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     Alors ! Raconte ! N° 40

     

                                       Pierrounet de Nasbinals.

     

                 Nasbinals, commune de Lozère, située près du mont Aubrac n’aurait pas eu le retentissement espéré si un jeune berger né en 1832 n’avait transformé ‘’ miraculeusement’’ le village. Peu avant la Révolution, ce village était un petit bourg de 600 âmes. Situé à 1270 m d’altitude, les hivers étaient froids. La seule richesse est l’élevage des bovins et des moutons. Les animaux, au printemps,  pour trouver les herbages les plus abondants en altitude suivent des chemins appelés ‘’ drailles’’.

     

                  Notre petit berger, costaud, trapu et vaillant a appris très petit le métier de berger. Son premier emploi a été d’être ‘’roul’’. Il nettoie l’étable, fait la traite deux fois par jour et couche avec les bêtes. Il fait le fromage ‘’Laguiole d’Aubrac’’ ce Cantal affiné. Tous les 25 mai, il part à la Saint Urbain sur les chemins de la transhumance avec ses chiens et son âne. A l’âge de 17ans en 1849, il devient ‘’cantalès’’ – grade le plus élevé dans la transhumance- il mène le troupeau. Il restera pendant neuf ans chez le même fermier. Familièrement, son maître l’appellera Pierrounet, diminutif de Pierre. Il s’appelait en réalité Pierre Brioude. A 19 ans, c’est une force de la nature qui surprend les gens, près de la nature, il sait tailler le bois et la pierre.

     

                  Lors d’une transhumance, il passa près d’une croix en pierre  à la croisée d’un chemin. Cette croix était tombée par la faute d’un charretier mécréant. Minutieusement, il la redressa et rien ne laissa supposer l’avarie. Fervent catholique, il  fit sa prière et entendit une voix qui lui dit ‘’ Pierre tu répareras tout ce que tu toucheras’’. Dès ce jour là, avec ses mains, il exercera ses talents de ‘’rebouteux’’ de ‘’rhabilleur’’ voire de guérisseur sans prendre un sou. Désormais, les animaux qu’il gardait, à la moindre foulure, étaient rétablis sur leurs pattes par ses manipulations. Analphabète, il rétablit les fractures de tous, hommes, femmes et enfants. Comme son coup de main était adroit, il ratait rarement son opération. Ses exploits sont vite connus dans le canton dans tout le Gévaudan, dans tout le département et même à l’étranger. De toutes parts les malades, les infirmes affluèrent si bien que Nasbinals devint un peu étroit pour abriter tous ce monde. Pas une maison ne se transformât aussitôt en hôtel.

     

                  A l’âge de 20 ans, lors de la conscription, il tire au sort le numéro 7. Mauvais numéro car il assure 7 années de soldat dans les colonies françaises. La Lozère tremble. Qui va exercer le métier de vétérinaire rebouteux ? Le village se mobilise pour ramasser l’argent nécessaire pour le faire remplacer. Son frère ainé prendra sa place.

     

                  Pierrounet apprend à lire et à écrire. A 26ans, il démissionne de la ferme et reçoit le titre de cantonnier au village. Il se marie et a 7 enfants. Il se met entièrement au service des humains. Il consulte dans la pièce du fond de sa maison du Cantal trente cinq malades par jour sans compter qu’en cas d’urgence, il lui arrivait de réduire les fractures ou entorses au bord même de la route où il exerçait son métier ;  soit près de  10.000 consultations par an. Sa réputation grandissante, il devient le ‘’rebouteux’’ le plus célèbre d’Europe. Tous les malades condamnés  implacablement par la science, c’est à Pierrounet à qui ils s’adressent en dernier ressort. Il opère très tôt et finit très tard en consacrant au moins dix minutes à chaque patient. Il ne prend rien pour ses consultations mais les malades déposent ce qu’ils veulent dans une corbeille.

     

                    Sa famille l’aide en maintenant les malades qui deviennent de plus en plus confiants. Il traite les fractures ouvertes avec plaies par extension. Même un docteur de Béziers a eu besoin de ses services. Il lui a laissé en signe de reconnaissance une bague en or dans la corbeille.

