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        Etang de Montady   Enserunes     Dolia

     

    Alors ! Raconte ! N° 71         L’oppidum d’Ensérune (Hérault) 

     

                                               Situé entre Nissan et Montady                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   

     

                                                                                                                                                                                      Il y a 2000 ans, il y avait environ 14000 habitants sur l’oppidum d’Ensérune éparpillés au sommet et sur ses flancs. Cette population était aussi importante que celle de Béziers à quelques pas de là et subitement en 50 années seulement, la population disparut sur ce divin promontoire Il est vrai que sa position  géographique, même si aujourd’hui elle n’a plus d’utilité saute aux yeux. Du haut de ses 120m d’altitude ce promontoire est visible à des lieues à la ronde. Le paysage qui se déploie aux pieds des visiteurs est grandiose. L’étang asséché de Montady  depuis 1247 et dont sa géographie de parcelles rayonnantes appelées "pointes", font penser à un soleil. Des fossés drainent les eaux dans un collecteur. De là, par une galerie taillée dans la molasse miocène passant sous la colline du Malpas l'eau s'écoule  dans les bas fonds de l’ancien étang de Capestang (appelé Caput Stagni) lui même asséché au 19ième siècle. Ce site circulaire et concentrique est connu de toute l’Europe du moins par la vue exceptionnelle qu'il procure.

     

                   De la pinède qui coiffe cette colline, une table d’orientation au Sud domine la plaine où serpente  le Canal du Midi et que la Voie Domitienne coupe en ligne droite vers Narbonne. De plus, la voie du chemin de fer passe dans un tunnel situé juste sous le Malpas. La chaine des Pyrénées ferme l’horizon et de là, par temps clair, on peut admirer les cimes  enneigées du Mont Canigou situées juste après celles des Corbières. La plaine côtière s’étale de Fleury jusqu’au Mont Saint Clair à Sète. On peut voir sur un tour de 360°, la cathédrale St Nazaire de Béziers, le mont St Loup à Agde, le massif de la Clape (qui était une île et qui signifie ‘’île de mauvais cailloux’’) et même la seule île sur le littoral héraultais méditerranéen, l’île de Brescou.

     

                   Revenons à cette population disparue sur ce divin promontoire.

                Les oppida étaient souvent des grandes villes régionales. L' échelle du pouvoir politique est très hiérarchisé. Tout en haut les nobles, les plus riches, qui possèdent de grands domaines, ce sont souvent d'anciens militaires. Ils dominent leurs domestiques qui deviennent leurs esclaves . Les Gaulois ne sachant pas lire sont à la merci des druides. Puis la religion est devenue très puissante et dominante. Nous devons posséder quelques traces d'ADN de ces ancêtres mais il ne doit pas y avoir que de la "gauloiserie" dans notre groupe sanguin.

    Que s’est-il donc passé sur cette hauteur d' Ensérune pour que ce lieu soit si rapidement déserté ? Ce mystère est lié à la construction d’une voie antique appelée Via Domitia ( Voie Domitienne) aménagée au même endroit que celui du Chemin d’Héraclès qui 8  siècles avant JC reliait l’Italie à l’Espagne.

     

                   Avant l’ère chrétienne, aux environs de 6 siècles avant JC (c’est une évidence !!), les habitants vivaient dans des habitations troglodytes. Ils éprouvèrent le besoin de se sédentariser soit sur des hauteurs pour mieux se protéger, soit en bordures de mer sur des zones lagunaires pour pêcher en mer. Les hommes ne vécurent plus en hordes sauvages, mais construisirent des maisons avec les matériaux du coin (pierre et terre) sur les hauteurs des collines pour voir et être vus. Ces monticules seront appelés des ’’oppida’’ venant du nom latin ‘’oppidum ‘’(village en hauteur fortifié par des remparts). Ces oppida abondent du bord de mer vers la Montagne Noire, dans les plaines languedociennes. On en voit à Magalas, à Montady, à Olargues, à Vieussan, à Quarante, à Murviel les Bz, à Roquebrun et même sur la colline Saint Jacques à Béziers. Il n’y a pas de différence entre l’oppidum et l’acropole. Leurs habitations étaient perchés sur les hauteurs et il ne suffisait que d’un promontoire, d’un mamelon pour qu’un habitat y soit construit.

