vers les Monts de l'Espinouse où elle voit le bleu de la Méditerranée. A ses pieds,  Roquebrun avec son jardin exotique, sa tour médiévale et son église St André. Enthousiaste, piquant entre vignes palissées et désordres des chênes verts elle arrive au dessus de Cessenon  où elle honore d' une fiente la tour pour signer son passage. Elle suit l'Orb jusqu'aux rapides de Réals puis virevoltant elle escalade le ciel  en remontant vers Cazedarnes en évitant la ligne à très haute tension qui défigure le paysage et qui porte au ciel un danger permanent ainsi que  des grésillements meurtriers.

         Les collines glissent jusqu'à Fontcaude où l'abbaye réchauffe ses vieilles pierres au soleil. Depuis très longtemps les chants grégoriens se sont tus mais l'environnement est un véritable Eden . Retour sur Cébazan, face au vent qui la bouscule et en bas, au pied de ce monde qui m'a fait naitre, les ceps taillés courts semblent à des croix sur cette terre rouge. Dans ce village une procession de maisons aux façades cuivrées bordant la route ne suffisent pas à enthousiasmer son point de vue de là haut. Dans le lotissement, des maisons de beurre mou d'un rose touchant à l'indécence. A l'Est, la nature n'est que désolation, un incendie a brulé plus de cent hectares de pins centenaires. Notre Dame rapace ferme les yeux pour ne plus voir ce désastre.

         Elle remonte vent debout comme un voilier vers le Nord et à 430 mètres au dessus du col de Fontjun, elle se laisse tomber en vol plané sur la plaine de Saint Chinian. A perte de vue des vignes et encore des vignes qui donnent un nectar qui mérite son AOC. Le vignoble de Saint Chinian épouse la forme des collines et donne à ses yeux une image de vagues qui s'entrecroisent. Le vent est trop fort. Reprendre quelques forces serait la bienvenue et elle s'oblige à se percher sur la plus haute aile du moulin du Roc. Le point de vue sur le village de Saint Chinian où est né Charles Trénet est sublime mais pas de retard. Le but est d'atteindre Saint Jean de Minervois avec ses cailloux blancs où les ceps se réchauffent pour produire le plus aromatique des muscats. Le vent du Cers la bouscule et la déporte sur Gimios puis elle est poussée vers Barroubio . En quelques battements d'ailes, elle surplombe l'église du Trou nommée plus religieusement  Chapelle Saint Jean Dieuvaille. L'abandon puis la restauration du lieu n'ont jamais abandonné sa magie, sa force sacrée.

          A grands coups de ses ailes puissantes elle atteint La Caunette, se juche un instant sur son minaret, à vrai dire cette cheminée vestige d'une usine désaffectée, témoignage de l'ère industrielle. Puis elle dévale le canyon de la Cesse, cette rivière qui ne coule qu'en hiver, l'été ne la transformant qu'en un oued desséché jusqu'à sa résurgence au Boulidou. S'appropriant ce couloir, cette gorge qui donne à la rivière des allures de Colorado, elle arrive à Minerve dont les gorges du Briant et de la Cesse rendaient la cité imprenable à Simon de Montfort au temps de l'hérésie cathare. Ce village que seul un long siège a permis de succomber par la faim et la soif. Ne reniant en rien leur religion, les "parfaits" du village ont préféré la mort en se jetant dans le bûcher plutôt que de se rendre. En une voltige elle s'engouffra sous le pont naturel, sous la haute voute de pierre, caressa de ses ailes la tête de ces entassements de galets que l'on appelle des cairns ou rocs, formes inertes plus ou moins hautes érigées par les visiteurs, signatures de leur passage. Vite prendre de la hauteur pour qu'elle se réchauffe un peu. Au loin les vignes du Minervois amoureusement bien travaillées où les ceps s'alignent comme de vaillants soldats. Olonzac, l'étang de Jouarres, plus loin se dessinent les contreforts des Pyrénées qui me font revenir sur terre.

         Ce rêve merveilleux s'achève. Je passerai mes jours à regarder dehors si Dame rapace a regagné son perchoir sur la plus haute pierre du Caroux.

    Sont cités les villages:

    Roquebrun - Cessenon - Cazedarnes - Fontcaude - Cébazan - Fontjun

    Saint Chinian - Saint Jean de Minervois - Gimios - Barroubio

     - La Caunette -  Minerve - Olonzac 

    JC d'Oc 10/2016


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