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    Alors ! Raconte ! N° 6

     

                                Le bandit de Pomarèdes.

     

     

                  Qui ne connaît pas le’’trou de Pomarèdes’’ à Béziers Est. C’est un monticule où ne poussent que des pins, situé près de Décathlon, route de Bessan. De ce mamelon, part une galerie sous terre d’ 1m20 de large qui débouche 500 m plus loin près de la chapelle de la Badone (édifice construit au 16ème siècle lors de la guerre des religions entre les catholiques et les protestants). Ne cherchez pas son ouverture, elle est bouchée par des éboulis.

     

          Suspense !  A quoi devait servir ce tunnel !

     

     

     

          Jean de Pomarèdes est né à Caux le 6 ou le 7 avril 1801 au numéro 11 de la rue de l’évêché d’une famille connue et sans histoire. Il était l’unique fils d’un couple de cultivateurs aisés. Il avait tous les atouts pour réussir son existence. Mais il était un gamin très dissipé, agressif qui brutalisait son entourage. En 1825, son père meurt et à 24ans, il hérite de la majorité des biens familiaux d’une valeur de 10.000 francs. Une petite propriété faite de maisons, de vignes, de champs et d’oliviers. En 1830, il épouse Jeanne Rouyre de Fontès. (Signalons au passage que rouyre vient du patois « rouvre » qui signifie Chêne vert)  Voilà donc d’où proviennent les divers noms du Midi.

     

          Avec son beau frère Félix Rouyre, il fait des affaires d’abord dans la spéculation en achetant un important stock d’eau de vie de vin. Tout l’argent hérité passe dans cette affaire d’alcool. Le 3x6 est la résultante de 3 parties (96° sortie de l’alambic – dédoublé 45° - dédoublé 15°). Manque de flair et par malchance, l’arrivée de l’alcool de betteraves du Nord, qui s’achète 3 fois moins cher, lui fait perdre tout le montant de ses investissements. Il est rapidement mis en difficulté financière.

     

          Sans argent, les deux compères se recyclent dans l’achat d’un joli domaine, celui de Lussau, entre  Maureilhan et Puisserguier  (38500 F or) pensant doubler le prix d’achat lors de sa revente. Conjoncture défavorable, le crédit du Crédit Foncier courant, la situation devint délicate. Ce n’est cependant pas la ruine car Pomarèdes possède encore sa propriété  de Caux qui lui rapporte un peu. De  plus, la piquette (la boisson des pauvres) qu’il produit lui rapporte un peu.

     

          Il a toujours soif d’argent et il commence ses larcins.

     

          Un soir, son berger de Lussau vient le voir pour lui réclamer son salaire. Il le reçoit alité, grippé et lui donne son argent. Sur le chemin du retour, le berger  menacé par un homme masqué à cheval donne son maigre salaire de 35F au brigand. Il lui semble toutefois avoir reconnu la voix de son patron.  Pour s’en persuader, il retourne à Caux  pour raconter son histoire et trouve Pomarèdes au coin du feu. Bien qu’étant l’assaillant, il se dédouane ‘’ Tu vois  bien que j’ai de la fièvre et  que je ne peux sortir par ce froid là ! Tu aurais  du faire plus attention à ton argent ! ‘’

     

          Le riche vole un pauvre. Son employé de surcroît dénotait déjà son caractère de crapule.

     

          Puis, lors de la messe de Noël où il assistait, sa maison se mit à brûler. Peu de temps auparavant, il avait souscrit une forte assurance. Sentant  l’escroquerie, l’assureur ne lui versa qu’un petit dédommagement. L’engrenage  infernal va faire basculer ce larron de travailleur le jour, il deviendra braqueur la nuit. Il mit en place une stratégie pour commettre ses méfaits. D’une part, il les réalisa que de nuit sans lune et d’autre part, il mit en place 2 chevaux. Un qu’il montait et l’autre qui l’attendait à 2 km du lieu du larcin. Il va ainsi détrousser des commerçants qui revenaient de la foire ou du marché de Béziers.

