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    Alors ! Raconte ! N° 86

     

         Les places et les rues aux alentours de l’Hôtel de Ville de Béziers.

                                     Quelques regards en arrière.......

     

                  Depuis que le Prince Louis-Napoléon est passé à Béziers ( 2 octobre 1852), la ville n'a cessé de s'étendre. Par exemple, l'hôpital, à cette époque se situait sur l'emplacement de la sous -préfecture, place De Gaule et à l'endroit du Collège Paul Riquet, les malades pouvaient prendre l'air dans ses jardins. Le champ de manoeuvres des casernes s'étendait depuis l'hôpital vers la campagne, longeant la route de Pèzenas (devenue avenue de Belfort puis Jean Moulin) Il débordait le Champ de Mars actuel.

     

    Place Gabriel Péri.

     

               Elle se situe face à l’Hôtel de Ville. C’est le point de rencontre de la Rue Française, de la Rue du 4 septembre, Rue des Anciens Combattants, Rue Pépézut et de l’Avenue Alphonse Mas. Elle prit le nom de ‘’Place de la Fontaine en 1570, Place de la Mairie en 1868, Place de l’Hôtel de Ville en 1775 et porte son nom actuel depuis 1944’’. En Juin 2013, la mairie de Béziers est en pourparler d’appeler cet espace Place du Forum.

     

                 Elle occupe une partie de l’ancienne ‘’Place de la Poissonnerie’’. 

     

               La fontaine en son centre était déjà connue au 15ième siècle. Elle était appelée ‘’ La Fon de la Plassa devant la Mayo Communa’’ – La fontaine de la Place devant la Maison Commune. De  beaux édifices s’élèvent autour de la Place notamment La Poste.

     

              Gabriel Péri (1902-1941) Membre du parti socialiste en 1919. Devint communiste en 1920 et chef du service  de la politique étrangère au journal L’Humanité. Député de la Seine. Arrêté et torturé par la Gestapo. Il fut fusillé le 15 décembre 1941.

     

    Rue Pierre  Flourens.

     

              Elle fut crée en 1609 et portait le nom de ‘’Rue de la poissonnerie’’, élargie elle changea de nom et s’appela ‘’ Rue des Marchands’’ en 1868 et prit son nom actuel en 1870.

     

              Lors des grands travaux d’urbanisme exécutés sous le mandat du maire Alphonse Mas elle fut bordée de riches maisons bourgeoises dont la plus remarquable est dotée d’un dôme en ardoise au n°6 (face aux Halles).

     

    Rue et Place Pépézut.(Carrièira Pépézut ou Planot Pepezut)

     

               Pépézut est une figure de légende de Béziers. Il mit toute son ardeur pour défendre la ville contre les envahisseurs. C’est un héros par excellence.

     

               Simple soldat, il va être choisi par le peuple comme capitaine pour sa bravoure. Les assaillants Wisigoths investissant Béziers, seul dans la rue qui porte actuellement son nom, il va à leur encontre. Il les arrêta au bas de la Rue Française mais mourut dans l’assaut. En reconnaissance, en 1981, la Ville lui éleva une statue à l’endroit même où il succomba. En fait, cette sculpture en marbre blanc a une tête interchangeable d’époque romaine. Elle représente un personnage masculin vêtu d’une toge rabattue sur la taille sur un corps très musclé avec de puissantes épaules. Rien ne s’arrête, tout recommence ! il fallait bien qu’il  ressemble et représente  un honorable romain : l’empereur des Gaules Tétricus (271/274). Il est amusant de voir qu’à l’avènement d’un nouvel empereur, la technique consistait à remettre une nouvelle tête. Peut être est- ce la raison de constater que la tête  n’est pas toujours en accord avec sa morphologie ?

     

    Rue Française.

     

                En raison de son tracé rectiligne, elle ne faisait qu’une avec la Rue Casimir Péret et portait le nom de ‘’Rue Drécha (Rue droite)’’ au 17 et 18ième siècle. Cette voie fut vitale pour la cité. Allant du Sud au Nord, c’était le cardo de la ville romaine.

     

                La Rue Française doit son nom à l’annexion de la province du Languedoc à la couronne de France.  Au N° 19 une belle porte en bois sculpté donne accès à l’Hôtel Portalon, maison romane.

     

                     En 1851, une partie de la Rue Française fut détruite par le percement de la Rue de la République.

