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                                             Bourdalou de messe                   

     

    Alors ! Raconte ! N° 81                       

     

                                                             Un coquin de curé. 

     

            C’est dans la ville de Sète où se passe cette histoire vraie où un coquin de curé a fait jaser les bigotes. Le curé Marc Antoine Causse.

     

            Avant la révolution, les curés avaient le privilège de tenir l’Etat civil avec les remerciements de la population sauf par les anticléricaux qui bien sûr viscéralement  n’aimaient pas la calotte. Et l’on sait que sur le clocher de la mairie de la ville de Sète a flotté très longtemps le drapeau rouge du parti opposant. Mais, tous ces hommes d’église, dans le secret du confessionnal, malgré l’absolution des péchés, tenaient en respect la population car ils étaient les témoins privilégiés de leur vie de croyant.

     

            Baptêmes, communions, mariages, enterrements, tout, à grands coups de goupillons et de son de cloches rythmait la vie dans les chaumières de la naissance au dernier souffle. De plus la misère du petit peuple favorisait une croyance envers un paradis sur terre qui n’existait pas à Sète, aussi, le curé Marc Antoine Causse avait décidé de vivre son sacerdoce  qui ne fut pas comme un long fleuve tranquille car la chronique sétoise du 18ième siècle faisait de lui grand bruit dans la rubrique qui parle du sexe faible.

     

                 Notre curé Causse avait 50 ans en 1750. Il était bel homme et notre affaire fit grand bruit car ses rapports avec les femmes n’étaient pas étanches. L’évêque voyait d’un mauvais œil ses prêches et sa frivolité, mais il était un curé d’avant-garde car un jour ou l’autre, il faudra bien que l’église évolue et permette aux prêtres de se marier pour fonder une famille. Ce jour là, les canons bibliques tonneront.

     

                 Cinq ans avant notre histoire, le coquin de curé avait été mis à l’index par la justice. En septembre 1745, il avait été incarcéré au Fort Brescou pour cause de libertinage prononcé (voir FR n° 9) et ce n’est qu’un an après qu’il est libéré grâce à l’appui que son frère avait auprès de hauts dignitaires dans le royaume. Mais à Sète, plus le curé est beau, plus les bigotes l’aiment ! Après un stage dans un purgatoire du Morbihan le retour de ce curé banni provoque une grosse déferlante  d’allégresse en novembre 1747 (un mini tsunami dans le port de Sète). Le peuple allumait des feux de joie dans le quartier de la Marine. Ce curé savait parler à ses ouailles. Il trouvait les bons mots et les Sétois lui pardonnaient ses frasques et son goût prononcé pour le sexe féminin. Enfin, il ne pouvait faire que du bien chez les petites veuves et il leur conseillait de faire souvent l’amour pour conserver une bonne santé. De plus, faire l’amour avec un prêtre était une bénédiction divine. Plus besoin de passer par le confessionnal car son goupillon était toujours à portée de sa main pour donner l’absolution.

     

                 Après la messe du dimanche, il regagnait sa table au café sur le port où il devisait gaiment  avec les clients avant d’aller au restaurant déguster une délicieuse dorade que lui offrait le patron. Notre curé avait complètement conquis le cœur des sétois. Avant les vêpres, il bénissait les bateaux et la pêche n’en était que meilleure. Cet homme du peuple travaillait le fer sur le terrain de boules. Enfin, il apportait joie et bonheur à qui s’en approchait. Mais il était trop populaire dans la ville et les anticléricaux ainsi que l’évêque d’Agde souhaitaient vite son départ. Et un jour !!!!  Notre chaud lapin connait une amourette avec une très belle fille d’un marin sétois. Elle vient de se déclarer enceinte des bonnes œuvres du curé. Abomination !! crient les anticléricaux. L’évêque furibard envoie un inquisiteur enquêter qui par mauvais choix débarque à Sète le 25 Août, le jour de la Saint Louis en pleines réjouissances. Tous les témoins étaient rassemblés le long du grand Canal où se déroulaient les populaires joutes sétoises. Chauffé à blanc par l’évêque, l’inquisiteur revint quelques jours plus tard et menacé de lynchage par la foule repartit aussitôt.

