• Vinassan et sa glacière.

     

           
     

    Vinassan et sa glacière

     

    Vinassan et sa glacière

     


     

    Alors! Raconte! N° 194

                                     Vinassan et sa glacière.

              Beaucoup d'hommes et de femmes sont curieux de leur passé, de celui de la région où ils habitent, qu'ils soient originaires où étrangers de l'extérieur. Ils ont choisi de vivre sur notre terre d'Oc mais on ne leur a jamais enseigné son histoire. Ils découvrent comme moi au fil des randonnées les témoignages du passé. C'est ainsi que....

        ....    lors de notre randonnée La Combe du Loup à Vinassan nous avons appris que dans ce village de l'Aude, au pied de la Clape, qu'un bâtiment datant du 17ème siècle permettait de conserver la glace. La France traversait une période très froide, une mini glaciation de 1550 à 1580. Les hivers étaient longs et très froids. De nombreux villages possédaient une ou plusieurs glacières. Béziers en utilisait une dans le faubourg et l'hôpital de Narbonne, pour assurer des soins thérapeutiques et en guise d'anesthésie, conservait la glace dans une glacière située dans la cour. Pradelles Cabardès construisit 32 puits. Le roi Louis XIV et sa cour raffolaient de sorbets et 13 glacières furent construites autour du château à Versailles.

             La glacière de Vinassan, toujours en restauration par les volontaires internationaux Concordia et actuellement par la Région Occitanie a une date de construction antérieure à 1673. Elle possédait trois portes dont deux sur le couloir d'accès en forme de L et une autre sous la voûte. Elles permettaient de diminuer la perte de froid lors des évacuations des blocs. (Merci Manu 'uo' uo plumedesmers.canalblog)

             Les "glaciers" récupéraient la neige et la tassaient dans une glacière ronde enterrée, puits en pierres de grès et de calcaire joints avec de l'argile. La glacière de ce village a un diamètre de 6m, une hauteur de 8m et contenait 100 tonnes de glace. Le sol est constitué d'un pavage de pierres posées sur une chape d'argile qui permettait à l'eau de moins s'infiltrer et de s'écouler sous des fagots par une rigole vers la porte. Le remplissage se faisait par une ouverture située sur le dôme de l'édifice.

             La création de ces glacières remonte au temps de Louis XIV où les Fermiers Généraux attribuaient aux plus offrant l'exploitation pour une durée de 10 ans. C'est ainsi qu' à partir de 1850 les agriculteurs, les petits industriels, les richissimes meuniers et les fortunés bourgeois se mettent à construire des glacières en maçonnerie sur des terrains en pente. Ce fut des opérations très rentables. Ils les remplissent en hiver dès le mois de décembre de glace récupérée dans les mares, les étangs, les bassins et les ruisseaux. La neige était aussi transportée à dos de mulets et par une noria de tombereaux qui empruntaient "la Route de la glace" qui descendait du Pic de Nore. 

             Les hommes tassaient la neige avec leurs sabots ou avec leurs grosses massues de frêne ( opération appelée le cavage). Pour finir, une couche de feuilles de hêtre ramassées en automne protégeait la glace de l’air jusqu'en mi-mai. La glace ainsi tassée pouvait rester 6 mois mais elle perdait du volume, environ 50 %. Il suffisait d’attendre les premières chaleurs pour confectionner des cylindres de glace de 40cm de diamètre et d’un mètre de longueur et de les descendre vers le pays bas (Minervois – Narbonnais – Carcassonnais). Ce travail se faisait principalement de nuit pour éviter les chaleurs. Chaque cylindre de glace retaillé au moyen d'une scie et d'un pic à glace était enveloppé dans de la toile tapissée de feuilles de hêtre puis chargé sur une charrette couverte d’une bâche. Chaque charrette pouvait transporter entre 60 et 80 balles. Les rouliers partaient de nuit vers la vallée de l’Aude et livraient soit à domicile les cafetiers, les bouchers, les traiteurs, soit ils envoyaient par d'autres rouliers des blocs de glace de plus de cinquante kilos vers Toulouse, Montauban et Bordeaux. On peut de nos jours découvrir au Pas de Montserrat de remarquables ornières de charrettes dans la roche calcaire. Une ancienne Voie romaine fut utilisée pour acheminer les pains de glace des glacières du Haut Audois vers la plaine. Cette Voie fut appelée la route de la glace en direction de Fleury et Cuxac. Mais il ne faut pas oublier le commerce local  où les cafetiers du village, les bouchers, les poissonniers, les limonadiers venaient s'y approvisionner pour conserver les aliments et pour déguster leurs sorbets aux fruits de la région. Cette industrie de la conservation de la glace prit fin vers la fin du XIXème siècle à cause du réchauffement climatique et de l'arrivée dans nos cuisines de réfrigérateurs et de congélateurs.

             Mes souvenirs, en février 1947, une neige très importante tomba sur la région. Les rues de mon  village natal furent bloquées par 80 cm de neige. Les hivers étaient plus rigoureux que ceux de nos jours et les vignerons priaient afin que le gel ne détruise leurs oliviers. La gelée de février 1956 laissa beaucoup de traces.

          C'était pour la Chandeleur, le temps était très beau et même chaud, exceptionnellement agréable pour la saison. Mais dans la nuit qui suivit, des températures négatives survinrent. Elles durèrent plusieurs jours et furent fatales aux oliviers plantés dans les vignes. Il fallut près de trente années pour reconstituer la production initiale.  

            Notre randonnée se dirigea vers les hauteurs de la Combe sans voir de loups où un défunt moulin fit contraste aux sphères futuristes des radars de la Clape.

            Le ciel s'assombrit et les premières gouttes de pluie commencèrent à tomber. Il fallut faire marcher les essuies - ...glace (sic) de nos voitures.  A bientôt.

    JCdoc 06/2018. 

     

     

     

     


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