     

    Rue d’En-Vedel (carrièira D’En Vedel)

     

                   Elle s’appelait ‘’Carrieyra d’en Bedel’’ depuis le 15ième siècle puis elle adopta le nom de son principal propriétaire Mr. Vedel ou Bedel avec préfixe’’ en ‘’qui en langue d’Oc signifie ‘’donner l’appartenance à la bourgeoisie’’. Au milieu de la rue au 1er étage d’une maison, on peut remarquer deux personnages armés et protégés par un écu.

     

    Rue du Chapeau Rouge (carrieira del capel roge)

     

                    Ce nom porté depuis 1807 viendrait d’une enseigne de chapelier. Au 16ième siècle, elle portait le nom de ‘’Rue allant de la Madeleine à la place de la fontaine’’. Au bas de la rue, une vieille demeure possède en fronton de porte des personnages sculptés grimaçants avec des rires diaboliques. Elle donne sur la place Pépézut.

     

    Rue du Quatre Septembre.

     

                     Ainsi nommée pour célébrer la proclamation de la 3ième République de 1870. Elle s’appelait en 1807 ‘’Rue de la Promenade’’, en 1830 ‘’ Rue Louis 16’’, en 1857 ‘’ Rue Impériale’’. Cette rue se terminait par une porte percée dans les remparts (la Porte de la Promenade). Porte qui permettait l’accès des piétons uniquement  C’était une voie romaine qui traversait la ville (le décumanum) et qui était parallèle à la Voie Domitienne qui longeait la ville au sud.

     

                      La Rue du 4 septembre a regroupé un grand nombre d’artisans – cordonniers, savetiers- pâtissiers, boulangers car ils étaient plus proche du Marché ainsi que d’intéressants hôtels particuliers (Hôtels Graulle, Dulac, St Victor, Maison des Vins….etc.

     

    Rue des Anciens Combattants (Carrièra de la Vaca).

     

                       Aux 17 et 18ième siècles, elle s’appelait’’ Rue de la Vache’’ en raison d’une applique en terre cuite qui représente encore de nos jours une vache allaitant son veau. Cette applique se trouve à l’extrémité de la rue où préfigurent tous les métiers de la viande implantés au 15ième siècle.

     

                        Après s’être appelée ‘’Rue de la Mairie’’ en 1868, elle prit son nom actuel.

     

    Rue de la Rôtisserie (Carrièira Dels Rostisseires).

     

                        Sa dénomination remonte au Moyen Age. Elle s’appelait ‘’Rue des Rôtisseurs’’ car elle regroupait le marché de la viande, aux poissons et aux légumes. Elle regroupait rôtisseurs, cuisiniers et traiteurs.

     

    Place des Trois Six ( Plan de las Erbetas ou dé los erbos).

     

                         A cet emplacement se trouvait le forum à l’époque romaine puisque les têtes impériales de la famille d’Auguste ont été trouvées au N° 3 de la Rue P.Riquet. Cette place, au Moyen Age était le cœur de la ville. C’était le marché aux fruits et aux légumes d’où son nom ‘’Place aux Herbes’’, puis se fut le marché le plus important des vins et eaux de vie.

     

                         L’expression ‘’Trois six’’ date de la fin du 18ième siècle et sert à désigner un alcool dont le degré frôle les 90° : 3 mesures d’alcool plus 3 mesures d’eau permettent d’obtenir 6 mesures d’un alcool de force moyenne qui rend ce mélange consommable.

     

                         Bien d’autres rues méritent que l’on s’attarde sur leur nom et leur histoire, telles la Rue de la Malpagua( la Mauvaise paye), celle qui conduisait tout droit à la prison et celle des Notaires.

     

                        Allez donc visiter les vieux quartiers de Béziers, vous en reviendrez enchantés.

     

    Extraits condensés de documents pédagogiques distribués par la Médiathèque.

     

    Les Allées Paul-Riquet.

     

                        C'est en 1771 que débute l'aménagement de la promenade allant de la Porte des Carmes à la Citadelle. Il a été procédé à la destruction de beaucoup d'immeubles pour faire l'alignement. Le sol qui était bosselé a été aplani. Cette promenade a porté le nom de "Passejade", puis en 1857 le nom de "Promenade du Théâtre", puis "Allées Paul Riquet" en 1868.  Les Allées se terminaient à la hauteur de la statue de Paul Riquet. La ville de Béziers entreprit alors la destruction de la partie basse pour rejoindre le "Fer à Cheval" et le "Puech" qui deviendront le Plateau des poètes. Ce n'est qu'en 1853 que les Allées occuperont l'espace actuel.

