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    Alors! Raconte! N° 124

                                        Balaruc les Bains.

                                                                                                                                                                                                 C'est sous le règne de François 1er que l'on trouve des traces d' écrits du ruisseau de Balaruc et la réputation de ses eaux n'a cessé de grandir. La fréquentation des lieux a permis sur ce bord de l'étang de Thau une très grande renommée surtout au 19ième siècle. Les bains , selon la croyance avaient des vertus miraculeuses. De nombreuses célébrités tels le prince Badinguet, surnom donné à Napoléon III ainsi que Joseph de Montgolfier, précurseur des vols en  dirigeable, ont connu les cures de cette station thermale. En 1868, la source d'Issanka qui amenait l'eau jusqu'à la cité a été reconnue bienfaisante et déclarée d'intérêt public. En 1927, Balaruc est classé station climatique. L'affluence des curistes est immédiate et le maire très intéressé par cette source qui cette fois procure un  apport financier  important classe l'exploitation sous contrôle de la municipalité. Le complexe Athéna d'une conception d'avant garde est construit et la station des eaux du Sud deviendra la deuxième station de France.

     

            Mais, il y a deux cents ans, prendre les eaux ne signifiait pas prendre uniquement des bains. Il fallait boire  entre six et douze verres coup sur coup avant de se donner aux plaisirs de la marche dans la campagne en s'appuyant sur sa canne ou le bras de son domestique. L'eau de Balaruc agit rapidement sur l'organisme et les besoins naturels se faisaient vite sentir. D'abondants relâchements naturels  ont arrosé nombres de fourrés et de troncs d'arbres. Curieux spectacles de voir les belles élégantes prises en flagrant délit de pipi le long de la route en direction de Bouzigues.

     

     

            Mais beaucoup de maris envoyaient leurs femmes aux eaux tous les ans, notamment celles qui avaient des difficultés pour avoir des enfants. Elles trouveront aux eaux des hommes qui viendront à leur aide afin de  pérenniser leur race. Les eaux de Balaruc étaient réputées pour faire plus de cocus qu'elles n'ont guéri de malades de plus les bains se prenaient sans complexe  en toute nudité à une certaine heure de la nuit.  Enfin, beaucoup de grands hommes ( Voltaire, Napoléon 1er et bien d'autres) ont été cocus sans prendre pour cela des bains de siège à Balaruc.

     

            Ce thermalisme languedocien a traversé des siècles depuis que Héraclès a fait surgir une source d'eau chaude pour se reposer de ses épuisants travaux. S'est-il arrêté à Balaruc pour goûter aux plaisirs des eaux chaudes lors de son passage dans notre région. Lors de fouilles aux alentours des établissements actuels, il a été découvert des restes d'une villa romaine qui comprenaient une piscine  alimentée par des orifices qui donnaient de l' eau très chaude ou froide. Signes que les eaux de Balaruc étaient connues dans l'Antiquité. Ces lupanars aquatiques étaient fréquentés par des voyeurs de petite vertu et pour les heures de gloire des soldats.

     

             Au Moyen Age, les thermes étaient fréquentés par des brigands à l'affut de rapines, raison pour laquelle les seigneurs se baignaient toujours avec leur armes à la ceinture.

     

             A la Renaissance, des guérisons inespérées eurent lieu grâce à l'hydrothérapie malgré les boues puantes provenant des escarres tombées des plaies des malades. Je vous laisse apprécier l'efficacité des purges que l'on pratiquaient sur les malades. Les lavements remplissaient les corps par plusieurs orifices, nez, bouche et anus. Les bains fréquents assouplissaient les muscles et redressaient les os des arthrosiques. C'était plus de la torture que des soins de problèmes articulaires.

     

            Sous Louis XIV, Balaruc a eu le vent en poupe malgré la rudesse des traitements.  Les bains de Balaruc ont permis la guérison d'une blessure de Louis XV qui avait été blessé au siège de Turin. Grâce à ce succès, les eaux de Balaruc sont  devenues des eaux sous surveillance royale soumises à des contrôles médicaux très stricts.

     

            De nos jours, de nouvelles contraintes sanitaires  d'une extrême rigueur ont permis d'améliorer la qualité des eaux riches en calcium et en magnésium. Les centres de soins O'Balia, Athéna et les Hespérides sont des lieux de détente et de découverte, permettant de changer d'ambiance et de retrouver ses petites copines pour passer une quinzaine de jours, le tout payé par la bonne Sécurité Sociale. Si Balaruc est complet, pourquoi ne pas aller au Cap d'Agde aux" Lauriers Roses" où l'on vous offre en plus une belle vue sur la plage des culs nus.