     

               Pendant ce temps, notre coquin bénéficiait des gens du peuple et des bourgeois de plus en plus de considération. Dans l’église se pressait un monde fou le dimanche lors de la messe. Il fallait presque réserver son prie-Dieu. De plus, pour ne pas perdre leurs places, les bigotes les plus assidues prises d’un besoin pressant urinaient dans une pissadou de messe (un bourdalou) qu’elles avaient au préalable amené dans leurs sacs à main. Elles ne perdaient pas une parole des sermons qui relataient plutôt la beauté de la nature humaine que les recommandations de Dieu.

     

                Ainsi, durant plus de trois ans, ce spectacle religieux dominical rassemblait toute une population de croyants. Notre riton changeait souvent de servantes qui devenaient de plus en plus jeunes et belles. Mais un jour, lassé par les attaques perpétuelles des évêques d’Agde et de Montpellier, notre curé posa sa soutane et partit je ne sais où avec la mère de son enfant. On n’entendit plus parler de lui. Un nouveau curé prit sa paroisse mais par sa grande rigueur religieuse, l’église resta vide car ses sermons rasoirs ennuyaient les fidèles.

     

                  Finalement, ce précurseur visionnaire à quarante ans de la révolution française, ce berger des âmes, ce professionnel du secret et de l'invisible, était à l’image de la société, permissivité qui manquait beaucoup à cette époque là.

     

                  Deprefundis,  Morpionibus !

     

    JC d’Oc.

     


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    Alors ! Raconte ! N° 82

     

     

     

     

                                       La voie Domitienne et les bornes milliaires.

     

     

     

              Dans notre région, cette voie romaine court sur 9 kilomètres  dans le parc naturel de Nissan lez Ensérune et Colombiers. Elle développe,  entre Narbonne et Béziers un tracé rectiligne avec un léger angle lors de son passage sur le viaduc de Ponserme situé dans l’étang même  de Capestang.  Ponserme vient du latin ‘’Pons Septimus’’ au 7ième mille (mesure de la 7ième milliaire, borne romaine. Un mille romain représentait 1480 m. donc Pons Septimus se situe à environ 10km500 de la borne précédente). Cette voie établie par les Romains avait un but stratégique, politique et commercial. Longue de près de 250 kilomètres depuis son passage dans le Rhône jusqu’à la frontière des Pyrénées, elle a été à certains endroits dans notre Septimanie détruite lors du creusement du Canal du Midi et de la construction des routes.

     

                 Un peu d’histoire, car ce peuple romain mérite beaucoup d’attention. La ville de Rome communiquait avec le reste de l’Europe par un réseau  en étoile de 29 routes d’où le dicton ‘’ tous les chemins mènent à Rome !’’ Toutes les contrées qu’ils ont envahies ont rapidement été équipées de voies pavées. Tout çà dans un but stratégique qui dura près de quatre cent ans car les légions romaines devaient se déplacer rapidement et sans le réseau des voies, ils n’auraient pu assurer leur supériorité technique. Ce qui nous intéresse, c’est la Via Domitia qui part de Montgenèvre, qui passait à Briançon, Gap, Sisteron, Apt, Cavaillon, Tarascon, Beaucaire, Nîmes, Montpellier, Mèze, St Thibéry( qui s’appelait Cessero) Béziers(Baetiris),  Colombiers, Poilhes, Ensérune, Capestang , Narbonne, Port-Vendres et passait vers l’Espagne par Le Perthus. Crée en 118 av JC à l’instigation du Général romain Cnes Domitius Ahenobarbus  dont elle portera le nom. C’est la route la plus ancienne de France.

     

                   Les voies romaines avaient des fossés latéraux utilisés pour l’écoulement des eaux de pluie et le revêtement de la route était légèrement bombé. La route classique avait une largeur utilisable de 4,5Om à 7m ce qui permettait le croisement de deux chariots. Les routes avaient des trottoirs qui étaient réservés aux piétons et aux animaux. Les Romains étaient d’excellents constructeurs mais ils étaient de piètres inventeurs. Ils ont beaucoup utilisé les chars à deux roues(les quadriges) pour transporter les petites charges, mais pour les charges les plus importantes, ils utilisaient des chars à deux essieux. Ces essieux étant fixes, le char ne pouvait être guidé et l’on pense qu’aux endroits où se situent des ornières, celles-ci servaient pour le guidage des roues. L’écartement des ornières sur voie classique est de 1,44m soit 5pieds. On peut faire une remarque – l’écartement des rails du chemin de fer en France est de 1,435m – Pourquoi une telle similitude ?