    Une particularité située au 53 des Allées Paul-Riquet. L'immeuble a servi de Bureau pour la Société des Wagons Foudres dont l'activité était le transport des vins  ligne de Saint Chinian. Le matériel était entretenu par un passage au dépotoir situé en hauteur, au niveau du pont Noir en direction du centre ville. Ces locaux ont été ensuite utilisés par "La Littorale" - nom bien connu des viticulteurs car ce fabricant produisait des produits chimiques pour la viticulture. De nos jours, c'est le laboratoire Nougaret qui y est installé.

     

    La Rue d'Alsace

     

                       C'est au n°6 où est né Jean Moulin, Président du Conseil national de la Résistance. Dans cette rue de nombreux cafés existent toujours. Ils ne désemplissaient pas avec la Caserne Duguesclin, les jeux de boules et le vendredi par le marché aux bestiaux lorsqu'ils descendaient de son socle Paul Riquet pour le faire pisser.

     

    La Place de la République.

     

                        Point de rencontre des Allées P.Riquet, des avenues du 22 août 1944, Georges Clémenceau et de la République. La Place de la République appelée ainsi après la Première Guerre mondiale portait précédemment le nom de "Place des Carmes" en raison d'un couvent qui se trouvait à proximité. Au n° 2 naquit le célèbre sculpteur Jean Magrou.

     

    La Place de la Citadelle.

     

                        Lieu historique de la ville. Elle fut l'axe essentiel de la Voie Domitienne. Jusqu'en 1876, elle fut couverte d'une halle qui servit de marché à bestiaux. En 1875, elle s'agrémenta d'une fontaine ainsi qu'un kiosque à musique d'où l'on pouvait écouter l'orphéon biterrois et des orateurs lors des grandes manifestations politiques et revendicatives.

     

    La Place d'Espagne.

     

                         Ainsi appelée car de cet endroit partait la route de Narbonne. En 1918, elle prit le nom de ''Place des Alliés'' en hommage aux armées étrangères  ayant combattu lors de la Guerre de 1914/1918. Il s'y trouvait le bureau de l'octroi, crée en 1850 chargé de percevoir les droits d'entrée sur les alcools et autres marchandises. A Béziers, il y avait en 1865 dix bureaux d'octroi qui lui rapportaient les trois- quarts de ses ressources.

     

    La Rue du Mouton.

     

                          Elle permet l'accès par l'avenue Alphonse-Mas à la Place de la Citadelle. En raison de sa forte pente et de ses longues marches on l'avait surnommée " Boumboquioul" (bombe cul). En 1938, après s'être appelée rue Bonnet elle est devenue Rue du Mouton en raison de l'existence d'une triperie.

     

    L'Avenue Saint Saëns.

     

                          Tracé relatif à la Voie Domitienne , voie romaine pavée qui entrait dans Baetéré(Béziers). Une chapelle existait sur la gauche de l'avenue en descendant vers les Allées. Cette chapelle de Mme de Villeneuve, surmontée d'une croix, fut désaffectée suite à un crime qui y fut commis. La démolition permit l'ouverture du Boulevard de Genève baptisé ainsi en raison de la proximité du vice-consulat de Suisse ( château Bühler).

     

                    Il faut bien s'arrêter mais beaucoup d'autres rues ont d'aussi belles histoires.

     

                    Il faut aller faire les visites qu'organisent l'Office du Tourisme et le Musée du Biterrois à Saint Jacques de Béziers. On apprend beaucoup et c'est passionnant.

     

    JC d'Oc 01/2013 

     


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    Alors ! Raconte ! N° 87

     

                                                                                                                                                   

     

                                                  On tue le cochon.

     

          Après la guerre de 1939/1945, les temps étaient durs en ville surtout  et la population, pour subvenir à son alimentation  n’hésitait pas à manger chiens, chats et avait recours au marché noir.