         JC d'Oc 04/2013.


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    Alors! Raconte! N° 125

     

     

                                 L'abbaye Saint Félix de Montceau

     

     

            L'abbaye Saint Félix de Montceau est située dans le Massif de la Gardiole près de Gigean.

     

           Tel un vaisseau immuable, Saint Félix de Montceau dresse ses ruines dans un décor de verdure. Véritable sentinelle de la foi, témoin de l'histoire, sa merveilleuse architecture émerge du haut de la colline aux pierres blanches  qui domine le village de Gigean.

     

           Connue dès 1104, aux temps des Croisades, elle est consacrée abbaye au 13ème siècle. Ce fut une abbaye bénédictine puis cistercienne, enfin elle redevint bénédictine dont la règle contemplative de St Benoit de Nurcie était appliquée. Son architecture est du gothique languedocien. Elle comprend plusieurs bâtiments autour d'un cloître, une petite église romane de son origine, un réfectoire, une cuisine et une salle capitulaire.

     

           Cette abbaye était encensée uniquement par des religieuses. Des Professes qui avaient fait leurs vœux et des Crofesses qui ne les feront jamais.

     

           Les Professes étaient issues des grandes familles nobles, savaient lire et écrire, elles entraient avec une dot - lit - bijoux - biens - terres - domaines.

     

     

           Les Professes avaient l'interdiction d'apprendre à lire et à écrire aux Crofesses auxquelles étaient affectées des tâches ingrates et moins nobles.

     

           Saint Félix était très vénéré et l'abbaye devint très rapidement riche par leslegs et les dons que les sœurs faisaient en entrant sous les ordres. Domaines, granges, hôpitaux à Montpellier, vignes  etc… Les gens de la noblesse avaient peur de la mort et ils se faisaient enterrer dans l'abbaye pensant aller au ciel directement. Les prières dites par les sœurs et les messes d'anniversaires rapportaient plus que le denier du culte de l'époque.

     

           Au 13ème siècle, 28 sœurs Professes et autant de Crofesses occupaient l'abbaye. Pour permettre une meilleure pratique religieuse à la fin du 13ème siècle, par manque de place, une grande abbatiale fut construite.

     

           Mais qui dit opulence de richesses, dit écarts. En 1332, c'était l'apogée de leurs richesses. Les sœurs recevaient des militaires, dansaient et chantaient en se souciant peu des pratiques religieuses. Entre deux menuets vite un pater et un avé. Cela arriva aux oreilles du Pape qui dépêcha l'évêque de Maguelonne afin de ramener le calme et l'ordre chez les moniales. On disait " 12 nonnes, 13 berceaux" Il devait y avoir certainement des jumeaux !! De là est née l'expression treize à la douzaine.  L'évêque de Maguelonne fait construire une prison (l'enfermerie) pour punir les sœurs débauchées.

     

           Après la Guerre de Cents Ans, les Routiers ( bandes de soldats désœuvrés - Route = troupe de l'époque) pillèrent et incendièrent les bâtiments. L'abbaye est ruinée et devient un tas de pierres. Une nouvelle abbaye fut construite à Gigean.

     

           Cette seconde abbaye est devenue de nos jours la poste de Gigean qui envoie des messages vers Dieu. Les voix de Dieu sont impénétrables.

     

           De nos jours, la 5ème Fête des Fleurs à lieu de 12 mai à 10h 30 dans l'ancienne abbaye. Il fait bon flâner dans les jardins monastiques médiévaux remis aux goûts du jour pour ses plantes médicinales avec leurs senteurs par une association crée pour la sauvegarde de l'abbaye . Un scribe, un tailleur de pierres, des dentellières de Magalas animent la fête. On peut voir une collection de masques vénitiens et de bijoux. Dans une échoppe on peut goûter un peu d'hypocras à base de vin sucré, de plantes et d'épices. C'était l'opéro médiéval très apprécié de Henri IV .