     

          Première agression connue eut lieu le 15 décembre 1837 sur la route de Capestang par l’attaque de deux marchands de bestiaux. Le 18 avril 1839, sur la route de Paulhan, il attaqua une diligence. Butin 1000 FR or. Le 11 janvier 1840, il braque M. Basset et lui dérobe 3000Fr or (10 ans de salaire d’un ouvrier de l’époque). Puis c’est le percepteur des impôts et M. Méandreux, porteurs de 2 sacs de louis d’or. Cette année là il commettra 2 assassinats (M. Garrigue et Yves Godard). Il multiplie ainsi ses agressions avec un pistolet,  mais lors d’une attaque,  M.Boularand qui le connaissait bien, semble le reconnaître comme étant son agresseur, mais Pomarèdes  est si prompt  à disparaître qu’il ne peut le rattraper. Son forfait accompli, le voleur laissa rentrer son cheval seul à l’écurie  et s’engouffra dans le fameux ‘’trou’’, près de Décathlon, Chemin de Montimas. Par le souterrain, il rejoignit la chapelle de la Badone à 500 m de l’entrée. Il  enfourcha son  deuxième cheval qui l’attendait et rentra chez lui. Mais en chemin, se sentant suivi par plusieurs témoins de la scène, il décida d’enfouir son butin dans un champ de seigle. Sans le savoir, un enfant l’observait. Cet enfant va donner l’alerte  et Pomarèdes intercepté est conduit  encadré par trois gendarmes à la prison de Béziers.

     

     

     

            Le procès s’ouvrit le 25 Novembre 1842 et dura 13 jours en présence de 250 plaignants. Il a été accusé de vols, d’incendie, d’escroquerie à l’assurance, d’assassinats et bien d’autres motifs.

     

     

     

            La « canaille de Caux », comme on l’appelait, fut condamnée à mort par décapitation. En ces temps là, on ne badinait pas ! Son beau frère fut acquitté par indulgence. C’est plus doux !

     

            On fit venir la guillotine de Perpignan à Pézenas  à quatre heures du matin,  le 18 Novembre 1843, il se confessa et revêtit l’habit des condamnés (habit rayé et bonnet blanc).  Il  monta dans  la charrette. L’aumônier Cellier l’accompagna avec un gendarme. Arrivé sur la place du 14 juillet, 50.000 personnes le conspuèrent par leurs huées. L’échafaud était tourné vers l’hôtel des 3x6.A 10 heures 30, il monta les marches. Il enleva son gilet et le bourreau venu de Perpignan découpa le col de sa chemise. Pomarèdes demanda une tasse de café qu’il  avala puis avec sa cuillère ramassa le restant de sucre. Il demanda pardon à Jeanne sa  femme puis embrassa l’aumônier. Il s’allongea sur la planche et à 11h15, sa tête tomba sous la lame au grand soulagement des familles des victimes.

     

     

     

             Ultime punition pour cette canaille, le curé refusa de l’enterrer dans le cimetière. Son corps fut enseveli dans une fosse creusée devant l’entrée du cimetière de Pézenas,  pour que les passants foulent l’emplacement où il repose dans un piétinement d’humiliation perpétuelle.

     

      JC d’Oc.

     


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    Rubrique  Culture intitulée ‘’Alors ! Raconte ! ’’ Sur des faits historiques, des légendes, des contes relevés dans des émissions radio, dans des livres, sur le net, surFR3, sur Midi Libre, sur les magazines du Département de l’Hérault qui retracent la vie, les mœurs, les croyances, les coutumes du peuple des cantons de notre terre d’Oc. Bonne lecture.

     

                                                                                        JC d’Oc.

     

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    Liste des récits  pour votre information :

     

    N° 1    La naissance de Valras.

     

    N° 2   La révolte des curés de Lunas.