     

          A la campagne et notamment dans les villages de l’Hérault, la terre nourrissait la famille et les gens s’entraidaient entre eux. On élevait des poules, des canards, des lapins et dans les années 40, il n’était pas rare de voir les enfants glaner les champs d’avoine et de blé pour ramasser les derniers grains pour nourrir les animaux de la maison.

     

        Mes parents viticulteurs engraissaient toujours un porcelet acheté ou plutôt échangé au noir contre du cuivre avec les gens de la montagne. Tous les ans, après son travail mon père travaillait avec passion son jardin et plantait beaucoup de choux, de carottes, de topinambours, de betteraves  et de pommes de terre. Tous ces légumes servaient à l’engraissage du cochon jusqu’à ce qu’il atteigne le poids maximum de 140 kg. Tous les soirs, il fallait cuisiner dans un grand chaudron une décoction de légumes mélangée avec du son et le reste des repas. On versait dans l’auge de  la ‘’porcatièra’’ (l’habitat du cochon) cette macédoine  de légumes et notre ‘’Nasser’’ s’empiffrait gaiment sans se douter de ce qui l’attendait.

     

           Début février, en temps de vieille lune, la date de la tuée du porc était programmée. Pourquoi à la vieille lune ; parce qu’une vieille croyance disait que les jambons pouvaient rancir. Il faut que la température avoisine les 7° et qu’il ne fasse pas un vent chaud .En ce début d’année, le carnaval ravivait les cœurs mais notre Nasser n’était pas à la fête.

     

           Un matin les hommes, nos voisins, sortent le cochon de sa porcherie et le maintiennent sur la mait renversée. Ce n’était pas le jour du seigneur mais celui du saigneur. Aux hurlements  de l’animal, tous les chiens du quartier baissaient leurs oreilles car ils se doutaient qu’un camarade allait passer de vie à trépas. Le ‘’sannaïre’’, spécialiste des grandes œuvres du village saigne la bête tandis que la maitresse de la maison recueille le sang dans un grand récipient de terre. Pour empêcher sa coagulation elle verse du vinaigre et fouette énergiquement les cinq litres de sang. Ce sang servira à faire des boudins et la sanguette. Mon père refusait d’assister à ce sacrifice car il existe des liens invisibles entre l’animal et l’homme qui le soigne bien. La deuxième phase était l’épilation. Dans la mait, remplie d’une eau à 80°, le cochon est raclé. Pendu par les pattes  de derrière à la corde de la grue de la cave, le saigneur dépèce l’animal en lui enlevant les pieds et la tête. Son dos est fendu et l’on enlève le cœur, les poumons, le foie et l’estomac. Les boyaux seront nettoyés pour faire la saucisse.

     

             Le cochon, pendu toute la nuit va refroidir et permettra le lendemain de continuer le prélèvement des parties nobles, épaules, jambons, jarrets,  gras du dos et la cochonnaille pourra commencer. Les jambons seront mis au sel pendant 40 jours. La veine sera garnie d’eau de vie et de poivre pour empêcher l’œuvre des mouches. Seule consolation pour ce défunt, ses ‘’cabajous’'(les jambons)’ seront massés tous les 7 jours. Les boudins appelés chez nous les '' boutifars'' seront garnis de sang mais aussi de langue, d’oreilles et de bouts de gras. Ils seront cuits dans un grand chaudron aromatisés de thym et de laurier. Pour ne pas que les boudins éclatent sous l’effet d’une eau trop chaude et pour conjurer le sort, la coutume est de jeter une pièce d’argent dans l’eau de cuisson. Les pâtés, les bougnettes, les fricandos puis les gratalous (les fritons) précèdent la confection de la saucisse et des saucissons qui ne doivent être ni trop gras, ni trop maigres, ni trop salés, ni trop hachés trop grossièrement. La vessie (la boutarigue en occitan) servira de contenant pour la graisse.

     

            Dans le four à bois du boulanger, les gratalous  garniront de délicieuses fougasses parfumées à l'eau de fleurs d'orangers.

     

            Durant cette festivité appelée ‘’fèstas del porc’’ les plaisanteries font légion. Les femmes et les jeunes filles qui prennent la plus grande part  au travail sont symboliquement  aspergées de sang. La fille qui est en âge de se marier hérite du sexe de l’animal, mais tout finit heureusement par des rires lors du repas dont le plat principal sera la ‘’carbonada’’ tranche de filet grillé accompagnée de la sanguette (sang+persil+ail+sel).