     

                    L’usure des grandes dalles en calcaire bleu et dur et les nombreuses couches de recharges témoignent de l’usage intensif qui a été fait de la chaussée et de la durée de son utilisation. Une particularité, la Voie n’était dallée que dans la traversée des villes et dans les montées. Une particularité peu commune, il a été découvert que les pierres utilisées étaient enterrées sur le champs verticalement, ce qui permettait une meilleure prise par les sabots des bœufs qui tiraient les lourds fardeaux. Des relais étaient situés tous les dix kilomètres que les romains appelaient des ‘’mutationes’’ et tous les quarante – cinquante kilomètres, il y avait des gîtes étapes appelés ‘’mansiones’’ souvent peints en rouge comme en Italie avec couverts et lits, services de maréchaux ferrants pour les chevaux. Mais ces tavernes avaient souvent mauvaise réputation et les voyageurs préféraient camper à proximité ou bien demander l’hospitalité. Avec l’expansion économique de cette artère, les gîtes devinrent  plus tard les agglomérations actuelles. La Via Domitia a été appelée pendant très longtemps  ‘’ cami de la mounéda’’, chemin sur lequel les fonds du Trésor public étaient transportés.

     

                      La Via Domitia était jalonnée de bornes milliaires de formes cylindriques ou parallélépipédiques qui pouvaient atteindre 3m de hauteur. La plus ancienne a été retrouvée en 1949 à 30 km au sud de Narbonne qui s’appelait Narbo Martius. Elle porte les inscriptions latines de la Gaule, le nom de l’empereur ayant ordonné la construction de la Voie, le nom de son rénovateur et la distance la reliant à l’étape suivante. Les distances sont exprimées en mille romains – MILIA PASSUUM correspond  à mille pas (en réalité c’était des doubles pas d’ 1,48m soit 1480 mètres). Cette borne est actuellement exposée au Musée Archéologique de la ville de Narbonne.

     

                      Selon les empereurs qui se sont succédé à Rome, les bornes milliaires ont changé de formes. Les milliaires d’Auguste et de Claude sont toutes cylindriques sur toute leur hauteur, celles de Tibère sont quadrangulaires  et celles d’Antonin sont comme celles de Claude et d’Auguste cylindriques  mais ont une base carrée qui autrefois était enfoncée dans le sol. Elles ne sont pas placées à intervalles réguliers comme nos bornes routières mais correspondent plutôt à des panneaux indicateurs indiquant la distance jusqu’à la prochaine étape.

     

                      De nombreuses bornes ont été perdues, détruites ou enfouies dans le limon des rivières. Dès les premiers siècles chrétiens qui ont suivi la romanité, les milliaires ont servi pour la construction des églises, pour l’implantation des croix de carrefours et la réalisation des tombeaux, de bénitiers, de fontaines et même de rouleaux de jardins. Peu de bornes subsistent, elles ont enrichi des collections privées. Les antiquaires se les ont disputés. Sur un effectif de 550 bornes des Gaules (Gaule Transalpine, Romaine et Chevelue), on en connaît qu’une dizaine au début du 19ième siècle – siècle appelé siècle des antiquaires.  A Narbonne on peut voir les pavés de la Voie Domitienne enfouis à une profondeur d’1,5Om du sol. Cette mise à jour  en 1997, lors de l’aménagement piétonnier de la Place de l’Hôtel de Ville permet de considérer les 1,50m de poussière  couvrant 1940 années d’histoire.

     

                         Mais cette superbe voie romaine  à la fin du troisième siècle a provoqué aussi la chute de l’empire romain dans notre région. En effet, elle permit à d’autres envahisseurs venant de l’Est – Ostrogoths, les Huns et les Visigoths – d’utiliser et de bénéficier pleinement de ce réseau routier.

     

                          Maintenant, lorsque vous lirez sur la A9  le panneau ‘’ Vous longez la Voie Domitienne’’ dans votre superbe voiture roulant à 135 km/h pensez que les Romains, à quelques pas de là, ne parcouraient que 50 Km par jour mais ils n’avaient pas le désagrément de faire le plein de leur réservoir à 1 euro 35 le litre tous les 500 kilomètres.