     

                    Un peu d’histoire pour agrémenter le récit.

     

                  Au X ième siècle avant JC, les populations se concentrent donc sur les oppida et fortifient leurs habitations avec des pierres sèches. Puis, l’analyse des vestiges préromains retrouvés à Ensérune permet d’observer l’évolution des périodes d’occupation. Trois périodes- les Celtes – les Ibères et les populations méditerranéennes.

     

    ENSERUNE 1 – (-1100 jusqu’ à -600 avant JC)

     

                   A partir du VI ième siècle avant JC, naît l’oppidum d’Ensérure pour se protéger des princes guerriers. Puis, plusieurs civilisations s’y succèdent, ibériques, grecques, celtiques et enfin romaines. A ce moment là, quelques cabanes en  matériaux peu solides (pisé, argiles, adobe..) sont mal répartites sur ce site. Les cabanes simples en pisé avec leurs murs en torchis et les silos creusés dans le tuf calcaire jaune représentent l’essentiel de l’habitat.  Les citernes sont revêtues d’enduits qui les rendent étanches. Les dolias en argile cuite enterrées  permettaient de conserver l’alimentation très longtemps. Les habitants vivent de la pêche, de la chasse et du troc qu’ils réalisent avec les marchands phocéens. Ils brûlent leurs morts et apparaissent des ‘’champs d’urnes’’. Peu de traces sur le terrain. Les morts, après avoir été brulés sur des buchers (ustrinum) les cendres sont placées dans un ‘’luculus’’, c.à.d dans un trou dans la terre ou dans le roc. Mais, sur quelques emplacements  on trouve des vases-ossuaires comprenant des offrandes souvent calcinées (parures, bijoux, armes, jouets). Pour mieux marquer le lieu de sépulture une stèle était souvent dressée.

     

    ENSERUNE 2 – (-425 à - 250av.JC)

     

                     Du Vième siècle avant JC,  durant la période grecque le village s’enrichit grâce aux échanges commerciaux. C’est aussi la nouvelle prospérité du lieu. On construit des remparts plus solides coté Montady et on installe la nécropole à  incinération à l’ouest de la colline en dehors des remparts. La ville se construit en damiers et se protège grâce à des remparts périphériques pour se protéger des envahisseurs.

     

    ENSERUNE 3 – (-300 avant JC à +300 ère chrétienne)

     

                     L’arrivée des Gaulois (300 et 250 avant JC, la ville s’agrandit encore et s’enrichit de citernes pour conserver l’eau de pluie mais depuis son origine, Ensérune n’a jamais manqué d’eau potable car elle disposait d’une source abondante toute l’année située sur le flan nord du promontoire.

     

                      De la fin du IIIème siècle avant JC le village sera détruit par les invasions barbares mais renaît aussitôt et se développe considérablement sur le sommet et sur les pentes. L’expansion est grandissante grâce à l’occupation romaine. La population est à son apogée grâce à son économie non seulement par ce que la Méditerranée lui apportait mais aussi par son agriculture, son élevage  et son artisanat local. Comme les cités latines, les Romains bâtissent un forum, des thermes, des rues avec trottoirs surélevés, des écoulements d’eaux de pluie et de nombreuses ‘’dolia’’. Les maisons sont de formes carrées et sont construites avec des pierres. Les pentes de la colline sont aménagées en terrasses.  Le vin, le blé, le bétail et les minerais empruntent cette voie empierrée construite en 118 avant JC, la Domitienne, qui descendait de Briançon, passait par Gap (la route Napoléon), Nîmes, Montpellier, Béziers,  Narbonne (où elle coupe dans le centre de la ville le Canal de la Robine). A Perpignan, elle se divise en deux parties, vers le Perthus et vers Cerbère. Cette voie sera durant 17 siècles l’épine dorsale de notre région. Elle sera bornée à 1,481 km  par des bornes dites milliaires. Construite tout d’abord pour un but militaire elle devint rapidement une artère commerciale. Sur cette artère venait se raccorder les chemins muletiers, les drailles bétaillères, la route du sel et même la voie divine bordée d’épines et d’étoiles, le Chemin de St Jacques de Compostelle.