     

            La randonnée qui précéda la visite fut splendide avec de très beaux panoramas sur la côte sétoise. La nature était en éveil et une multitude de fleurs sauvages couvrait le sol bien exposé aux embruns maritimes. Aux asphyllantes bleues (faux lin) se succédaient les Asphodèles aux longues tiges blanches. Le ciste de Montpellier de couleur blanche se mariait avec le ciste cotonneux rose. Les aigrettes de pissenlit volaient au moindre souffle tandis que la chicorée sauvage resplendissait dans ses pétales bleus. C'était déjà la Fête des Fleurs. Enfin, le soleil était de la partie et oublions les quinze kilomètres qui nous ont fait un peu souffrir et gardons en un bon souvenir.  

      JC d'Oc 05/2013


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        Alors! Raconte! N° 126

                                                La Cité de Carcassonne.

    .Aujourd'hui, l'époque moderne a rendez-vous avec le Moyen Age.     

            Entre la Montagne Noire et les Pyrénées, Carcassonne , arrosée par l'Atax ( ancien nom du fleuve Aude) est dominée par les remparts médiévaux de sa Cité. Toutes les pierres de ses murailles donnent de la couleur à son histoire. Toutes les civilisations qui se sont succédé ont laissé des traces de leurs passages. Des cabanes en boue séchée du VIème siècle avant JC, dont les riches Volsques Tectosages en firent fi, les constructions romaines ont laissé plus de traces car elles constituent les fondations des murailles qui supportent de nos jours des tours gallo-romaines qui ornent les fortifications. Chaque page de l'histoire de la Cité  apporte par ses écrits les aléas et les légendes qui firent le bonheur des écoliers. Aux estocades avec des épées de bois se succédaient les tournois sur le  dos d'un camarade, jeux de chevaliers de notre tendre et insouciante jeunesse.

             Les Francs détruisent, les wisigoths reconstruisent, un jeu moyenâgeux. Puis les Mérovingiens, les Carolingiens puis les Sarrasins occupent la Septimanie. C'est à cette dernière période sarrasine que les troubadours, de châteaux en châteaux, raconteront la légende de Dame Carcas dont Charlemagne est son héros.

            """ La Cité était occupée par les Sarrasins et depuis plus de 5 ans, la forteresse tenait tête aux soldats de Charlemagne, mais les vivres venant à manquer, la famine guettait les défenseurs. Il était difficile de tenir très longtemps. Dame Carcas prit les armes de son mari mort durant un assaut. Elle plaça sur les créneaux des mannequins de pailles représentant des soldats et jeta par-dessus le  pont levis un jeune cochon à qui elle avait fait manger sa dernière écuelle de blé. Charlemagne, croyant que la Cité était encore capable de se défendre et de se nourrir encore longtemps décida de lever le camp. Le dernier cavalier ayant tourné les talons, les cors, les olifants et les cloches de la Cité retentirent et l'un des vassaux dit à Charlemagne "Sire, Dame Carcas sonne !"; ce qui donna le nom définitif à la ville.   """"     

            Cette légende a été outrepassée du fait que le père de Charlemagne avait déjà pris la Cité 20 ans auparavant. Enfin, soit!!  elle aurait pu leur jeter un porcelet grillé sauce au miel et quelques bonnes bouteilles d'hippocras pour commémorer l'évènement.

            Le trésor, c'est le mélange de l'histoire et de la légende ; mais le meilleur à Carcassonne c'est le célèbre cassoulet qui doit son nom à la casserole dans lequel on le fait cuire à longueur de journée. Contre la braise, le cassoulet dans le faitout chante et se colore. Il s'en dégage un parfum qui entre par les narines et un goût qui sublime vos amis et vos amygdales. Ce ragoût gratiné concentre tous les sucs des viandes qui sont à l'intérieur et c'est le travail de la fourchette d'aller chercher le morceau de viande qui vous fait envie. La saucisse de Toulouse, le confit de canard, le saucisson à l'ail, la poitrine fumée et les haricots coco sont présents pour que ce trésor gastronomique entre à l'Académie du Cassoulet et dans votre estomac.

               Après avoir salivé avec ce dieu de la gastronomie occitane, revenons à nos pierres qui racontent l'histoire.

               Sous la féodalité, au 11ème siècle, Bernard Aton IV Trencavel, déjà vicomte de Nîmes, Albi et Béziers annexe Carcassonne et le Razès au détriment du Comte de Barcelone. Il construit le château comtal et renforce les bases romaines. Au XIIIème siècle, Raimond Roger de Trencavel contrôle la Cité. C'est la période de l'Inquisition quand le catharisme se développe dans le Midi. C'est la période douloureuse de la Croisade des Albigeois ordonnée par le Pape Innocent III.