     

    JC d’Oc. (10/2011)

     


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                                                                                                                                                      Alors ! Raconte ! N° 83                                      

     

                                                     Les cloches d’Hérépian.

     

            Ce petit village de 1480 habitants, situé sur l’axe des grandes migrations de Bédarieux vers Lamalou les Bains est notablement renommé non pour les pots d’échappement des motos des Brescados qui ont animé en août les rues mais aussi pour sa fonderie de cloches qui aujourd’hui n’existe plus mais dont le souvenir demeure dans son musée décentralisé à Magalas. Situé dans les Hauts Cantons de l’Hérault, à la croisée des chemins sur l’axe de la vallée de la Mare et celui de l’Orb, ce village a vu passer les transports de minerais argentifères provenant des communes voisines dont celle de Villemagne l’Argentière. L’art campanaire a reçu son droit de noblesse  dans sa fonderie de cloches qui se situe Avenue de la Gare à Hérépian.

     

            Crée au 16ième siècle vers 1580 par Guilhaume Granier dans le petit hameau  Des Nières  elle fabriquait des grelots pour les chiens de chasse puis elle se diversifia en s’imposant en France dans la fonderie des cloches d’église et des sonnailles pour les bergers. C’est aux alentours du village de Saint Gervais sur Mare que G. Granier trouva les matériaux nécessaires pour la fabrication des moules ; notamment le charbon, l’argile et le sable. Dans les années 1970, lorsque les difficultés  apparaissent, fermeture de la voie du chemin de fer ainsi que celle des mines de charbon, la famille Granier est obligée de s’installer à Hérépian. Le fondeur(ou saintier) fabrique des cloches, des clochettes et des grelots appelés clarines et les sonnailles qui sont des clochettes pour les animaux, et particulièrement pour les cocus (Si tous les cocus avaient des clochettes –Des clochettes en dessus –Au dessus de la tête –Ca ferait tant de chahut- Qu’on ne s’entendrait plus). Vous pouvez mettre en dessous des clochettes qui vous voudrez!

     

             Mais comment fabrique-t-on les cloches. Il faut un châssis avec son couvercle percé de 4 trous, du sable de fonderie, le moule en argile, le noyau que l’on positionnera à l’intérieur du moule et bien sûr du bronze en fusion.

     

              Dans un châssis en aluminium on installe en son centre le moule en argile. On place le noyau dans le moule. On bourre de sable de fonderie le tout puis on le vibre. C’est l’espace qui se situe entre le sable du noyau et l’argile du moule qui donnera l'épaisseur de la cloche. On grave dans le moule le nom de la cloche ainsi que l'année de sa création. On coule un mélange en fusion composé  de 78% de cuivre et 22% d’étain par les quatre trous du couvercle du châssis. Moment intense et fabuleux. L’appareil refroidi on démoule l'enrobage de sable puis on passe la cloche sur un tour pour enlever les imperfections,  pour la polir et la lustrer.

     

               Il ne faut pas oublier que le corps de la cloche est un instrument de musique ce qui donne la fondamentale, la pièce, la quinte, l’octave du bas et l’octave du haut. Quand on la frappe, le haut donne un son plus aigu et la base un son plus grave.

     

               Toutes les cloches possèdent leur point de frappe. C’est la partie plus épaisse située sur la lèvre de la cloche (à la base du cône). Le centre de l’instrument s’appelle la robe, le bas de la robe la panse inférieure, le haut le cerveau et les anses permettent de la pendre au joug.

     

                Lorsque l’on accrochera le battant sur la cloche, il faudra qu’il tape le point de frappe sur la lèvre, condition d’une résonnance accrue. Ce jour là, le fondeur doit embrasser la cloche sur la lèvre et sa marraine (où vous le pensez) qui a été désignée bien avant la fonte. La coche doit comporter la date de sa coulée ainsi que le nom de son commanditaire. Le prix d'une cloche est très élevé - environ 75.000 euros pour un poids de 100kg.

     

                  Parlons cloche !   Mais  quelle est l'origine du mot cloche?

                  Les sacristains soucieux des pauvres gens qui erraient dans les rues des grandes villes allaient chercher des .......  " clochards"....... pour tirer les cloches.