     

                       Ensérune  était le plus riche grenier de la région. Dans cette ville, une multitude de corporations se côtoyaient, paysans, tanneurs, potiers, fileurs, tisserands et autres soldats, pêcheurs car la mer battait de ses vagues les pieds  de l’oppidum en ce temps là certes pour pêcher mais aussi pour se déplacer jusqu’à la côte grâce à des bateaux à fond plat. Le commerce maritime d’Ensérune ouvert sur la Méditerranée par le port de Fleury d’Aude dépassait celui de la Narbonnaise en passant par les étangs de Vendres, de la Matte, puis l’étang de Lespignan et enfin l’étang de Nissan les Ensérunes.

     

                      Notre célèbre voie Domitia passait au sud de l’oppidum de la colline du Malpas (mauvaise passe).

     

                       Dans la plaine de Nissan, le domaine de Saint Eugène servait de relais pour les chevaux. A Colombiers, lors du creusement du Canal du Midi et de son port fluvial, une portion de la Domitienne a été découverte mais elle a été recouverte de terre en 1987/88.

     

    ENSERUNE 4 – Abandon

     

                       Cette voie construite en 118 avant JC et surtout la création de la province la  Narbonnaise en 27 avant JC signent de fin de l’occupation de l’oppidum. La population descend dans la plaine pour y trouver des conditions de vie plus faciles et surtout le contact avec les latins. La ‘’ Pax Romana’’ va permettre à la population de s’installer et de commercer le long de cette voie. L’oppidum restera inoccupé pendant 19 siècles avant que…..

     

                       Parlons de la découverte de cette colline endormie pendant des siècles où tout était recouvert de pins. C’est lors d’une cueillette d’asperges sauvages en mars 1860 que l’abbé  Giniès aperçoit une sorte de poterie sortant de terre. Voyez, c’est en fouillant par hazard sur des terres que l’on retrouve des traces à faible profondeur d’une occupation antique de très haut niveau. Et tout va très vite dès lors et remerciant tous les locataires du paradis, l’abbé va mettre à jour des remparts, des silos à blé, des dolia (récipients de stockage en terre cuite où l’on conservait des denrées telles l’huile et le blé). Toutes ces découvertes vont attirer l’attention du monde scientifique. La découverte est prodigieuse. La nouvelle est vite connue en France. On vient de découvrir l’oppidum le plus formidable de toute la Gaule antique. Les archéologues de la région se précipitent pour prospecter sur le site et c’est en 1909, à l’ouest, qu’est découverte la fabuleuse nécropole.

     

                       En 1915, Félix Mouret, propriétaire à Vendres et passionné d’archéologie, achète le terrain  et dès les premiers coups de pioches les premières tombes à incinération  sont découvertes et réveillent ce beau monde oublié. Un grand nombre d’objets grecs, d’instruments ibères, de fibules, d’agrafes, d’épées, de pièces de monnaie, de bijoux sont déterrés du site. Félix Mouret rangeait ses collections délicatement avec précision pour éventuellement créer plus tard un musée sur le lieu où ils ont été découverts. Ainsi, en quelques années, Félix Mouret, cet amateur mais passionné archéologie va fouiller et mettre à jour près de 400 sépultures et mettra tout en œuvre pour que l’Etat achète le site d’Ensérune en 1922.