     

                     Ce petit village au fin fond du Gévaudan devient un centre miraculeux qui attire les foules en mal de guérir. On construit trois hôtels pour héberger les malades et ceux qui les accompagnent. La gare d’Aumont-Aubrac gère  difficilement cette arrivée massive de visiteurs. C’est bien  lui le rhabilleur du village. Ce bourg inconnu, perdu sur les pentes du Massif Central, que rien ne permettait d’attirer les gens, voit subitement sa notoriété grandir. Petit à petit, les commerçants arrivent. Cet afflux de patients entraîne la mise en place d’un service de voiture à cheval entre la gare et Nasbinals. Partout ailleurs, on ne parle plus que de Nasbinals.

     

                    Finalement, la fortune de Pierrounel fait des envieux. Cet engouement déplait aux médecins officiels de la région qui prirent ombrage. Plainte est déposée contre ce berger. Ce bienfaiteur du pays est condamné  pour exercice illégal de la médecine. A 73ans, il est condamné à payer une amende, mais au tribunal il met au défi tous les médecins de remettre en place les os d’un agneau qu’il a lui-même désarticulé. ‘’Vous qui vous prétendez savants, remettez donc cette bête sur ses pattes’’. Aucun médecin n’est capable de remettre sur ses quatre pieds l’animal tandis que Pierrounet en trois manipulations envoie l’agnelet rejoindre sa mère. Toute la Lozère paye son amende.

     

                    A l’âge de 75 ans,  le 8 mars 1907, en pleine gloire il tombe par terre victime d’une  syncope et meurt dans les bras de son fils Edmond. Apprenant sa mort, le chagrin des habitants de Nasbinals fut touchante : ‘’ De que faro lou monde, aro que Pierrounet este morte ? – Que va faire le monde, maintenant que Pierrounet est mort ? ‘’ Une foule immense assiste à ses obsèques. Le maire du village Joseph Fabre fera élever un buste de bronze sur la Grande Place du village en mémoire de son enfant chéri qui pendant 50 ans de pratique a soulagé et guéri  les derniers rejetés de la médecine.  JC d’Oc.

     


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     Alors ! Raconte ! N° 41. 

     

                                 

     

                                          Les pététas de Murviel les Béziers.

     

     

     

                 Tout le monde connaît ce superbe village en circulade autour d’un château-église. Tous les ans du 15 juillet au 15 août, de mystérieuses figurines reviennent hanter les rues du village. Quez Aquo !  Depuis 1997, un groupe de Murvielloises confectionnent des poupées de chiffons et de paille. Cette coutume a été importée lors d’un voyage au Mexique où ces poupées immortalisent l’idée  et l’image  des habitants du village. L’idée a fait son chemin dans la tête de Monique Marc et de Monique Alfaret qui sont des costumières chevronnées.

     

                  Vite, on répare les vieux pantalons déchirés et les vieilles robes de grand-mères. On les bourre de chiffons et de paille et de cet élan spontané naîtront les célèbres  ‘’pététas’’. D’autres personnes sachant dessiner vont copier de très anciens modèles d’habits sur des cartes postales et ces tenues très ciblées vont faire revivre d’anciens personnages. Les visages sont peints à la main et recherchent la physionomie humaine de gens qui ont existé. C’est la mémoire créative des murvielloises qui s’affiche à tous les coins de rues. Ces poupées ne sont pas des marionnettes et ne sont pas à vendre. Des moissonneurs aux vendangeurs, du pharmacien au garçon de café, ce peuple artificiel des pététas fait revivre les métiers et les scènes du passé. Des scénettes composées relatent l’harmonie du travail des vignes, vie calme mais très dure. On découvre le ‘’poudaïre (tailleur de souches), la châtelaine et le pissadou (sans commentaire). La vie sociale de Murviel, très vive mais aussi très insolite sur les trottoirs (sans commentaire péjoratif) accueille les  passants.

     

                                         ‘’Ici, le passé est présent sur les trottoirs’’

     

                  Les voitures s’arrêtent et les passagers admirent, ce peuple inerte, ces 150 mannequins soit isolés, soit en groupes.

     

                  La première pététas mise en place est la dame ‘’pipi’’ devant les toilettes du village. Vandalisée, refaite plusieurs fois, il fallait la rentrer tous les soirs. Elle a subi plusieurs fois la décapitation et même a été immolée par la bêtise sans limite des voyous du quartier. Jusqu’à présent, les bonnes mœurs sont respectées. Il n’y a pas de pététas brésiliennes.