     

           Bien sûr, le curé aura sa part’’ le filet mignon’’ et il saura bien s’inviter pour goûter la saucisse sèche qui pendra  en bracelets autour de la barre de bois fixée à la poutre maitresse de la cuisine.

     

           Cent vingt – cent trente jours plus tard, les jambons garniront les assiettes. Pour apprécier leur chair, les tranches seront taillées très finement et roulées comme on roulait en ce temps là les cigarettes à la main, puis le bout de l'os du jambon que nous appelions ''le chamango'' sera cuit et recuit une dizaine de fois pour donner un bon goût à la soupe.

     

            Dans le cochon, tout est bon. Quand on tue le cochon, tout le monde rit sauf le cochon.

     

    JC d’Oc 12/2011

     


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                                                                                        pèse vin Salleron

     

    Alors ! Raconte ! N° 88                                 Les hussards voleurs du village.

     

               Dans les années 1950, les viticulteurs du canton de Saint Chinian vivaient relativement heureux. Ils cultivaient leurs 5 hectares de vignes et ils faisaient 300 hl de vin pour faire vivre leur famille avec une relative  facilité. Ils cultivaient les légumes nécessaires à leurs besoins alimentaires et même plus pour nourrir leurs bêtes. Le village allait en paix et l’entraide entre les habitants était très importante. Par exemple, pour les viticulteurs qui n’avaient pas de Caisse Maladie, il fut crée le Secours Mutuel pour leur porter assistance et secours. C’est au milieu de cette décennie, par les méventes du vin que la vie devint plus difficile, mais dans l’insouciance on laissait faire les négociants en vin continuer à escroquer les vignerons. Escrocs de haut vol car l’on était obligé de passer par eux pour vendre notre récolte.

     

               Quelques jours avant la vente, ces pharmaciens œnologues prélevaient dans une bouteille un échantillon de vin du foudre pour en déterminer sa valeur en alcool. Dans un appareil en cuivre appelé ‘’ salleron’’ ils déterminaient le point zéro en faisant bouillir de l’eau (100°), ensuite ils faisaient la même opération avec le vin et sur un thermomètre gradué au millimètre on lisait ainsi au moment de son ébullition sa teneur alcoolique par rapport au point zéro (Exemple l’eau bout à 100°- le vin bout à 87,5° Différence 12°,5 – plus le vin est riche en alcool, plus la solution a son point d’ébullition bas). Le titre est exprimé en degré alcoolique. Ce degré est égal au nombre de litres d’alcool éthylique contenus dans un hectolitre de vin (par exemple un vin de 12°5 = 12,5 litres d’alcool dans 100 litres de vin). Tous les viticulteurs avertis faisaient aussi analyser leur vin avec d’autres appareils et l’on trouvait des différences importantes entre les analyses.

     

                 Deux causes : leur pèse vin était truqué ou bien la bouteille qui permettait de puiser l’échantillon n’était pas toujours vide. La négociation était toujours difficile et c’est la raison qui poussa la majorité des vignerons de Cébazan à se grouper en coopérateurs pour construire une cave de vinification et de vente en 1965 à l’image de celle de Maraussan crée 64 ans auparavant. Chaque coopérateur achetait des parts pour adhérer à la fédération. Un comité de gérance fut crée et par une gestion rigoureuse, les viticulteurs furent payés au mois. Un comité commercial de vente pratiqua des ventes aux meilleurs prix auprès de commerçants honnêtes et évinça rapidement les négociants en vin douteux surtout les mauvais payeurs.

     

                Ainsi, par la volonté, par l’entraide et la générosité, les hussards voleurs disparurent du paysage viticole. Pourquoi le terme hussard: sous le règne de Napoléon, les hussards dévastèrent les villages pour assurer leur survie; la même image s'est reproduite avec ces négociants en vin peu scrupuleux.         JC d’OC 12/2011

     


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  •  Alors ! Raconte ! N° 89

     

     

                                                    La mer Méditerranée

     

     

     

               On ne peut parler du Midi, sans révéler les quatre éléments vitaux : l’eau, l’air, le feu et la terre qui ont apporté notre civilisation à nous hommes occidentaux. L’eau, c’est le mystère de la mer, l’air, c’est le vent léger ou en furie, le feu, c’est la chaleur brûlante du soleil et la terre, c’est la vie, la terre de notre canton et le sable fin de la plage de Valras.