     

               Les rapatriés d'Algérie ont ramené en France plus de 1000 cloches.

     

               C’est en 1989 que le dernier de la famille Jean François  GRANIER a cessé son activité laissant l’emplacement à la Direction des Musées de France. Malheureusement, ce musée, faute de moyens a cessé de fonctionner, mais on peut encore visiter un autre musée campanaire à Magalas, coopération des villages environnants pour ne pas laisser disparaitre ce beau patrimoine.

     

                C’est Jean François GRANIER qui a fondu le  bourdon de la Cathédrale Saint Nazaire de Béziers. Le poids de ce bourdon est de 4 tonnes.

     

               Mais les cloches en chocolat que l’on offre aux enfants le jour de Pâques nous rappellent les bons souvenirs de notre jeunesse, pour moi ce sont les cloches de l’église de Cébazan qui ont marqué mon empreinte religieuse. En effet, comme beaucoup de gamins, nos parents nous imposaient l’instruction religieuse et nous mettions toute notre conviction pour apporter au curé toute l’aide qu’il nous demandait. Et je fus désigné pour tirer la grosse  cloche le dimanche. Accroché à la corde pendante au fond de la nef de l’église, je sonnais les trois coups (ainsi appelions-nous les trois séquences hautement musicales de cinq minutes) – le premier avec un coup de battant à la fin, le second avec deux coups à la fin et le dernier avec ses trois coups à la fin – puis la messe débutait dans les cinq minutes suivantes sauf pour les retardataires. Au moment de ‘’l’élévation’’, je tirais  encore une salve sur le village. Ainsi, tous les dimanches, je berçais le village de mes talents musicaux. Puis un beau jour, j’en ai eu assez de supporter la renommée d’être ‘’lou campanier du village’’ (la carillonneur tireur de cordes), j’en avisais aussitôt le curé qui me tira les cloches pour me congédier.

     

    JCd'Oc 11/2011

     


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    Alors ! Raconte ! N° 84.  

     

                                                   BEZIERS, son Hôtel de Ville

     

            L’Hôtel de ville de la ville de BEZIERS date du 18ième siècle. Il a été construit en 1730-31 d’après les plans de l’architecte de la province du Languedoc, ROLLIN. Son emplacement a toujours été destiné à la vie politique de la citée, car c’était ici que les romains avaient installé le forum de leur colonie JULIA BAETARRAE.

     

            A cet endroit, on découvrit au siècle dernier les 10 têtes impériales en marbre blanc de la famille impériale d’Auguste dans une cave au 3 de la rue Paul Riquet. Malheureusement, ce sont des copies qui sont exposées dans les salles romaines du Musée du Biterrois. Vendus par le propriétaire, les originaux sont conservés au Musée Saint Raymond à Toulouse. A l’origine, ces bustes faisaient partie intégrante de statues en pied  placées dans des niches et exposées à l’intérieur d’un édifice, car grâce à l’excellente conservation du marbre l’arrière des têtes est peu détaillé. Pourquoi le portrait  Auguste était représenté au centre de sa famille ? Il voulait simplement voir régner sa descendance.

     

              Mais revenons à cette mairie où l’on y célèbre de nos jours de nombreux mariages.

     

              Lors de l’achat en 1238 par les Consuls de la maison Ermengaud, l’ancien propriétaire, elle devint ‘’la Maison Commune’’. Ce bel immeuble possédait une tour plusieurs fois remaniée qui est devenue un étonnant beffroi surmonté d’une cloche datée de 1600. Le bâtiment fut agrandi à plusieurs reprises – en 1513 par l’ajout d’une partie de la rue de derrière – en 1555 par l’achat d’un jardin contigu puis plus tard par l’acquisition de la maison voisine. Par le manque d’entretien, en 1680, l’Hôtel de Ville était en ruine et menaçait de s’écrouler. Les réparations furent réalisées en 1730 où la tour fut démolie et reconstruite en 1742 par les architectes BRISSON et ROLLIN. En 1746 les tribunaux de paix occupent le rez–de- chaussée. Au premier étage une belle pièce (dite pièce de Concert) est devenue la Salle du Conseil Municipal qui fut inaugurée le 15 août de la même année. Mais ce fut lors de la Révolution française où l’Hôtel de Ville fût un lieu de massacres. L’année 1790 s’ouvre à Béziers par l’émeute sanglante contre les garde-sel appelés les gabelous Ces agents de la gabelle qui luttaient contre la contrebande du sel, pris à partie par la foule qui les détestait, se réfugièrent dans la tour de l'Horloge où ils furent massacrés par les émeutiers qui jetèrent leurs corps par les fenêtres. Le retrait de la dîme et des droits féodaux, la vente des biens ecclésiastiques ne présagent pas un avenir meilleur. 1791, la misère s’accroit et les troubles augmentent. La municipalité demande des munitions car lorsque la nouvelle constitution est publiée à Béziers, les anarchistes chassent les aristocrates. Un magnifique tableau de Raoul Guiraud relate l’histoire de cet épisode.