     

                  Maintenant, les gens préfèrent montrer les poupées derrière les vitres ou sur les balcons de leurs maisons de peur de se les faire voler ou brûler. Il faut noter qu’en Equateur, on brûle las pététas le 31 décembre  (ça porte bonheur !).

     

                  Mais, que représentent nos superbes pététes :

     

                  ‘’Un mariage qui sort de la mairie, une communiante toute habillée de blanc devant l’église, un berger, un rempailleur de chaise, des vignerons, Louise la ‘’gabellaïre’’(qui fait des fagots), le dentiste, Louis le pêcheur, le moissonneur, Gaston le grognon sur lequel les chiens pissent dessus, Madeleine, les bigotes, les écoliers avec leurs bonnets d’âne, Raphael le garde chasse, la nourrice aux gros seins, le facteur qui parfume le courrier des plus belles femmes du village, la couturière, le cordonnier, Arlette la pin’up qui fait rêver les maris’’ et bien d’autres…’’.

     

                           A Murviel, on conjugue au présent le passé du village.

     

                   Merci à nos deux Monique qui sans elles nos souvenirs d’enfants n’auraient pas été ravivés.

     

                    Retrouvez cet été  ces poupées de chiffon mais surtout, ne leur demandez pas votre route.

     

    JC d’OC

     


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     Alors ! Raconte ! N° 42 –Béziers 1

     

    Premier homme – évolution de l’homme – pont canal                                                                         

     

                                             Protohistoire de la région.

     

     

     

                A quelle époque les hommes ont-ils vécu sur les hauteurs de Béziers ? Trouve-t-on des traces de ces hommes dans notre campagne ? Des questions difficiles à résoudre, mais quelques certitudes.

     

               Maintenant, prenons plaisir de cheminer dans les temps révolus. Devenons de vieux touristes de l’intérieur.

     

               La butte de 70m qui s’élève au dessus de l’Orb a vu, selon les traces qu’on a pu y retrouver passer des hommes il y a environ près d’un demi million d’années. Pas de preuves réelles car il est très difficile de retrouver sous plusieurs mètres de détritus, de ruines et de remblais accumulés le long des siècles par les générations des restes de  mortels. La ville étant un lieu où l’on n’a cessé de bâtir.  Poser un pied sur des ossements est presque devenu impossible si ce n’est qu’en fouillant le sol des milieux jadis non peuplés, donc hors des villes actuelles.

     

                Le premier Biterrois dont on a trouvé les ossements fossilisés vivait aux environs de 4500 ans avant JC, au temps de la pierre polie. Lors de la construction du pont-canal (1858) au dessus de l’Orb au lieu dit ‘’Chambre verte’’, il a été mis à jour les restes d’un homme couché sur le dos. Un collier de dents de sanglier ornait son cou et il tenait dans chaque main une hache de pierre polie.

     

                 Dans la campagne, passons sur les longues périodes de glaciations et de réchauffements où l’homme a survécu à quatre reprises à l’ère quaternaire. A cette époque, l’Orb et le Lirou coulaient trente mètres plus hauts que le niveau actuel et la mer venait battre de ses vagues la colline même de Béziers. On a retrouvé des traces de campements de chasseurs à l’Ardide, à Campariès et à la Jague. Ces humanoïdes pouvaient résister à toutes les conditions extrêmes de températures. A Capestang et à Lieuran, on retrouve de l’outillage à base de galets.

     

                Moins 80.000 ans  de notre ère, lors de la dernière glaciation de Würm, des animaux tels des ours, des panthères, des hyènes, des rennes, des chevaux, des bœufs et bien sûr des hommes courraient dans la campagne biterroise. Les  hommes vivaient de cueillette et de chasse. Ce n’était pas encore la planète des singes, mais peu s’en faut.

     

                Moins 6OOO av JC, les hommes préhistoriques domestiquent des bêtes, cultivent des plantes, font de la poterie et filent la laine. Ils vivent en groupes. Ainsi, on a retrouvé à Boujan  360 cabanons en forme de fer à cheval avec en leur centre un foyer.