     

               La Méditerranée est, comme son nom l’indique une mer entourée de terres. Avec ses  trois millions de kilomètres carrés, elle ne représente que 1% de la surface des eaux de la terre. Cette mer  est relativement récente puisqu’elle s’est constituée il y a 65 millions d’années lors de la dérive des continents. Après une première Méditerranée, elle n’a cessé d’évoluer vers nos terres en changeant d’aspect. On y retrouve des grottes maintenant sous-marines qui ont été habitées par les hommes préhistoriques comme celle de Casquer dans le Var. Tout d’abord, une mer ‘’tropicale’’ ouverte sur l’Atlantique  s’est remplie d’eau salée, puis elle devint ensuite un grand désert avec des phases successives de grandes pluies et d’évaporation. Ce qui produisit une forte teneur en sel (37,7g/litre). La Méditerranée se répartit en deux zones distinctes de part et d’autre de la Sicile. Un relief sous marin très profond de plus de 5093 mètres vers la Grèce  et vers nos contrées elle ne dépasse pas les 2000 mètres de profondeur car le plateau continental descend sous la mer jusqu’à une profondeur de 150 à 200 mètres. Le Golfe du Lion où se situe Valras fait partie de cette pénéplaine sous-marine avec son rivage et ses bancs de sable fluctuants non par les marées car elles sont si faibles mais par l’action du vent et celle des courants marins.

     

           Dans  le Golfe du Lion les eaux connaissent des variations thermiques importantes entre 13° l’hiver et 25° l’été. C’est le courant côtier qui vient de Provence et qui se dirige vers les Iles Baléares, les déversements du Rhône, les écoulements du Vidourle, du Gardon, de l’Hérault, de l’Orb et de l’Aude provoquent un léger réchauffement des eaux, mais entrainent aussi une grosse quantité de sédiments sur le littoral. Un autre courant marin  qui va de Collioure jusqu’en Crète véhicule des particules en suspension, des algues, du plancton mais aussi des déchets industriels. L’Ifremer étudie ce phénomène et bientôt on connaitra les secrets des profondeurs de la ‘’grande bleue’’.

     

            Les vents qui balayent le littoral sont variés et nombreux. La tramontane venue du nord est un vent froid  qui souffle en moyenne 120 jours par an. Ces rafales peuvent atteindre 80 km/heure tandis que le marin  venu du sud est, soufflant 90 jours par an est plus doux et humide. Mais il y a marin et marin ! Le petit marin est un petit souffle qui se lève en début d’après midi. C’est une brise marine qui caresse le sable et les vacanciers. Le vrai vent marin souffle avec force les jours de mauvais temps apportant fraîcheur, humidité et salinité. Ce sont ‘’les coups de marin’’ du printemps et de l’automne. C’est une aubaine pour les pêcheurs car l’eau agitée et plus chaude amène les sardines et les maquereaux presque sur l’étal de la poissonnerie Barba. Quand le grec venu du sud-ouest souffle, c’est signe de pluie. Le narbonnais et le sers soufflant de l’ouest et du sud ouest vers la mer donnent à la mer des nuances de bleu, de vert et même de gris. La mer peut en quelques heures passer d’une surface lisse lorsque le vent se calme  jusqu’à un assaut de la plage par des vagues en furie.

     

              Mais la couleur dominante de la mer sur notre côte est le bleu. Le bleu du ciel s’y reflète.  La mer est lumière et absorbe les rayons ultraviolets jusqu’à 30 mètres de profondeur et les infrarouges sur 2 à 3 mètres seulement. Selon les micro-organismes, algues et planton qui flottent sur sa surface près de la côte, le bleu peut passer au vert émeraude. A Valras, les fonds étant peu profonds car ils ne dépassent pas 5 mètres sur une distance de 500 mètres et 10 mètres sur un kilomètre, la mer conserve sa couleur bleue à ces profondeurs. Il faut aller à plus de 50 kilomètres pour atteindre des profondeurs  supérieures à 100 mètres. Lors des plongées, les couleurs rouge, jaune ou verte ne se voient plus à quelques mètres, le gris et le violet persistent jusqu’à 100 mètres tandis que le bleu est encore visible jusqu’à 300 mètres.