     

                       

                        Félix Mouret, ce grand découvreur va fouiller l'oppidum au début du xxe siècle et découvrira 1028 monnaies, oboles, drachmes ,différents bronzes qui sont répertoriés dans l'ouvrage " Le XXXVe cahier de la Société archéologique ". Collection unique dans le Midi de la France.

     

                        Bien plus tard, l’abbé Sigal étudiera l’architecture de l’habitat. Ainsi des quartiers d’habitations avec leurs rues, l’écoulement des eaux permettront de mieux situer le plan  gallo-romain et dans les strates définir l’empreinte des anciens occupants.

     

                        Après la mort de l’abbé Sigal en 1945, J.Jannoray, Directeur des antiquités historiques de l’Hérault reçu mission de poursuivre les recherches auxquelles le Chanoine Giry prêta activement son concours.

     

     

     

                        Le musée construit en 1937  dont la gestion et l’entretien sont gérés par le Ministère de la Culture abrite la quasi-totalité des découvertes faites sur le site. Dix siècles ne peuvent pas passer inaperçus. Au r.d.c sont exposées des ‘’dolia’’, des céramiques, des amphores, des coupes, des poteries, des vases d’origine phocéenne. Le 1er étage abrite le mobilier funéraire de la nécropole dont de nombreuses urnes grecques. Il faut noter la présence d’un œuf trouvé dans une tombe signe que la vie renaît. Et puisque cette histoire finit par un œuf, allez donc chercher en avril quelques asperges sauvages sur ces pentes pour faire une bonne omelette de Pâques.   JC d'Oc.

     


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    Alors ! Raconte N° 72

     

                              

     

     La chapelle Saint Christol à Nissan lez Ensérunes.

     

     

     

                     Lors de nos randonnées à Nissan, il est très agréable de marcher, en évitant bien sûr les racines des pins, sur cette colline qui domine le village et qui comme l'oppidum d’en face possède un passé très éloquent, même s’il est difficile d’en dater avec précision ses origines historiques.  Elle a vu  passer en  juillet 218 avant JC les troupes carthaginoises conduites par Hannibal Parca ; cette expédition militaire la plus célèbre de tous les temps. L’histoire raconte que 8000 cavaliers et 50.000 fantassins venant d’Espagne sont passés en ce lieu pour aller attaquer Rome. Ces cavaliers étaient accompagnés par 37 éléphants forestiers, de très petites tailles mais très agiles et très rapides. Il fallait des animaux doués d’une telle morphologie pour supporter le froid et l’altitude des Pyrénées et des Alpes et pour permettre au général carthaginois d’affaiblir la puissance de Rome dans la plaine du Pô. Malheureusement, la majorité des éléphants mourront de froid lors du Passage du col du Grand Saint Bernard et le seul survivant servira de monture à Hannibal pour arriver jusqu’à Rome. Enfin, cette armée s’est bien arrêtée à l’emplacement de Nissan mais les éléphants n’ont point laissé ni de crottes, ni de traces.

     

                           Sur cette colline, au sud du village se trouvent les ruines de trois moulins à vent dont un, le moulin de Balayé a été  restauré récemment et est prêt a faire une nouvelle vie face au vent. Ces moulins ont été habités jusqu’à la fin 1900 par des familles pauvres. L’association ‘’Les Amis de Nissan’’ s’emploie à restaurer actuellement les moulins de Baral et de Tiquet.