     

                Il y a -4500  avant JC sur le territoire de Béziers, à Bayssan, à St Géniès, existaient des cabanes en bois construites sur des bases en pierres sèches. C’était l’âge de la pierre polie et notre homme au collier de dents de sanglier était-il un chasseur ou un guerrier ? Les dents de sanglier étant un signe de puissance et de force. A Causses et Veyran, on a retrouvé l’emplacement d’un village fortifié. Dans les champs retournés, des centaines de flèches, burins et meules ont été mises à jour.

     

                Puis vient l’âge du bronze vers -1800. Le métal sert à faire des bijoux, des parures, (coquetterie féminine déjà !) des armes mais la pierre continue à être utilisée pour la fabrication des outils agricoles, des meules pour les grains et les olives.

     

               Vers -750 le fer remplace le bronze. Les paysans s’installent dans des cabanes sur des buttes qu’on appellera ‘’oppidum’’. Véritables villages en hauteur fortifiés par des murs. Béziers, Magalas,  Aumes, Pézenas et Ensérune seront les oppida les plus importants de notre région. De cette époque, on a retrouvé quelques vestiges. Notamment lors du creusement du parking souterrain de la Madeleine ont été mis à jour des fours qui devaient servir à faire cuire la nourriture à plusieurs familles. Lors de fouilles sous le cloître de St Nazaire, on a retrouvé des fragments de poterie et de vaisselle.

     

                 Le temps passe et 500 ans av JC, Béziers s’appellera Besara. Ce nom sera maintes fois modifié en Baitera, Boeterra, Boetira, Bliterra ou Biteris pendant l’Antiquité, puis aboutira à Besiers en occitan et Béziers aujourd’hui.

     

                 Avant les conquêtes volques puis romaines, les ancêtres avaient subi la venue en terre biterroise des Grecs(les helléniques). Ces commerçants grecs venus par Marseille et Vendres ont apporté richesse et charme dans notre cité. Ils ont laissé peu de monuments. Surement qu’il doit en exister sous nos maisons. Le seul que l’on peut voir actuellement est situé aux bords de l’étang de Vendres. C’est un temple dédié à Vénus de Pyrène, de là l’origine du nom de Vendres.

     

                 En -280, les Volques, peuple celte, sont localisés dans la province La Narbonnaise. En -218, Hannibal et ses éléphants font route vers l’Italie pour combattre les Romains. Ils empruntent le Chemin d’Héraclès qui borde les murs de la petite colline biterroise. Pour passer l’Orb, un gué existe à quelques mètres en amont du pont vieux. Béziers était peuplé d’Ibères mais aussi de peuplades volques. C’est avec le chef volque qu’Hannibal a du traiter le péage mais ce gué a été contourné par les chars d’assaut éléphantesques. Béziers ne faisait pas le poids devant une telle armée de 15.000 soldats et ses 37 éléphants.

     

                   Les Volques, qu’ils soient Tectosages ou Arécomiques, issus de la même ethnie que celle des Gaulois vont dominer  jusqu’ à l’arrivée des Romains. Les Volques Tectosages (ce peuple qui cherche un toit), originaires de Bohême ont participé au sac de Delphes(Grèce) ont conquis la région allant de Toulouse à la Méditerranée. Ils craignaient les dieux et pour se protéger, ils accumulaient de grandes quantités d’or. Ils s’habillaient d’un simple linge blanc qui cachait leur forte musculature. Ils cultivaient des céréales, élevaient des chèvres, des moutons et des porcs. Ils chassaient les cerfs, le sanglier et le petit gibier. Ils ont participé à la fondation de Béziers en -630 de l’an de Rome.

     

                   C’est l’époque où, au milieu des plaines et des étangs, apparaît l’oppidum d’Ensérune (-650 à +230). Sa position stratégique lui permet de servir de refuge sur la hauteur. Grace aux fleuves côtiers qui coupent sa façade avec la mer par des graus, le commerce avec la Méditerranée (vins, olives et blés) est florissant. Le premier village (il y en a eu 3 – détruits, reconstruits etc..)  possède des maisons enfin des cabanes qui abritaient des ‘’dolia’’, grandes jarres de terre cuite plantées dans le sol. C’était leur garde-manger. Seul inconvénient, c’est le manque d’eau malgré les citernes qui occasionnera son premier déclin puis sa perte dans la moitié du 1er siècle après JC. On a retrouvé les traces d’une nécropole de 300 urnes funéraires car en ce temps là, on brûlait les morts et l’on déposait les cendres dans des vases-ossuaires. Ces urnes étaient déposées dans un trou et une stèle marquait le lieu de sépulture. La richesse de la stèle variait en fonction de l’âge et du rang social du défunt.