     

               Dès que le vent marin souffle en tempête, la mer prend des allures furieuses et écumantes. Par rouleaux successifs de vagues pouvant dépasser 2 mètres, elles ravinent le sable de la plage dans un bruit effrayant et incessant. On dit que la mer monte et elle laisse en se retirant un tas de troncs, de blanches écorcées, de coquillages et même quelques astérides sur la plage. Ces tempêtes ont lieu au moment du solstice d’été et de l’équinoxe de septembre. Il n’est pas rare de déplorer des morts par noyade malgré les avertissements des CRS et du drapeau rouge. Le 1er juillet 1992, on déplora  la mort de 9 baigneurs imprudents sur la côte languedocienne.

     

                 On n’avait pas surnommé les pêcheurs sérignanais les mangeurs de clovisses pour rien. En effet, le fond de la mer est peuplé de petits crustacés. De l’humble coquillage comme la telline (que mangent les flamands roses), les coques, les palourdes, le couteau ou la clovisse (arcelis en occitan) aux plus gros des poissons, les richesses de la mer ont fait vivre les premiers occupants de Valras. L’emblème de Valras est l’hippocampe, ce petit cheval de mer dont la particularité est que le mâle porte les œufs dans une poche pendant trois semaines puis il les relâche par petits groupes dans les rochers et le sable. Ce que font de nombreux touristes le soir sur la plage lors du bain de minuit après avoir mis leur gant Mappa à un seul doigt. Depuis le 16ième siècle, les mêmes espèces de poissons sont pêchées dans le Golfe du Lion, mais actuellement, on enregistre un appauvrissement des fonds marins. Des poissons plats se confondent avec le sable tels la raie, la sole et la baudroie (appelée aussi lotte) puis ceux qui s’adaptent sur les fonds rocheux tels les rascasses, grondins, rougets ou son petit frère le vendangeur (ce petit rouget qu’on ne pêche que pendant les vendanges). Plus au large on y trouve des congres, des raies torpilles, des loups, des daurades, des gobies, des merlans et des muges. Puis on trouve les bancs de sardines et de maquereaux qui remplissent les filets des chalutiers qui pratiquent encore la ‘’pêche au bleu’’. A l’embouchure de l’Orb ou de l’Aude, on peut y voir une armée de bogues, ces petits poissons argentés, tous en ligne qui se nourrissent de particules microscopiques et qui se cachent dans les herbiers.   Hermaphrodites, ils passent durant leur vie de mâle à femelle. Lorsqu’ils sautent de l’eau, ils font le repas des mouettes.

     

               La mer Méditerranée, décrite par Homère, qui a inspiré Lamartine et qui a été chantée par notre poète chanteur Charles Trénet ‘’  La mer qu’on voit danser le long des golfes clairs a des reflets d’argent… ‘’, puis par François Deguelt qui, allongé sur le sable de la plage de Valras a été inspiré en écrivant ‘’ Il y a le ciel, le soleil et la mer’ reste pour nous un attrait touristique mais surtout dégage une intense poésie par ses jeux de couleurs.

     

               ‘’ Et pendant ce temps là, la Méditerranée

     

                                    Qui se trouve à deux pas

     

                                                   Joue avec les galets’’.  (G.Bécaud)

     

    JC d’Oc O1/2012                                                                                                       

     


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    Alors ! Raconte ! N° 90

     

                                          La vierge miraculeuse de l’église de Vias.

     

     

     

                  Saviez vous que l’église St Jean Baptiste de Vias possède une vierge magnifique  Notre Dame de Vias qui a fait de nombreux miracles. Il est vrai que depuis des calendes grecques, en Agde et surtout au Cap, de nombreuses vierges nues se promènent sur la plage, mais ce ne sera pas le but de ce récit. La plage de Vias, Farinette Plage, porte ce nom parce que le sable est si fin qu’il ressemble à de la farine *. Cette plage avait fait l’objet d’une sacrée surveillance pendant l’occupation allemande car le feld-maréchal Rommel, pensant à un débarquement des alliés venus d’Afrique, avait fait miner la côte, les terres et même la mer de 14000 mines. Ce débarquement tant attendu n’ayant pas eu lieu, un autre bien plus pacifique se passa vers 1615.