     

                   Douze tableaux de Raoul Guiraud sont exposés dans la Salle du Conseil dont :

     

    -      Pour la partie historique et militaire – la Fondation de Béziers par les Volques Tectosages – l’épisode du siège de Béziers en 1209 – le départ de Raymond de  Trencavel de Béziers pour le siège de Carcassonne 1240 – la levée en masse des insurgés lors de la Révolution de 1792

     

    -      Pour la partie beauté de la ville – La cathédrale, l’Orb et les remparts (détruits au 19ième siècle.

     

    -      Pour les grandes personnalités biterroises – L’entrée de Saint Aphrodise à Béziers ( en 48) – Matfre Ermengaud, moine troubadour(deux tableaux huiles du  20ième siècle – P.P Riquet qui présente aux bourgeois de sa ville les plans des neuf écluses – Jean Marie Cordier (1785-1859) huile datée entre 1937et 1940 (3 toiles).

     

     Dans la salle des mariages, une cheminée en marbre rouge incarnat avec sa garniture de cuivre jaune  porte sur sa table le buste de la République qui est l’œuvre d’Injalbert, célèbre sculpteur né à Béziers.

     

                   Mais Matfre Ermengaud dont le nom ne m’est pas étranger mérite tout de même que l’on écrive sur lui car, n’étant pas aussi célèbre que Saint Aphrodise, Raymond Trencavel et Pierre Paul Riquet, il a droit de figurer en bonne place sur un tableau  accroché sur le mur droit, à gauche de Raymond Trencavel dans la Salle du Conseil.

     

                   A la suite de la destruction de la ville et du massacre de ses habitants en 1209, les troubadours font leur apparition et dans le renouveau qui se manifeste, les bourgeois sont séduits par cette nouvelle vague qui redonne confiance à la population. Matfre Ermengaud, moine franciscain, issu d’une famille aisée va devenir célèbre en écrivant un immense poème, le ‘’Bréviari d’amor’’. C’est un énorme recueil de 34.000 vers octosyllabiques qui retrace l’image de la civilisation du 13ième siècle dans notre région. Il va s’efforcer en parlant de l’amour charnel scandalisé par les poètes de son époque à le sublimer dans le mariage et en le présentant comme l’amour divin.

     

    JC d’OC 11/11/11.

     

     

     

           

     


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    Alors ! Raconte ! N° 85                                                                                                                                                                                Le mammouth de Durfort.

     

     

     

                  Près de ST Hyppolite du Fort, sur la route de Nîmes à Alès, c’est l’endroit où l’on a découvert le squelette du plus gros mammouth du monde. C’est toujours de manière fortuite, à la faveur du hasard, dans des endroits peu fréquentés, au détour d’un chemin ou Paul Cazalis de Fondouce un jour de décembre 1869, en allant explorer une caverne appelée ‘’la grotte des Morts’’, située près du village de Durfort fit cette découverte.