     

                     -118 av JC, la plus ancienne voie en Gaule traverse notre Région. La Voie Domitienne, située à l’emplacement de la Voie d’Héraclès est construite en Septimanie. Longue de plus de 500 km, en ligne droite, elle est jalonnée de relais d’étapes et de bornes milliaires qui indiquent la distance et le nom de l’empereur romain de l’époque. On dénombre près de 90 de ces panneaux indicateurs sur son trajet. A Colombiers on a pu observer un chemin creux d’une largeur de 2m50 (soit 8 pieds romains). Pas de bande de roulement, mais quelques ornières ont été repérées ainsi qu’un beau pavage que Narbonne conserve devant sa mairie.

     

                   Et, maintenant, ce chemin nous ouvre les  portes de la romanité.

     

    JC d'Oc.

     


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     Alors ! Raconte ! N° 43- Béziers 2   

     

    Pépézuc – pont vieux- anciennes arènes.

     

          Béziers au temps des Romains.

     

     

     

                  C’est bien avant la conquête de la Gaule par Jules César que Béziers a eu à faire avec les Romains. En effet, en -120, Rome avait lancé ses légions en Provence et avait pris le Biterrois celtibère avec à sa tête Barbe d’Airain. L’intérêt principal était le marché que représentait la production volque (vins, vaisselle, esclaves et métaux) des villes de Béziers et Narbonne situées le long du chemin d’Héraclès. Puis stratégiquement, c’était le chemin vers l’Espagne, leur vue vers Toulouse et les mines de fer des Pyrénées.

     

                  Barbe d’Airain taille en pièces les troupes volques à Causses et Veyran. Narbonne se rend et en -118, les Latins s’installent dans la Narbonnaise avec comme chef-lieu Narbonne. Ils rasent gratis et reconstruisent la ville à la méthode romaine. La ville de Narbonne devient un important centre d’affaires, un port sur la Méditerranée grâce au fleuve Aude, une ville de garnison et une étape vers l’Espagne. Béziers est perdante dans cette affaire, mais placée sur la voie Domitienne, elle peut exporter son vin, ses métaux des Hauts Cantons vers Rome. La paix romaine n’est pas encore à son apogée. Les révoltes des Volques grondent toujours car les Romains confisquent de plus en plus de terres.

     

                   Lorsque Jules César  bat Vercingétorix à Alésia en -52, le Biterrois est déjà romanisé. En 46 av.J-C, la colonisation faite par Fontéius conduisant la VIIème Légion donne comme nom de Colonie Septimanorum (Origine de Septimanie). En -35, Béziers devient romaine avec ses habitants de plein droit. La ville se nomme Baeterre. Jusqu’en l’an 300, la cité s’organise en ville romaine tandis que la campagne se peuple d’exploitations agricoles appelées ‘’ villae’’ (environ 500 dans l’arrondissement de Boeterre). Les Romains partagent les terres en carrés de 705 m de coté. On y cultive déjà la vigne, l’olivier, le figuier et le blé. Le commerce est florissant. Sur les marchés on y trouve du vin, des grains, de l’huile, des peaux, des céramiques et autres. A Corneilhan, Servian et Laurens on y fabrique des amphores en argile pour le commerce du vin qui s’exporte dans toute la Méditerranée. On y fait aussi des tuiles, des briques et des carrelages. (Voir la villa gallo-romaine de Loupian).

     

                    Pour passer l’Orb, il fallait un pont. Le pont vieux contrairement à ce que l’on pense n’est pas romain. Il daterait du XIème siècle. Mais la découverte de structures de base de piliers montre qu’au 1er siècle il y avait bien un pont en aval du pont vieux d’une largeur de 3.4Om. La ville comporte deux axes de passage. L’un Est-Ouest le decumanus, l’autre Sud-Nord le cardo le tout situé dans le vieux Béziers actuel entre st Nazaire et les Allées.