     

                  Une imposante vierge en bois sculpté vint s’échouer sur le rivage. Haute de près de deux mètres,  recouverte de dorures rutilantes  avec robe à nombreux plis, coiffée du voile retombant sur les épaules, elle proviendrait d’un pays d’Orient et aussitôt, les marins la reconnurent miraculeuse car son long séjour dans l’eau n’avait altéré sa physionomie. Depuis ce temps, les viassois lui ont voué un culte fervent. Quelques années plus tard, un marin déclara qu’un bateau  venant d’Egypte sur lequel il était mousse avait fait naufrage au large de Farinette. Ce bateau balloté dans une effroyable mer déchainée sombra dans la nuit noire. Parmi les débris qui flottaient, le mousse s’agrippa  à une masse informe qui dérivait vers la plage, ce qui le sauva. Dès qu’il hissa sur le sable sa salvatrice, les flots se calmèrent aussitôt. Les premiers miracles venaient de s’accomplir. D’autres naufragés sauvés des eaux  reconnurent vite la bienheureuse vierge qu’ils avaient chargée à Alexandrie. Ils décidèrent de la donner à la première église qu’ils rencontreraient sur leur route. Hissée, poussée, portée, cette offrande parvint jusqu’à l’église de Vias où elle fut remise au prêtre de la paroisse qui s’empressa de la mettre en bonne place dans le chœur de l’église.

     

                    Dès lors, la vierge qui porte sur son cœur l’enfant Jésus sera implorée lors des évènements tragiques, des épidémies et des guerres qui vont éprouver la région. Elle sera portée à bras d’hommes lors de nombreuses processions jusqu’à Farinette d’où elle venait. Tous les ans au mois de juin, les viassois  reconstituaient les mêmes conditions de l’abordage de la statue, ce qui permettait de la vénérer. Elle arrivait sur un canot et les gens en costumes d’époque la sauvaient une fois de plus. Portée par les costauds du village, elle faisait le chemin inverse jusqu’à l’église St Jean Baptiste. Cette église, bâtie en 1424 est très connue puisqu’elle est la quatrième de Vias et qu’elle est construite toute en pierre basaltique noire.

     

                     D’innombrables miracles ont été accomplis depuis sa venue. De nombreux exvotos  répertorient les nombreuses prières qui ont exaucé les vœux qui lui sont adressés. A la vue des nombreux  cierges qui illuminent sa robe moirée, on ne peut que s’incliner devant sa bonté divine. En 1854, lors de l’épidémie de choléra qui couta la vie à 70 habitants de Vias, toute la paroisse se mit sous la protection de la vierge et le 15 août, tous les viassois firent une procession et portèrent Notre Dame de Vias dans les rues du village. Trois jours plus tard, l’épidémie cessa.  Elle échappa à un incendie qui se déclara dans l’église en 1901. Elle subit une restauration par un peintre du village qui lui donna un regard très sévère qui frappait impitoyablement les incroyants qui osaient se moquer d’elle.

     

                     Mais la guerre de 1914 arriva et la réputation de sa miséricorde subit une baisse vertigineuse. Elle fut délaissée au profit de la vierge Marie de Lourdes qui aurait plus le pouvoir de guérir les malades. L’évêque d’Agde, indifférent à ce que Vias possédait de plus saint et de plus précieux fut conspué par les viassois car il décida de déposer la vierge de son socle et de la ranger dans la sacristie.  Le visage de la vierge s’assombrit à vue d’œil, ses yeux devenus tristes se firent plus menaçants.

     

                    Du fait de l’hécatombe des soldats morts sur le front la vierge réintégra son socle dans l’église St Jean Baptiste à la plus grande satisfaction des paroissiens. Aussitôt des dizaines de chapelets, des bijoux, des croix, des médailles, des brassards de première communion furent déposés au pied  de la vierge qui se remit à sourire. Des femmes enceintes lors de leur accouchement portèrent autour de leur cou une médaille bénie  sensée de leur porter chance et placèrent leur progéniture sous la protection de la madone.

     

                    Allez donc voir cette vierge dans l’église de Vias et faire vos vœux les plus ardents.

     

       Nota : La plage de Vias fut baptisée Farinette que vers 1850. C’est la finesse de son sable, sa fluidité qui ressemble beaucoup à celle de la farine qui  a donné son nom à Farinette. Ce sable était utilisé  pour faire des sabliers. Le sable de Farinette était ainsi vendu à Paris au 16ième siècle.

     

    JC d’Oc 01/2012

     


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