     

    N° 3   La fête de la châtaigne à Olargues

     

    N° 4   Le lac du Salagou

     

    N° 5   Souvenirs d’enfance d’un enfant du pays

     

    N° 6   Le bandit de Pomarèdes

     

    N° 7   La richesse de Capestang

     

    N° 8   Le marbre de Caunes Minervois

     

    N° 9   Le fort Brescou

     

    N° 10 Les cataclysmes de 1907

     

    N° 11  Brassens 1

     

    N° 12  Brassens 2

     

    N° 13  Naissance du Cap d’Agde

     

    N° 14  Le marbre noir de Laurens

     

    N° 15  Terra Vinéa Portel les Corbières

     

    N° 16  Les dinosaures de Cruzy

     

    N° 17  Villemagne l’Argentière

     

    N° 18  Les villages en circulade

     

    N° 19  Les canards de Roquebrun

     

    N° 20  Olargues, capitale de la vallée du Jaur

     

    N° 21  Saint Aphrodise

     

    N° 22  Marseillan

     

    N° 23  L’Abbaye de Fontfroide

     

    N° 24  St Guilhem le Désert

     

    N° 25  Le déluge de St Chinian

     

    N° 26  Les joutes nautiques de Sète

     

    N° 27  Notre patrimoine

     

    N° 28  La fièvre du pétrole à Gabian

     

    N° 29  L’éphèbe d’Agde

     

    N° 30  L’abbé Saunières

     

    N° 31  Les maisons closes de Béziers au 19ème siècle

     

    N° 32  La fontaine de Nize

     

    N° 33  Le Conseil de révision 1959

     

    N° 34  Les traditions festives des années 5O

     

    N° 35  L’abbaye de Fontcaude

     

    N° 36  Notre mémoire fout le camp.

     

    N° 37  Le modernisme 1950

     

    N° 38  La légende de Cébenna

     

    N° 39  Les Cathares. La croisade des Albigeois

     

    N° 40  Pierrounet de Nasbinals

     

    N° 41 Les pépétas de Murviel des Béziers

     

    Histoire de Béziers.

     

    N° 42 Béziers 1 Protohistoire

     

    N° 43 Béziers 2 Romanité

     

    N° 44 Béziers 3 Les Grandes Invasions

     

    N° 45 Béziers 4 Après 1209

     

    N° 46 Béziers 5 Moyen Age

     

    N° 47 Béziers 6 Révolution française

     

    N° 48 Béziers 7 Première République

     

    N° 49 Béziers 8 De nos jours.

     

    N° 50 Epilogue d’Alors ! Raconte !( 1ère partie)

     


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        Alors ! Raconte…   No 1 

     

     

     

                              La naissance de Valras.

     

     

     

     

     

       Tout d’abord, hommage à Henri S …e  pêcheur à Valras qui pratiquait la pêche au globe, tout près du pont de SERIGNAN dans les années 60 .

     

        Le 18 février 1931, les valrassiens ont déclaré   VALRAS commune de plein droit. A l’origine, le cordon dunaire et ses lagunes, patrie des aoûtats et des moustiques, appartenaient à SERIGNAN. De nombreux biterrois, des pêcheurs sérignanais, surtout des gens immigrés d’origine italienne et espagnole venaient passer leurs loisirs dans des cabanons en bord de mer.

     

       Seuls, les canottes, les tamarins et la salicorne poussaient sur les dunes de sable entre le grau de Valleras et celui de Sérignan. A l’origine, l’érosion des massifs granitiques des Alpes déversés par le Rhône dans la Méditerranée venait s’échouer sur la côte par les courants marins et  créait des étangs et des dunes. Les dunes plus ou moins hautes empêchaient l’eau des rivières de s’écouler. Un chenal  appelé « grau »  permet l’évacuation des eaux venant des terres.

     

       Valras, 234 hectares inondables aux équinoxes possède une terre salée et une plage de sable fin ainsi qu’un beau panorama. A l’ouest les Pyrénées et son Canigou (2785 m), à l’est le mont St Clair de Sète, le Fort Brescou d’Agde et la silhouette particulière du Pic St Loup. Au nord le massif de l’Espinouse avec  «  la femme allongée appelée  Cébéna , notre muse des Cévennes ».