     

                    Au centre  les Romains ont construit le Temple impérial, le Forum et les Thermes. Une statue, Place Pépézuc, personnage emblématique de la ville romaine représente le divin empereur des Gaules Tétricus. Ce personnage au torse très musclé, à la toge rabattue sur la jambe gauche a la particularité de n’avoir qu’un pied, pas de bras et pas de tête. Durant deux siècles, on vissa la tête du nouvel empereur arrivant sur ce buste. Enfin, soit, toujours est-il que ce céphalophore était bien au centre du domaine des Dieux, l’endroit où se trouvait le Temple près du Forum. Et ce Dieu est aussi connu que Bacchus le Dieu du Vin. Bien sûr, l’empereur romain ne s’appelait pas Pépézuc. Ce nom vient du biterrois Montpezuc qui défendit la ville en 1355 contre les Anglais nos amis de toujours. Bien d’autres vestiges sont passés dans des collections privées (l’Apollon, la tête colossale de Jupiter et les neuf têtes de la rue Paul Riquet).

     

                      Le forum, espace de 130m de long et 8Om de large se situait à l’emplacement de la Place G. Péri actuelle. On y a trouvé des fûts de colonnes et des chapiteaux à l’image du forum de Pompéi ainsi qu’une inscription au 28 Rue du Quatre Septembre signalant l’emplacement d’une boucherie.

     

                      Les Thermes étaient situés  avenue Alphonse Mas où les fouilles ont permis de découvrir des demi-colonnes, un demi –siège balnéaire, tout ce qui fait penser aux fonctions d’hygiène, à tout ce que les Romains raffolaient  pour leurs plaisirs (lupanars, saunas).

     

                      On ne peut pas occulter l’amphithéâtre romain de Béziers, le seul monument conservé et malheureusement en piteux état. Cet édifice que l’on nomme aussi ‘’arènes’’* ou ‘’cirque’’ se situe au bout de la rue Canterelles, sur la droite. Dimensions : 165m ellipse extérieure et 75m ellipse intérieure. Construites par Titus vers 80 ap J.C, elles pouvaient recevoir 13710 spectateurs. Alimentées par l’aqueduc de Gabian (dont il reste des traces en sous-sol – rue Française et rue du Touat), l’empereur y organisait des joutes nautiques. Transformées en carrière de pierre, elles servirent à la construction de l’église de la Madeleine.

     

    * le mot arène vient du latin arena, qui signifie sable: la piste centrale de l'amphithéatre étant recouverte de sable destiné à absorber le sang des victimes.

     

                        En 276, les Germains envahissent la Gaule. Pour se parer des barbares, Béziers construit 1750m de remparts de 6 à 7m d’épaisseur qui clôturent 19 hectares. Trois portes permettent l’accès à la ville. Mais les remparts n’englobent pas la cathédrale St Nazaire ni les arènes de St Jacques. Les invasions se calment. La ‘’Pax romana’’ rend la ville heureuse en attendant l’invasion des wisigoths (enfin des barbares civilisés !)      Et là débute un autre chapitre.

     


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    Alors ! Raconte !  N° 45- Béziers 4

     

     

     

                                 La renaissance de Béziers.

     

     

     

    ‘’ Il est venu le temps des cathédrales, le monde est entré dans un nouveau millénaire

     

      On a voulu monter vers les étoiles, écrire son histoire dans le verbe ou dans la pierre’’

     

     

     

                      La ville de Béziers, saccagée, humiliée, anéantie, saignée à blanc par ce carnage de 1209 se reconstruit très vite. Dès les semaines qui suivent, la vie reprend avec une population nouvelle. Des ouvriers venus en majorité d’Auvergne prennent la place des disparus. Ils apportent un savoir faire, une résistance au travail qui sera très bénéfique à la cité. Maçons, charpentiers, terrassiers vont travailler pour la reconstruction des quartiers dévastés.

     

                     Les églises détruites sont reconstruites (même la Madeleine bien abimée). La cathédrale ST Nazaire ne possède que deux murs. Sa voûte a éclaté '' comme une grenade'' disent les récits de la Croisade. Elle sera reconstruite par Maître Gervais. Dimensions: L=50m l=14m H=32m Clocher=46m Rosace=10m  Les destructions par le feu sont importantes, mais comme les Croisés ne sont restés que 3 jours, les tours et les remparts qui entourent la ville sont intacts.

     

                      En 1218, Béziers se soulève contre le fils de Simon de Montfort, Amaury devenu vicomte à son tour à la mort de son père. Les affaires de la ville sont alors réglées par le légat du pape.