               Dans la tour de l'Inquisition du château comtal appelée aussi tour ronde de l'évêque avec ses cachots où l'on retrouve des traces et des chaines on y  pratiquait la torture et  l'évêque Pierre de Roquefort y a fait martyriser en 1319 son propre franciscain Bernat Délicios  accusé de crime de religion. Sur les murs d'un cachot on peut voir des graffitis qui représentent des scènes de flagellation ainsi que la croix de l'infamie que portaient les cathares sur leurs vêtements.

               La Cité de Carcassonne résiste  aux assauts répétés des Croisés de Simon de Montfort durant 14 jours mais suite à une traitrise, Raimond Roger de Trencavel qui avait décidé de négocier sa reddition est fait prisonnier malgré le sauf-conduit que le chef des Croisés Arnaud Amaury lui avait accordé. Emprisonné dans son propre donjon, il mourut trois mois après son enfermement le 10 novembre 1209. Notre guide a parfaitement mimé sa mort dans la salle aux albâtres, son chapeau à terre faisant usage de couronne vicomtale déchue. Nul ne saura si le vicomte a été empoisonné ou atteint de dysenterie comme affirme la chanson de la croisade.

               Dès lors, la Cité a un nouveau maitre, le vicomte Simon de Montfort et, par le traité de Paris (12/4/1229) elle sera raccordée au domaine royal de Louis IX (Saint Louis) après le mariage de Jeanne de Toulouse avec le frère du roi Alphonse de Poitiers.

               Fin du XIIIème siècle, le roi Philippe III le Hardi fait construire les remparts extérieurs et rehausse les remparts intérieurs pour les adapter aux techniques nouvelles de l'artillerie - trébuchets, catapultes…. Après le rattachement du Roussillon à la France par le Traité des Pyrénées en 1659, la paix fut signée entre la France et l'Espagne. Le site perdit son importance stratégique et fut délaissé car du 14 au 18ème siècle la ville basse de Carcassonne connut une forte expansion économique grâce à son industrie drapière. La forteresse,  petit à petit,  se détériora et la majestueuse cité devint qu'un petit quartier où les gens du bas venaient se servir dans cette carrière de pierres.

                Et dire qu'en 1790, les murailles de la Cité ont failli être détruites. La disette faisait rage dans la ville à cause de la mévente du blé qui enrichissait les gros négociants et les grands propriétaires. Une révolte de la population eut lieu en 1789 et 1790, en pleine Révolution Française, où des convois de blé furent pillés, notamment dans le port du Canal du Midi. La population de la ville, pauvre et réduite à la dernière extrémité, pour échapper à la répression ferma les portes du château comtal et se barricada dans les murs. Le Directoire de l'Aude demanda au roi Louis XVI qui était encore aux Tuileries à Paris de faire détruire les murailles de la Cité. La réponse n'eut pas le temps d'arriver.

             Puis, Jean Pierre Cros-Mayrevieille sauvera la Cité en finançant sa restauration par l'architecte Eugène Viollet le Duc de 1846 à 1911. Les 52 tours crénelées recevront un toit pointu en ardoise. Les fortifications auront une longueur de 3 km.

             La suite, c'est encore une autre histoire car si l'histoire est éternelle, c'est par la fin qu'elle commence.

             Maintenant, les nouveaux assaillants sont les hordes de touristes qui en été remplissent les parkings et les caisses des commerçants. Les 11 restaurants de la Cité se livrent bataille pacifiquement pour faire le meilleur cassoulet. Tous les enfants sortent par la porte Narbonnaise avec des épées en plastique "made in china" et tous les soirs de grosses boites vides ayant contenu du cassoulet (fait maison!!! ) débordent des poubelles.

            Voici donc exposées quelques petites anecdotes sur la Cité de Carcassonne  que nous avons eu la chance de visiter le 30 mai dernier avec un guide débordant d'humour qui mima la mort de Raimond Roger de Trencavel en quelques termes occitans. Un vrai régal !! (voir photo plus haut.

    JC d'Oc 06/2013

     

     


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    Alors! Raconte! N° 128

                                     Gignac et son circuit des Rieux.                                          

                    Les baladins qui serpentent les routes viennent de loin parmi les champs de blé…… ainsi chantait Gilbert Bécaud. Ces randonneurs jouisseurs de la nature qui les environne, sac à dos et planté du bâton dans la caillasse, ces avaleurs de kilomètres en prennent plein leurs yeux en regardant les panoramas magnifiques des vignes qui en cet automne passent du vert, au marron puis au rouge avant que leurs feuilles balayées par le vent finissent dans les fossés.