     

        L’Orb unit les domaines de Valras et de  Sérignan. En 1745, la grande crue a creusé le lit de la rivière et dévié son cours vers Valras et la Grande Maire commença son ensablement. Un bras passait à Portiragnes par un chemin d’eau qui a disparu depuis mais qui alimentait la partie d'eau douce de la Riviérette.

     

        Donc, les pêcheurs vivaient dans ce milieu appelé  «  La Mer  »  dans leurs cabanons en bois, en toute tranquillité ils passaient leurs week- end en buvant le pastagaz, le pastis local.

        Revenons au passé. En ces lieux, on y retrouve des traces romaines, des vestiges d’habitations, de villas appelées  «  justamaré  ». C’est la 7e légion romaine qui a appelé ce lieu Valérus, puis par le temps Valleras puis Val-ras qui signifie vallée plate. Le nom de  Valras la Plage devient définitif. Par l’achat de la propriété d’Injalbert, le célèbre sculpteur biterrois (le Titan et le Monument aux Morts  du Plateau des Poètes de Béziers)  par le Prieuré des Grâces l' église de Sérignan devient propriétaire du terrain de Valras jusqu’en 1906.

     

          Au Moyen Age, la pêche en mer disparaît. De trop nombreux brigands  écument la côte, notamment les petits pirates imitant le célèbre  pirate Barberousse.  L’Orb devient navigable jusqu’à Béziers, ce qui favorise les pillages mais qui donne un important essor au commerce des vins vers la Méditerranée.

     

           1286 La croisade d’Aragon d’ Alphonse III, les hameaux entourant Valras sont décimés «  le grau et Sérignan aussi  », les habitants du grau ne reviendront plus en ce lieu. A Valras, dans ce petit hameau, toutes les maisons furent incendiées. Il ne restait que des murs calcinés .Même l’église Saint Martin n' a pas échappé à la catastrophe.

     

           Vias, Agde et Cette, par des attaques fulgurantes sont pillées. Les femmes, les fillettes et les églises sont épargnées, les mâles de plus de 15 ans sont tués.

     

           1331 François de Levis fait installer, pas des ponts mais des postes d’observation et de défense. 20 hommes en armes protègent les salines, car la gabelle «  impôt sur le sel  »  est toujours un monopole royal.

     

           1546, Sérignan devient propriétaire de toutes les lagunes de Valras.  

     

           1741 Les corsaires barbaresques écument la côte. Ils tuent, volent les cargaisons des chalands de Béziers à Sérignan.

     

           18O5 Sous Napoléon, les Anglais et les Espagnols balayent la Méditerranée. L’amiral Villeneuve confisque tout ce qui flotte. La situation géographique de Valras privilègie une avancée en mer. Des miradors signalent au moyen de fumées la présence d’envahisseurs. A noter que, tout récemment des essais concluants ont été réalisés. Ces tours-miradors sont appelées tours à signaux.

     

            Les premiers abris précaires apparaissent sur les bords de la rivière Orb ainsi que sur le quartier situé au plus haut de la ville (Rues Jean Soutier, Pierre Loti, Vincent Scotto etc...). Les habitations d'alors étaient sommaires et couvertes de "canottes" pour les protéger des intempéries et surtout du soleil.

     

            183O  Valras  est réputé pour être une station balnéaire. (Soins de la peau) et petit à petit les paillottes se sont transformées en baraques ou en maisons pour former, sur les rives de l'Orb le quartier des pêcheurs où vivaient 110 familles.

     

            1845 construction de la route Béziers Valras via Sérignan. Les cabanons disparaissent petit à petit sous la pression d' une architecture   balnéaire.

     

            1846 Une ligne de chemin de fer est construite. Le tramway tiré par des chevaux facilite les déplacements des biterrois. Les cafés et les commerces s’implantent. Les adeptes des bains de mer arrivent.