     

                      En 1224, les Trencavel, anciens locataires sont de retour le 14 janvier. Amaury de Montfort retiré à Carcassonne abdique et laisse ses biens au roi de France. A Béziers, c’est la fête, le légat du pape à son tour est chassé de la ville. Pour oublier cette triste période, le château vicomtal situé sur l’actuelle Place Jean Jaurès est rasé. Désormais, le nouveau maître de Béziers est le futur roi de France Louis VIII le Lion (le père de Saint Louis). Ce prince a la réputation d’être un barbare sanguinaire car il a laissé ses troupes anéantir Marmande en 1219. Aucun homme n’a réchappé au massacre.

     

                        Pendant un siècle, Béziers sera sage, pas de révolte, pas de bûcher. La leçon de 1209 est bénéfique pour cette population nouvelle. Béziers a reconstitué sa population soit 1619 maisons soit 12.000 à 15.000 habitants. Ils faisaient beaucoup d’enfants en ce temps là. Les remparts et les tours restent intacts. Les portes sont fermées tous les soirs. Saint Nazaire est reconstruite. Maître Gervais donne à l’édifice des tours, des créneaux, des mâchicoulis et des meurtrières nécessaires pour sa défense. Le clergé est alors le plus grand propriétaire foncier et craint pour la conservation de ses avoirs et de ses privilèges.

     

                           L’église de la Madeleine sortie intacte a son clocher remanié. Saint Aphrodise  restaure son clocher et sa nef. Dans les églises, plusieurs chapelles sont nécessaires pour que les abbés puissent dire la messe à la même heure car il n’y a qu’une seule célébration de l’office. L’église Saint Jacques, ancienne abbaye qui hébergea les pèlerins de passage pour St Jacques de Compostelle est toujours en dehors des remparts. Il faudra attendre le 14ième siècle pour qu’elle soit incluse dans la ville fortifiée.

     

                         Au 13ième siècle, l’étang de Montady-Colombiers est, dit-on ! un lac infect dont les eaux stagnantes portent au loin la maladie et la mort. Les quatre propriétaires  avec l’accord de l’évêque de Narbonne, seigneur et maître de toutes les eaux de son diocèse, décident de l’assécher. (Charte du 13 février 1247). De nombreux fossés de drainage allant de la périphérie au Centre, découpent en une forme géométrique parfaite semblable à un soleil, cette vaste étendue de plus de 400ha. Du centre part un fossé en contre-pente appelé ‘’La Grande Maïre’’ qui évacue l’eau sur une longueur de 1364m vers les anciens étangs de Poilhes et de Capestang puis se déverse dans l’Aude.

     

                         Du génie des hommes est né un patrimoine très insolite  au Malpas que l’on ne retrouve nulle part ailleurs en France.  Les Romains ont tracé la Voie Domitienne – 118 av JC- (altitude 0). Au même endroit (alt -10) passe le tunnel du Canal du Midi – 1667-1681. Juste en dessous (-12m) passe le tunnel du Chemin de fer – 1854-1856. Puis la galerie d’assèchement (prof -50m) de l’étang de Montady.

     

                         N’est ce pas là où toutes les directions se croisent ?

     

                         Connaissez-vous l’histoire d’Artus, de cet ouvrier de Pierre Paul de Riquet qui à contribué à la construction du tunnel du Malpas ?

     

                         A l’entrée du tunnel, côté Toulouse, sous la voute, l’histoire révèle la présence d’un ermite qui vivait en ces lieux en 1856. Sa subsistance était assurée par les bateliers qui déposaient des vivres dans un panier descendu au bout d’une corde. Artus a vécu plusieurs années dans cette niche, mais les archives du tunnel sont muettes sur cette présence.

     

                       Artus s’est isolé dans ce tunnel, car en rentrant chez lui en Italie, après 14 ans d’absence, ses amis ne se rappelaient plus de lui et sa femme s’était remariée, donc dépité il est revenu vivre dans le tunnel en ermite. La légende veut qu’un riche batelier refusa de lui donner à manger. Il lui jeta un sort et le bateau du marchand coula dans le port de Béziers. Depuis, lorsque l’on passe sous la niche d’Artus, la tradition veut que l’on jette un peu de pain  pour ne pas oublier cet ermite.

     

                        Ne rêvons plus, l’histoire ne s’arrête pas en si bon chemin.

     


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