                Nos pas de randonneurs nous ont dirigés sur le territoire de Gignac, cette commune dominée par la tour carrée du Castellas du IXème siècle entourée de fortifications encadrées de neuf tours dont il ne reste que la Tour de l'horloge . L' histoire de ce village est marquée par les violents affrontements durant les Guerres de religions, temps de violence où les catholiques papistes et les parpaillous protestants ont détruits de nombreux monuments religieux de la citadelle.

                 A quelques centaines de mètres du centre ville, sur la colline dominent les trois étages de l'église Notre Dame de Grâce avec son chemin de croix. Le panorama est exceptionnel sur toute la vallée de l'Hérault. Une légende auréole la construction de cet édifice…."" Le 8 septembre 1360, le jour de la nativité de la Vierge, un sourd, muet et aveugle, par magie creusa sur cette hauteur et trouva un objet qui subitement lui donna l'usage de ses organes. Il ouvrit les yeux, entendit le bruit du vent et s'aperçut qu'il tenait une statuette de la Vierge"". En ce lieu de miracle fut érigée la chapelle de N.D de Grâce au XVème siècle qui par le temps de l'histoire, au XVIIème siècle fut consacrée  église. L'église subit l'usure du temps et elle fut reconstruite en 1623. Dans un trou taillé dans le roc, sous la chapelle des Miracles, suinte une eau vive et fraiche à laquelle on attribue des vertus bienfaisantes et aphrodisiaques. 

                L'abbé de ce sanctuaire  géra  le couvent des Récollets;  lieu de recueillement des sœurs situé Rue Caminade dans le bourg. Dans le prolongement du sentier caillouteux, un chemin de croix constitué de 7 stations a été érigé au XVIIIème siècle, puis remaniées au XIXème siècle lui donnant l'aspect actuel. Chaque chapelle est censée représenter un épisode de la vie du Christ. A l'intérieur de magnifiques tableaux ornent les oratoires.

                 Nos pas nous guidèrent ensuite vers St Bauzille de la Sylve avec ses porches, ses ruelles en calades et sur la place du village où trône une Marianne qui éclaire les quatre bouches de la fontaine.

                 Quelques kilomètres plus loin, Popian fut en vue. A l'entrée du village un magnifique pigeonnier d'autrefois attira notre attention. La mairie de ce village est située dans un château comtal, ancêtre des châteaux de la Vallée de l'Hérault. De belles sculptures décorent le jardin. On sort des fortifications par une rue escarpée fermée par une porte qui possède une herse décorative en bois. A l'extérieur , une belle fontaine du XVIIème siècle laisse couler une eau limpide Place de l'Ormeau. Puis nous sommes passés sur un ouvrage d'art qui enjambe le Canal de Gignac. Ce canal, construit de 1889 à 1896, arrosait la plaine de l'Hérault pour inonder les vignes pour combattre  l'invasion du phylloxéra. Ce canal collecte l'eau du fleuve Hérault en amont de St Guilhem le Désert. Son cours s'étend sur un territoire de 13 communes et permet de nos jours l'irrigation des terres avec un débit de 3.5m3/s. Long de 50km, il traverse Gignac dans une canalisation souterraine de 650m.

                    Nous sommes revenus récupérer nos voitures en saluant la fontaine Cabrières  de 1900 avec sa belle coquille Saint Jacques qui orne son fronton.

                    Une belle promenade, très instructive, dont le dénivelé est faible. Une belle journée sans avoir eu le besoin d'ouvrir nos parapluies…

    .Les vieux châteaux dressés du fond du Moyen Age - Semblent guider leurs pas comme un petit matin -Et parmi les donjons perchés dans les nuages -Des princesses leur font des signes avec leurs mains. (Ainsi se termine la chanson "Les Baladins" de Gilbert Bécaud adressée à tous les randonneurs).

    JC d'Oc 11/2013

     


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  •   Cébazan en Languedoc

     

    Mon superbe village où je vis le jour un beau mardi d’avril de l'an 40. 