     

            1901 Le tramway électrique venant de Béziers circule. - 400 hab -Il circulera jusqu’en 1950.

     

            1906 Le département étudie la possibilité d’un changement du statut communal. Son emblème est l’hippocampe.  Sérignan rouspète pour la perte de recettes. 2744 hectares seulement reviennent à Sérignan sur 2978. Puis pourquoi payer une infrastructure pour une colonie d'italiens qui viennent de s'installer.

     

            1929 Année noire. Crise économique. Sous consommation de produits. Pas d’investissement. Emplois supprimés. La spéculation provoque des déséquilibres. En octobre, crack boursier.

     

            1931 L’autonomie est accordée. Le premier conseil municipal réunit 12 conseillers. Alfred Panis est le premier maire. Suivront Daugas, Sablayrolles, Turco, Tiroine, Villeneuve puis le dernier Combes.

     

             La première décision fut de changer de nom. Valras la Plage devient Valras  Plage.

     

             1944  Les Anglais bombardent Valras Plage occupé par les Allemands. Le village est détruit. 80.000 mines sont larguées sur la plage.

     

    En partant, les derniers allemands  laissent chevaux de frise et autres engins dans la mer. Une bombe a été désamorcée en 1997 au Camping Mer et Soleil.

     

             1982 Le toit du casino est endommagé par la foudre.

     

             1993 Le groupe Tranchant devient proprio du casino.

     

     

     

           DE NOS JOURS :

     

            Ne pas oublier la fête des Pêcheurs (la St Pierre) qui a lieu le dernier  week-end de juin. Une messe solennelle est célébrée « avé Maria – salut étoile de mer » en l'église ND du Perpétuel Secours. Lors d’une sortie en mer, une gerbe est jetée au large. Mémoire aux pêcheurs disparus. Une brasurade de moules s’en suit, arrosée de bons vins de la Région  (pas de favoritisme).

     

            Le port Jean Gau  (célèbre marin solitaire natif de Sérignan) abrite la petite voile.

     

            Ne pas oublier la traditionnelle pêche au globe et la traine qui, peu à peu tombe en disgrâce.

     

            C’est sur la plage  de Valras que François Deguelt les pieds en éventail sur le sable a écrit la chanson «  le ciel, le soleil et la mer  ».

     

     

     

    JC d’Oc. 2010

     


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    Lunas (vue prise au dessus du circuit des pins).

     

     

     

             Alors ! Raconte !  N° 2

     

     

     

                               La révolte des curés de Lunas.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

              C’est en 1960 que des troubles comme à Chantemerle ont nécessité l’intervention des gendarmes dans ce petit village de Lunas. Vous dévoilerez plus loin le sujet de la discorde !

     

              Lunas, village de 6OO âmes est traversé par le Gravezon.

     

    (Rivière à truites par excellence).  Cette cité possède un château datant de 1627 et qui est de nos jours un hôtel réputé  «  le manoir de Gravezon  ». Tout prés de la chapelle de Nize découverte en 1140 coule une source médicinale connue au Moyen Age pour guérir les affections des yeux. A quelques pas de là, se situe l’Abbaye bénédictine de Jonzels du 7ème siècle qui possède la particularité d’être le plus ancien monastère de la région.  28 églises étaient sous sa gouvernance. Ce monastère était très connu des pèlerins puisqu’il est situé sur le Chemin de Compostelle.

     

              Revenons à notre histoire !

     

     

     

              En janvier 1959, Jean XXIII  convoque le Concile pour établir un renouveau moral pour un temps plus moderne. Il veut dépoussiérer les anciens dogmes religieux. Les curés de France devront  dire la messe en français. Eux qui avaient prété serment à Dieu de fidélité, de chasteté, de célibat etc…..entrent en dissidence contre les décisions papales. Ce fut une grosse Bulle pontificale !

     

              Cela n’arrangea pas la marmite catho qui se mit en ébullition à Lunas. En 1965,  par Vatican 2, cela se calma mais ce qui n’empêcha pas des réfractaires tels Mgr Lefèvre de saupoudrer d’intégrisme les vieilles institutions cléricales.

     

                           FRANÇAIS   ou    LATIN     Que Choisir ?