     

                             Revenons à notre petite chapelle qui pourrait avoir comme devise ‘’Victoria Flamis – victorieuse des flammes ‘’car elle a échappé aux nombreux feux de forêts, notamment celui de 2007 où les flammes ont ravagé les pins à quelques mètres de ce sanctuaire. C'est sur l'emplacement d'une importante villa romaine qu'elle fut édifiée au 1er siècle sur le passage très fréquenté de Narbonne à Agde.  Cette villa portait le nom romain de ''Mérignan'' puis elle fut dédiée à St Christophe ou Christol en consécration d'Hercule dieu des voyageurs. Maintes fois démolie, au début du 5ième siècle, sur cet emplacement la fouille a révélé deux silos et un four romain. Démolie, elle a toujours été restaurée au cours du temps, mais elle a toujours conservé son plan d’origine à chevet carré dirigé vers le soleil levant, dans la tradition des églises wisigothiques pré-romanes du 5ième siècle. Cette orientation vers l'Est ( l' Orient) était le symbole de la résurrection du Christ. Le premier autel fort d'une colonne et d'une table de marbre est calé dans le sol par un gros socle que l'on peut encore admirer de nos jours. Au XIIe, à l’arrière de la chapelle, une haute tour carrée servait soit pour recevoir des cloches, soit pour surveiller les envahisseurs et donner le signal de défense. L’assemblage de ses pierres révèle la méthode de construction pratiquée par les maçons lombards venus d’Italie qui propagèrent l’art roman languedocien dans la région ( église de Quarante – monastère de Saint Guilhem). Ce style est caractérisé par des murs très épais et des décors sculptés. Le portail orné de colonnes daterait du XIème siècle. C’est au XIIIème que la chapelle fut remaniée. On ouvrit la porte du sud et l'on condamna la porte du nord que l'on appelait la porte des morts. L’archevêque de Narbonne vint la visiter pour la dernière fois en 1604 en tant que paroisse. Puis ce fut un long sommeil. Abandonnée quelques temps, elle fut ruinée et ensevelie sous un gros tas de pierres.  Comme le phénix renaît de ses cendres, quatre bénévoles retirèrent 10 00 brouettes de décombres et elle fut reconstruite en 1987 sur sa base primitive mettant à jour ce témoin émouvant des premiers chrétiens de la Région. Les fouilles ont fait réapparaitre les vestiges de la villa romaine ainsi qu’une nécropole située tout à côté de la chapelle. Trois sarcophages et quelques pilastres sont encore visibles près de l’arboretum crée à l’est de l’édifice.

     

                                 La chapelle est ouverte continuellement aux visiteurs et aux amoureux  venus non pour leurs ébats mais pour admirer ses vieilles pierres.

     

    JC d’Oc.

     


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    Alors Raconte !N°73                                                                                                                                                             Les anciennes et nouvelles arènes de Béziers. 

     

     

     

                            Beaucoup de biterrois connaissent la rue Canterelle à Béziers réputée pour ses arènes. C’est une rue encore recouverte de pavés qui monte derrière Saint Jacques. Elle a été empruntée par Hannibal en 218 avant JC en période d’été après s’être arrêté à l’oppidum d’Ensérune. Ce carthaginois est passé sur un pont construit un peu en amont du pont vieux, a gravi la rue, puis s’est acheminé vers Pézenas en empruntant l’Avenue Saint Saëns. Il est vrai qu’au bout de l’avenue Saint Saëns, se situent les nouvelles arènes construites en 1897 et achevées en 1901 sur le Plateau de Valras par Castelbon de Beauxhostes, qui peuvent contenir  de dix à onze mille spectateurs assis plus 400 personnes debout derrière la tanlankere en bord de piste. M.Castelbon de Beauxhostes, trouvant l'acoustique excellente y organisa des spectacles lyriques avec le soutien de son ami Camille Saint Saëns. En ouverture lors de l'inauguration fut joué "Déjanire" opéra de Saint Saëns qui eut un très beau succès ce qui permit à M.Castelbon de Beauxhostes d'inciter la municipalité de Béziers à donner à l'avenue qui arrive jusqu'aux arènes le nom du compositeur Saint Saëns. Béziers, surnommée à cette époque " la Séville française" devint alors le " Bayreuth français". Ces arènes sont appréciées par la population biterroise surtout au mois d'août lors de la féria. Cette réjouissance populaire a débuté en 1968 sous l’initiative du sénateur Jules Fesch.