     

     Alors ! Raconte ! N° 128

     

                                              Cébazan en Languedoc

     

    Encore un village typique haut en couleurs de 535 habitants (les Cébazanais). Sa création par les moines bénédictins de Saint Aignan remonte vers 859. Au temps des Romains la petite communauté prit le nom de Cépatianum du nom d’homme latin Cepasius ou Cépatius (nom d’un valeureux centurion romain) à qui Cézar offrait des terres aux temps des colonisations. Puis le petit village s’appela  Zébazan ( la graphie ze se prononçait tze ), puis Sabaza en 1101  Cebazano en 1173. Enfin, le village prit son nom actuel en l’an 1312.

    (dico Larousse Sélection ‘’ Les noms de lieux en France’’).

     

    Cinq hameaux  forment le village où passe la route D112 qui vient de Puisserguier et qui va vers St Chinian. Ils ont tous pris des noms propres : Sipière, Fraisse, Gache, Affre et Fontjun.

    Le mas de Sipière (appelé plus tard le hameau de l’église). Ce mas portait le nom d’une famille très ancienne qui comptait dans ses membres un chanoine. Elle vivait dans une maison fermée par des portails dont il ne reste aujourd’hui que le porche. Ce hameau possède l’église du XIème siècle dédiée à Saint Martin. L’ancien cimetière, collatéral aux murs de l’église a été déplacé Route de Cazedarnes et sur son emplacement a été dressé la statue du Monument aux Morts du village. Dans ce vieux cimetière aux pierres tombales penchées, une croix de pierre dont les bras étaient surmontés de petites statues (ce menhir christianisé) a été déplacée dans le nouveau cimetière. Peu de temps après sa bénédiction par le curé du village, cette croix ouvragée de la fin du 15ème siècle a été volée en 1961 et a disparu dans l’oubli général des paroissiens.

    Le mas de Fraisse a conservé le nom de son fondateur. Toutes les maisons sont collées les unes aux autres et entourent l’habitation qui appartenait à Anthonie Fraisse. De nos jours, on peut voir  gravée dans la pierre sur le fronton d’une porte 1763 AF. Ces inscriptions attestent bien que la famille  Fraisse a vécu ici. Au bas de l’impasse, de l’autre côté dans la rue principale un grand mur ne présente au visiteur qu’une porte en pierre polie surmontée d’un mâchicoulis. A quelques mètres de cette défense on peut, dans un réduit, voir les  fondations d'un arc boutant soutenant une ancienne chapelle.

    Le mas de Gache. Tout comme le mas de Fraisse, il porte le nom de son fondateur. Ce mas, après avoir phagocyté le Mas d’Affre a conservé son nom.

    Le mas de Fontjun. Ce mas garde dans son isolement le nom de son fondateur d’origine. Ce lieu fut à l’origine d’un fait marquant lors de la guerre 1939-1945. Dans la descente du col vers Saint Chinian, dans le premier virage, le 6 juin 1944, les Allemands ont tendu une embuscade aux hommes qui partaient rejoindre le maquis dans des centres de regroupement pour harceler l’occupant lors du débarquement de la même année. L’embuscade a fait 5 morts et 5 blessés chez les maquisards français et 18 résistants capturés ont été fusillés au Champ de Mars à Béziers. On ne sait vraiment pas le nombre d’Allemands tués car ils emportaient leurs morts. Le 10 juin 1945 était inaugurée à Fontjun la stèle du souvenir devant 15.000 personnes.

     

    Cébazan  est situé dans un vallon où coule un torrent impétueux lors des orages aux eaux rouges comme sa terre, le Lirou. La flore est constituée de genêts, de pistachiers, de pins sylvestres, de chênes verts, de peupliers, de figuiers, d’amandiers et bien sûr de vignes. Des plantes aromatiques comme le thym, le romarin, la sarriette s’adaptent à l’acidité des terres. D’autres buissons comme le buis, le genévrier oxycèdre (cade) et la bruyère poussent sur les terrains apparemment stériles et caillouteux.

    Le mont dolomitique de Montmajou  qui signifie « Mont Majeur » a été le lieu de rassemblement des républicains de Cébazan qui avaient pris les armes pour s’opposer au Coup d’Etat de Napoléon III en 1851.  C’est aussi sur son flanc qu’un avion allemand est venu s’écraser en août 1944. Capitelles, murets et clapas abondent. Le Pech de Montmajou a la particularité de posséder un très beau dolmen situé au dessus de la route menant à Villespassan. Sur l'autre versant de la colline, le dolmen de Barrès présente aussi un intérêt archéologique indéniable. Un dolmen, c’est quoi ? Il semble que dans tous les cas il s’agit d’une sépulture destinée à un chef. Selon les spécialistes, les premiers dolmens sont apparus entre 3500 et 1700 avant JC. C’est en Ardèche où les dolmens sont les plus nombreux (400). Dans l’Hérault on en dénombre 336. Les dalles de couverture sont de l’ordre de 4 mètres et souvent d’un poids dépassant 20 tonnes.