     

              A Lunas, André Cabrol, curé très estimé, vivant tranquillement son sacerdoce dans son église n’accepte pas le français. Les messes seront dites en latin !  C’est la langue des apôtres !  dit-il. Aussitôt, le clergé veut imposer sa loi, Il veut mettre de l’ordre. Des sanctions sont proférées  «  menaces, flagellation et même excommunication par son propre tribunal. On lave son linge en famille !

     

    L’excommunication c’est l’extrême pour un curé. C’est l’enfer garanti et le curé doit être retranché de ses fidèles.  Ce pauvre curé de village qui n’en demandait pas tant, qui marie, qui réconforte, qui tranche les problèmes familiaux, qui baptise les enfants, qui fait avec dévotion le catéchisme, va-t-il  perdre son âme, sa paroisse, son presbytère, son ministère ?

     

               Un évènement très furtif fit oublier momentanément l’histoire du temps. Le carnaval de 1960 qui se présente toujours le mardi gras fit rouler le char des cocus lors de la fête des Cornards dans les rues de Lunas. Le président des fêtes conduisait le cheval. Dans le tombereau savamment décoré, les célibataires du village  ornés d’une corne de vache sur leur tête et ayant bu plus que d’habitude du vin blanc se montraient dans les rues.  Rien ne vaut une bonne plaisanterie pour oublier les petits  problèmes de la vie !

     

                 Le dimanche suivant Mardi gras, les festivités finies,  les fidèles entrent dans l’église et stupéfaction, au lieu de voir le curé habituel André, voient son frère Gaston à sa place en train de lire quelques mots en latin  (enfin des pater  noster).  Mon frère André n’a plus le droit de dire la messe. Il est relevé de ses fonctions. Ordre venant de Rome ! Le père André qui entend tout du fond de l’église monte en chaire et d’un ton accusateur en regardant St Pancrasse exprime sa colère contre l’évêque.  Les murs de l’église de Lunas ont tremblé. Ce fut le départ d’une mauvaise  querelle à l’encontre du Vatican et de ses représentants.  De plus, pour punir, l’évêque accuse Gaston de folie mais pour l’interner,  il faut la signature de toute sa famille.

     

                Le sermon du curé plonge les fidèles dans un doute profond. Un prêtre qui ne peut plus officier dans son église !  Que faut-il en penser ?  Va-t-il rester ?

     

               Les dimanches suivants, deux prêtres dépêchés par l’évêché célèbrent la messe en français, mais aucun villageois ne se dérange.  Les deux curés s’en retournent le goupillon entre les jambes. Point de quête, point de subsistance !

     

    L’  évêque ne désarme pas.  Puisqu’il faut punir la famille Cabrol et qu’aucune signature n’a été apposée sur le registre d’internement, il décide que :

     

                La sœur Cabrol,  religieuse,  partira dans un couvent dans l’Aveyron.

     

                Le frère Joseph Cabrol, curé, sera envoyé au Cameroun.

     

                Le curé André sera excommunié et doit quitter sur le champ sa paroisse

     

    Le frangin Gaston, voyant arriver à grands pas l’orage va se cacher à St Paul des Fonds.  Le clergé le retrouve et l’excommunie le 30 mars 1960.

     

                Le maire MOREL, communiste de surcroît, fait faire  une manifestation de soutien  au curé André Cabrol.

     

                Dans la région,  la contagion anticléricale  s’accentue. L’abbé  Combes de Castelnau le Lez et le chanoine  Boyer de Puimisson perdent leur titre. Le temps de l’inquisition revient !

     

                Le pape, voyant son autorité  bafouée,  envoie un archiprêtre  médiateur nommé Pomarède. Celui ci veut annuler la communion solennelle en réprimande.

     

    Pomarède repart sous des bruits de casseroles, recevant des chaussures sur la tête. Ces gens des hauts cantons, ils  sont tenaces, ils sont fiers  et il ne faut pas les embêter ni les contrarier.