     

                              Antérieurement, d'autres arènes, avec des ossatures en bois se sont trouvées sur le Champ de Mars. Celles du quartier de l'Abattoir, avenue Foch ont vu si dérouler corridas et courses de vaches espagnoles.

     

                              Revenons aux anciennes arènes romaines qui ont été durant des siècles appelées ‘’ l’amphithéâtre antique de la colonie romaine’’ en latin  ‘’colonia julia baeterrae septimanorum ‘’.  Elles sont bien plus grandes que les arènes avenue Saint Saëns. Ce cirque construit en ovale avec de la vraie pierre de taille, d’une longueur de 110 m, de 90 m de large et dont la piste ne fait que 54 m de diamètre. Elles pouvaient contenir 15974 spectateurs soit à l’époque du début de l’ère chrétienne, l’entière population de Béziers et celle des villages environnants. Tout autour des murs, des poteaux en bois soutenaient des voiles qui permettaient en été d’assurer de l’ombre  sur la plupart des gradins. Deux mille ans plus tard, ce n’est pas le cas dans les nouvelles arènes. C’est à l’empereur Néron en 69 après JC à qui revient la décision de la construction. C’est Titus qui posa les premières pierres en 80 après JC, puis  Nerva  finira en 98 après JC. L’empereur Trajan assurera les spectacles de 98 à 117. Ces arènes permettaient surtout à satisfaire les consuls et les troupes d’occupation de la Gaule  narbonnaise mais aussi à égayer le peuple ce qui éloignait toutes tentatives de rébellion  contre l’occupant romain. Les jeux les plus cruels étaient très recherchés et de nombreux paris étaient lancés sur les gladiateurs les plus valeureux (hommes, femmes, prisonniers et gladiateurs professionnels).’’ Avé Cézar, ceux qui vont mourir te saluent’’. La tauromachie a même vu ses premiers animaux sacrifiés sur sa piste. Le tauro piscine existait-il il y a 2000 ans ? L’eau, arrivant par l’aqueduc venant de Gabian a permis non seulement d’alimenter les thermes situés près des Halles mais aussi de faire des jeux aquatiques, notamment des concours d’apnée, de plongeons et de natation dans une piscine  au centre des arènes.

     

                             Les arènes de Béziers sont actuellement visitables mais il  n’en reste que quelques vestiges qui en imposent encore. Au Moyen Age, cette immense carrière a été démontée pour la construction du quartier Saint Jacques au 12ème siècle et bien avant des remparts qui entouraient l’enceinte romaine. Au fil des siècles, les habitants de la colline Saint Jacques ont même construit leurs maisons sur les gradins et sur la piste centrale et de ce fait ont presque fait disparaître toutes les traces. Sur les gravats, actuellement on peut y voir encore des fondations de garages.

     

                              Depuis 1989, les maires qui se sont succédé à Béziers ont pris à cœur de sauvegarder cet édifice romain et font tout pour éliminer toutes les constructions bâtardes qui les recouvraient. Ce site mérite votre visite (contacter la mairie de Béziers-syndicat d’initiative) et avec un peu d’imagination et surement avec un peu d’émotion, vous entendrez les clameurs qui ont couvert les spectacles romains d’autrefois.

     

    JC d’Oc

     


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    Alors ! Raconte ! N° 74      

     

                                    La fontaine ferrugineuse de Coursan dans l’Aude.

     

                                           Fer…. Ferru….. Ferrugineuse dites vous ?