    Ancienne route de Saint Chinian, c’est un four à chaux récemment restauré qui attire l’attention des promeneurs. Cette cheminée de 4m de hauteur permettait, à une température voisine de 1000°, pendant six jours, de produire par calcination des pierres calcaires de la chaux. Les chaufourniers se relayaient pour entretenir le feu alimenté par le bois de la garrigue environnante. Cette poudre calcaire blanche hydratée servait en maçonnerie. Les Romains connaissaient déjà sa propriété.  Mélangée à de la pouzzolane elle devenait ce mortier qui a servi de liant dans la construction du Pont du Gard. Le lait de chaux servait de désinfectant dans les étables et les écuries. La chaux a servi longtemps pour préparer la bouillie bordelaise pour combattre le mildiou de la vigne. Comme Béziers, de nombreux villages ont  possédé un four à chaux.

     

    Sur le versant opposé, le ‘’château de Camp Redon’’, cette ferme fortifiée en ruine dresse son pigeonnier-donjon au dessus d’une végétation sauvage. La porte d’entrée était surmontée d’un mâchicoulis aujourd’hui effondré. Le lierre consolide encore les murs lézardés. On peut y voir encore un four à pain.

     

    Un forage dans le lieu-dit de la Linquière a permis l’alimentation en eau de citernes DFCI réservées pour les incendies de garrigues.

     

    Mais revenons dans notre village par la rue impériale qui doit son nom au fait que Napoléon 1er l’aurait suivie lors de son retour de la guerre contre l’Espagne. Un autre chanteur plus connu, Tino Rossi, l’a empruntée avec moins de chance car il a eu un accident lors de la traversée du hameau de Fraisse. Sa voiture est passée sous une charrette de foin qui manœuvrait au milieu de la route. Le charretier, reconnaissant Tino s’est mis à chanter ‘’ bella, bella, bellé ! Ah ! Canta mé ! Ce qui a rendu encore plus furieux le chanteur.

     

    Un magnifique trompe l’œil attire les yeux des automobilistes qui entrent dans le village. Cette fresque murale représente une grappe de raisin dans son univers de vignes surmonté du pigeonnier de Saint Bauléry. L’endroit n’a pas été choisi au hasard. Il se situe près de la cave coopérative et de l’entreprise de mise en bouteilles. Cette réalisation a été faite en janvier 2007 par Mad’ Art.

     

    Cébazan est une agglomération ouverte aux arts simples. Il faut s’arrêter au MAS (Musée des Arts Simples) qui s’est ouvert dans la campagne de Sicard. Un « ferraillo-sculpteur », ainsi se définit l’artiste Moska, y a installé son atelier. C’est dans la récupération de carcasses métalliques en tous genres, de vieux outils et d’objets de fer au rebut qu’il exprime sa créativité en donnant forme à son imagination. Ici, c’est une araignée sur sa toile, là un mille-pattes, plus loin quelque chose qui ressemble à une girafe, à un échassier. Un animal qui tient du satyre si on en juge par la poignée de porte qui lui sert de sexe. Une libellule, une fourmi ailée. Les œuvres de Moska occupent tout le devant de sa maison. C’est l’exploit technique d’un artiste qui donne libre cours à son art. A l’intérieur, une petite salle est ouverte à des peintres et des céramistes.

    Bien sûr, l’activité artistique de Moska ne peut lui permettre un niveau de vie très élevé, mais on peut reconnaître l’originalité de ses créations.

    Lors de mon dernier passage devant ce musée d'art simple, Moska n'est plus, il a du déménager et essayer de retrouver une inspiration nouvelle pour ses conceptions près de Puisserguier.

     

    Ainsi se termine ce florilège sur ce petit village qui m’a vu naître et où mes racines sont profondément enfouies dans cette terre.

     

    JC d’Oc.

     Plaque sur la Place de la Liberté à CAPESTANG

     

     

     

     

     

     

     


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