     

               Un nouveau curé est dépêché. Il se promène dans le village vêtu d’une soutane noire à col et ceinture blanche. Un surnom lui est donné  «  ‘’l’agace’’  qui signifie pie en patois  ». Vue l’hostilité des villageois, il reste cantonné dans sa chambre payée par l’évêché.

     

               Il faut que quelque chose éclate !  L’évêché demande aux gendarmes d’intervenir pour sortir le curé André Cabrol de son église.

     

              Le 19 juin 1960, les policiers entrent dans l’église.  Que ceux qui sont interdits sortent !   ‘’  L’agace  ‘’ qui était en train de psalmodier arrête ses vocalises.

     

    La messe s’arrête dans un profond silence. Pomarède qui était revenu avec les forces de l’ordre intervient,  veut prendre le curé André qui était réfugié sur la chaire. Celui ci refuse. La troupe charge.  Panique !  Les chaises volent.  Pugilats ! Le chanoine Boyer présent est assommé. Des statues sont renversées.  Les cloches sonnent.  Vite du renfort !  Le maire communiste intervient avec des compères du même bord. Evènement terrible !

     

              Mais devant la force, les  curés sortent. Ils sont tous excommuniés par le Vatican. (Déprofundis)

     

              Plus tard, le frère du curé Gaston passera une licence de math et deviendra enseignant et on n’entendra plus parler d’André.

     

     

     

             Que penser de tous ces évènements près de 50 ans après, au moment où il n’y a  plus de curés dans nos églises. Il ne nous reste donc que d’aller laver nos  larmes à la source miraculeuse de la chapelle de Nize.

     

     

     

             Je me souviens qu’en 1950, chacun interprétait la messe en latin à sa façon. Ne comprenant pas sa signification, Georgette, maitresse femme dans mon village, avec sa voix de centaure chantait les Kir et léisson, le Coniant et Toulousanctum et les Ité mis sa veste. Tous ces personnages bibliques dansaient dans ma tête au son de l’harmonium et berçaient mon imagination d’enfant.

     

     

     

             Il fallait le dire !   « Pardonnez les offenses à ceux qui nous ont offensé ! »  

     

     

     

              Amen

     

     .

     


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                    Alors !   Raconte !!!    N° 3 

     

             

     

                                              La fête de la châtaigne à Olargues

     

     

     

                   Cette fête à lieu tous les ans  vers le 2 Novembre. Dans les rues escarpées de ce lieu où sous le pont du diable coule le Jaur, les habitants font la fête en l’honneur de la châtaigne. Ils chantent « la complainte du châtaignier », chanson que les troubadours colportaient au Moyen âge de villages en villages.

     

     

     

                   La châtaigne et le marron ont la même origine. Le fruit a plusieurs lobes pour la châtaigne, tandis que le marron n’en a qu’un, parfois deux. Le marronnier est une variété de châtaignier dont l’espèce a été améliorée par des greffages successifs.

     

     

     

                   Cet arbre est appelé  ‘’ Arbre à pain’’  ou  ‘’ arbre d’or’’. Il a aidé nos ancêtres à surmonter les nombreuses famines du passé. Le bois du châtaignier est très solide, c’est un répulsif d’insectes xylophages. Il ne gonfle pas dans l’eau et on s’en sert pour faire des tonneaux, des foudres, des comportes, des piquets de ceps de vigne (en patois occitan ‘’lous  paissels’’), des paniers, des castagnettes, la chistéra basque pour la pelote et des sculptures d’églises. C’est Antoine de Parmentier (celui qui a ramené les pommes de terre) qui, grâce à l’appui de Louis XVI  a implanté cet arbre en France. Traité de la châtaigne 1780. C’est même lui qui,  par ses recherches a fabriqué les premières farines. Avec la farine de châtaigne on cuisine de bonnes tartes en Corse, on fait des beignets et de la soupe. On peut la griller, la confire dans un bouradou, la faire sécher (châtaignons).

     

                  Un dicton «  Châtaigne et vin nouveau font pisser les dames dans leurs culottes. »  ‘’ Il n’existait pas les couches LIBRA’’.