     

     

     

                      Situé entre Béziers et Narbonne, le village de Coursan de 6230 habitants  aujourd’hui n’existait pas au Moyen Age. A cette époque, le fleuve Aude se dirigeait vers la Méditerranée sur l’emplacement actuel du canal de la Robine. Ce cours d’eau était navigable  de Port la Nouvelle jusqu’à Narbonne grâce à des barques à fond plat et des radeaux car le tirant d’eau n’est que de 1m50. L’Aude ne passait pas donc à Coursan. Mais, lors d’une crue en 1745, le fleuve se partagea en deux branches en aval du confluent de la Cesse – le vrai fleuve se dirigea vers Coursan et se jeta dans la mer au grau de Vendres – l’autre tracé au cours plus lent passa à Narbonne et emprunta la Robine pour se diriger vers  la Réserve de l’île Ste Lucie puis arriva à Port la Nouvelle à l’embouchure de l’étang de Sigean.

     

                       Mais revenons à cette fontaine qui n’est pas cette fois miraculeuse et qui trône en plein milieu de la place  du village à l’ombre des platanes. En 1865, les besoins de la population  en eau potable  du village de Coursan se faisant sentir, les autorités décidèrent d’effectuer un  premier forage. A 150 mètres de profondeur une eau acidulée, alcaline et ferrugineuse remonta en pression. Cette eau analysée contient toujours 1,30 gramme d’acide carbonique par litre et est caractérisée par son odeur d’œuf pourri. C’est une certaine activité volcanique dans le sous sol qui lui donne cette caractéristique. En 1892 un nouveau forage permet de voir son débit passer à près de 40 litres par minutes. Cette eau sort à 16 degrés environ toute l’année. Le puits artésien est entouré d’une grille en fer forgé sur laquelle sont adossés 4 robinets reliés chacun par un tuyau à un vase d’expansion situé au dessus de la tête du puits. Cette eau est commercialisée au début du siècle dernier sous le nom de ‘’la merveilleuse’’. Pas merveilleuse pour les volatiles vendus sur le marché de la place car son émanation de gaz carbonique les asphyxiait. Un petit commerce  était né par la vente de cette eau à Béziers, à Narbonne et dans les villages voisins.

     

                           Jusqu’en 1968, son aspect est resté pratiquement le même. En 1994, il a fallu mettre une pompe immergée pour faire fonctionner la fontaine C’est en 2006 que la fontaine reçut un réaménagement plus moderne en béton. Les grilles commençaient à se rouiller et l’eau qui coulait arrosait par grand vent les pieds des Coursannais. De plus les pavés de la place Auguste Tailhades (ancien maire) étaient tachés par le dépôt rouge que laissait ce liquide sulfuré avec son odeur repoussante ; le mercaptan. L’eau est potable mais sa teneur en sulfates en interdit sa consommation par les femmes enceintes et les bébés.

     

                            En 2007, sur recommandation du conseil municipal des jeunes avec avis favorable du maire et lors du réaménagement de la place une nouvelle fontaine a été inaugurée ‘’ en grandes pompes’’ dit-on ! Une grille  carrée plus décorative avec dans son centre une colonne métallique éclairée comporte toujours les quatre robinets  qui déversent l’eau dans des avaloirs. Et dans tous les villages les vieux centenaires à la santé de fer pullulent. Il y a toujours ceux qui sont pour et d’autres qui sont contre cette fontaine mais cette eau ‘’merveilleuse’’ ne cessera jamais de faire parler les gens.

     

                             En attendant levez donc un bon verre de merlot. Tchin ! Tchin à votre santé !

     

                            

     

      JC d’Oc.

     


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        Alors ! Raconte ! N° 75.

     

     

     

                  Château de Lauzières en ruines et chapelle de Roubignac.

     

                                                      Ces deux édifices font parti de la commune d’Octon   (419 habitants)  traversée par la rivière Salagou et située près du lac Salagou dans un environnement de garrigues et de vignes qui poussent sur un sol rouge – la ruffe **. Une particularité de ce village, la fontaine de la Place est datée du 5 ventôse an 109 soit le 26 février 1901. ? Cherchez l’erreur ! Le calendrier révolutionnaire n'existait pas en l'an 109.Il n'a duré que 12 années de 1793 à 1805. Peut être que le maire d'Octon en 1901 était un nostalgique de la Révolution et l'a fait perdurer. 