     

                  Balloté sur le siège  inconfortable de son tilbury son regard fut attiré vers un tas de pierres où il vit émerger deux genres de pierres en forme de molaires. A première vue il crut voir des objets étranges blancs et desséchés sortant de terre, mais en géologue réputé sur le plan national dont la passion est la recherche, sa seule raison de vivre, il en fut intrigué. Dans cette région diverses découvertes de premiers plans avaient eu lieu auparavant et notre géologue s’empressa de questionner les gens. C’est ainsi que le cantonnier du village lui apprit que ce tas de cailloux provenait de travaux faits lors de la rectification de la route pour faciliter le passage de la diligence et il lui montra l’endroit de la découverte. Malheur ! Le cantonnier en dégageant les débris avait cassé les deux défenses du mammouth en les prenant pour de vulgaires tuyaux. Un ami de Paul Cazalis, riche propriétaire à Villeveyrac, ayant à son actif plusieurs découvertes très intéressantes, M. Ollier de Marichard, archéologue et inspecteur des Monuments Historiques de Montpellier, venant prospecter fut appelé par Paul Cazalis. Et c’est ainsi que nos deux archéologues découvrirent en contrebas de la route les ossements provenant du squelette d’un gigantesque mammouth. Petit à petit, comme un trésor que l’on découvre nos deux archéologues avec l’aide de quelques ouvriers  mettent à jour de ce tas de cailloux des morceaux de mâchoires, de nombreuses dents, des bouts de crâne à la taille démesurée mais malheureusement les défenses avaient été cassées pendant les travaux. En quelques semaines le squelette fut sorti de terre et à la vue de la tête, l’animal devait être énorme et peser plusieurs tonnes. La tête fut envoyée au Muséum d’Histoire Naturelle de Montpellier pour expertise.

     

        Les fouilles continuèrent sur un terrain  voisin. Les restes d’un nouveau pachyderme avec notamment de belles défenses en excellent état sortirent de terre.  Le propriétaire du lieu qui voulait tirer du bénéfice car il pensait posséder un trésor en interdit l’entrée. Des négociations s’engagèrent et les recherches s’arrêtèrent car les canons grondant aux frontières, les évènements de la guerre de 1870 se précisant, les hommes furent mobilisés. Les fouilles cessèrent aussitôt et l’exhumation pouvait attendre des jours plus calmes.

     

          A force de persuasion,  M. Cazalis finit par convaincre le personnage obstiné  et stupide de cesser personnellement les fouilles. Un compromis fut signé en octobre 1872. Le propriétaire touchera la somme de trois mille francs somme énorme pour l’époque. Le Muséum d’Histoire Naturelle de Paris pouvait faire des fouilles pendant trois ans. Dès les premiers jours d’exploration, les archéologues mettent à jour les os d’un mammouth d’une taille phénoménale. Rapidement le squelette du mammouth de près de cents millions d’années en excellent état fut reconstitué. Des humérus et des cubitus de plus d’un mètre, un fémur d’un mètre cinquante, un bassin de deux mètres de largeur, des défenses recourbées de près de quatre mètres mais il ne fut présenté au public qu’en 1885.

     

            Ce splendide spécimen qui vivait dans notre région a été reconnu comme étant une espèce vivante  ‘’ l’ibisa régionalisa’’. Il s’agissait du plus grand et du plus ancien mammouth vivant en Europe. Il se nourrissait du feuillage des grands arbres tels les séquoias  qui poussaient dans la région  car le climat était chaud et humide à cette époque là. Il avait du s’embourber dans une zone marécageuse. Le malheureux animal pesant près de dix tonnes, essayant de sortir de cet endroit de limon mouvant est mort englouti, debout, les  pattes de devant dressées, signes qu’il essayait bien de s’extraire de cette fange visqueuse.

     

            A l’endroit même qui était une cuvette à l’ère primaire, les archéologues  en fouillant ont découvert les ossements de quatre hippopotames, de deux rhinocéros, de cinq bisons, d' un loup, d'un autre mammouth d’un garrot haut de sept mètres,  cinq éléphants ainsi que quatre cervidés de très grandes tailles, tous essayant de s'extraire de la boue du marais.

     

             Le 21 juin 1893, tous les ossements après traitement pour leur conservation sont mis dans une caisse et acheminés au Musée d’Histoire Naturelle de Paris qui se situe dans le Jardin des Plantes près de la Gare d’Austerlitz.

     

            Le mammouth de Durfort a la place d’honneur dans la galerie de paléontologie du Musée.

     

            Rendons hommage à M. Cazalis, au village de Durfort, aux supermarchés Mammouth qui écrasent les prix tandis que Mamy écrase les pr…. Mais aussi à notre ancien ministre M. Claude Alègre qui voulait dégraisser le Mammouth avant d’être viré.

     

    JC d’Oc. 11/2011

     


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