     

                  Originaire d’Asie, d’Arménie et de Turquie, elle est apparue  au 4ème  siècle dans ces pays. Son nom d’origine est ‘’noix castanéïque ‘’.

     

                   Le châtaignier pousse sur des terrains acides, bien exposés et entre 600 et 700 m d’altitude. Fabre de Bédarieux a écrit’’ le châtaignier est le roi de nos montagnes’’. Il est sensible aux grands froids. En 1956, il a fait -20° et il y avait dans notre région  1m de neige. Ce froid a fait disparaître plus de la moitié  des châtaigniers dans le Somail.

     

                    Ramassée en automne cet akène est conservé par dessiccation dans des séchoirs à feu doux (conservation  3 à 4ans). Il faut aller voir les séchoirs à châtaignes à Saint Vincent d’Olargues. Il faut aller voir à Riols, mais il y en a aussi sur les bords de la route de Ceps au Pont de Tarassac, des nacelles suspendues par un câble au dessus de la vallée qui permettaient  de descendre des hauteurs les sacs de châtaignes  et le bois. Le tout étant actionné par un treuil, à bras d’hommes : Des sortes de tyroliennes.

     

                    La fête de la châtaigne est toujours après la vendange car on la marie avec le vin nouveau. De multiples vertus : « C’est un arbre à viande ! »   dit-on dans le Somail, en effet, elle sert à l’alimentation des porcs et des sangliers. Elle est bonne pour la dysenterie des enfants grâce à son tanin. Elle possède de la vitamine C  (contre le déchaussement des dents par le scorbut). Sa farine de couleur blonde est sans gluten, elle possède de nombreuses protéines, des acides aminés et des fibres. Sa farine est plus fine que celle du maïs.

     

                   Elle est aphrodisiaque. En Grèce, elle est appelée « le testicule de Zeus »

     

                   Le châtaignier pousse sur 4% de la surface boisée en France.

     

                   Le tronc de l’arbre peut être attaqué par le chancre de l’écorce ou l’ancre causée par  un champignon. Depuis 2008, un prédateur venu d'Asie ravage les châtaigneraies, le sinistre sinis. Il faut noter qu’une châtaigne atteinte d’un ver, plongée dans de l’eau, remonte toujours à la surface.

     

                   La production est en déclin : 512.OOOT en 1880…..  30.000T en 2008.

     

                   La France est au 4ème rang mondial après le Japon, l’Espagne et le Portugal.

     

                   Des champignons poussent sous son ombrage : la russule, le bolet, le phytophthora en touffes. Des fleurs d’ombre : fougères, millepertuis, millefeuilles etc... Ses chatons sont riches en pollen  (miel de châtaignier).

     

                   Le châtaignier est mâle et femelle et vit entre 900 et 1000 ans. Charlemagne, l’empereur à la barbe fleurie, était grand amateur de châtaignes. Lors de son couronnement, sa couronne était faite de feuilles et de bois de châtaignier.

     

                   Quelques expressions tirées de la châtaigne :

     

    -      tirer les marrons du feu  (pour les héritages)

     

    -      la castagne (la bagarre)

     

    -      prendre une châtaigne (dans le rugby on connaît)

     

    -      avocat marron (peu respectable)

     

    -      ma femme est une châtaigne sous vogue  (froide, piquante)

     

     

     

                    Ne pas confondre avec le marron d’Inde (un seul noyau) dont on tire un remède contre les hémorroïdes. Mettre 3 marrons d’Inde dans sa poche pour se prémunir des troubles gastriques. Prendre bonne note pour le prochain pique-nique.

                    Ne pas oublier aussi que la vallée du Jaur produit les 20% de cerises consommées en France. Autre couronne à placer sur le clocher de l'église St Laurent d'Olargues.

     

                   Vous savez tout sur cet arbre !!  Un regret seulement il n’y a plus sur les Allées Paul Riquet de Béziers en hiver, le petit train qui vendait des marrons. Son mécanicien, les doigts brulés roulait si bien les marrons dans des cornets de journaux.

     

     

     

    JC d’Oc.

     


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