     

                 Les ruines du château de Lauzières à Octon.

     

               Cet édifice féodal construit au 9ème siècle par la famille de Lauzières.  Peu d’histoire  sur le Net si ce n’est qu’il protégeait les paysans qui travaillaient dans le hameau voisin  de Octon qui se peuplait au XIème siècle après la grande frayeur de l’an 1000. A cette époque là les Hauts Cantons de l’Hérault se couvraient de blancs manteaux d’églises et la natalité était très importante. Il est resté habité jusqu’à la fin du 19ème siècle puis abandonné.  Actuellement il est en cours de restauration.

     

                  La chapelle de Roubignac.

     

                Visiter la chapelle romane – le jardin – le cimetière  attenant à la chapelle où les habitants du hameau de Valarèdes viennent se faire enterrer à l’intérieur – la tribune décorée- le fronton.

     

                Site daté du 12ième siècle. Cette chapelle construite sur une construction Wisigothique du 9ième siècle. Détruite,  la chapelle de Roubignac a été reconstruite par l’évêque St Fultrans de Lodève. Elle figure dans un acte du testament de St Fultrans de 907.

     

    Sur cette zone géographique, il y avait le hameau de Rouvignac qui s’est appelé par la suite Roubignac. Elle était alors église et elle se partageait avec plusieurs lieux habités.

     

    L’architecture est romane et même  du 1er art roman languedocien (type abbaye de Gellone  - chapelle de Nissan).

     

    L’intérieur possède un chevet pentagonal (5 cotés) avec abside en cul de four. Le  portail sud est décoré de la croix  ‘’pattée’ (bras étroits au niveau du centre et larges en périphérie)’. Elle témoigne de l’époque où les proprios étaient les Templiers. Cette croix maltaise est encadrée de 2 fidèles en prière. Quatre chapiteaux encadrent la porte (un avec motif anthropomorphe (qui ressemble à l’homme) et trois avec motifs de végétaux). D’autres sont visibles de l’intérieur.

     

                   Cette église a été déclassée en 1310 lorsque les seigneurs de Lauzières érigèrent leur propre chapelle en paroisse. La chapelle de Roubignac a été classé Monument historique en 1954. C’est un très bel édifice bien conservé.

     

              **  Une info sur la ruffe.

     

                   Cette terre  appelée la ruffe  est caractérisée par la présence d’oxyde de fer (hématite) qui lui donne sa couleur rouge lie de vin. La formation des terrains remonte entre 280 et 225 millions d’années soit vers la fin de l’ère primaire. C’est le résultat de dépôts successifs dans les mers, en grande profondeur, donc dans un milieu peu oxygéné. Le plancton  et de substrat terrestre se sont déposés par séquences régulières sous forme de couches de boue argileuse. Selon les périodes du dépôt ou des modifications du plancton des strates sont apparues horizontalement dans le fond marin. Les bancs issus de la sédimentation sont des particules calcaires ou bien marneuses. Puis à la moitié de l’ère secondaire (il y a 80millions d’années), la purée s’est mise à bouillir. Notre terre sous la pression du Massif Central et des Pyrénées s’est solidifiée, mélangée,  puis a subi une forte érosion. C’est pour cette raison que l’on repère dans les ruffes du Salagou des coupes de sols marneux rouges- appelés peau de serpent  avec alternance en bancs horizontaux de petites pierres de calcaire blanc.

     

                     Cette exceptionnelle leçon de géologie que nous livrent ces paysages, ce concentré d’érosion  et de mouvements de l’écorce terrestre ne nous laisse pas indifférents. Peu de régions françaises offrent une telle diversité géologique aussi remarquable. Sachons la préserver.

     

    JC d’Oc

     


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